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Une fois traversée
la première cour du château et après avoir dépassé le pont recouvrant les
douves, le visiteur est surpris par l'élégance et l'importance de cette
somptueuse demeure située au fond de la deuxième cour et également attiré
par l'imposante tour carrée du donjon et les constructions qui y font suite,
situées sur sa droite. Il y a donc en réalité quand on parle du château de
Saint-Loup deux parties fort distinctes et d'époques différentes. Le donjon
aurait été construit au XVe siècle par les Dercé, seigneurs de Saint-Loup,
sur les bases d'un autre donjon qui, dit-on, aurait abrité en 1336 Jean le
Bon, prisonnier des Anglais. Il se compose au rez-de-chaussée d'une salle
basse dont la porte autrefois était munie d'une herse; d'une salle au-dessus
connue sous le nom de prison; au deuxième étage d'une chambre qui, en
dernier lieu, servait de salle d'archives et d'une salle supérieure dite la
chambre seigneuriale, recouverte d'une ample voûte avec retombées dans les
angles sur des consoles ornées de personnages dont la Mélusine; la fenêtre
donnant sur le bourg, au fond d'une profonde embrasure, est également voûtée
et porte les armes des Dercé, d'argent à deux fasces de gueules,
accompagnées de neuf merlettes en orle. Le grand château porte la marque du
XVIIe siècle; on ne connaît ni le nom du fondateur ni celui de son
architecte. Saint-Loup à cette époque était aux mains des Gouffier, et ce
serait Claude Gouffier, comte de Caravas qui devrait être considéré comme le
constructeur du château. La date 1609 est gravée sur le méridien placé à
droite de la grande porte d'entrée et 1626 figure sur la cloche du campanile
surmontant le château. Louis Gouffier, fils de Claude, était alors
protonotaire apostolique, abbé de Cormery et d'Airvault et termina sans
doute la construction. Le nom de l'architecte est inconnu. D'après Arthur
Bouneault ce serait Jacques d'Angluse, constructeur de Brissac, qui en
serait l'auteur (analogie dans la disposition des bâtiments et parenté entre
les Brissac et les Gouffier).
On ne sait rien des anciens seigneurs de la forteresse de Saint-Loup
jusqu'au XIIe siècle. A cette époqe, Saint-Loup appartenait à un certain
Drogon et la châtellenie, qui relevait de la Tour Maubergeon, était connue
sous le nom de fief franc. La seigneurie passe ensuite aux Dercé, famille
originaire du Loudunais; ils conservent Saint-Loup de 1278 à 1517. Après la
mort d'Amaury de Dercé, arrivée avant 1505, sa sœur, veuve de Pierre de
Fontenay, puis épouse de Pierre Fleury, écuyer, seigneur de Cossay, vendit
en 1517 la châtellenie de Saint-Loup et ses dépendances pour le prix de
36000 livres à Artus Gouffier de Boissy, seigneur d'Oiron, baron de
Mautévrier, chambellan du roi, grand maître de France. Après procès
Saint-Loup fut définitivement adjugé à Artus Gouffier par le Parlement de
Paris le 8 février 1518. A sa mort, en 1519, le domaine revint à sa veuve
puis à leur fils Claude, puis à Louis, fils de ce dernier. Le 5 février
1645, il vendit, de concours avec sa seconde épouse, Angélique de Bruilhard,
la baronnie de Saint-Loup à Nicolas Lepage, conseiller du roi, trésorier
général des guerres et cavalerie légère de France. Louis Lepage, leur fils,
époux de Marie Louise Fouart, se défait de la baronnie le 29 octobre 1708
pour la somme de 12000 livres. Le nouveau seigneur s'appelle Jacques de
Boyer de la Boissière, trésorier général des finances de Bretagne; il est
époux de Marie Tiraqueau, d'une famille bien connue de Fontenay. Le domaine
revint à leur fils, Jean Baptiste Simon Boyer, écuyer, seigneur de la
Boissière, conseiller du roi, receveur général des finances de Bretagne et
trésorier général des états de cette province.
Le château de Saint-Loup, grâce au nouveau propriétaire, atteint alors son
apogée: mobilier luxueux, murs tendus de tapisseries ou de cuirs de Cordoue,
construction d'écuries, de remises, d'un nouveau pont sur les douves, des
deux pavillons d'entrée, de l'escalier en fer-à-cheval derrière le château
(le tout sur les plans de M. de Vigny, architecte des bâtiments du roi),
jardins parfaitement dessinés, création complète du parc après de multiples
petites acquisitions. Jean Baptiste Simon de Boyer de la Boissière, grand
bienfaiteur de la paroisse, décède célibataire, en laissant pour légataire
universel son frère, Louis Hyacinthe, appelé M. de Crémille. Le 25 mars
1767, M. de Boyer vend la terre et baronnie de Saint-Loup avec tous les
domaines en dépendant à Jean de Haran, écuyer, seigneur de Borda, trésorier
général des Ponts et Chaussées de France. Mais le contrat ne put être
réalisé car Louis Hyacinthe Boyer de Crémille décéda peu de temps après,
laissant pour légataire universelle sa belle-sœur, veuve de Philippe Jacques
Boyer de Saint-Georges, et sa nièce Charlotte Louise. Saint-Loup passa
ensuite au seigneur de Borda, puis aux d'Abbadie et en 1894 aux Maussabré
qui entreprirent des modifications considérables. A partir de 1955, leurs
descendants restaurèrent le château, puis le léguèrent à la Ligue contre le
cancer, qui démembre le parc. Le domaine est vendu aux époux Jean-Jacques
Debout et Chantal Goya qui le cèdent en 1990, au comte Charles Henri de
Bartillat qui y réside. (1)
Éléments protégés MH : les bâtiments anciens et annexes, les douves et des
parties du parc: classement par arrêté du 8 janvier 1947. Les parties bâties
et non bâties du domaine non concernées par l'arrêté de 1947, y compris les
murs et les clôtures avec leurs portes, mais à l'exclusion de l'emprise de
la voie ferrée : classement par arrêté du 5 juillet 1993.
château de Saint-Loup 79600 Saint-Loup-Lamairé. Tél. 05 49 64 81 73,
hébergement en chambres d'hôtes, location de salles pour réceptions,
mariages et séminaires, ouvert au public, visite du 1er mai au 15 septembre
tous les jours de 10h à 19h, et le reste de l’année de 14h à 19h samedi,
dimanche.
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