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La terre de Laleu
relevait de Taillebourg; le plus ancien seigneur connu en est Jean Pigneau
qui, dans la première moitié du XVe siècle, la vend pour 100 livres à Jean
de Lericon. Celui-ci cède très vite Laleu à Maurice de Pluscalet dont la
famille tient Taillebourg depuis 1423 et qui, à la tête d'une bande
d'écorcheurs, ravage la contrée (1442). Assiégé par l'armée royale dans
Taillebourg, il est contraint de se rendre et voit ses terres confisquées à
l'exception, semble-t-il, de Laleu qu'il vendra d'ailleurs peu après au
nouveau seigneur de Taillebourg, Prigent de Coëtivy (16 janvier 1447). Le 7
février 1498, Jean Gaillard, écuyer, seigneur des Fontaines (sur Asnières)
et à moitié de Laleu, acquiert de son suzerain la partie restante, avec
droit de basse et moyenne justice; il cède en échange le fief de La
Montagne, sis près de La Frédière. Son arrière-petit-fils, François
Gaillard, marié par contrat du 24 octobre 1589 avec Suzanne de Lisle,
héritière de Charles, écuyer, seigneur de Saint-Maurice, semble en proie à
des difficultés financières chroniques puisqu'il doit vendre Les Fontaines à
Nicolas de La Tour en 1596, la terre de Laleu étant saisie et adjugée, en
1621, à Marguerite Raisin. Cette dernière la revendra toutefois le 23
février 1624 au fils aîné de François Gaillard et de Suzanne de Lisle,
Henri. Par la suite, la seigneurie passe entre les mains de Casimir, fils du
précédent, marié le 2 février 1649 avec Anne Poitevin, de la paroisse de
Breuillet, qui lui donnera Charles. Celui-ci semble décéder prématurément,
laissant d'Esther-Léa Resnier un fils posthume, Charles-Denis, né le 10
décembre 1691, baptisé en l'église d'Asnières le 27 décembre suivant et mort
également jeune. Laleu revient alors à sa mère qui convole derechef le 25
avril 1694 à Asnières avec Louis Huard, écuyer, seigneur du Breuil, puis une
troisième fois avec Alexandre Bellivier, écuyer, seigneur de Pers. Cette
dévolution est contestée par François Gaillard, écuyer, seigneur de
Fief-Gaillard, fils de Jacques et de Marie de Vallée, cousin germain de
Charles. Un arrêt du parlement de Bordeaux du 26 avril 1730 donne raison à
ce dernier qui prend possession des lieux le 19 mai suivant, ainsi qu'en
fait foi un procès-verbal établi par Robinet, notaire à Saint-Jean-d'Angély.
L'état laisse à désirer; l'entrée se fait par un portail ouvert au couchant.
Il subsiste "les ruines d'un ancien logis de 84 pieds de long sur 24 pieds
de large entre les murs duquel il paraît quelques vestiges de portes et de
croisées joignant l'ancien corps de logis (est) une galerie de 88 pieds de
long et de 8 pieds de large entièrement ruinée. Au bout de la galerie est
une tour dont les murs sont en partie tombés. Il n'y à ni murs, ni
charpentes. Il subsiste encore un bâtiment s'étendant au sud à partir de la
tour et un petit appartement qui conserve l'appellation de chapelle. Après
être entré dans l'ancien corps de logis qui a été ruiné, il y a un
appartement de la même longueur dudit logis et de 12 pieds de large, avec au
bout au midi, une tour entièrement ruinée. Au milieu de l'ancien logis, il y
avait un degré pratiqué dans une tour entièrement ruinée; il reste deux
marches". De Marie-Marthe du Bois de Landes, François Gaillard eut
Jacques-Alexandre qui hérite Laleu. En 1776, ce dernier fait graver les
armes familiales sur un beau cadran solaire circulaire en ardoise qui se
trouve actuellement face à la tour, dans la partie droite du jardin, au sud,
alors dévolue à l'agrément, un verger et un potager occupant le côté gauche,
au nord. Le parc semble avoir été clos de murs. Jacques-Alexandre disparaît
peu avant la Révolution, laissant de Marie-Anne du Boucheau du Château
plusieurs enfants; l'aîné, prénommé également Jacques-Alexandre, marié à
Françoise-Élisabeth de La Perrière, décède à Laleu le 18 décembre 1789. Leur
fille unique Élisabeth-Alexandre, épousera en 1793 Nicolas Gobeau, avocat à
Saintes. Au décès de Joséphine-Henriette-Alexandrine, issue des précédents,
alors veuve de François-Honoré Auzières, major, officier de la Légion
d'Honneur, le 16 décembre 1875, le domaine sera morcelé et vendu à la
famille Charretier. Les actuels propriétaires du logis, qu'ils
restaurent avec beaucoup de goût et de compétence, sont leurs descendants.
De nos jours, au levant, l'édifice présente en son milieu une tour modifiée
intérieurement et extérieurement à plusieurs reprises; abritant à l'origine
un escalier, elle fut transformée après 1730 en pigeonnier et sa base reçut
un jour. L'autre façade répond à une vaste cour carrée entourée de
servitudes et pourvue d'un puits dont la margelle présente des restes de
sculptures. Le portail à cintre surbaissé s'ouvrait sur une allée plantée de
marronniers qui permettait d'accéder à la demeure en venant de
Saint-Jean-d'Angély. À l'intérieur, il subsiste des restes de lambris dans
les pièces du premier étage et surtout dans le vestibule dallé de pierre, un
escalier à balustres de bois et à droite en entrant, une jolie fontaine de
pierre, creusée dans l'épaisseur du mur, surmontée d'une coquille
saint-jacques et supportée par deux colonnettes. Il est donc possible que le
logis ait constitué une étape pour les pèlerins sur la route de Compostelle.
(1)
logis de L'Alleu 17400 Asnières-la-Giraud, logis situé sur la route de
Taillebourg à Saint-Jean-d'Angely, propriété privée, ne se visite pas.
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