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Château de La Norville (Essonne)
 
 

        Le manoir seigneurial de Norville a disparu pendant la guerre de Cent ans. Après avoir, au commencement de 1610, acquis par échange de son beau-frère Charles Leprince le lieu seigneurial de La Norville, Josias Mercier se mit en devoir de bâtir sur son emplacement une habitation digne de son rang de seigneur haut justicier. Sur l'ancien jardin, appelé dans le partage de 1525 le fief de La Norville, il construisit un château comprenant un grand corps de logis à chaque extrémité duquel était élevé un pavillon couvert en tuiles, une cour s'étendait devant l'habitation et le tout était entouré de fossés. Venait ensuite une avant-cour aboutissant à la rue du village et à l'église. Aux coins extrêmes de cette avant-cour, à droite et à gauche, étaient deux pavillons. Un mur s'étendant d'un pavillon à l'autre fermait la propriété. Au. centre de ce mur, une porte-cochère, bâtie en grès et flanquée de deux tourelles couvertes en ardoises, formait sur la rue l'entrée principale du château. Un colombier à pied, un fournil et des étables "bâties d'ancienneté", un espace de terrain composaient la basse-cour à laquelle attenait un jardin. A côté de ce jardin, était une pièce de vigne de quatre arpents entourée de murs et, derrière le château, un parc de trente arpents, tenant d'une part à des vignes en la censive du seigneur et au chemin de Châtres à La Ferté-Aleps, d'autre part à un nommé Michel Brocheroux, d'un bout au chemin de La Ferté et d'autre aux fossés du château. Avec la haute, moyenne et basse justice, qui lui donnait droit de bailliage et celui d'avoir bailli, procureur fiscal, greffier, tabellion, sergents et autres officiers de justice, confiscations, Josias Mercier avait encore, un droit de forage qui lui permettait de prendre deux pintes par muid de vin vendu au détail, et un droit de rouage qui lui permettait de percevoir quatre deniers de redevance par chaque charretée de vin enlevée de La Norville. Josias Mercier fit quelques achats et échanges pour augmenter son domaine.
A sa mort, arrivée le 5 décembre 1626, il possédait à La Norville et aux environs, en dehors du château, de la basse-cour, du parc et des droits féodaux, le pressoir situé en face l'église, une ferme à La Bretonnière, 44 arpents 33 perches de terres labourables, 37 arpents 50 perches de bois, 14 arpents 5 perches de pré, 4 arpents de vigne, 66 livres tournois de cens et 25 sols de rente sur La Gallanderie, 16 poules sur plusieurs maisons de La Norville, 4 deniers sur la maison du Petit-Cochet, 10 sols 8 deniers de cens sur 120 arpents de terre dépendant autrefois de la ferme de la Maison-Rouge, et 43 arpents de terre appartenant au seigneur de Brétigny et au sieur de Gorrys, 100 livres de diverses rentes à La Norville, à La Bretonnière et aux environs, le droit de pêche sur la boelle de l'Écorchoir jusqu'au moulin de Falaise, le droit de pêche commun avec les seigneurs de Châtres et de La Bretonnière sur la rivière d'Orge, depuis le moulin de Falaise jusqu'au moulin de Franchereau, et la mouvance de huit fiefs non compris la seigneurie des Granges et ses dépendances. De son mariage avec Anne Leprince, Josias Mercier avait eu huit enfants: Anne, née en 1602, mariée en 1623, à Claude de Saumaise; Charles, né le 7 décembre 1604, qui eut pour parrain Henri de Rohan et pour marraine Camille Morel; Thimothée, né le 6 mars 1606, qui fut présenté au baptême par Thimothée Piédefer, seigneur des Mares, et par Judith de Martine; Louis, qui devint seigneur de Grigny et de La Norville; Marie, née en 1612, épouse de Jean Rabault; Marguerite, femme en 1654 de Simon Le Maçon; Jérôme, né en 1618, et Geneviève, née en 1621.
Après la mort de Josias Mercier, sa veuve Anne Leprince resta pendant une quinzaine d'années à la tète des seigneuries de La Norville, des Bordes, de Grigny et du Plessis-le-Comte, jusqu'à la majorité de ses nombreux enfants. Le 18 janvier 1627, elle fit rendre un aveu et dénombrement au roi pour la seigneurie de La Norville par son fils aîné Charles, écuyer, seigneur de Grigny, âgé seulement de vingt-trois ans. Suivant l'ancien cérémonial, dont son bisaïeul maternel, Pierre Leprince, avait été dispensé sous Louis XI, Charles Mercier se transporta devant la principale entrée du château de Montlhéry, et en état de vassal, la tète nue, sans épée, sans ceinture et sans éperons, un genou en terre, appela le roi à haute voix et à trois reprises différentes, demandant à rendre sa foi et son hommage et à prêter serment de fidélité. Le procureur du roi se présenta en l'absence du souverain et Charles Mercier remplit en sa présence tous ses devoirs de sujet dont l'omission aurait entraîné la saisie de ses biens. Anne Leprince, pendant son administration, acheta dans le courant de l'année 1630 plusieurs pièces de terre au Rossay et au fossé de Rome, et une petite maison, près de l'Église, à côté de l'ancien presbytère. En 1634 et 1637, elle reçut les déclarations de censitaires au nombre desquels se trouvaient les marguilliers de la confrérie du Saint-Sauveur à Châtres, les administrateurs de la maladrerie et ceux de l'Hôtel-Dieu de la même ville, les marguilliers de l'église de Marolles, les chantres et chapitre de l'église Saint-Merry, de Linas. En 1638, le 26 novembre, elle vendit, tant en son nom qu'en celui de Geneviève Mercier, sa fille mineure dont elle avait la garde noble, et en celui de Louis Mercier, seigneur de La Norville, son fils émancipé d'âge, à son neveu Henri-Antoine Leprince, gentilhomme de la reine mère, seigneur de La Bretonnière, la ferme de ce lieu, consistant en bâtiments, entre le château et le chemin de La Bretonnière, le droit de domination, féodalité sur le fief de Vallorge, la cession du bois du Petit-Rossay, avec le droit de haute, moyenne et basse justice sur cette propriété, etc.
Louis Mercier, écuyer, troisième fils de Josias Mercier et d'Anne Leprince, était en possession de La Norville au mois de juillet 1642. C'est de son temps que le pays et la seigneurie eurent à souffrir des troubles de la Fronde arrivés pendant la minorité de Louis XIV. Le prince de Condé, mécontent de la reine mère et de Mazarin, avait résolu, en l'année 1651, de fomenter en France la guerre civile pour renverser le cardinal ministre et s'emparer du pouvoir. Parti de Chantilly au mois de septembre, il s'était rendu au centre de la France où il avait trouvé des alliés. Condé, plein d'espoir, quitta son armée et se hâta d'accourir à Paris pour soulever le peuple. Il avait donné à ses troupes l'ordre de le rejoindre pour seconder le mouvement. A la nouvelle du départ de Condé, Turenne et d'hocquincourt, devinant les intentions du prince, abandonnèrent leur position de Bléneau, se dirigèrent rapidement sur la Ferté Aleps. Les soldats de Turenne arrivèrent à La Norville le 24 avril 1652. Ils campèrent dans cette localité jusqu'au 3 mai. Dans ces expéditions, les troupes royales et les troupes de Condé s'étaient livrées à de grands désordres. A La Norville, par crainte des gens de guerre, on avait fait transporter à Paris les meubles, le linge et les ornements de l'église, et des habitants n'eurent qu'à se louer de leur prudence. Les soldats brisèrent les portes, les fenêtres et le carrelage de l'église. Le reste du pays et le château furent livrés au pillage; les troupes laissèrent une misère si grande qu'une terrible peste se déclara bientôt dans les pays compris entre Etampes et Paris. Trente personnes moururent à La Norville, et, à cause de cette mortalité et de la pénurie générale, les marguilliers crurent devoir suspendre pendant trois mois les quêtes à l'église.
Louis Mercier, seigneur de La Norville, avait habité pendant ces troubles le château de Grigny, sa résidence ordinaire. Lorsque les temps furent devenus meilleurs, il s'occupa plus activement de son domaine. Il acheta encore un certain nombre de propriétés: un quartier et sept quartes de vigne au Rossay, un demi quartier de pré dans la prairie d'Ollainville, etc. En 1671, Louis Mercier rendit un aveu et dénombrement de sa seigneurie. Il mourut vers l'année 1673. De son mariage contracté, en 1648, avec Madeleine Bigot, fille de Jacques Bigot, contrôleur général de l'extraordinaire des guerres, et de Madeleine du Candal, il avait eu deux filles: Madeleine et Anne-Marguerite, et deux fils: Josias-Louis, né en décembre 1656, et Jacques, né en 1657. A sa mort, deux seulement de ces enfants, Madeleine et Jacques, étaient encore vivants. Jacques se convertit au catholicisme en 1673. Il avait alors seize ans. Le 28 mars 1674, émancipé d'âge et jouissant de ses droits sous l'autorité de Henri-Antoine Leprince, chevalier, seigneur de La Bretonnière, son curateur, il rendit aveu et hommage au roi pour raison de son fief de La Norville, Mondonville ville et dépendances tant en son nom propre qu'au nom de sa soeur Madeleine Mercier, aussi émancipée d'âge et jouissant de ses droits sous l'autorité d'Isaac Bigot, écuyer, seigneur de Morogues, son curateur. En 1677, le bailli de La Norville rendait la justice au nom de Jacques Mercier. Toutefois, il n'avait pas encore été procédé entre sa soeur et lui au partage des biens laissés par les défunts Louis Mercier et Madeleine Bigot. Ceux-ci étaient morts avant Jacques Bigot et Madeleine du Candal, leur père et mères Madeleine Mercier, mariée en 1679, à Henri Muisson, seigneur de Bailleul, avait, on ne sait pour quelles raisons, vendu à son oncle Pierre Bigot, écuyer, seigneur de Saint-Pierre, conseiller du roi. et contrôleur des gardes suisses de Sa Majesté, non seulement ses droits à la succession de ses aïeuls maternels, mais encore à la succession de son père.
Les raisons qui la déterminèrent à cette vente furent aussi probablement celles qui firent remettre le partage avec son frère. Pierre Bigot mourut, et ce fut sa veuve, Anne Bidé, chargée de la garde noble de ses enfants, qui partagea avec Jacques Mercier la succession des Bigot et des Mercier, seulement le 4 novembre 1681, après une vacance des biens qui dura près de huit ans. A Jacques Mercier échurent les seigneuries de Grigny et de La Norville. Cette dernière comprenait alors: la maison seigneuriale et son enclos fermé partie de murs, partie de fossés et de haies vives d'une contenance de 26 arpents de terres, d'un arpent 64 perches de vignes, de 20 perches et demi de friches et de 4 arpents et demi de bois; 24 arpents 75 perches de terres labourables; 21 arpents 2 perches de pré; 43 arpents 68 perches de bois; la haute, moyenne et basse justice; le greffe, les droits de rouage et de forage, le droit de pêche dans la rivière d'Orge, le tout estimé 41.379 livres 7 deniers. Jacques Mercier mourut peu après ce partage. Sa soeur Madeleine Mercier recueillit sa succession et, le 8 janvier 1682, la céda à messire Jean-Baptiste Choderlot de La Clos, valet de chambre du roi, trésorier des guerres de la Franche-Comté, pour la somme de 40.000 livres. Madeleine Mercier sortit de France à la révocation de l'édit de Nantes, en 1685. En 1687, elle était veuve de Henri Muisson, en son vivant seigneur de Bailleul, conseiller secrétaire du roi, audiencier en la chancellerie de Paris, et mariée en secondes noces à Nicolas de Montceaux, chevalier, seigneur de l'Étang, maître de camp d'un régiment de cavalerie. Elle fut la dernière des Leprince unis aux Mercier qui posséda La Norville. Ces familles étaient demeurées, pendant plus de 200 ans, à la tète de la seigneurie. Les Mercier portaient en leurs armes trois chardons bénits d'argent en champ de sinople écartelé de besans d'or en champ de gueules.
Le 8 janvier 1682, Jean-Baptiste Choderlot de La Clos devint, après Jacques Mercier, seigneur de La Norville. Ses fonctions l'empêchèrent de prendre immédiatement possession de son domaine. Le 15 du même mois, il afferma pour trois années consécutives, moyennant 1.500 livres par an, à Antoine Savary, bourgeois de Paris, l'ancien château de Josias Mercier, la basse-cour, les terres, prés, vignes, bois, greffe, pressoir, rentes foncières et seigneuriales et tous les autres droits qui lui appartenaient à La Norville. Il n'en remplit pas moins ses devoirs de seigneur. Le 12 mars 1682, il rendit foi et hommage au roi et, le 14 septembre, après avoir obtenu de la chancellerie du Palais des lettres à terrier, il convoqua ses vassaux des paroisses de La Norville, de Saint-Germain, de Châtres, d'Avrainville, de Guibeville et de Marolles à l'effet de passer par-devant Laurent Boullé, son notaire, de nouvelles déclarations de leurs terres en censive par tenants et aboutissants avec les noms des champtiers alors existants. Au nombre des principaux censitaires qui se présentèrent alors furent: Nicolas Petit, écuyer, conseiller du roi, propriétaire de la Gallanderie; le sieur Jean Duchastelet, conseiller du roi en son grand conseil; Pierre Boutet, seigneur de Marivatz; Antoine Paré, prêtre, demeurant à Paris, au nom et comme curateur de la personne et des biens de Jeanne Delavau, veuve de Georges Joubert, en son vivant capitaine des galères, Jean Dufour, chanoine de l'église collégiale du Saint-Sépulcre, à Paris; les chanoines de Linas; les religieuses de Saint-Eutrope et le trésorier de la fabrique de Montlhéry. Lorsque le bail consenti à Antoine Savary eut pris fin, Jean-Baptiste Choderlot de La Clos vint habiter sa seigneurie; mais auparavant il avait obtenu du roi Louis XIV, à la personne duquel il était attaché, plusieurs faveurs signalées.
Au moment où les seigneuries changeaient de maître, les acquéreurs ou les héritiers devaient payer au suzerain ou au roi, lorsqu'elles dépendaient immédiatement de la Couronne, un certain nombre de redevances connues sous les noms de droits de quint, de lods et ventes, de rétention par prolation, etc. Les sommes provenant de ces droits étaient parfois considérables. Le sieur Horcholles de Vallefonds avait obtenu dès lettres patentes qui lui concédaient le bénéfice du quint à l'occasion de la vente de la seigneurie de La Norville. Ces lettres patentes furent supprimées par arrêt du conseil d'État, et les droits primitivement accordés au sieur de Vallefonds donnés au frère du seigneur de La Gallanderie, Edme Petit, commissaire d'artillerie. Celui-ci étant mort sans avoir perçu l'impôt du quint, le roi Louis XIV, le 11 août 1682, en fit la remise à Jean-Baptiste Choderlot de La Clos, par un arrêt du conseil d'État. Le seigneur de La Norville, par la munificence du roi, bénéficia ainsi d'une somme de 5.333 livres 6 sols 8 deniers. Au mois de février 1685, le roi, sur la demande de Jean-Baptiste Choderlot de La Clos, éleva la seigneurie de La Norville au rang de châtellenie, par lettres patentes, enregistrées au Parlement le 17 avril suivant. Jean-Baptiste Choderlot de La Clos n'usa pas de tous les privilèges qui lui furent accordés. Un pavillon du château fut seulement converti en prison pour les malfaiteurs arrêtés sur le territoire de la haute justice. Il avait cherché de tout son pouvoir à embellir sa propriété et à augmenter ses domaines. Pour dégager les abords du château, il avait acheté et détruit des maisons qui lui faisaient face sur le terrain appelé la Pâture. A sa mort, arrivée vers 1698, il avait augmenté le domaine qu'il avait acquis de Madeleine Mercier.
Il possédait, en dehors du château et de ses dépendances, 215 arpents de terre environ, le pressoir, la ferme et trois maisons. De son mariage avec Marie-Auguste Lebeau, il avait eu plusieurs enfants: François-Charles, décédé sans postérité à l'âge de 23 ans, le 9 août 1705; Françoise-Athénaïse, qui épousa Jean-Baptiste, marquis de Péry; Marie-Basile, qui devint religieuse au couvent de Saint-Eutrope; elle reçut sa part de l'héritage paternel, 8.500 livres pour les frais de sa profession et 300 livres de rente viagère; Nicole-Charlotte, mariée, le 31 décembre 1715, à Michel Toutain de Fontenelles, chevalier, seigneur de Varennes, colonel de dragons. Les armes de Jean-Baptiste Choderlot de La Clos portaient d'argent à deux piques renversées de sable passées en sautoir accompagnées de quatre flammes de gueules, au chef d'azur semé, de billettes d'or. Après sa mort, la seigneurie de La Norville fut administrée par sa veuve Marie-Auguste Lebeau jusqu'en l'année 1702. A cette date, les enfants du défunt reconnaissant que le partage de la succession paternelle était impossible à cause du nombre des copartageants, résolurent de procéder à la vente du domaine. Cette vente eut lieu le 17 avril 1702. Pour la somme 120.000 livres, la terre et seigneurie châtellenie de La Norville fut adjugée à Jean-Baptiste Cauvin, seigneur de Villiers. Mais, dix jours après, Jean-Baptiste, marquis de Péry, époux de Françoise Athénaïse Choderlot de La Clos, usant des droits que lui conférait la coutume, demanda le retrait lignager de la vente par proximité de lignage. Il fut alors substitué au seigneur de Villiers, et, prenant la vente à son profit aux conditions acceptées par le premier acquéreur, il devint ainsi seigneur de La Norville. Le marquis de Péry fut un grand homme de guerre. Ses états de service sont des plus brillants et des plus honorables. Pendant l'hiver de 1713, le marquis de Péry commanda à Wissembourg et sur les lignes. On réforma son régiment, par ordre du 28 janvier 1713, après la paix de Ryswick.
Le marquis de Péry se retira dans son château de La Norville. Il fit tous ses efforts pour agrandir ses domaines. A Jean-Baptiste Chebarne, grand valet de pied du roi, il acheta le petit château ou fief des Carneaux, qu'il posséda en roture, deux maisons et 45 arpents de terres et vignes sur différents territoires pour la somme de 14.970 livres; à Pierre Laigle, bourgeois de Paris, etc. Le marquis mourut au château de La Norville le 4 mars 1721, à l'âge de soixante-quatorze ans. Il laissait deux filles: Marie-Charlotte qui épousa Louis-Nicolas Groult de Flacourt, écuyer, en 1738, grand-maître des eaux et forêts du département d'Orléans, et Étienne-Victoire qui mourut dans le célibat en l'année 1735. Le corps du marquis de Péry fut inhumé dans le choeur de l'église de La Norville. Les sépulturés n'ayant pas été violées à La Norville pendant la tourmente révolutionnaire, les cendres du marquis de Péry reposent encore dans l'église de ce lieu. Athénaïse Choderlot de La Clos, veuve du marquis de Péry, conserva la seigneurie de La Norville jusqu'au mois de juillet 1729. Le 7 de ce mois, du consentement de ses deux filles, elle vendit la terre de La Norville au marquis de Simiane pour la somme de 190.000 livres de prix principal et 1.000 livres d'épingles. François-Antoine, marquis de Simiane-d'Esparron, qui devint ainsi seigneur du château de La Norville, était alors chevalier des ordres de Louis XV, premier gentilhomme de Son Altesse Royale, le duc d'Orléans, régent du royaume et brigadier des armées. Né en 1674, il avait d'abord servi comme garde marine, puis comme enseigne de vaisseau. Lieutenant au régiment du roi, il avait fait en cette qualité la campagne de Flandre, en 1696 et en 1697. Il eut à peine en sa possession la seigneurie de La Norville pendant une année. Le 3 octobre 1730, il céda cette terre pour la somme de 190.000 livres et mourut quelque temps après, le 1er décembre 1734, à l'âge de 60 ans.
Messire Honoré, comte de Sabran, des comtes de Forcalquier, grand sénéchal pour le roi de la ville de Toulon, premier chambellan de feu Son Altesse Royale le duc d'Orléans, régent du royaume, et dame Louise-Charlotte de Foix-Rabat, son épouse, succédèrent au marquis de Simiane. Ils prirent possession de leur domaine à La Norville dans les premiers jours de décembre en l'année 1730 et s'y fixèrent jusque vers 1732. Le 26 juin 1737, ils s'en défirent au profit de François-Jules Duvaucel, écuyer, conseiller secrétaire du roi maison-couronne de France et de ses finances, fermier général. En 1732, il obtint de la Chancellerie du Palais des lettres à terrier à la suite desquelles il ordonna le dénombrement de ses vassaux. François-Jules Duvaucel acheta la seigneurie de La Norville pour la somme de 200.000 livres; mais à peine cette vente était-elle consentie que trente-sept créanciers du comte de Sahran, ou soi-disant tels, vinrent mettre opposition à la délivrance du prix d'achat. Par sentence des requêtes, vingt-sept de ces créanciers furent déboutés de leur demande. Dix seulement furent admis à faire valoir leurs droits. Du consentement du comte de Sabran, 4.725 livres furent adjugées à Charles-Emmanuel Barat, avocat au Parlement; 40.518 livres à Edme Champagne et à Jean de Velly, bourgeois de Paris; 3 livres à Jeanne du Sausse, veuve de Jean-Baptiste Darras; 8 livres 16 sols 8 deniers aux prieur et religieux de Saint-Germain des Prés, seigneurs d'Avrainville, pour arrérages de cens; 5.000 livres au comte d'Arcussia, dues par contrat de mariage; 120 livres à Toussaint Millin, prêtre, chapelain de La Norville, pour deux années de rente; 1.600 livres à Thérèse Douère et 762 livres à un sieur Pineau, en tout: 67.736 livres 16 sols 8 deniers, non compris une somme inconnue payée aux sieurs Gaultier et Dupré, marchands de soie à Paris.
François-Jules Duvaucel, en possession des immenses ressources que procurait alors la charge de fermier général, se trouva bientôt à l'étroit dans ses propriétés de La Norville, cependant assez considérables. Le 10 septembre 1738, Nicolas Pascal Petit, chevalier, seigneur de Bois-d'Aunay et autres lieux, ancien gentilhomme ordinaire du roi, et Marie-Marthe Maussion, son épouse, ayant mis en vente leur propriété de La Gallanderie et ses dépendances, le seigneur de La Norville s'en rendit acquéreur pour la somme de 150.000 livres. Cette propriété, qui constitua un titre seigneurial, était composée d'une maison bourgeoise et d'une ferme situées à l'extrémité de la garenne, aux confins du territoire de La Norville et de La Bretonnière; d'un parc clos de murs y attenant, du moulin de Falaise; du moulin de la Boisselle ou de Franchereau, et de 617 livres 2 sols 7 deniers de rentes sur particuliers. A son entrée en jouissance, Jules-Nicolas Duvaucel trouva le château de La Norville tel que Josias Mercier l'avait fait construire vers 1610. La maison du fervent huguenot était trop simple pour les goûts d'un jeune seigneur élevé à la cour de Louis XV. Le trésorier général des aumônes et offrandes du roi résolut de faire à sa propriété de notables changements. Il commença par abattre les deux pavillons aux angles de la cour d'honneur entourée dé fossés et les fit reporter à chaque extrémité du corps principal de logis. La couverture en tuiles disparut et fut remplacée par une couverture d'ardoises; des mansardes furent construites à la place des immenses greniers; on démolit le mur qui s'étendait le long de la grande rue de La Norville, une grille en fer le remplaça. Le château se trouvait ainsi dégagé, le parc autour de la demeure seigneuriale fut enclos de murs. Dessiné par André Le Nôtre, il était coupé d'allées nombreuses bordées d'orangers, agrémenté de pièces d'eau et de bosquets de différentes formes.
Les dépenses exagérées que Jules-Nicolas Duvaucel fit pour embellir et augmenter sa propriété, la mauvaise gestion de ses affaires le conduisirent à la ruine. Il fut obligé de vendre la terre de La Norville le 8 janvier 1759. Les terres et le château furent achetés 460.000 livres, par Louis-René Binet de Boisgiroult, chevalier de Saint-Louis, maître de camp de cavalerie, conseiller secrétaire du roi maison-couronne de France et de ses finances, premier valet de chambre du Dauphin et contrôleur général de la maison de Madame la Dauphine. Avec le château et son parc de cent arpents, le petit château, la basse-cour, le potager, six fiefs servants, cinq fiefs annexés, 1.959 livres de rentes sur particuliers, les droits de haute, moyenne et basse justice et quelques autres droits seigneuriaux, Louis-René Binet de Boisgiroult et Anne-Hippolyte Dufour, son épouse, première femme de chambre de Madame la Dauphine, possédèrent un immense domaine. En devenant la propriété de Louis-René Binet de Boisgiroult, la seigneurie de La Norville tombait encore en des mains peu fortunées. Le nomveau seigneur ne put se libérer envers Jules-Nicolas Duvaucel et, le 15 décembre 1771, deux ans après la vente, une sentence de la Cour des aides autorisa ce dernier à rentrer, par défaut de paiement, dans la pleine propriété et possession de la terre et seigneurie qu'il avait aliénées. Cette rétrocession n'amortissait pas les dettes de l'ancien trésorier des aumônes du roi; contraint de vendre, il dut le 10 février 1762 subir une perte considérable et céder à messire Joseph-Louis Bidé, marquis de La Grandville, et à dame Thérèse Ducluzel de La Chabrerie, son épouse, la terre de La Norville. Les nouveaux seigneurs prirent possession de leur terre le 9 juin 1763. Joseph-Louis Bidé, marquis de La Grandville, en 1763, au moment où il vint se fixer au château, était chevalier de Saint-Louis et brigadier des armées du roi. Il avait fourni une magnifique carrière militaire et pouvait jouir d'un repos bien mérité.
C'est au mois de septembre de l'année 1784 que Joseph-Louis Bidé abandonna sa terre et la vendit à Louis-Jacques Baron, écuyer, receveur général des finances du comté de Bourgogne et conseiller à la cour de Besançon. Le nouveau seigneur de La Norville sut bientôt conquérir les sympathies de la population. Homme d'excellent conseil, d'une honorabilité parfaite, rompu aux affaires, il fut aussi vite recherché par les seigneurs des environs. Il entra dans l'intimité du maréchal de Castries qui possédait alors le magnifique château d'Ollainville et, quelques années après avoir acheté la terre de La Norville, Louis-Jacques Baron, par une alliance, entra dans la famille de son illustre voisin. De son mariage avec Élisabeth-Adélaïde Alleaume, il avait eu une fille nommée Adélaïde-Marie. Née le 7 juillet 1768, elle épousa Jean-François-Henri-Anne-Louis de La Croix, comte de Castries, de la branche de Meyrargues. Au moment de l'émigration, le comte de Castries était lieutenant colonel et chevalier de Saint-Louis. Lorsque la Révolution française éclata, Louis-Jacques Baron fut mis, par le choix des habitants, à la tète de la milice bourgeoise établie dans la paroisse. Au moment de la Terreur, arrêté comme suspect, il fut emmené à Paris et jeté dans les cachots de la Conciergerie. Son château et ses biens furent mis sous séquestre. A la date du 1er prairial an II (20 mai 1794), les fabricants de poudre et salpêtre établis à Arpajon, alors nommé Francval, vinrent au nom du district réquisitionner, au château de La Norville, les instruments utiles à leur fabrication. Les habitants de la commune étaient remplis de sentiments d'estime et d'affection pour leur seigneur. Quelques jours après la réquisition, outrés de voir porter atteinte aux propriétés dont ils avaient la garde, ils signèrent une pétition pour réclamer la libération de Louis-Jacques Baron, faisant remarquer que ce dernier n'ayant pas de titres de noblesse ne devait pas être regardé comme suspect et traité comme tel.
Jean-Baptiste Avenard et plusieurs autres habitants portèrent cette pétition à la Convention. Mal leur en prit. Ils furent retenus prisonniers à leur tour pour incivisme. La chute de Robespierre étant arrivée sur ces entrefaites, les prisons furent ouvertes et Louis-Jacques Baron, avec les pétitionnaires de La Norville, fut mis en liberté. Il demeura dans son château pendant le reste de la tourmente révolutionnaire, répandant autour de lui les bons exemples, les bons conseils et de généreux bien-faits. Il mourut le 13 février 1815, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, et fut inhumé près de l'église. Jean-François-Henri-Anne-Louis de La Croix, comte de Castries, au retour de l'émigration, fut nommé maire de La Norville, le 20 mars 1813. Chevalier de la légion d'honneur, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, maréchal de camp des armées, il mourut, le 31 octobre 1817, à l'âge de cinquante trois ans. De son mariage avec Adélaïde-Marie Baron, il avait eu deux fils: le premier mourut le 13 avril 1789, à l'âge de trois mois et fut inhumé dans le choeur de l'église de La Norville; Eugène-Gabriel-Hercule, né le 14 avril 1790. Marié à Geneviève-Agathe-Augustine Aglaé de Séran, il mourut à l'âge de trente cinq ans, le 4 avril 1825. Adélaïde-Marie Baron survécut à son fils. Après avoir fondé l'école libre de La Norville, en l'année 1826, elle rendit son âme à Dieu, le 25 mai 1833, et fut la dernière de ceux qui avaient été placés à la tête de la seigneurie avant la Révolution de 17891. De son mariage avec Aglaé de Séran, le comte Eugène de Castries eut deux filles: Louise-Marie-Gabrielle, mariée en 1828 à Victor-Xavier-Marguerite, marquis de Beaurepaire; Jeanne-Adélaïde-Valentine, mariée en 1832 à César-Corentin-Ferri, vicomte de Choiseul; et un fils, Gaspard-Marie-François-Eugène, né le 23 février 1816 et marié le 4 juin 1838 à Alix-Marie-Léontine de Saint-George de Vérac, fille d'Olivier de Saint-George, marquis de Vérac et d'Euphémie de Noailles. Le comte Gaspard de Castries posséda le château de La Norville jusqu'en 1869, époque de sa mort. Cette propriété appartenait à la fin du XIXe siècle à sa veuve, Madame la comtesse Gaspard de Castries. (1)
Le château de La Norville est constitué d'un corps central avec un avant-corps de deux étages et trois travées accosté de deux pavillons de un étages et deux travées à ses extrémités. Celui de gauche est prolongé d'une aile plus basse (un étage et trois travées, avec un toit en terrasse). Le corps central et les deux pavillons ont un étage de comble éclairé de lucarnes, l'avant-corps est surmonté d'un fronton triangulaire. Les toits sont recouverts d'ardoise. Sur la façade postérieure sont encore visibles le soubassement du château du XVIIe siècle et l'emplacement des anciens fossés. Le parc a été très largement loti, l'entrée du château est fermée par une grille du XVIIIe siècle entre deux pavillons carrés de deux travées, couverts d'un toit d'ardoise avec une lucarne. L'intérieur du château a été réaménagé par le centre de phoniatrie qui l'occupe. Ne subsistent que le grand escalier XVIIIe siècle et le grand salon. Celui-ci a conservé sa cheminée Louis XV mais son décor de boiserie a été remplacé par un décor de stuc; seule la corniche du plafond est restée en place avec son décor sculpté de Nicolas Pineau. Entre 1901 et 1906, les boiseries du grand salon sont vendues. Elles sont remontées en 1924 dans l'hôtel de Mrs Hamilton Rice à New York et sont maintenant à la National Gallery de Washington. (2)

château de La Norville, 2 rue Victor Hugo, 91290 La Norville, propriété d'une association qui l'a aménagé en centre de phoniatrie.

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source des photos par satellite: https://www.google.fr/maps

 
 


(1)
   Histoire de La Norville et sa seigneurie par l'Abbé A.-E. Genty curé de La Norville. Société Générale de Librairie Catholique, Victor Palmé, Directeur Général, 76 rue des Saints-Pères, Parus, 1885.
(2)    source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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