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La première
mention connue de la terre de la Rigaudière ne remonte pas au delà de 1579.
A cette date, c'était la propriété de Jeanne Guibert, veuve de Guillaume
Martin. Sans transition, nous trouvons en 1598, Marguerite Couradin, dame de
la Rigaudière et de Guimps. Marguerite s'était mariée avant le 28 mars 1573
à François de La Roche, sieur d'Auvignac et de La Roche, conseiller du roi
et son avocat général au parlement de Bordeaux, et elle vivait encore le 22
janvier 1611. Vers 1620-24, la Rigaudière était entre les mains de son
petit-fils, Maître Fronton de La Roche, conseiller du roi en sa cour du
parlement de Bordeaux, seigneur des maisons nobles de Gaspies, Query et de
La Rigaudière. Il s'en désaisit quelques années après, sans doute en 1625,
en faveur de Pierre Nicolas. Il est vraisemblable que nous devons à celui-ci
au moins quelques travaux, vers 16361. Pierre Nicolas ne garda pas très
longtemps son acquisition, puisque le 24 janvier 1654, alors qu'il demeurait
au bourg de Saint-Just près de Marennes, il vendait au sieur André Frogier,marchand,
demeurant au bourg de La Tremblade en Arvert, "la maison noble dudict lieu
de La Rigaudière située en la paroisse de Médis, baronnie de Bidonne,
consistant en maisons haute et basse, services, collombier, basse-cour,
grange, parez, escuries, jardin... mouvante à foy et hommage des seigneurs
de Bidonne, Royan, Mornac et Puyraveau..., scavoir au seigneur de Didonne
dedix sols, au seigneur de Mornac d'une parie de gandz de cerf et au
seigneur dudict Puyraveau des cinq solz pour le logis et pré closture
d1icellui.", moyennant la somme de 22.800 livres tournois. L'acquéreur,
André Froger (ou Frogier) deuxième du nom, né en 1612, était le fils d'autre
André, marchand corroyeur à La Tremblade. Associé au commerce de son père,
il s'enrichit par la suite très vite grâce à une activité complémentaire sur
le commerce du sel et l'armement de navires marchands. A la fin de sa vie,
il fut nommé lieutenant colonel des milices gardes-côtes de l'île d'Arvert
(brevet du 22 décembre 1665) et en 1670, année de sa mort, il est qualifié
d'agent des affaires du roi à La Tremblade. Son fils André (troisième du
nom) lieutenant-colonel au régiment de Saujon, puis commandant le régiment
d'Arvert et chef de brigade de la capitainerie garde-côtes de Royan, ordonne
des travaux à La Rigaudière de 1678 à 1681, comme le montre son livre de
raison. Il fit notamment refaire le pigeonnier, une tourelle et exécuter
certains travaux de menuiserie. En 1712, grâce aux démarches de son jeune
frère cadet, Michel, seigneur de l'Eguille, qui fit aussi une brillante
carrière maritime et s'enrichit rapidement, la famille Froger accéda à la
noblesse. André mourut en février 1727. Son fils Michel-Honoré fut également
un marin renommé. Il fut commandant de La Louisiane, en 1715-1716, pour le
compte de la compagnie des Indes. En 1727, il abandonna ses activités
maritimes pour s'installer à La Rigaudière et ajouta aux titres de son père
ceux de seigneur de la Clisse et de Peumignon. Il semble être mort dans la
pauvreté, en 1759. L'inventaire après son décès fait au "logis de la
Rigaudière" à la demande de sa veuve, estime en effet ses biens à seulement
971 livres. A cette époque, l'aîné de ses enfants, André-Alexandre, était au
service de la compagnie des Indes. Comme son père, il abandonna ses
activités pour venir habiter à La Rigaudière, jusqu'à sa mort, le 3 octobre
1807. Il était qualifié de seigneur de La Rigaudière, Peumignon, La Clisse
en partie, et de la Roche-Françoise. André-Alexandre Frogier de la
Rigaudière eut deux filles légitimes dont la cadette, Marie-Julie-Adélaïde
épousa par contrat du 11 mai 1789, Joseph-Bernard de Bouet du Portal,
chevalier, fils de François-Raymond, chevalier, seigneur de Peudry, de
Luchet et du Vignaud, et d'Anne-Gabrielle de Bretinault. Depuis cette date,
le château est toujours entre les mains de la famille de Bouet duPortai.
Durant la seconde guerre mondiale, le château de la Rigaudière est occupé
par un général allemand. Le bâtiment n'eut pas à en souffrir car la
compagnie ne resta que quatre jours, importunée par le bruit incessant des
convois militaires sur la voie ferrée juste devant le château. Le château
à cour rectangulaire autrefois entièrement pavée, est accessible à l'est par
une allée rectiligne d'une centaine de mètres qui n'est plus bordée d'arbres
que sur la moitié de sa longueur et qui est, en son milieu, coupée
perpendiculairement par la voie ferrée de Saintes à Royan. A l'opposé de la
cour, le logis ouvre sur un large espace gazonné qui, plus vers l'ouest, se
poursuit en charmille. Au début du XVIIIe siècle, sur la carte de Claude
Masse, on distingue trois corps de bâtiments disposés en U autour d'une cour
centrale, ce qui correspond au plan et à l'emplacement actuels. Masse
qualifiait le logis d'assez beau, situé "dans le fond, partie enveloppé de
bois". Ces observations viendraient confirmer la tradition selon laquelle le
logis aurait été construit en 1636. Il faut ensuite attendre 1759 pour
trouver un nouveau document ayant trait à l'architecture. C'est l'inventaire
après décès des meubles délaissés par Michel-Honoré Froger, écuyer, seigneur
de la Rigaudière : à l'intérieur d'un corps de logis fort pauvrement meublé,
le total du mobilier est estimé à un peu plus de 971 livres, et dont la
disposition des pièces ne correspond absolument pas à celle de maintenant.
D'après ce document, il se composait, au rez-de-chaussée, d'une salle, avec
à sa gauche une chambre ayant vue sur le jardin, une autre chambre à côté,
et à sa droite d'une chambre et sans doute d'une cuisine, à l'étage de deux
chambres dont une au-dessus de la salle, et d'un grenier au-dessus de la
cuisine. Nous sommes donc loin du compte que l'on peut faire à partir du
plan de l'édifice actuel. Celui-ci existait en 1776, d'après le plan terrier
conservé dans une des cages d'escalier du château, et qui nous montre en
élévation la façade antérieure, avec coupe sur les dépendances, telle que
nous la connaissons de nos jours.
Le logis de maître est un long bâtiment d'une quarantaine de mètres, situé
en fond de cour, encadré par deux pavillons. Il présente en plan, une série
de pièces en enfilade à partir d'un vestibule central. L'accès au premier
étage se fait par deux escaliers de bois à balustres, rejetés entre les deux
pièces principales à droite et à gauche du vestibule. Deux pavillons sont
adossés à chaque extrémité de la façade antérieure entre lesquels on a
établi une longue terrasse. L'élévation de la façade antérieure comprend un
corps de logis à deux niveaux, encadré par deux pavillons et précédé d'une
terrasse à balustres, avec un perron central de six marches, et un
avant-corps central en faible saillie surmonté d'un fronton triangulaire.
Les angles de l'avant-corps et des pavillons sont dotés de chaînes d'angles
en refend. Une plinthe anime la base du corps de logis. Le rez-de-chaussée
et le premier étage sont séparés par un large bandeau courant tout au long
de la façade et que seules les chaînes d'angles arrêtent. L'avant corps
central et les pavillons ont été bâtis en pierre de taille alors que tout le
reste de l'édifice est en moellons. Portes et fenêtres, en travées
régulières sont encadrées par un simple chambranle. Les baies du
rez-de-chaussée sont plus hautes et plus larges que les fenêtres de l'étage,
et le linteau de ces dernières est curieusement compris dans la corniche de
la toiture. L'ensemble des linteaux sont à angle droit au niveau des
huisseries et légèrement cintrés à l'extérieur. L'absence de pavillons aux
angles de l'élévation de la façade postérieure a permis de ménager une
ouverture de plus à chaque extrémité. Une petite différence de hauteur de
terrain a entraîné la suppression du perron et de la terrasse. Par
conséquent, nous sommes en présence d'une façade beaucoup plus simple, moins
animée. A l'extrémité nord, adossé aux communs et au mur de clôture du
jardin, se trouve un petit pavillon qui renfermait autrefois les latrines du
château.
Éléments protégés MH: le château avec le pavillon coiffé d'un toit à
l'Impériale, les façades et les toitures des deux ailes de communs disposées
en retour, le sol correspondant à l'emprise des parcelles sur lesquelles
sont situés ces bâtiments cour avec ses murs, le jardin arrière et l'allée
d'entrée du château. : classement par arrêté du 27 décembre 1996.
château de la Rigaudière 17600 Médis, propriété privée, ne se visite pas.
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