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Le domaine du Pible
constitue jusqu'à la Révolution un fief dont Jean Lefourestier, seigneur
d'Orignac et de Saint-Dizant, se dit seigneur en 1567. Dépendant de la
seigneurie de Romaneau, il passe ensuite, au début du XVIIe siècle, à Jean
Morineau époux d'Anne de Rochefort, puis, en 1646, à leur fille, Marie
Morineau épouse de Simon Bonniot, sieur des Augiers, avocat et juge sénéchal
de la terre de Mirambeau. Le Pible reste dans les mains de la famille
Bonniot pendant tout le XVIIe siècle puis au XVIIIe siècle. L'aile nord des
dépendances est construite en 1730, date inscrite au-dessus de la porte de
l'ancien passage couvert et du chai. L'aile sud, identique, date
probablement de la même époque (tout en ayant été restauré vers 1939). Le
logis aurait été édifié dans les années 1770 pour le compte de Michel
Bonniot, riche négociant protestant. Les plans en ont peut-être été établis
par Christophe Macaire, architecte à Lorignac: le logis du Pible présente en
effet des points communs avec le château de Romaneau, construit par Macaire.
Michel Bonniot meurt en 1782. Le domaine passe alors à son fils, Antoine qui
en délaisse aussitôt la gestion à David Raboteau, sieur de la Rousserie, un
ami de son défunt père. David Raboteau est né en 1733 dans une famille de
notables protestants de Saint-Fort-sur-Gironde. Il a fait fortune dans le
commerce avec Saint-Domingue où il possède des concessions de terres et où
il a vécu quelques temps. Lié à de gros armateurs et marchands bordelais, il
demeure le plus souvent à Bordeaux. Sous la Révolution, il profite de la
vente des biens nationaux pour s'enrichir encore davantage et acquérir de
nombreux domaines à Saint-Fort et aux alentours, tout en se montrant
généreux avec ses frères et neveux.
En 1811, il finit par acheter le domaine du Pible que le fils de son défunt
ami lui avait confié en gestion quelques années auparavant. C'est au Pible
qu'il décède, sans enfants, le 16 mars 1820. Par testament, il a légué son
domaine à sa nièce, Esther-Hortense Raboteau, épouse de Théodore Rodier,
protestant comme elle, et avec lequel elle demeure déjà au Pible depuis leur
mariage en 1815. Ils en sont propriétaires lorsque le plan cadastral de 1832
est établi. Le logis y apparaît avec ses deux ailes de dépendances, ainsi
que les autres dépendances au sud, dont le pigeonnier. Au sud également,
accolé à l'aile sud des dépendances, se trouve un bâtiment aujourd'hui
disparu: il s'agissait sans doute de la maison de métayer citée dans l'acte
de vente de 1811. L'accès au domaine s'effectuait par le nord (le portail
actuel n'existait pas): un chemin venant du nord aboutissait à l'aile nord
de dépendances qui était percée par un passage couvert dont il ne subsiste
aujourd'hui que la porte sud. A l'est se trouvait une charmille avec des
allées. Au sud, au-delà du pigeonnier, le domaine comprenait une plantation
d'ormes, un vivier et s'étendait jusqu'au bord du Taillon. Hortense Raboteau
décède au Pible en 1837, et Théodore Rodier, qui est un temps maire de la
commune, en 1844. La propriété passe à leur fils, David Rodier. Dans la
première moitié du XXe siècle, la famille Rodier délaisse peu à peu le
Pible. En 1933, M. Rodier, chirurgien, vend le domaine à Roger Boisson époux
Coudrin, qui le transmet en 1956 à son gendre, Denis Raffin. Pendant la
Seconde Guerre mondiale, le domaine est occupé et endommagé par les troupes
allemandes.
Le domaine du Pible comprend principalement un logis entre une cour à
l'ouest et un ancien parc à l'est. Deux ailes de dépendances encadrent la
cour au nord et au sud. Ces deux ailes possèdent chacune à l'ouest un retour
qui, avec un muret et un portail à piliers maçonnés, ferment la cour. Au sud
de cet ensemble se trouve une seconde cour avec à l'est d'autres
dépendances, dont des toits à volailles, les ruines d'un pigeonnier rond au
sud-est, et une grange-étable à façade en pignon à l'ouest. L'ancien parc a
perdu la plupart de ses arbres. On y observe un puits et deux portails, l'un
à l'extrémité est, l'autre au nord, près du logis. Le logis, aux allures de
château, est un édifice double en profondeur, en pierre de taille, couvert
d'une toit à croupes. Cette toiture est masquée par une balustrade. La
façade ouest, sur cour, et la façade est, côté parc, sont identiques. Toutes
deux se distinguent par leur sobriété. Dans les deux cas, le centre de la
façade est occupé par un décrochement surmonté d'un fronton triangulaire, et
dans lequel prend place une travée centrale d'ouvertures. Cette travée
comprend la porte en plein cintre, à encadrement mouluré et à clé de linteau
saillante, et une large fenêtre à l'étage, avec encadrement également
mouluré.
Côté cour, la porte est accessible par un perron. De part et d'autre de ce
décrochement, on compte deux travées d'ouvertures aux encadrements
saillants. A l'horizontal, la façade est simplement ornée d'un solin, d'un
bandeau de niveau et d'une corniche. A l'intérieur se trouve un escalier
monumental en pierre, avec un garde-corps en ferronnerie de style rocaille,
caractéristique de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Chacune des deux
ailes qui encadrent la cour, est une longue enfilade de dépendances: remise
(avec puits intérieur), écurie et étable dans l'aile sud, chais et ancienne
distillerie dans l'aile nord. Les deux ailes sont éclairées par des fenêtres
rectangulaires au rez-de-chaussée et par des oculi au niveau du comble. Les
oculi de l'aile nord possèdent encore un pourtour mouluré. Chaque aile est
par ailleurs percée de portes charretières en arc surbaissé, formant passage
couvert. Le passage à travers l'aile sud, vers la seconde cour, existe
toujours ; le passage à travers l'aile nord, qui constituait autrefois
l'accès à la cour, est condamné depuis que la porte sur le mur nord a été
obstruée. Dans l'angle formé par l'aile nord et son retour ouest, se
trouvent trois fenêtres de décharge en plein cintre, dont deux ont été
murées. (1)
château du Pible 17240 Saint-Dizant-du-Gua, propriété privée, ne se visite
pas.
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