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Actuellement dans la commune de
Chalais, La Borie était autrefois dans Saint-Christophe. Avant la
Révolution, les deux paroisses séparées par la Tude étaient, la première en
Saintonge et l'autre en Angoumois. "Saint-Christophe de Tude" dépendait du
Marquisat d'Aubeterre. Le château, bien situé sur une hauteur, dominant la
vallée de la Tude et le passage vers Bordeaux, a sans doute une implantation
très ancienne. Il aurait été au Moyen-Age un fort avancé du château de
Chalais et il devint ensuite une juridiction. En 1319, d'après un acte
transcrit en 1466, la terre de La Borie est possédée par le chevalier
Philippe de Saint-Quentin. Ses prédécesseurs ont eu des démêlés avec les
seigneurs de Chalais au sujet des emplacements des foires et marchés et de
l'exercice du droit de justice. C'est alors qu'un accord intervient entre
Hélie de Talleyrand, seigneur de Grignols en Périgord, sa femme Agnès de
Chalais, héritière d'Olivier son père et le dit chevalier de Saint-Quentin.
Profits et droits seront partagés. En 1581, c'est Messire Antoine de
Grignauld, chevalier de l'ordre du Roi baron du dit lieu en Bazadais, qui
est possesseur de La Borie en Angoumois, ainsi que de Bonnes et Montmalan.
En 1649, La Borie appartient à "Haute et Puissante" dame Antoinette d'Esparbès
de Lussan, marquise de Grignols en Bazadais, veuve de "Haut et Puissant"
seigneur Jean de Grignols marquis dudit lieu. La dite marquise veut vendre
les terres et le château de La Borie. C'est Marie Fabri, veuve de Philibert
de Pompadour, et tutrice des enfants de Charles Talleyrand, prince de
Chalais et de feue Charlotte de Pompadour sa femme qui, après bien des
tractations, achète le domaine pour 50000 livres. L'acte définitif fut signé
le 7 février 1649. D'après l'acte de vente, le château est en ruine et
Madame d'Esparbès emporte tout le meuble.
Le 19 avril 1672, le château est acquis par Pierre Thévenin, avocat à la
cour et juge sénéchal de Saint-Aulaye, époux de Jeanne Joyeux, pour la somme
de 13000 livres de Messieurs Roussaud et autres. Ils eurent une fille,
Marguerite, qui épousa le 15 mars 1717, Simon Nicolas, sieur de Lamballerie.
Au décès de Pierre Thévenin survenu en 1725, après celui de sa fille, c'est
Pierre Nicolas, fils de Simon, qui hérite. Les Nicolas, famille noble de
l'Aunis, comptent plusieurs maires de La Rochelle. Un membre de cette
famille, Jacques Nicolas, écuyer, est à Chalais le 14 septembre 1441 avec
Charles VII. Un autre, Daniel Nicolas, écuyer, fut juge sénéchal de la
Principauté de Chalais au milieu du XVIIe siècle. C'est l'arrière grand-père
de Simon qui fut, lui, capitaine de cavalerie. Pierre, l'héritier de la
Borie, marquis de Lamballerie, fut gouverneur des pages de la chambre du Roi
et tué en duel à Versailles en 1770. Son fils sera maire de Chalais sous
l'Empire et la Restauration et son arrière petit-fils, maire de
Saint-Christophe aux mêmes époques. Le dernier propriétaire de la Borie,
Paulin Nicolas, avocat, conseiller général de Chalais, mourut en 1894. Le
château passa alors à ses neveux qui le vendirent à M. et Mme Rousse riches
négociants parisiens. Puis, après avoir changé plusieurs fois de mains il
fut acheté en 1988, par un entrepreneur anglais. En 1649, d'après l'acte de
vente du 7 février, il est en ruine. En 1726, il est encore en très mauvais
état: murs fendus, fondements des bâtiments à refaire, traits de charpente
brisés, couvertures à remettre à neuf; fenêtres et portes ne remplissent
guère leur rôle. Une tour est qualifiée de "tourasse" et l'autre d'ancienne
et menaçant ruine. Il semble, alors, quelque peu différent de celui qui
existe actuellement.
Une galerie court au premier étage où sont les galetas mais c'est peut-être
une galerie fermée. Les fenêtres sont certainement moins nombreuses. Le
petit pavillon est couvert de bardeaux. L'écurie qui n'abrite qu'un seul
vieux cheval fait partie des bâtiments. Le pont-levis existe encore, mais il
est "très usé", seules "les chaînes peuvent encore servir quelques temps".
Le premier étage semble ne pas être habité sauf dans le grand pavillon.
L'ameublement qui a dû être luxueux (franges, rubans et courtepointes de
soie, matelas de laine, tapis de haute lice, linge fin, cabinets, tables et
coffres de bois de noyer faits en menuiserie, cadres dorés et portraits de
famille) est présentement "fort usé". C'est sans doute la famille Nicolas de
Lamballerie qui l'a fait restaurer au début du XVIIIe siècle en lui donnant
son aspect actuel. Bien situé sur une hauteur qui domine la vallée de la
Tude, encore entouré de ses anciennes douves, il a belle allure. Occupant un
vaste quadrilatère, le corps de bâtiment et ses ailes en retour enserrent
une petite cour dont le quatrième côté est fermé par un haut mur percé
d'arcades. Les ouvertures s'ordonnent régulièrement et symétriquement sur
toutes les faces tant intérieures qu'extérieures: grandes fenêtres à arc
surbaissé au rez-de-chaussée, petites fenêtres au premier étage et
œils-de-boeuf aux mansardes, le tout à petits carreaux.
Autrefois, toutes étaient pourvues de volets. Deux tours circulaires
marquent les angles sud-ouest et nord-ouest. Elles renferment chacune un
escalier a vis en pierre, toujours en usage et prennent jour par trois
petites fenêtres. Au bas de chacune d'elles, une porte s'ouvre sur les
douves. A l'angle nord-est s'élève un pavillon qui a conservé un aspect plus
moyen-âgeux et, au sud-est, un petit pavillon surmonte le porche d'entrée où
se voient encore les rainures de l'ancien pont-levis aujourd'hui disparu.
Sous ce porche on peut lire, en venant de l'extérieur, l'inscription
suivante: NON DOMO DOMINUS SED DOMINO DOMUS. Une porte, à droite, s'ouvre
sur la petite chapelle qui n'est pas mentionnée dans l'inventaire de 1726.
Sa construction serait-elle postérieure? Les murs des bâtiments sont en
mœllons scellés au mortier, l'appareillage des ouvertures en pierres de
taille. Les toitures sont de tuiles creuses. Mais, sont couvertes de tuiles
écailles, le toit à quatre pans du grand pavillon, celui à la Mansard du
pavillon d'entrée, ceux en poivrières des tours d'angle et celui du puits
qui anime la cour intérieure. Une corniche de pierre de taille agrémentée de
modillons dessine une frise tout le long des toits du corps de logis et des
tours rondes. (1)
château de La Borie 16210 Chalais, propriété privée, ne se visite pas.
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