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Le château de Beaulon ne prit ce nom qu'au XVIe siècle, lorsque la
seigneurie de Saint-Dizant passa à la famille Beaulon. La première mention
de la terre de Saint-Dizant apparaît en 1487, lorsque Pierre de Vallée,
conseiller du Roi en la cour du parlement de Bordeaux, agissant au nom de
Michel de Vallée, son frère, rendit hommage à Marguerite de Culant, veuve de
Louis Harpedanne de Belleville, seigneur de Cosnac. Quelques années plus
tard, la terre passa aux mains de maître Pierre Beaulon, sans doute peu
avant 1502, date à laquelle il passait une transaction avec le comte de
Cosnac, Gilles Harpedanne de Belleville. C'est vraisemblablement quelques
années après que Pierre Beaulon fit entreprendre la construction du corps de
logis que nous connaissons. Sa famille conserva la seigneurie jusqu'à la fin
du XVIe siècle. Au début du règne d'Henri IV, Hélie de Beaulon, écuyer,
conseiller du Roi au grand conseil ayant hérité la seigneurie de
Saint-Dizant de son frère aîné, François, conseiller au parlement de
Bordeaux, mort sans enfant de son mariage avec Françoise de Talleyrand, eut
de sérieuses difficultés avec les Jésuites de Bordeaux. N'ayant point payé
une rente annuelle de 666 écus, ceux-ci firent saisir la seigneurie dont ils
s'attribuèrent la jouissance. Cependant ayant été déclarés peu après
"notoirement ligueurs et rebels et retirez à Périgueux et autres villes", le
roi Henri IV intervint directement dans le procès qui opposait les Jésuites
à la famille Beaulon, par un arrêt daté de Mantes, le 6 juillet 1591, ce qui
ne fit que raviver les querelles. Sans doute à la suite d'une saisie, la
terre de Saint-Dizant et de Beaulon, revint à François-Théodore de Nesmond,
conseiller au parlement de Bordeaux, lequel en était seigneur en 1622.
Quelques années plus tard, en 1635, François-Théodore de Nesmond parvint à
acquérir de son suzerain, le comte de Cosnac, la haute justice sur ses
terres de Saint-Dizant et de Beaulon. En 1712, Guillaume-Urbain de
Lamoignon, comte de Launay et de Courson, maître des requêtes ordinaires de
l'hôtel du Roi, intendant de la généralité de Bordeaux agissant pour
Monseigneur François de Nesmond, évêque de Bayeux, conseiller du Roi, vendit
à Louis-Amable Bigot, conseiller du Roi en la grand chambre de la cour du
parlement de Bordeaux, moyennant 50000 livres, la terre et seigneurie de
Saint-Dizant et Beaulon, avec droit de haute, moyenne et basse justice,
droit de pêche et de chasse, relevant du comte de Cosnac et d'autres
seigneuries. Elle lui appartenait comme héritier de son frère puîné, Henry
de Nesmond, et de leur père, François-Théodore. A Louis-Amable Bigot,
succédèrent son fils, Joseph, conseiller au parlement de Bordeaux, marié en
1729, puis son petit-fils Pierre, marié en 1781 avec une des filles du
seigneur de Roussillon. Il mourut quelques années après laissant deux
enfants, Joseph-François et Charlotte-Adélaïde de Bigot, qui possédaient le
château et les terres, le tout estimé à 120000 livres, en 1789. Par la
suite, Charlotte-Adélaïde de Bigot, mariée à Josias de Brémond d'Ars, resta
seule propriétaire du domaine qu'elle vendit en 1833, à Amédée-Pharamond de
Laporte, directeur de l'enregistrement à Niort. Celui-ci ne l'habita pas, le
laissant à des fermiers; Rainguet écrivait, en 1864, que "l'état de
dégradation et de ruine dans lequel était laissé ce château témoignait de
l'absence prolongée des maîtres du logis...", ce qui dura plus ou moins
jusqu'à son achat, en 1942.
Le château de Beaulon, installé dans un écrin de verdure agrémenté par ses
célèbres résurgences naturelles, dites "Fontaines bleues", comporte un
simple corps de logis datant sans doute des années 1520, mais encore très
marqué par les influences du style gothique flamboyant. Le corps principal
du bâtiment, couvert d'ardoise possède de hautes toitures à rampants ornés
de crochets. Sur sa façade postérieure, on remarque une admirable lucarne
flamboyante à moulures prismatiques ponctuée de pinacles élevés, supportés
par des colonnes torsadées. Cette construction fut mise au goût du jour au
milieu du XVIe siècle, lorsqu'on fit élever l'escalier rampe sur rampe
contenu dans le pavillon situé au milieu de la façade antérieure,
vraisemblablement substitué à une tour polygonale d'escalier, et lorsqu'on
remania les baies sur jardin et que l'on fit élever une seconde lucarne à
pilastres plats surmontés par un fronton triangulaire. Par sa situation et
ses proportions, le château de Beaulon est un excellent exemple "d'hôtel
noble", élevé à la fin de la grande période de reconstruction qui suivit les
Anglais. L'absence de tourelles et d'éléments de fortifications, côté
jardin, s'explique sans doute par le fait que la seigneurie n'eut pas le
droit de haute justice avant 1635. Isolée des bâtiments, la fuie ronde,
couverte de tuiles plates, porte le millésime de 1740. Bien que de
proportions modestes, le château de Beaulon n'est pas moins d'une qualité
architecturale remarquable. Avec son parc, il est une des plus belles étapes
de la "route verte", longeant la rive droite de la Gironde. Le corps de
logis a été récemment restauré de façon remarquable. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, l'escalier, les trois
cheminées les plus anciennes situées : au rez-de-chaussée, dans la salle à
manger et dans la cuisine et à l'étage dans la chambre à l'extrémité
orientale du château, la fuie : inscription par arrêté du 16 décembre 1987.
château de Beaulon ou des Enigmes 17240 Saint-Dizant-du-Gua, tél. 05 46 49 96 13, ouvert
au public de mai à septembre tous les jours de9h à 12h et de 14h à 18h,
octobre à avril du lundi au vendredi. Fermé samedi et dimanche sauf sur
rendez-vous.
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