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Le
château de Colombières, situé dans la commune de ce nom, doit être cité
comme l'une des constructions militaires les plus notables de la
Basse-Normandie, aux derniers temps de la féodalité. Placé au centre des
riches prairies de la vallée d'Aure, entouré de fossés pleins d'eau, c'était
jadis une position très forte; mais, depuis l'emploi des bouches à feu, son
importance fut bien diminuée; il servit néanmoins encore pendant les guerres
de religion. Il est certain que ce château fut construit à une époque très
reculée; mais il ne reste plus vestige de ces bâtiments sur lesquels on
réédifia au XVe siècle un château nouveau. Dès la première moitié du XIIe
siècle, son possesseur Philippe de Colombières fonda, en réparation d'un
assassinat commis par son neveu Robert, une prébende en la cathédrale de
Bayeux. En 1371, lorsque Regnier Le Coustellier, au nom du roi de France,,
fut chargé d'examiner l'état des forteresses du Bessin, il le trouva "bien
ordené, vitaillé et garni et commanda au seigneur de Colombières ce que il
le garde". Un aveu de 1537 décrit ainsi le château: "Auquel fief et
châtellenie j'ay château et place-forte clos de murailles, grosses tours,
fossés à l'entour pleins d'eau, fermés à pont-levis, et guet en iceluy; huit
paroisses circonvoisines sujettes au guet faict tant de nuit que de jour à
la garde dudit château". Le principal corps de logis occupe le côté nord. Au
rez-de-chaussée, les pièces sont voûtées et n'ont pas subi de modification,
tandis que les appartements des étages supérieurs ont été modernisés à
différentes époques. Les fenêtres ont perdu leur caractère primitif. Ce
bâtiment est flanqué à ses deux extrémités de deux grosses tours rondes,
garnies de leurs mâchicoulis et de hours. Celle du nord-ouest renferme une
salle où se trouve une cheminée de pierre ornée d'une guirlande de choux
frisés.
On voit encore, sur les murs, des peintures et tout un système des
décoration usitées au XVe siècle. L'autre tour renfermait la chapelle, mais
il n'en reste plus rien d'intéressant. Près d'une des tours se trouvait
jadis le pont-levis, auquel on accédait par un chemin de ronde dont on voit
encore les pierres d'appui rejoignant les mâchicoulis. Il fut démoli
probablement après les guerres de religion, et remplacé, sous Louis XIV, par
un simple portail à deux montants de pierre qui sert actuellement d'entrée
devant un pont traversant les douves. Dans l'épaisseur du bâtiment de
l'ancien pont-levis, on remarque des bancs de pierre qui servaient aux
soldats de garde, et un guichet pour surveiller les abords. De ce côté et au
sud, il ne paraît pas qu'il y ait eu de bâtiments, mais un mur de 8 pieds
d'épaisseur, couronné de mâchicoulis et s'élevant à une hauteur de 3o pieds.
Les angles étaient occupés par deux pavillons carrés ayant subi de nombreux
remaniements. Ceux-ci ne paraissent pas antérieurs au XVIe siècle, et furent
probablement construits pour se défendre pendant les troubles des guerres
civiles. Tout cet ensemble, avec ces tourelles à encorbellement, ces grands
toits encadrant les fenêtres, se détache sur les arbres du parc et produit
l'effet le plus pittoresque. Il nous reste maintenant à dire quels furent
ses possesseurs et le rôle qu'ils ont joué.
La famille de Colombières, qui lui donna son nom, est bien connue dans
l'histoire par ses donations aux monastères voisins. Ses armoiries: de
gueules au chef d'argent, se voyaient sur les pavés émaillés de l'abbaye de
Longues. En 1372, Henri de Colombières en rend aveu au Roi, et Jean en 1394.
Son fils Olivier était chevalier et chambellan du roi de France quand les
Anglais envahirent la Normandie. Demeuré fidèle à son seigneur, il vit ses
terres confisquées par le vainqueur et données à Richard Drayton dès le 12
février 1418. Celui-ci dut en aliéner quelques parties, car en 1450, au
moment où la bataille de Formigny vint affranchir le pays du joug étranger,
la seigneurie de Colombières appartenait à Robert Portefaix et à Christophe
de Chastillon. Cependant, Jean de Colombières, fils d'Olivier, cherchait à
rentrer en possession de l'héritage paternel, qu'il avait dû aliéner en 1452
faute de ressources pour le racheter, mais n'ayant point d'enfants et sans
doute trop âgé pour amener à bien ces négociations embrouillées, il cédait
en 1455 à Roger de Briqueville, son oncle, son droit de réméré, à charge
d'une rente viagère de 100 écus d'or. C'est à Colombières que naquit, dans
les premières années du XVIe siècle, François de Briqueville, baron dudit
lieu, l'un des plus grands capitaines de son temps. Il joua un rôle très
important dans les guerres de religion. Ce fut lui qui fit piller la
cathédrale de Bayeux et laissa commettre dans la ville toutes sortes
d'horreurs et de cruautés. Entraîné par ses convictions autant que par la
force des événements, il dut se renfermer dans la ville de Saint-Lô, où il
fut attaqué par les troupes royales et périt sur la brèche en 1574, ayant à
ses côtés ses deux jeunes fils, "voulant sacrifier tout son sang à la vérité
évangélique". Son arrière-petite-fille, Anne-Henriette de Briqueville,
vendit, en 1718, la terre de Colombières à Jacques de Laage,
conseiller-secrétaire du Roi, mais celui-ci ne l'habita pas. Au moment de la
Révolution elle appartenait à la famille de Géraldin, dont les représentants
la possédaient à la fin du XIXe siècle, mais n'y résidaient plus. On dit que
le chartrier de Colombières existe encore entier et renferme des pièces fort
importantes pour l'histoire de la contrée. (1)
Éléments protégés MH : le château sauf parties classées : inscription par
arrêté du 2 juillet 1927. Les façades et les toitures, la cheminée du XVe
siècle située au deuxième étage de la tour est : classement par arrêté du 20
décembre 1968. Le système hydraulique comprenant les douves et les canaux
d'irrigation, le potager avec ses murs de clôture : inscription par arrêté
du 13 octobre 2006. (2)
château de Colombières 14710 Colombières, Tél. 02 31 22 51 65, visites
individuelles guidées en juillet et août, ouvert du lundi au Jeudi de 14h à
19h. En septembre ouvert le week-end uniquement de 14h à 19h. Ouvert pour
groupes sur demande du 15 avril au 15 octobre, visite environ 45mn à 1
heure. La famille de Girardin, par ses descendants et alliés (Berthelot de
Baye, Ludre Frolois, Cossé-Brissac) aujourd'hui Maupeou d'Ableiges est
toujours présente.
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le propriétaire, Monsieur Charles de Maupeou, pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrercette page.
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