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Château de Meux (Charente-Maritime)
 
 

  À cinq kilomètres de Jonzac, sur la route de Barbezieux, se dresse le château de Meux. La terre de Meux dépendait, depuis le haut Moyen Age, du vaste domaine qui devait par la suite constituer les deux châtellenies de Jonzac et d'Archiac. Ces terres avaient été concédées à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, dès le IXe siècle. Après leur partition, Meux dépend de Jonzac, et ce, probablement jusqu'à sa première inféodation. Un premier château aurait été édifié dans les années 1250, et un certain Geoffroy et son fils "Messire Thomas de Meux" auraient été les premiers seigneurs de Meux. Les héritages successifs semblent avoir démembré progressivement le fief. Celui-ci se trouvait, en 1408, entre les mains de Jeanne de Frenay, épouse en secondes noces d'Aymar de La Laigne. C'est une Blanche de La Laigne, leur petite-fille sans doute, qui apporte la terre de Meux à Louis Chesnel, lequel en est seigneur dès 1444. Il était d'origine bretonne. C'est sans doute à ce Louis Chesnel qu'il faut attribuer la reconstruction du château de Meux. Pendant deux siècles, la branche aînée des Chesnel conserve Meux. Jacques, fils de Louis, avait épousé, en 1654, Béatrice de Sainte-Maure, fille du seigneur de Jonzac. Charles Chesnel fut, dit-on, au nombre des intimes d'Henri IV. Il se marie, en 1604, à Suzanne de Gouy; il est qualifié de gentilhomme ordinaire du Roi, capitaine au régiment de ses gardes et sénéchal de Saintonge. En 1612, il apparaît comme chevalier de l'ordre, et meurt, le 28 août 1630, au siège de Montmélian.
Son mariage avait entraîné les seigneurs de Meux loin de leurs possessions saintongeaises. Ils vont désormais résider plus volontiers en Beauvaisis, au château de Ponceau, héritage de Suzanne de Gouy. D'oncle en neveu, les Chesnel s'établissent dans l'ordre de Malte. L'un des fils de Charles, Arthus, avait été reçu chevalier en 1626; son neveu, Hierosine-Philippe, reçu frère chevalier en 1666, fut page du Grand Maître. Fidèle à ses origines saintongeaises, il se fit enterrer dans l'église de Meux. Le 4 juin 1712, Marie-Angélique Chesnel, fille unique de ce dernier, vendit le château et la terre, moyennant 60000 livres, à Pierre Didon, époux de Marie-Brigitte de Laage, conseiller du Roi en ses conseils et son premier avocat général au parlement de Bordeaux. A la mort de Marie-Brigitte, son propre père, Jacques de Laage, recueillit Meux en héritage, et le revendit le 15 septembre 1719 à un certain Antoine Bonnet, moyennant 120000 livres. Le 8 mars 1721, les terres et seigneuries de Meux et Saint-Germain-de-Vibrac sont revendues par Antoine Bonnet à Élie de Laage, moyennant 125000 livres. Meux resta entre les mains des Laage de Meux jusqu'au milieu du XIXe siècle. Sous le Second Empire, le domaine passera aux mains de cultivateurs. Après un siècle, où le château ne fut plus qu'une ferme, il fut acquis par son actuelle propriétaire, Madame Monique Guilbot, laquelle a su le restaurer avec autant de scrupule que de goût.
Le château de Meux est sans doute le témoin saintongeais le plus remarquable de la première phase de reconstruction (1450 à 1480) qui suivit la guerre de Cent Ans. Sa reconstruction a été entreprise dans le style fort du milieu du XVe siècle, et, si la demeure a été privée de deux tours, on peut encore comprendre l'aspect primitif du manoir. L'essentiel de l'aménagement intérieur est resté tel qu'il fut à l'origine: escalier à vis dans sa tour extérieure, carrelage orné d'un bestiaire et d'une flore héraldiques, et vastes cheminées de pierre. L'ensemble témoigne d'une incontestable recherche de grâce et de confort. Le jardin à la française fut reconstitué à partir de 1972 avec huit ifs taillés en cône, marquant l'intersection des allées et des quatre carrés de pelouse. Il est travaillé dans les verts de la pelouse, des ifs et des fusains et le rouge des lignes de petits rosiers. Une roseraie complète le jardin. Une haie taillée sépare du parc planté d'essences choisies pour leurs couleurs. Le potager et le verger traditionnels complètent cet ensemble des jardins. (1)

Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château et des communs, l'escalier à vis de la tourelle hexagonale, les cheminées intérieures du XVe siècle : inscription par arrêté du 25 avril 1975.

château de Meux 17500 Meux, tel. 05 46 48 16 61, ouvert au public du 1er juin au 30 septembre de 14h30 à 18h30, fermé le mardi.

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  Source : châteaux, manoirs et logis, Charente-Maritime, éditions Association Promotion Patrimoine, 10 rue Dabault, 79000 Niort, imprimé en octobre 1993

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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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