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Cinq cents mètres d'une longue allée de peupliers
longent le cours de la Boutonne permettant depuis Tonnay-Boutonne
d'atteindre la grille du parc. Curieux mélange fait d'importants massifs
abondamment fleuris et de pelouses d'herbes folles, parsemées de statues et
d'urnes de pierre du XVIIe siècle, auxquelles fait suite un bois dense qui
s'étend jusqu'à la rivière. C'est en 1228 que le seigneur de Tonnay-Boutonne
fit don des terres et marais de Luret qui relevaient de lui, au seigneur de
Genouillé. À Luret au XVIe siècle, François Bidault apparaît comme le
premier propriétaire clairement identifié. Dès 1501, il rend hommage à
Bertrand de Maulmont, seigneur de Tonnay-Boutonne pour ses fiefs de L'Houmée
et du Marais de Luret, tenus à hommage plein. Trois générations suivirent
jusqu'à Olivier Bidault, écuyer, sieur du Luret, époux de Charlotte de
Jousseran qui lui donne plusieurs enfants dont Charles, sieur de Puychenin,
lieutenant d'une compagnie pour le service du Roi au régiment de Champagnel,
mariée en premières noces à Gabriel de Palustre, chevalier, seigneur de
Chambonneau, paroisse de Gizay, en Poitou, puis en secondes noces, en 1709,
à François-Robert de Flains, chevalier, seigneur de Bournevelle. A la mort
d'Élisabeth de Ligoure, le château passe à sa fille issue de son premier
mariage, Catherine de Palustre, qui épouse Armand du Souchet, écuyer,
seigneur de Villars et du Petit-Champagné. Ils ont un fils, Charles, sans
doute décédé juste après sa mère, morte en 1748, après avoir testé en faveur
de ses cousins, Charles-Henri de Beauchamps, chevalier, seigneur de Grandfef,
Jean de La Laurencie, chevalier, seigneur de Blanzay et de L'Effort, et
Charles-César de La Laurencie, chevalier, seigneur de La Rochenambaud,
lesquels vendent le château dès 1749, pour 30 000 livres, à Anne Le Sourd,
veuve en premières noces de Jean-François-Xavier-Honoré Le Moyne, chevalier,
seigneur de Sérigny. Elle meurt, le 1er mai 1752, après avoir fait son
testament en faveur de son second mari dont les armes sont d'azur à trois
roses d'or et une au chef cousu de gueules, chargé d'un croissant d'argent
et accosté de deux étoiles de même. Henri-Honoré Le Moyne, son fils, comte
de Sérigny, capitaine de vaisseaux et futur maire de Saint-Jean-d'Angély,
reçoit en 1792 sa part d'héritage avant de servir dans les armées du Prince
dont il ne reviendra qu'en 1802. De son mariage avec Marie-Élisabeth Prévost
de Sansac de Traversay naîtra un fils, Amédée-Honoré, lui aussi officier
supérieur et conseiller général sous la Restauration; il devait décéder en
1843. Marie-Gustave prit enfin le titre de marquis de Sérigny en 1845,
racheta même l'ancien château de Tonnay-Boutonne, tandis que son frère, le
comte Émile, recevait Luret en 1853; il s'exila en 1863, et sa femme dut se
résoudre à vendre Luret à Charpentier, notaire à Tonnay-Boutonne. Après plus
d'un siècle, les Sérigny se retirent d'un château qu'ils marquèrent beaucoup
de leur présence.
Construit à la fin du XVIe siècle par la famille Bidault, le château
présente un plan parfaitement quadrangulaire flanqué de quatre tours d'angle
à toit d'ardoise. Il ne reste plus trace des trois pignons qui rythmaient la
toiture, comme en témoigne la gravure de Claude Chastillon exécutée d'après
des dessins faits vraisemblablement vers 1604/1605. Ils furent rasés au XIX
siècle laissant place à une banale toiture d'ardoise. L'édifice se compose
d'un rez-de-chaussée et d'un étage couronné d'un pseudo-étage attique. La
façade principale est orientée à l'ouest; très largement reprise elle aussi,
elle est complètement dénaturée ; deux fenêtres de part et d'autre encadrent
la porte d'entrée au linteau de laquelle sont sculptées les armes des
Sérigny. La façade sud, face au bois, s'ouvrait jadis par quatre fenêtres;
l'extrême fut transformée en porte. Plus belle est la façade est, sans
modification majeure depuis le XVIIe siècle. Au centre de deux fenêtres à
meneaux s'élève une remarquable porte d'entrée en plein cintre cernée de
colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens. Dans les écoinçons, une rose
héraldique et trois croissants rappellent encore les Sérigny. L'ensemble est
surmonté d'un bel œil-de-bœuf; les colonnes quant à elles se poursuivent
jusqu'à l'entablement supportant deux vases sculptés. Plus intéressantes
sont les terrasses à l'ouest et au sud; on y accède par deux escaliers de
dix marches semi-circulaires. Le garde-corps est constitué d'une quinzaine
de vases en pierre du XVIIe siècle, remplis de fruits débordants. (1)
château du Luret 17380 Tonnay-Boutonne, propriété privée, ne se visite pas.
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