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Le château de Cougousse existerait déjà au XIVe
siècle sous le nom de Cogossa. En 1316, Jean et Pierre Vigouroux, marchands
de Rodez, deviennent propriétaires de l’édifice qui se compose alors d’une
maison et d’une tour. La propriété passe aux mains de la famille d’Escarlhan
à une date indéterminée. Par le mariage entre Isabeau d’Escarlhan et
François de Patris en 1587, le château de Cougousse devint la propriété de
la famille de Patris dans laquelle il demeura jusqu'au XXe siècle. Le
château était aux Temps modernes un bien noble et bénéficiait à ce titre de
l'exemption de taille. Aussi le cadastre de la commune de Salles-La-Source
de 1564, révèle l'environnement riche du lieu, puisque le village de
Cougousse abrite parmi ses propriétaires, au milieu du XVIe siècle, des
personnalités intéressantes qui font du village le repère aux champs d'une
petite élite ruthénoise. Sept propriétaires originaires de Rodez y sont
recensés. Si le nombre n'est pas quantitativement remarquable, c'est en
leurs qualités que ces propriétaires se distinguent. Un certain Johan
Salvanh, qualifié de Maître, est propriétaire d'une maison de
quarante-et-une canes, dont l'allivrement atteint la somme de douze sols et
dix deniers. Ce patronyme auquel est joint la qualification de Maître nous
fait reconnaître ici le fils d'Antoine Salvanh, maître d'œuvre de la
cathédrale de Rodez pour les évêques François d'Estaing et Georges
d'Armagnac entre 1513 et 1553. Johan Salvanh apparaît à deux autres reprises
dans les cadastres du Vallon, en 1577 pour sa propriété de Balsac, il est
alors qualifié de maître maçon, et en 1565, à Marcillac où, pour les vignes,
le jardin et les terres qu'il tient au Pendu, il porte le titre, à côté de
son nom francisé en Jean Salvan, de Maitre de l'œuvre de Roudes. A
Cougousse, la propriété de Johan Salvanh, se trouvant au bord du chemin de
Marcillac, devait être voisine du château de Cougousse. Un autre
patronyme ressort pour sa consonance étrangère, celui de Sire Hiérosme le
Thelhier, d'origine parisienne, ce marchand ruthénois, qui possède à
Cougousse une maison de vingt-sept canes, avec étable et fenial et
s'implante dans le lieu-dit en récupérant dans les estimes locales
nombreuses vignes. Parmi les propriétés les plus importantes figure celle de
la Vigorosia de Rodez qui tient à Cougousse plusieurs propriétés, dont deux
ensembles bâtis. Le premier est composé d'un hostal et d'une maison
attenante d'une surface respective de trente-sept et de vingt huit canes, le
second hostal compte treize canes. L'ensemble de la propriété est allivré à
trois livres tournois dix sols et cinq deniers. Antoine Carle et Hug Meli
s'acquittent pour leurs maisons respectives et les exploitations agricoles
qui les entourent des deux allivrements les plus importants concernant les
propriétés ruthénoises, après celui de la Vigorosia. Hug Meli, s'il tient un
hostal avec des caves pour sa maison principale, reprend également un hostal
et une maison d'autres estimes. Ce sont pourtant ses vignes qui font la
valeur de son allivrement, atteignant une large moitié de celui-ci. Nul
doute donc, si l'on ajoute à cela la propriété du médecin ruthénois Maistre
Fabri, qui tient avec sa maison de vingt-deux canes, un pressoir et des
vignes, que l'implantation ruthénoise est en grande partie motivée par la
viticulture. Les vignes, comme dans les vallées de Grand Combe et du Cruou,
comptent alors pour une part considérable dans l'allivrement des propriétés
ruthénoises. Si aucun prix-fait n'est à ce jour connu concernant le
château de Cougousse et que le cadastre ne nous renseigne pas davantage sur
l'état de l'édifice, les biens nobles apparaissant très rarement dans ce
type de document et seulement pour le second XVIIe siècle, ce sont les
inventaires des meubles du château de Cougousse qui nous permettent de
connaître sa distribution dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, voire un
siècle plus tôt. Trois inventaires des meubles du château ont en effet été
réalisés. Les deux inventaires du XVIIIe siècle, datés de 1760 et de 1795,
avaient été transcrits par Paul Bugard, conservateur du musée Fenaille de
Rodez, dans la première moitié du XXe siècle. Ils révèlent une distribution
très proche du château à trente-cinq ans d'intervalle, mais sont tous deux
peu précis quant à la disposition des pièces visitées. Un troisième
inventaire figure dans le même fonds d'archives que Bugard avait dû étudier,
mais il semble que ce dernier l'ait laissé de côté, peut-être en raison de
son mauvais état et de l'absence de datation du document. Celui-ci se révèle
pourtant d'un grand intérêt. Plus précis dans la situation des pièces, cet
inventaire est surtout plus ancien que les deux autres, l'écriture indiquant
une datation comprise dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Nous
privilégierons donc ce document, secondé des inventaires du XVIIIe siècle,
pour éclairer l'analyse archéologique qui suit et révéler une distribution
différente que celle en vigueur aujourd'hui, à chacun des niveaux de la
demeure. Bâti au pied d'une colline qui le domine à l'est, c'est à
l'ouest que le château voyait s'étendre ses terres et jardins, au-delà de la
cour qui précède son corps de logis. Celui-ci reste aujourd'hui flanqué au
nord de dépendances attenantes, et au sud de son jardin, construit sur une
terrasse en terre-plein. L'inventaire du château réalisé en 1795 nous révèle
les différentes fonctions de ces dépendances. Elles servaient de pressoir et
d'écuries dans leur partie basse, de grange dans leur partie haute.
L'ensemble du bâti est composé d'un grès aux nuances de gris, d'ocre jaune
et d'ocre rouge, mis en œuvre dans une maçonnerie de moellons moyens, plus
ou moins équarris. L'appareil bénéficie d'un plus grand soin dans
l'élévation du corps de logis, mis en œuvre dans des assises régulières. Le
calcaire est employé en chaînage aux angles des élévations et pour les
ouvertures, il est plus abondant dans la maçonnerie du corps de logis.
L'ensemble du château et de ses dépendances est couvert de lauze posée en
écaille. Le corps de logis connaît un plan allongé, flanqué de tours aux
extrémités nord et sud de sa façade principale exposée au couchant, côté
cour. À l'arrière, une tour circulaire se décroche au centre du corps de
logis dont elle assure la distribution, renfermant l'escalier. L'élévation
ouest concentre les points d'intérêts architecturaux, notamment quant au
décor d'architecture du corps de logis. Bien que d'autres édifices du Vallon
développent les mêmes motifs originaux, ils furent employés à Cougousse avec
une ampleur inédite, donnant au château de Cougousse son caractère. En
effet, si le motif de degrés apparaît ailleurs dans le Vallon, c'est pour
couronner distinctement un élément, tel un pigeonnier comme ceux des
châteaux de Curlande à Grand Combe ou de Fontanges à Onet. Ici, le motif de
degrés est appliqué sur une sorte de fronton couronnant la façade
principale, et se répète dans l'élévation de l'édifice. L'on peut
reconnaître comme l'historiographie s'est appliquée à le faire, une
connotation flamande dans l'emploi de cette forme. Toujours est-il que la
forme est à la mode et répandue dans le royaume au XVIe siècle, certes, plus
fréquemment dans le Nord. Le reste de la façade est ordonnancée, entre les
deux tours nord et sud. Celles-ci, aujourd'hui composées d'une épaisse
maçonnerie, renferment des arcs d'ogives qui devaient anciennement reposer
sur des supports de type piles ou piliers. Ils auraient été renforcés au
XVIIe siècle, selon une interprétation stylistique, ceints d'une maçonnerie
de moellons de grès contenue par des chaînages d'angle en calcaire.
Le rez-de-chaussée, légèrement surhaussé, s'ouvre en son centre par une
porte précédée d'un degré convexe. Couverte d'un arc en berceau
plein-cintre, la porte se compose de deux vantaux, comportant en leur centre
une porte guichet. De part et d'autre de cette entrée des fenêtres à
croisées ouvrent le rez-de-chaussée. Les fenêtres du premier étage, axées
sur les précédentes, ont dû perdre meneaux et croisillons pour être
agrandies. C'est au second étage que l'on retrouve des fenêtres à croisées
axées sur les ouvertures du rez-de-chaussée et du premier étage, aux
extrémités nord et sud, ainsi qu'au centre de l'élévation. Entre celles-ci
se trouvent des demi-croisées. Si cette ordonnance est légèrement
dissymétrique, l'on s'attendrait à une seule fenêtre axée pour la travée
centrale du second étage, il semble que ce soit pour avoir réservé l'axe
médian à la fenêtre à croisée du fronton à degré. L'élévation sud est
presque aveugle, mis à part l'oculus, aujourd'hui bouché, et la fenêtre qui
ouvrent la tour au premier et au second niveau. On retrouve couronnant le
mur pignon le motif de degrés de la façade principale. L'élévation est,
tournée vers la colline, est plus ouverte. La façade est percée de quelques
demi-croisées, principalement au second niveau. Certaines ont été bouchées.
Des jours aux formes différentes, jour en archère en raz-de-sol, aux
chambranles moulurés ou polylobés aux niveaux supérieurs, éclairent la tour
d'escalier, au centre de l'élévation.
L'élévation nord se présente comme l'élévation sud, presque aveugle,
seulement animée par les décrochements que forment la structure carrée,
s'ajoutant aux niveaux du rez-de-chaussée et du premier étage, et le conduit
de cheminé. Le mur nord est également couronné d'un pignon à degré.
L'ensemble du corps de logis est couvert d'un toit à deux versants, une
petite couverture perpendiculaire de même type couvre la partie entre le
corps de logis et la tour d'escalier. Cette dernière est couverte d'un toit
conique. Les tours carrées nord et sud, flanquant l'élévation ouest, sont
chacune couvertes d'un toit dérivé de la forme à l'impériale, coiffé d'un
lanternon. Son aménagement intérieur largement remanié au XIXe siècle, alors
que la distribution des Temps modernes n'a plus de raison d'être, c'est
surtout par son élévation extérieure que le château de Cougousse présente un
intérêt pour l'architecture privée des XVIe et XVIIe siècles. Il est
cependant de ce point de vue, plus expressif que les autres édifices
analogues du Vallon, affichant avec une certaine ostentation les formes
architecturales à la mode, qui plus est des formes originales, d'inspiration
plus septentrionale que régionale. Le rez-de-chaussée du château de
Cougousse a par ailleurs conservé quelques éléments de l'état principal
situé entre le XVe et le XVIIe siècle, notamment de la cuisine et une
cheminée remarquable, dérivée des ordres ioniques et toscans...
Éléments protégés MH : le château en totalité : inscription par arrêté du 15
novembre 1993.
château de Cougousse 12330 Cougousse (Salles-la-Source), propriété
privée, ne se visite pas. Salles signifie grottes probablement (en vieux
français) et une source abondante et une cascade s'y trouvent. La communauté
a porté le nom de Salles Comtaux (Salas comtals en langue d'oc) du XIe
siècle jusqu'à la Révolution française où, après être devenue commune, elle
fut rebaptisée durant la Terreur (photos du village).
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