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Château de Peyraux à Lardin-Saint-Lazare
 
 

    Peyrals en 1411 et castrum de Peyralibus en 1486 sont les mentions les plus anciennes rencontrées dans les documents du fonds Lespine (Gourgues). Ce n'est donc qu'à la fin du XVe siècle qu'un édifice important, un castrum, est attesté dans les lieux, toutefois il y a toute raison de penser qu'un édifice existait auparavant: Peyraux appartient assurément à ces nombreux fiefs créés lors de la grande vague de féodalisation des campagnes de la vallée de la Vézère du XIIIe siècle. Au XVe siècle, Peyraux appartient à la famille Flamenc (ou Flamenche, Flamencha): en 1451, Jaubert Flamenc se dit seigneur de Condat (près de Brantôme) et de Peyraux (il est qualifié de "feu haut et puissant seigneur" dans un acte du 12 juin 1464); Guillaume Flamenc en est ensuite détenteur jusqu'à sa mort vers 1488. En 1502, dans un mémoire rédigé par les officiers du comte de Périgord portant sur l'état de ses vicomté de Limoges et comté de Périgord, le texte précise: "Dans les fins d’icelle paroisse de Bersac, les seigneurs de Peyraulx, de Muratel, de Vilhac, de Merbec (pour Mellet), de La Salle à Saint-Lazare, de la Cassanhe, Mesmy, Monfreliou, de Momege, de la Marche, l’abbé de la Chastres, le commendeur de Condat, le curé de Bersac, le seigneur du lieu Jehan Lambert et les heritiers de feu Jehan Papoisat, chacun tiennent en fondalité plusieurs heritages villages, maison, etc; par raison de quoy, levent tous ensemble 50 charges de froment, 20 charges de segle, 18 charges d’avoine, 45 livres tournois de rente, 60 gellines, etc". La mort de Guillaume Flamenc laisse une fille prénommée Françoise seule et unique héritière de tous ses biens. Après un premier mariage avec Pierre de Pompadour seigneur de Château-Bouchet le 29 septembre 1497, celle-ci, en épousant en secondes noces le 18 octobre 1508 Gauthier de Badefol, seigneur du lieu, fait finalement entrer Peyraux dans cette famille. Le couple sera seigneur de Badefols, de Peyraux, de Muratel et de Murat, de La Salle, de "Fayes, Beauconnaire", de "Bouyer" et de Saint-Rabier.
Le bâtiment principal actuel fut sans nul doute construit peu après le premier mariage de Françoise Flamenc, travaux qui se sont peut-être poursuivis jusqu'à sa seconde union. De plan rectangulaire allongé flanqué de grosses tours circulaires en façade postérieure (ouest) et d'une tour d'escalier en vis en façade sur cour (disparue), le corps de logis adopte en effet un type de plan très couru en Périgord à ce moment-là: il se retrouve aux châteaux de Lanquais (1498), des Bories à Antonne-et-Trigonant (vers 1498), de Marzac à Tursac (vers 1500) ou encore de l'Herm à Rouffignac (vers 1500). A ce premier élément de datation s'en ajoutent d'autres essentiellement concentrés dans la partie nord du bâtiment, relativement mieux préservée que le reste de l'édifice: appuis de fenêtre de profil gothique flamboyant et croisées ou fenêtres, soit à petit chanfrein droit, soit à listels. Le bâtiment présentait alors un étage de soubassement abritant de grandes caves (des chais), un rez-de-cour, un premier étage ouverts par de larges fenêtres (des croisées à listel, très remaniées par la suite), et un étage de combles. Il est fort probable que l'organisation générale du château était alors une cour de plan carré cantonnée de tours circulaires et bordée à l'ouest par le bâtiment principal ; une vaste basse-cour, également fortifiée, précédait cette cour et en défendait l'accès.
Des fragments et éléments caractéristiques de la décennie 1520 ou de la suivante sont en remplois en plusieurs endroits du château et attestent qu'une campagne de travaux a bel et bien eu lieu peu après le mariage de Françoise Flamenc et Gauthier de Badefols: une lucarne à fronton circulaire meublé d'une coquille sur le logement des dépendances dans la basse-cour, des fragments de médaillons circulaires ornés de fleurs ou de visages dans les murs de soutènement de la basse-cour et dans la maçonnerie de la tour à l'angle sud-est de la cour du château. Faut-il voir dans un acte de donation passé par Gauthier de Badefols et Françoise Flamenc, "au chasteau de Peyraux" le 22 novembre 1535 le terminus ante quem des travaux ? Rien n'est moins sûr. C'est d'ailleurs encore "au lieu et chastel de Peiraux" qu'est passé l'acte de mariage du fils unique de Gauthier et de Françoise, Jean de Badefols, le 2 décembre 1541. Quoi qu'il en soit, tous ces travaux, qu'il s'agisse de ceux de la grande campagne de construction ou de ceux de la phase de modernisation qui suivit, doivent assurément être attribués à Françoise Flamenc, la "dame de Peyraux", dernière descendante des Flamenc. A la fin du XVIe siècle, Henri de Navarre, futur Henri IV, comte de Périgord et vicomte de Limoges, considérablement endetté par les guerres, dépossède progressivement plusieurs châtellenies de son domaine de leurs prérogatives en vendant à des gentilshommes du voisinage de nouveaux droits.
C'est ainsi que Guy de Badefols, seigneur de Peyraux, acquiert la justice haute, moyenne et basse de la paroisse de Bersac (dans le territoire de laquelle se trouve alors le château de Peyraux), détachée de la châtellenie d'Ans, par acte passé à Périgueux le 8 août 1600; cet acte fait ainsi de Peyraux le siège d'une seigneurie haut-justicière, la plus éminente du territoire, éclipsant toutes les autres. Nous sommes tentés d'attribuer à Guy de Badefols et de dater de ce moment précis une nouvelle campagne de travaux, qui a semble-t-il principalement touché le bâtiment principal: percement de grandes canonnières "à la française" côtés vallée et au nord pour protéger le château d'éventuelles attaques; aménagement d'une cuisine dans l'étage de soubassement ; reprise des grandes fenêtres; reprise des parties hautes avec établissement de nouveaux chemins de ronde au sommet des tours et de lucarnes (disparues) sur consoles à ressauts en terminaison des travées de fenêtres côté vallée (comme au château de Roucaudou à Manaurie) au profil difficilement imaginable avant les années 1540. Plusieurs pierres ornées de motifs d'entrelacs gravés en réserve, qui sont aujourd'hui maçonnées dans le parapet de la tour nord-ouest du bâtiment principal, datent vraisemblablement de cette période : leur décor est très proche de celui réalisé par Nicolas Rambourg à l'extrême fin du XVIe siècle aux parapets des tourelles du château d'Excideuil.
La construction de la tour sud-est (en place) et de la chapelle attenante (disparue) du château est intervenue un peu plus tard et doit être attribuée au dernier représentant des Badefols à Peyraux, Louis. En effet, les fenêtres qui éclairent les pièces de cette tour, à simple chanfrein en ébrasement et sans traverse, les petites ouvertures de tir circulaires pour armes à feu légères (certaines dans un petit ébrasement extérieur carré) dans la maçonnerie ou dans les allèges des fenêtres, semblables à celles du château de Sauvebœuf, bâti à partir de 1624, suggèrent une datation voisine de celui-ci. Un dernier argument, décisif, emporte la conviction: le 19 juillet 1622, la (nouvelle) chapelle du château est bénite, sous l'invocation de "la benoiste Vierge Marie et de Monsieur saint Loys", après que Louis de Badefols eut obtenu l'autorisation de l'évêque de Périgueux François de Béraudière le 4 juillet 1622. Cette date est assurément le terminus ante quem à l'achèvement de cette campagne de travaux, à laquelle il faut vraisemblablement attacher le creusement du canal dans l'avant-cour et l'aménagement de celle-ci, comme nous allons le voir. Le 23 juin 1627, Louis, dernier héritier mâle de la famille, meurt sans postérité. Celui-ci avait fait son héritier François-Charles de Ferrières, enseigne dans la compagnie du régiment des gardes, mais celui-ci décède de la peste en septembre 1630.
Le 24 avril 1608, Philibert de Royère avait épousé Marguerite de Badefols: ce mariage et la mort prématurée de François-Charles de Ferrières consacraient l'installation d'une branche de la famille de Royère à Peyraux; elle ne le quittera plus et en est encore propriétaire de nos jours. Issue de chevaliers du château de Noblat (de Saint-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne), la famille de Royère, qui prend pleinement possession de la seigneurie de Peyraux en 1630, est connue depuis le XIIe siècle. Elle a possédé en Limousin les fiefs de Brignac et de Lons, puis en Périgord ceux de Peyraux et Muratel. Toutefois, au début de 1635, le fils du couple, François de Royère, seigneur de Peyraux, Badefol et La Tour de Lons, en tuant sur la place du bourg de Beauregard un avocat du parlement de Bordeaux, Antoine Magrand, entraîne une suite de mésaventures pour le château. Selon le Livre de Raison des Raffailhac, qui relate les faits (transcrit sur l'original en 1899 et publié en 1900 par J.-B. Champeval): "M. du Verdier, conseiller au parlement de Bordeaux, vint au pays, et fit conduire une piesse de campaigne de M. de Losse devant Peyraux, avecq quelques faulconneaux, et acistés de forsse noblesse, 7 ou 800, auroit faict tirer 5 coups contre les escueryes le 25 octobre 1635, et fait conduire le gros canon de Montignac; mais on capitulla, et les assiégés sortirent avec tout ce qu'ils en purent porter, et le comissaire à ce député (à l'exécution de l'arrêt) se mist dans la maison, laquelle il remit entre les mains de M. de Savignac, fils de M. de Vilhac de Miramond, légataire sur la maison de Peyraux de 20 000 écus par testament de feu Louis de Badefol, leur oncle".
L'histoire n'en reste pas là puisque le 18 mai 1636, pour reprendre son château, François de Royère, accompagnés de plusieurs gentilshommes, "lors de l'élévation (célébration) de la messe qui se disoit à Bersac, sont entrés dans Peyraux avec des eschelles par la tour du canard" sans doute la tour sud-est du château, proche du canal. Après des pourparlers entre les deux parties, un accord est finalement trouvé: Savignac obtient de François de Royère la jouissance du domaine de Peyraux pour une durée de quatre ans, durée au cours de laquelle François et son épouse résident au château de Badefol. De ces épisodes, il faut surtout retenir que le canal bordant l'avant-cour à droite était déjà creusé en 1636. Il est peu probable qu'il fut creusé entre 1627 (date de la mort de Louis de Badefol) et 1636, car cette période, où le domaine changea de mains à plusieurs reprises et très rapidement, fut peu propice à de tels travaux. Selon toute vraisemblance, il l'a été avant 1622, au moment des travaux menés par Louis de Badefol. Il faut aussi retenir de ces mentions que les bâtiments de l'avant-cour, notamment les écuries, furent bombardés: en conséquence, ils furent probablement réparés après 1640, date du retour des Royère à Peyraux; ils le furent encore à la fin du siècle; l'aile orientale des dépendances présente côté nord, sur l'arc de porte, le millésime 1688 gravé.
Le bâtiment principal a été considérablement repris à diverses époques par la suite, tout spécialement au XVIIIe siècle: on doit à cette période de travaux la reprise complète de la façade sur cour, sans scansion et largement ouverte par de grandes fenêtres. Après la Révolution Française, à la suite de l'émigration de Jean-Marc et François de Royère, le domaine fait l'objet d'un inventaire et d'une estimation. "Le château de Peyraux, avec ses dépendances, allées, jardins, vignes, prés, bois et autres objets ne faisant qu'une seule pièce", et les "fours (anciennement banaux) de Beauregard" sont estimés à la somme de 100000 livres, sans comprendre les autres domaines et métairies attenants: la totalité monte à la somme considérable de 294400 francs. En outre, les "pressoir à vin de Peyraux et celui du Peuch, dix-huit cuves et quatre-vingt barriques" sont estimés à eux seuls 3585 livres. On apprend aussi qu'avant la Révolution, cinq domaines et métairies, de "la Combe", "le Peuch", "la Boissière", "la Roche" et "Lons", dépendaient de Peyraux, ainsi que deux moulins: les moulins Haut et Bas, dits moulins de Peyraux, sur le Cern; seul subsiste le moulin Haut. La chapelle, encore mentionnée en 1794, a fait l'objet de travaux au XIXe siècle, qui touchèrent également le mur de clôture attenant, transformé en portique néo-gothique couvert en terrasse. Les communs semblent eux aussi avoir été modifiés, tout spécialement la grange, en 1880, comme l'indique un millésime gravé au-dessus d'une porte cochère.
Situé à moins de 700 mètres au nord du bourg du Lardin-Saint-Lazare, sur le coteau ouest du "Poujelou", le château se compose d'un grand corps de logis et de dépendances séparés par une avant-cour bordée d'un bassin. Le logis est un bâtiment rectangulaire construit en pierre de taille comportant un étage de soubassement abritant des chais voûtés en plein-cintre et les vestiges d'une ancienne cuisine (cheminée et sol en pisé), un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble. A l'ouest, le logis est flanqué de deux tours cylindriques à base talutée, percées de canonnières à la française et couronnées de mâchicoulis. D'autres corbeaux de mâchicoulis se remarquent à l'aplomb des quatre travées de la façade ouest percée de fenêtres à croisée. Très développée en hauteur et munie de lucarnes au sud et à l'ouest, la toiture est à longs pans et croupes. La tour sud possède un toit en partie polygonal, la tour nord un toit conique. L'ensemble est couvert en ardoise. A l'est du logis s'élève les vestiges d'une tour d'angle cylindrique couronnée de mâchicoulis et ayant perdu sa couverture. Au rez-de-chaussée, elle abritait un fournil; aux deux niveaux supérieurs, des chambres de plan carré, munies de cheminées (disparues) et de latrines (en place), étaient desservies par un escalier en vis circulaire dans-œuvre. Elle est reliée au logis par une colonnade sans couvrement qui remplace un ancien portique. Bâtis en moellon de calcaire, les communs sont constitués de deux ailes en rez-de-chaussée se développant de part et d'autre d'un corps central en pierre de taille. Celui-ci abrite au rez-de-chaussée un porche à double portail permettant l'accès à la cour du château, et une chambre au premier étage. Le pignon de l'aile ouest, ancienne écurie transformée en logement, ouvre sur une petite cour fermée desservant un four à pain et le pigeonnier. Ce dernier, de plan circulaire est équipé d'une randière et couvert en lauze. Une baie a été aménagée en place de l'ancienne fenêtre d'envol. L'aile orientale abrite une grange et une cave en partie creusée dans le rocher. Au sud, un escalier en pierre dessert le grenier et la chambre haute du porche. Au nord de l'aile orientale se développe un bâtiment agricole en retour d'équerre. Il est coiffé d'un toit brisé. Les toits des dépendances sont à longs pans couverts en ardoise. Le porche possède un toit à croupes. L'aile orientale affiche, sur l'arc des portes, les millésimes 1688, côté nord, et 1880, côté sud. Dans la cour, à l'est du bassin, un mur de soutènement situé à proximité du puits est orné de pierres sculptées d'époque Renaissance en remplois. (1)

Éléments protégés MH : le château, les façades et les toitures des communs : inscription par arrêté du 15 mai 1974.

château de Peyraux 24570 Le Lardin-Saint-Lazare, propriété privée, mais on peut visiter les jardins sur demande.

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   source de l'historique : https://inventaire.nouvelle-aquitaine.fr/dossier/chateau/53eba6c1-45b6-4e4b-aabc-c5eceb8f09c2

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