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Château-Bardon est mentionné pour la
première fois vers le milieu du XVe siècle. Ce domaine, auquel est lié le
droit de nommer un prévôt pour la baronnie de Didonne, appartient alors à
Jean de Châteaubardon, époux d'Alix Gua. Après eux, le domaine passe à leur
fils, Olivier, puis à leur petit-fils, Jean qui la lègue en 1539 à Isabelle
de Vaux, épouse de Jean Poussard, écuyer, seigneur de Vandré. Leur fils,
Jean Poussard, seigneur du Vanneau, étant mort sans enfants vivants,
Château-Bardon passe à sa veuve, Isabeau de Sainte-Hermine, qui se remarie
avec Antoine de Beaucorps, écuyer, seigneur de Guillonville. En 1584, ce
dernier vend le domaine à Jeanne de Montmorency, duchesse de Thouars, qui le
transmet en 1592 à sa fille, Charlotte-Catherine de La Trémoille, veuve du
prince de Condé. Dès 1595, Château-Bardon est vendu à Gilles du Breuil,
seigneur de Théon-de-Meschers (issu de la famille de Théon d'Arces-sur-Gironde).
Le domaine va rester dans les mains de ses descendants jusqu'au XIXe siècle.
En 1615, au cours du conflit qui oppose le roi aux protestants, le domaine
est saccagé par une bande de huguenots dirigée par Samuel de Campet. La
partie probablement la plus ancienne du logis actuel, soit l'aile ouest, a
pu être édifiée dans la première moitié du XVIIe siècle, à la suite de ces
événements. En 1688, Antoine du Breuil de Théon, seigneur de Château-Bardon
et de Théon-de-Meschers, épouse sa cousine, Marguerite d'Achard, qui lui
apporte le château de Théon, à Arces-sur-Gironde. L'un de leurs fils,
Eutrope, dit l'abbé de Théon, possède le logis de Beauséjour, près du bourg
de Meschers. Château-Bardon passe à son frère, Jean du Breuil de Théon,
capitaine de grenadiers au régiment de Normandie.
Un plan du bourg de Meschers au début du XVIIIe siècle, par Claude Masse,
sans être très précis, laisse entrevoir la disposition des bâtiments de
Château-Bardon: à l'est, une première cour délimitée au nord et à l'est par
deux ailes de communs, perpendiculaires; à l'ouest, une seconde cour bordée
à l'ouest et à l'est par deux corps de bâtiments en U, chacun flanqué de
deux tours sans doute cylindriques; enfin, au-delà de cette seconde cour et
de ses bâtiments, un jardin quadrillé d'allées et clos de murs. Les biens de
Jean du Breuil de Théon sont partagés en 1790, partage qui sépare de nouveau
Château-Bardon du château de Théon d'Arces-sur-Gironde. Château-Bardon
échoit à la fille de Jean du Breuil de Théon, Madeleine Thérèse, épouse de
Henri-Mathieu Isle de Beauchaine (1744-1803), officier. Le 14 juillet 1790,
jour de la Fête de la Fédération, le pré situé derrière le château du sieur
Isle est le lieu des festivités et de la prestation de serment des fédérés,
avant qu'un Te Deum ne soit célébré à l'église, et qu'un défilé ne soit
organisé jusqu'au port. Après les époux Isle, et par-delà la Révolution, le
domaine passe en 1814 à leur fils, Victor Isle (1789-1866), officier de la
Grande armée, chevalier de la légion d'honneur, marié à Victoire Barret de
Rouvray. Notable de la commune, maire en 1826-1830 et 1848-1852,
Château-Bardon lui appartient lorsqu'un plan en est établi en 1821, puis le
cadastre en 1831.
Ces deux documents permettent de mesurer l'évolution de la propriété depuis
le début du XVIIIe siècle. Sur ces deux plans figurent le parc, au nord,
traversé d'une allée d'arbres qui descend vers les marais et une fontaine;
le jardin, à l'ouest, divisé en quatre par deux allées; la première cour
déjà observée au début du XVIIIe siècle, à l'est, encadrée par des communs
(remplacés aujourd'hui par des maisons). Quant à la cour principale, à
l'ouest, l'essentiel des deux corps de bâtiments qui la délimitaient au
début du XVIIIe siècle a été remanié: le corps de bâtiment à l'est n'est
plus constitué que de communs, comme aujourd'hui; à l'ouest, le logis du
XVIIe siècle a été raccourci, et une nouvelle aile en retour d'équerre a été
édifiée (peut-être dans la première moitié du XVIIIe siècle) sur le côté
nord de la cour, avec un pavillon d'angle entre les deux. La cour principale
apparaît enfin plus petite qu'aujourd'hui : son entrée est alors en retrait
par rapport à la rue, et elle est encadrée par deux bâtiments aujourd'hui
disparus. La nouvelle entrée, en alignement sur la rue, avec mur de clôture,
portail et allée d'arbres menant au logis, est probablement créée peu après
l'établissement des deux plans.
Ces travaux ont sans doute été réalisés pour le compte de Victor Isle ou
bien de Jean-Louis Marchais auquel Victor Isle vend le domaine en 1839,
vraisemblablement pour renflouer des dettes. Maire de Meschers de 1840 à
1848, Marchais est aussi propriétaire de plusieurs fermes et domaines à
Barzan, commune dont il est un temps également le maire. C'est peut-être lui
qui fait construire le pigeonnier situé aujourd'hui à l'extrémité nord de
l'aile de communs, et qui n'existait pas sur les plans de 1821-1831 (sa
partie haute a été remaniée dans la deuxième moitié du XXe siècle). Après
Marchais, Château-Bardon passe en 1870 à Georges Godeau puis, en 1880, à son
gendre, Albert Verneuil, demeurant à Cozes, important négociant en vins et
propriétaire d'autres domaines dans la région (par exemple Conteneuil, à
Arces). En 1896, le domaine est racheté par Eugène Renaud, capitaine de
gendarmerie, qui en demeure propriétaire jusqu'en 1918.
Château-Bardon est un domaine situé au nord du bourg de Meschers, en bordure
des marais. Avant les récentes divisions de parcelles, son parc s'étendait
jusqu'aux abords de l'actuelle route D145. Le parc a perdu l'allée d'arbres
mentionnée sur le plan cadastral de 1831 et qui descendait jusqu'aux marais
et à une fontaine, mais a conservé une partie de sa clôture végétale. De
même, les bâtiments et le jardin qui les jouxte à l'ouest, sont toujours
entourés d'un clos de murs. Ce dernier est interrompu, sur la rue du
Château-Bardon, par une porte piétonne couverte d'un arc surbaissé, et
surtout par un portail également couvert. Le couronnement de ce portail, en
pierre de taille, présente un rare fronton galbé, encadré d'ailerons à
volutes. Les bâtiments se répartissent principalement en deux ensembles,
autour d'une grande cour (en plus d'une dépendance, peut-être une écurie,
située dans l'angle nord du jardin). Une aile de communs, terminée par un
logement, s'étire à l'est de la cour. A la suite de cet alignement, au nord,
se trouve un pigeonnier. Le logis quant à lui, présente un plan en L, comme
beaucoup de logis du XVIIe siècle dans la région (on retrouve cette
disposition par exemple au château de Théon, à Arces-sur-Gironde).
Le logis prend place au nord et à l'ouest de la cour, entre l'ancien parc et
elle. Une allée d'arbres relie le logis au portail. Les deux ailes du logis
sont réunies par un pavillon couvert d'un haut toit à croupes, en tuiles
plates, orné d'épis de faîtage. Comme ce pavillon, l'aile nord du logis
(première moitié du XVIIIe siècle) comprend un rez-de-chaussée et un étage,
auxquels s'ajoute un soubassement qui compense la pente du terrain. Côté
cour, la surélévation du rez-de-chaussée a permis l'aménagement d'une
terrasse et d'un perron, avec balustres en pierre, ce qui constitue un
élément de modernité pour l'époque. La façade sur cour présente cinq travées
d'ouvertures. La façade sur le parc n'en compte que quatre, mais toutes sont
terminées, au niveau du comble, par une baie libre (donnant l'illusion d'une
lucarne pendante) avec fronton triangulaire. Sur les deux façades, les
travées présentent un plein-de-travée appareillé, des encadrements et des
appuis saillants. Le décor de frontons se retrouve sur l'aile ouest du logis
(première moitié du XVIIe siècle), sur sa façade sur cour, cette fois
au-dessus de deux fenêtres passantes. Ces dernières font partie de deux
travées d'ouvertures, là encore avec plein-de-travée appareillé. (1)
château
Bardon 17132 Meschers-sur-Gironde, propriété privée, ne se visite pas.
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