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L'Oisellerie à mi-chemin de l'abbaye de la
Couronne et de la forêt des moines était-elle au Moyen-Age, une simple
grange, un relais agricole, pour un travail de mise en valeur des terroirs?
Ou déjà, comme cela a été écrit, un lieu d'élevage d'oiseaux de proie, de
faucons pour la chasse? Autre question, à quel moment l'Oisellerie, qui
semble faire partie au XIIe siècle du domaine de l'abbaye, en est-elle
soustraite? Dès la fin du XIIe siècle, pour financer la construction de la
vaste abbatiale? Cela fut écrit, mais sans preuves. Une chose est sûre,
après la Guerre de Cent-Ans, dans le grand mouvement de redistribution des
terres (un des plus considérables de notre histoire qui mériterait une large
étude), les religieux de La Couronne donnent l'Oisellerie à un riche
bourgeois, un temps maire d'Angoulême, Arnault Callueau; à charge pour lui
de verser des redevances à l'abbaye. Vers 1495-1500, il construit la
première partie du manoir. Son cas n'a rien de surprenant; dans ces
dernières années du XVe siècle, il est très fréquent que les vieilles
familles nobles ou de gens d'Eglise affaiblies par la guerre, fassent appel
à une nouvelle classe sociale, les marchands des villes, pour construire ou
reconstruire châteaux ou logis. Ces nouvelles familles bourgeoises
acquièrent souvent des postes à responsabilité dans les mairies, obtiennent
des charges juridiques importantes et, possédant terres et château,
intègrent l'aristocratie. En l'occurrence, cette famille de Callueau avait
un appui de taille: Louise de Savoie, mère de François 1er. Guillaume
Callueau, héritier du domaine et château d'Arnault, son père, y reçu
François 1er, en 1526. Le roi de France avait été prisonnier un an en
Espagne par Charles-Quint. Au retour, il s'arrêta en sa ville d'Angoulême.
Il y resta du 30 mai au 4 juillet 1526, "faisant grand'chère" pour se
remettre de ses émotions. François 1er se déplaça jusqu'au château de
l'Oisellerie, tout nouvellement construit, où il participa à des parties de
chasse.
Le corps de logis fut construit XVIe siècle, transformant ainsi ce qui
n'était encore qu'un pavillon de chasse en véritable château. Jean VI
Callueau, abbé commendataire de La Couronne (1515-1522), va avec ses deniers
(donc ceux de son abbaye) financer le château de son frère. C'est lui en
effet qui fit commencer à l'Oisellerie, le grand bâtiment qui regarde le
nord et élever la tour ronde qui en décore l'extrémité orientale. Ce point
est à l'origine des litiges qui survinrent plus tard. Les abbés qui
suivirent, ne furent pas favorables aux Callueau qu'ils regardaient comme
usurpateurs, enrichis des dépouilles de leur abbaye, et soutinrent que les
Callueau n'étaient pas propriétaires irrévocables de l'Oisellerie. L'abbé de
Voluire (1610) prétendait exercer le droit de rachat de ce fief. Gaston
Callueau répondit que les aliénations, faites avec l'accord du roi et du
pape étaient parfaitement valables et que le rachat ne serait pas avantageux
pour l'abbé. L'affaire en resta donc là, et les Callueau continuèrent de
rendre hommage à l'abbé pour leur fief, au devoir d'un épervier garni de
sonnettes d'argent apprécié à la somme de 24 sols, d'une paire d'éperons à
10 sols et d'un missel (3 novembre 1610). En 1678, un descendant Callueau se
trouve ruiné. Les créanciers vendent le château à Jean de Tiers qui le garde
jusqu'en 1691, lorsque François Maulde l'acquiert. Les Maulde y résideront
jusqu'en 1900. Leurs biens étaient très importants au XVIIe siècle. Ils
avaient de nombreuses terres et logis dans la moitié sud de l'Angoumois.
Jean Maulde, seigneur de l'Oisellerie fait restaurer son château entre 1754
et 1759. Nous avons le menu de ces travaux par détail, avec le nom et
qualité des artisans et ouvriers qui y concoururent. En 1900, un lycée
agricole public fut installé à l'Oisellerie. (1)
Éléments protégés MH : le château : classement par arrêté du 8 juillet 1911.
Les parcelles du jardin ainsi que les éléments achitecturaux qui composent
ce jardin : les murs de clôture, les portails, le pigeonnier, la terrasse,
les fossés, la fontaine et le puits.: inscription par arrêté du 23 octobre
1992.
château de l'Oisellerie 16400 La Couronne, tel. 05 45 67 36 90, lycée
viticole ouvert tous les jours de 9h à 12h et de 14h (14h 30 le samedi) à
17h 30, visite des chais, de la distillerie avec dégustation, de la ferme
pédagogique. Accueil de groupes sur rendez-vous.
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Rosier, pour les photos qu'ils nous a adressées afin d'illustrer cette page.
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jour dans ce département. |
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