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Agassac est un château de la famille éponyme
dont une des premières mentions apparaît en 1204. Aux Xe et XIe siècles, le
site a pu servir de lieu de défense en aval de Bordeaux, matérialisé sous
forme de château à motte. Lors de son passage en 1862, Léo Drouyn relève des
traces d'un premier et d'un second fossé entourant une basse-cour. Le
château, vraisemblablement en bois, est qualifié de "motta" dans un acte du
XIIIe siècle. Sa plateforme circulaire et ses douves sont similaires à
celles, voisines, de Cantemerle ou de Blanquefort. Lors du ralliement de
l'Aquitaine aux Anglais à la fin du XIIe siècle et durant la Guerre de Cent
Ans (1337-1453), les seigneurs d'Agassac font partie de l'élite de confiance
des Plantagenêts puis des Lancastre. Vers la fin du XIIIe siècle, Gaillard
d'Agassac possède la haute charge de sénéchal de Saintonge et converse, à ce
titre, avec Jean de Bretagne comte de Richemond, oncle du roi Édouard Ier
d'Angleterre, au moment des succès français en Guyenne. Il est nommé par
Édouard II, en mai 1309, châtelain de La Réole suite à l'échange du château
de Blanquefort, dont Agassac dépend ; il meurt en charge en 1312. Vers 1340
apparaît dans les textes un P. d'Agassac, damoiseau, puis de nouveau un
nommé Gaillard. En 1357, ce dernier vend Agassac à Arnaud d'Albret, seigneur
de Cubzac pour 8 000 écus d'or (Marguerite de Gironde en fait son héritier
universel en 1352 puis Pierre de Galard, seigneur de Limeuil en 1357). La
maison d'Albret possède le château tout au long du XIVe siècle. Cette
période pourrait correspondre à la construction d'un nouveau château de
pierre. De cette campagne est issu le plan quadrangulaire, cantonné aux
angles de ses tours circulaires dont les archères cruciformes à étrier
plaident en faveur d'une datation du milieu du XIVe siècle. Devaient
s'ajouter un chemin de ronde sur la courtine (porte extérieure dans l'angle
de la tour nord-ouest) dont les vestiges son visibles au niveau des tours
nord ainsi qu'un logis d'au moins deux niveaux : des accès en arc brisé sont
ménagés dans chaque tour dès les premier et deuxième étages.
Avant 1377, un document mentionne les nombreuses terres des Albret sous
domination anglaise dont "le chastel d'Agassac" fait partie. Après cette
date, la seigneurie passe par alliance dans la maison de Montferrand. En
1417, Bérard de Montferrand est dit seigneur d'Agassac puis de nouveau en
1433 où un procès concernant le domaine est intenté par Gaston de Foix.
Bérard est confirmé dans ses prétentions puis élevé, en 1437, par lettre
patente d'Henri VI, capitaine de Marmande avec un revenu pour entretenir 6
hommes d'armes. En 1438, il est dit conseiller du roi, ancien chambellan du
duc de Bedford, "seigneur de Gassat et Acquigny", lors de la montre du
château de La Roche-Guyon. Après la guerre de Cent Ans, Charles d'Albret
traite avec Bérard de Montferrand et lui cède "à perpétuel" les seigneuries
d'Agassac (1455), ce qui impliquait un usufruit sur le domaine depuis plus
de trois générations. En 1474, Gaston de Montferrand rend hommage pour
Agassac. Un changement de main est opéré; dans un acte de 1487, "noble homme
Jehan de Sault" est dit seigneur d'Agassac et mari de Trenquina de Bedat.
C'est sans doute quelques années plus tard que le second logis est
construit, avec des pignons aigus à retour et des croisées à chanfrein
droit. A cette campagne, appartiennent probablement la construction de la
chapelle avec ouvertures trilobées et une porte à linteau à coussinets
donnant sur une ancienne bretèche. Si l'on peut associer le remploi des
armoiries inséré dans le mur nord (représentant un écu, une salamandre et
des fleurs de lys) à une campagne de construction sous François Ier,
l'origine de cet élément sculpté n'est pas connue (peut-être au-dessus de la
porte d'entrée). Une reconstruction du premier logis à cette époque peut
être envisagée au vu de l'appui de la croisée de l'étage de la grande salle
: les motifs de vigne avec grappe ainsi qu'une salamandre ornent la fenêtre.
D'autre part, les éléments décoratifs des encadrements, moulures à listels,
bases buticulaires, se retrouvent sur les deux niveaux de ce premier logis.
Les frères Jean et Martin Dussaud semblent être co-seigneurs d'Agassac.
En 1540, Agassac change à nouveau de main mais semble toujours divisé :
François de Fronsac rend hommage au roi pour "la moitié de la terre et
seigneurie de Gassac au pays de Médoc". Fronsac hériterait grâce à sa femme
Marie de la Chassaigne, veuve de Martin Du Sault, seigneur d'Agassac, après
un contrat de 1551. Dans les années 1580, Louis de Genouilhac est dit
seigneur d'Agassac et cumule les seigneuries médocaines : Bessan, Lafitte,
Uch et la maison noble de Vailhac à Berson. En 1611, il est qualifié de
conseiller d'état et capitaine de 50 hommes d'armes, chevalier de l'ordre du
Saint-Esprit. Au début du XVIIe siècle, le domaine passe à la famille de
Pomiès ou Pomiers. En 1627, Joseph de Pomiès, conseiller au Parlement, est
seigneur et baron d'Agassac. L'érection en baronnie n'est pas connue mais
s'avère une pratique courante sous Louis XIII en remerciement de la fidélité
de ses gentilshommes. Une nouvelle campagne intervient sous l'ère de Pomiès
au XVIIIe siècle : aménagements des pièces de l'étage (cheminées), nouvelle
tour ou cage d'escalier quadrangulaire; maladroitement construite avec le
remploi des marches d'une ancienne vis. C'est à cette époque que sont
probablement aménagés les abords (parc, viviers) comme le montre un plan de
la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après la Révolution, Agassac passe par
alliance à la famille Castérat puis Richier (1841). La gravure de Gustave de
Galard (1835) renseigne sur l'état avant travaux ; travaux opérés par Marcel
Richier avant 1865 et conformes goût néo-médiéval prisé à cette époque :
arasement des deux tours nord ; rehaussement puis construction de
mâchicoulis ; remaniement de plusieurs baies ; aménagements intérieurs des
pièces du rez-de-chaussée. En 1888, la famille de Floris acquiert le domaine
et y réalise quelques constructions : écuries, logements, remaniement du
grand chai. Dans les années 1970, la famille Gasqueton opère des
destructions : le bâtiment bas de la façade Est est abattu ainsi que la
plupart des dépendances devant le château. En 1996, la société d'assurances
Groupama rachète Agassac, restaure le cuvier et le grand chai à barriques.
En 2000, les intérieurs du château sont rénovés, peu après le pigeonnier est
transformé en salle de dégustation. Le château d'Agassac est situé au sud
de la commune, isolé entre des zones d'habitation à l'ouest, des vignes au
nord, des zones de marécages à l'est qui s'étendent jusqu'à la Garonne et un
grand parc au sud. Le domaine est composé de l'ancien château, de son
pigeonnier, de son chai-cuvier ainsi que de nouvelles constructions
techniques et administratives à l'ouest. Un vivier en L, alimenté par un
fossé à l'ouest et une succession de bassins, inonde les douves recouvertes
de parement et interrompues par un pont dormant à deux arches donnant accès
à la plateforme de la bâtisse. Le château est une construction
quadrangulaire avec tour circulaire à chaque angle ; les corps de logis sont
élevés sur un rez-de-chaussée et un étage, le troisième niveau étant réservé
à l'étage de comble. Les deux tours nord sont construites en moyen puis
grand appareil régulier du bas vers le haut ; elles sont percées d'archères
cruciformes à étrier et surmontées d'un mâchicoulis, le tout coiffé d'un
toit en poivrière ardoisé. La tour sud-ouest est construite sur un niveau de
fondation visible ; sur les deux faces, des consoles à ressaut offrent
l'assise nécessaire pour supporter la chapelle de plan pentagonal du premier
étage. S'élevant sur deux niveaux, cette dernière est percée de deux baies
trilobées (dont l'une surmontée de deux corbeaux, vestiges d'un ancien
hourd, d'un oculus et de plusieurs fenêtres verticales, le tout couvert
d'ardoise. La tour sud-ouest est édifiée sur un lit de fondation découvert,
similaire à la tour de la chapelle. Elle est percée d'archères cruciformes à
étrier et couverte d'un toit polygonal en ardoise. Le château est composé
de plusieurs parties, dont deux corps de logis principaux. Le premier corps
de logis occupe la partie nord du château et englobe également la tour
d'escalier. Il est ouvert au rez-de-chaussée par la porte d'entrée, cintrée,
donnant accès au vestibule, puis d'une croisée (sans meneau ni traverse)
éclairant la grande salle. À l'intérieur, le vestibule mène à la tour
d'escalier rejetée dans l'angle sud-est, et dessert la grande salle. Cette
dernière est ouverte par une porte retaillée en partie dans une ancienne
ouverture à moulures à listels (se recoupant par le haut) et d'une base
buticulaire précédant une porte à linteau en accolade donnant sur
l'escalier. La pièce est agrémentée d'une cheminée à claveaux à crossettes
et piédroits à base buticulaire. Une trappe proche du mur sud laisse un
accès à la cave. Les angles nord-ouest et nord-est donnent dans la partie
basse des tours. L'étage est composé d'une salle haute dont la porte d'accès
est à moulures à listel (se recoupant par le haut) et base buticulaire. La
pièce est éclairée par une demi-croisée et une croisée à appui sculpté ; une
porte à moulures à listel ouvre sur un couloir (petit bureau) percé de deux
demi-croisées donnant accès au premier étage de la tour nord-est. L'étage de
comble couvre la partie "salles" et se compose d'une salle sous charpente à
chevrons formant-ferme -dont plusieurs sont numérotés au réglet-, quelques
marches descendent vers la partie haute de la tour nord-ouest ouverte par un
arc brisé. La cage d'escalier est surmontée d'une salle couverte en
charpente à chevrons formant-ferme et sous-faîtage, l'ensemble des pièces
sont chevillées ou à tenon et mortaise. Le dernier étage de la tour
nord-est, ouverte également par un double arc brisé, donne sur le toit d'un
local technique. La tour d'escalier est quadrangulaire, les marches
provenant d'une ancienne vis, sont insérées maladroitement dans un mur-noyau
allongé qui s'appuie lui-même sur la première marche. Le second corps de
logis, orienté est-ouest, occupe la partie sud du château. Il possède deux
pignons aigus à retour. En sous-sol se trouve la cave, dont les maçonneries
correspondent à l'emprise supérieure ainsi que les pierres de départ d'une
ancienne voûte. Au rez-de-chaussée, deux salles occupent l'espace ; chacune
est percée de deux croisées (dont deux transformées en portes-fenêtres). La
première salle, lambrissée, porte un décor néogothique ; la cheminée est
composée de cariatides ainsi que deux panneaux aux motifs Renaissance
insérés dans les trumeaux de la hotte. La seconde salle est entièrement
lambrissée et décorée de plusieurs tapisseries aux thèmes champêtres. À
l'étage, une salle unique occupe l'espace, composée de deux cheminées de
style Louis XV dans le mur sud. Une porte murée est masquée en partie par
l'escalier. On accède à la tour sud-ouest ainsi qu'au premier étage de la
chapelle ouverte par une porte murée à coussinets. L'étage de comble est
éclairé d'un fenestrou et d'une croisée, l'ensemble est couvert d'une
charpente du XIXe siècle à chevrons formant-ferme. On accède aux derniers
étages de la tour sud-ouest et de la chapelle ; cette dernière est couvert
par une charpente à demi-croupe, le tout posé sur une maçonnerie haute. Les
souches de cheminée sont, pour certaines, accompagnées de tirants
métalliques ; l'un de ces tirants prend la forme de la lettre F, sur la
façade ouest. Un cartouche composé de deux anges tenant un écu, avec
salamandre et fleur de lys, a été inséré dans la maçonnerie de la façade
nord, à droite de la porte d'entrée. Cette dernière est surmontée de larges
pierres horizontales et une verticale rappelant une fente de flèche. Au sud,
se développe le parc avec ses allées. Un mur en galets et brique, formant un
arc de cercle, est percé de trois jours semi-circulaires et constituait
probablement un élément d'agrément du jardin.
Éléments protégés MH : le château en totalité, y compris les douves, le pont
et les canaux, les chais anciens (façades et toitures), le pigeonnier en
totalité : inscription par arrêté du 19 septembre 2013. (1)
château d’Agassac 33290 Ludon-Médoc, tel. 05 57 88 15 47,
propriété viticole, location du chai pour réceptions et séminaires...
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