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Le castrum de Hérisson est
mentionné dans les archives vers 1041-1044, ce qui en fait l’un des plus
anciens châteaux du Moyen Âge attestés en Gâtine. Il est rapidement
mentionné dans une charte par laquelle un petit noble, Simon de Verruye,
fait don à l’abbaye de Saint-Maixent de quelques terres et de vignes situées
"près du castrum qui est appelé Hérisson". L’acte est signé en présence de
Geoffroy de Thouars, ce qui semble indiquer que ces terres étaient alors
dans la dépendance du vicomte. L’église du lieu, sans doute Saint-Georges,
est citée quant à elle en 1188. Son architecture ne contredit pas une
datation dans ces années là. Elle était probablement réservée à l’usage du
château, en tant que chapelle, avant de devenir église paroissiale. Avant
1280, la famille des seigneurs d’Argenton, établie dans la vassalité des
vicomtes de Thouars, possède déjà des biens à Hérisson, mais on ne peut
assurer qu’elle tient le château. En 1217, Geoffroi, seigneur d’Argenton,
apparaît ainsi dans une charte de donation par laquelle il offre à l’abbaye
de l’Absie la dîme de Hérisson. En mai 1230, il rend hommage à Louis IX en
tant que sénéchal de Thouars, et reçoit une rente annuelle de 250 livres, ce
qui témoigne de sa puissance. Trois ans plus tard, son fils Aimeri fait don
à la même abbaye d’une rente de six livres sur le péage du lieu. Cela
suggère l’importance du passage sur le cours d’eau des arcis, qui n’est plus
qu’un ruisseau aujourd’hui.
Pour Bélisaire Ledain, l’historien de la Gâtine, les seigneurs d’Argenton
rendaient hommage pour cette châtellenie au seigneur de Parthenay. Nous n’en
avons pas la preuve avant le XIVe siècle. Les sires d’Argenton conservent la
seigneurie de Hérisson jusqu’au début du XVe siècle. Elle passe par
alliance, en 1405, à Jean de Torsay sénéchal du Poitou et grand maître des
arbalétriers de France, puis à Jean Arignon en 1429, Aymar de la
Rochefoucauld avant 1450, enfin Jean du Fou, en 1467, chambellan du roi et
bailli de Touraine. La fille de ce dernier, Renée, apporte en dot Hérisson à
son époux Louis de Rohan au début du XVIe siècle. Chacun de ces grands
seigneurs avait les moyens financiers de faire reconstruire le château, mais
aucun n’a dû en faire sa résidence principale. Le château passe à différents
propriétaires à l’époque moderne; il est tenu par la famille Sauvestre de
Clisson au 18e siècle. Plusieurs plaques tombales, sur le sol de l’église
Saint-Georges, montrent encore l’intérêt que cette famille pouvait porter au
fief de Hérisson à la veille de la Révolution. La châtellenie se limitait
alors à quelques fiefs dans les paroisses de Secondigny, Fénery et Pougne.
Le château a sans doute été ruiné et abandonné à la Révolution, comme
d’autres édifices dans le bourg.
Le terme "castrum" cité vers 1040 peut désigner une enceinte assez vaste
englobant l’église Saint-Georges et longeant au nord le vallon des Arcis. Il
n’en reste aucune trace. Le noyau castral apparaît aujourd’hui assis sur une
butte de terre en partie artificielle, assise sur un rocher de granit et
dégagée par un fossé. Il s’agit manifestement d’une motte. Si le relief
disparaît sous les éboulements de pierre au sud, il apparaît encore bien
marqué au nord, au-devant de la muraille. De ce côté en effet, le rocher
naturel surmonté de remblais sert d’assise à une enceinte de pierre qui se
développe et s’élève à l’ouest en formant le mur de fond du logis médiéval.
La datation de cette muraille est assez difficile, mais pas antérieure à la
fin du XIIe siècle. On peut restituer une enceinte de pierre de plan
quadrangulaire, renforcée aux angles de tourelles rondes trop modestes pour
être considérées comme des tours de défense. A l’ouest, deux de ces tours
possèdent de petites salles en partie haute. Il s’agissait sans doute de
réduits défensifs, bien que leurs ouvertures étroites ressemblent davantage
à des fentes de jour qu’à des ouvertures de tir. Ces salles étaient en
communication avec un chemin de ronde dont la trace est encore visible au
sommet du mur, avec des créneaux qui ont été fermés a posteriori. La
troisième tour, au sud, a été arasée.
Contre cette muraille s’élève vers la cour un bâtiment élevé en moellons de
granit, la pierre de taille n’apparaissant que pour l’encadrement des
ouvertures. Il présente les dispositions caractéristiques des logis nobles
de Gâtine de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Le bâtiment est élevé
sur deux étages au-dessus du rez-de-chaussée. De plan rectangulaire, il
montre deux grandes salles à chaque niveau. Ce sont des pièces d’habitation,
dotées de fenêtres à coussièges (bancs de pierre) percées vers la cour.
Comme les portes rectangulaires, qui sont couvertes d’un linteau décoré
d’une accolade, ces fenêtres peuvent dater du milieu du XVe siècle. Leur
appui saillant mouluré invite même à une datation plus tardive. Les pièces
possèdent des cheminées dont la hotte rectangulaire repose sur des
colonnettes à bases baguées et couronnées de chapiteaux ornés de feuillages
à peine esquissés. Ce décor rappelle plutôt le XIIIe siècle. Au sud, le
corps de logis principal est précédé d’un autre bâtiment moins profond,
adossé à la muraille. Contenant les galeries de circulation, il est
clairement venu se plaquer après coup entre les chambres et une tour de plan
hexagonal contenant l’escalier en vis. C’est ce dernier qui dessert les
étages. On y accède par une large porte rectangulaire, dont l’encadrement
est souligné de moulures reposant sur des piédroits à base prismatique. Le
linteau assez simple accueille un blason muet. Il devait être peint des
armoiries des seigneurs du lieu.
La distribution générale compliquée correspond tout à fait à celle que l’on
trouve couramment dans les logis nobles de la fin du Moyen Âge en Bas
Poitou: la porte principale, ouverte à la base de la tour d’escalier hors
œuvre, conduit à chaque niveau à une galerie étroite desservant deux
chambres en enfilade. C’est sans doute dans un second temps que cette
galerie a été fermée d’un mur de pierre, éclairée de petites baies cintrées
dont le style accuse le courant du XVIe siècle. Elle était doublée en façade
d’une galerie de bois en encorbellement portée par des poutres dont les
trous d’encastrement sont bien visibles. Ils conservent encore de nombreuses
pièces de bois sciées au ras du parement. A l’extrémité nord du logis, au
second étage, une porte dans l’angle du bâtiment donnait accès au chemin de
ronde de la muraille voisine. La fenêtre qui la jouxte exclut en effet
l’hypothèse de l’existence d’une aile de logis en retour, vers l’est. A
l’intérieur, les planchers usés ou déposés des étages témoignent d’un
abandon de longue date. Le château de Hérisson présente un intérêt
historique et architectural indéniable. C’est l’un des premiers châteaux de
Gâtine et son site archéologique paraît intégralement préservé. Il n’y a
jamais eu de fouilles sur le site. Le logis conserve bien lisibles toutes
ses dispositions anciennes; il possède encore ses portes et fenêtres
moulurées, et ses cheminées gothiques, toutes différentes, qui sont d’un
type peu fréquent en Gâtine. (1)
Éléments protégés MH : les bâtiments constituant le château ainsi que le sol
: inscription par arrêté du 26 novembre 2008.
château de Hérisson 79130 Pougne-Hérisson, propriété de la commune, visite
des extérieurs uniquement.
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