|
Se signalant de loin par ses quatre pavillons recouverts d'ardoise et sa
longue allée de pins maritimes, le petit château de Conteneuil offre le
charme discret d'une petite construction de la noblesse terrienne du début
du XVIIIe siècle. À la suite d'un long procès, la seigneurie de Conteneuil
fut adjugée en 1580, moyennant 1450 livres et sous la réserve de l'hommage à
muance de vassal à rendre à l'évêque de Saintes, à Jacques et à François
Eschassériaux, ce dernier avocat, juge de la terre de Clion, conseiller au
présidial de Saintes, garde des sceaux de cette ville. En 1593, elle fut à
nouveau adjugée, moyennant 937 écus et à la charge de rembourser le prix de
la première vente, à Jacob Affaneur, écuyer, sieur de La Jarrie, gentilhomme
servant le prince de Condé. A la fin de 1601, il entreprit de faire agrandir
le logis et passa un marché avec Lucas, maçon de Thaims, et Jean et Charles
Gouvrineau, père et fils, maîtres maçons de Saint-André-de-Lidon, pour la
construction d'une cuisine en sous-sol, d'une cave voûtée et au-dessus de
deux chambres, l'une sur l'autre, avec, à côté, un escalier pour les
desservir. Les travaux devaient débuter de suite et être achevés à la
Toussaint de l'année suivante. Ils durèrent sans doute plus longtemps, comme
le montre la quittance finale de paiement délivrée le 6 février 1604. Jacob
Affaneur eut plusieurs enfants dont Jean, écuyer, sieur de Conteneuil,
gentilhomme de la maison du duc d'Orléans, qui fut enfermé dans la prison de
la conciergerie du parlement de Bordeaux après s'être constitué prisonnier
pour purger une peine prononcée contre lui par contumace par le juge
ordinaire de Cozes. En avril 1634, il présenta une requête à la cour
exposant qu'il était innocent et qu'il avait été jeté "misérablement en
prison quoy qu'il soit grandement incomodé d'une fluction sur la poytrine
avec fiebvre lante qui luy était cauzée par l'infiltration des lieux ou il
était". Il sortit peu après et épousa, en 1636, Anne de Pressac.
Ayant emprunté comme son père des sommes d'argent qu'il n'avait pu
rembourser, la seigneurie de Conteneuil fut saisie, en 1656, et adjugée par
arrêt du parlement de Bordeaux, en 1671, moyennant 20 000 livres, à François
de Saint-Gelais de Lusignan, chevalier, seigneur de Monchaude. Jean Affaneur
mourut le 23 août de cette année, au logis de Conteneuil. Entre temps, son
fils unique, Daniel, parvint à présenter une surenchère, au prix de nouveaux
emprunts, et à se faire adjuger la seigneurie ayant appartenu à son père et
à son grand-père. Cependant, lui non plus ne parvint pas à effacer ses
dettes. Finalement l'affaire connut un nouveau rebondissement et la
seigneurie fut définitivement adjugée, en 1703, à Léon Arnoul, chevalier,
seigneur de Vignolles et de Lussac. Le logis avait dû souffrir depuis
longtemps d'un manque d'entretien. C'est vraisemblablement à Léon Arnoul que
nous devons la construction actuelle entreprise entre 1704 et 1710, année de
sa mort. De son mariage avec Marie-Anne de Brossard, il n'eut qu'une fille,
Marguerite-Françoise Arnoul de Vignolle, mariée à Jean-Antoine de La
Chabanne, marquis de Dunes, conseiller au parlement de Bordeaux, dont elle
fut veuve très tôt. La marquise de Dunes, dame de Conteneuil, Lussac,
Favières et Vignolles, mourut en 1766. À cette date, un intéressant
inventaire du mobilier montre qu'elle n'avait rien dû toucher depuis
l'aménagement fait par son père. Le château revint alors par indivis à ses
frère et sœur utérins, Jean de Marbotin, chevalier, seigneur du Mirail, des
Arnauds, du Rubran, de Verteuil et autres lieux, lieutenant des maréchaux de
France à Bordeaux, et Marguerite de Marbotin, veuve de Jean de Brossard,
écuyer, seigneur de La Fargue, habitant à Tulle.
Presqu'aussitôt cette dernière céda la moitié de la seigneurie lui revenant,
moyennant 50 000 livres, à son frère, qui devenait ainsi seul propriétaire
des lieux. En 1789, le logis était aux mains de Jean-François-Laurent-Amédée
de Marbotin, conseiller en la première chambre des enquêtes du parlement de
Guyenne, par la suite baron de l'Empire et premier président en la cour
royale de Bordeaux, sous la Restauration. Le logis de Conteneuil forme un
quadrilatère flanqué à chaque angle d'un pavillon couvert d'ardoise. Le
bâtiment de maître est limité à l'aile du fond de cour. Les pavillons
flanquant les dépendances sont plus bas que ceux qui flanquent le logis
proprement dit. À l'origine, ils encadraient une aile de dépendances basse
fermant la cour, détruite au XIXe siècle pour faire place à des grilles,
dégageant ainsi la vue vers les terres depuis le bâtiment des maîtres. On
accède à la porte d'entrée par un perron assez haut marquant le centre de la
façade ainsi que la lucarne assez frustre éclairant les combles. À gauche,
deux petites fenêtres donnent le jour à des caves qui sont les anciennes
cuisines bâties au début du XVIIe siècle pour Jacob Affaneur englobées une
centaine d'années plus tard dans les bâtiments édifiés pour Léon Arnoul. (1)
château de Conteneuil 17120 Arces-sur-Gironde, propriété privée, ne se
visite pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
en Charente-Maritime" tous les châteaux recensés à ce
jour dans ce département. |
|