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L'ancienne seigneurie de Bonrepos était rattachée
à la baronnie de Verfeil. En 1214, Simon de Montfort dépossède les seigneurs
de Verfeil au profit de l'évêque de Toulouse. Les terres de Bonrepos font
désormais partie, jusqu'à la Révolution, du temporel de l'archevêque de
Toulouse. La seigneurie passe entre les mains de plusieurs grandes familles,
issues de la noblesse toulousaine. Certains hommages rendus par les
seigneurs de Bonrepos depuis le XIIIe siècle contiennent un descriptif
sommaire de la seigneurie, notamment de ses ruisseaux et de ses sources.
Suite aux guerres de religion, un climat d'insécurité règne encore sur le
pays lorsque Riquet achète la seigneurie en 1651. L'acquisition concerne,
d'une part, la seigneurie elle-même, d'autre part la place forte liée à la
défense des habitants. L'ancienne maison seigneuriale, ses fortifications,
sont en ruines, ses fossés comblés. Riquet fait aussitôt construire une
tuilerie (octobre 1653). Par acte du 29 juillet 1656, il engage deux maçons,
Isaac Roux et Antoine Brayrie, pour l'entière construction du château. Le
gros-oeuvre est achevé en janvier 1663 pour le mariage de sa fille, Marie,
avec Jacques de Lombrail. Aussitôt, un escalier à repos en bois est réalisé,
ainsi qu'en avril 1664 un décor en lambris de bois pour une chambre. Au
cours des années suivantes, des travaux d'embellissements sont engagés par
Riquet : les peintres François Fayet et Antoine Verrio sont chargés du décor
peint (vers 1670-1672).
Les jardins, commencés en 1657, sont achevés entre 1673 et 1675. Non
modifiés jusqu'à la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ces jardins sont bien
évoqués par le plan qui figure sur le compoix de 1730, dressé en 1727 : un
grand parterre à l'est, des terrasses au sud et à l'ouest, les anciens
bâtiments disposés en U autour de la cour d'honneur (démolis au XVIIIe
siècle). De 1690 à 1699, le fils aîné de Riquet, Jean-Mathias, réalise une
importante rénovation des croisées du château. Actuellement, seule la façade
nord a conservé les baies d'origine. Les percements des autres façades ont
été remaniées en deux temps, autour de 1760 puis au cours du XIXe siècle. La
toiture a fait l'objet d'un abaissement au XIXe siècle. Le couvrement a été
entièrement restauré en 1999, en respectant cette dernière disposition.
A l'intérieur du château, on observe plusieurs campagnes d'aménagement. Le
sous-sol a conservé la plupart des structures de la fin du XVIIe siècle
(cheminées, four à pain, embrasures de portes, salle voûtée...). La chambre
de l'angle sud-ouest, au rez-de-chaussée, conserve les lambris en bois
sculpté du XVIIe siècle et contre l'ancienne cheminée du premier étage
(angle sud-est), subsiste une peinture murale qui pourrait être l'oeuvre
d'Antoine Verrio. Dans les années 1760, le grand escalier, qui occupait
anciennement le ""donjon"" est déplacé dans une antichambre (emplacement
actuel), pour permettre l'aménagement du nouveau salon de jardin, dans l'axe
du rez-de-chaussée. Ces travaux vont de pair avec l'agrandissement et la
mise en perspective du parc. Des relevés aquarellés de la deuxièmème moitié
du XVIIIe siècle, établis par niveau sur le château et au sol pour les
dépendances, permettent de connaître l'état du bâti avant la Révolution. Au
XIXe siècle, d'importants travaux visent à rendre le château plus
confortable : cloisonnements divers en rez-de-chaussée et dans les étages,
cheminées et décoration intérieure. La cage d'escalier est refaite. Les
communs (maison du régisseur, écuries et maison du jardinier) datent de la
deuxième moitié du XVIIe siècle et comportent des reprises du XVIIIe siècle.
Le château est implanté sur un coteau bordé au sud par la vallée du Girou.
La partie sommitale du coteau a été terrassée, formant une vaste esplanade
occupée d'ouest en est, par la cour d'honneur, par le château lui-même, puis
à l'est par des parterres que prolonge une longue allée axiale entre deux
bosquets. Des fossé secs entourent le terre-plein qui porte la cour
d'arrivée et le château. Ils sont franchis, sur les côtés ouest et est, par
deux ponts qui correspondent aux deux accès principaux du château. Le
château est composé d'un corps de logis de plan rectangulaire massé,
complété par deux tours d'angle hors-oeuvre carrées, de part et d'autre de
la façade ouest sur cour, et deux tourelles en poivrière de part et d'autre
de la façade est sur jardin. Des bouches-à-feu sont visibles, sous l'enduit,
sur les façades des tours, en sous-sol et aux étages. La façade orientale
sur jardin est agrémentée d'un avant-corps (désigné comme donjon) orné de
baies spécifiques, notamment une porte à entablement surmontée d'un occulus
ovale, et souligné par un fronton triangulaire. L'ensemble des façades
comporte une majorité de percements en arc segmentaire. Entre chaque étage,
deux bandeaux épais à section carrée ceinturent les quatre façades. Cette
modénature, complétée par la corniche sous le toit et par le fronton,
introduit un jeu de reliefs à l'horizontalité accusée. Sur la façade nord et
partiellement sur les deux tours, on observe des fenêtres à linteaux droits
avec meneaux ou simples traverses en bois.
L'intérieur se répartit sur quatre niveaux. Le sous-sol a conservé la
plupart des cheminées monumentales en brique, le four à pain et les traces
de l'ancien escalier implanté primitivement dans le "donjon". Au milieu du
rez-de-chaussée, un vaste vestibule traversant, composé de deux grandes
pièces séparées par des portes vitrées en plein cintre, met en communication
la cour à l'ouest et les parterres à l'est. La pièce donnant sur les
parterres est ornée de gypseries et dallée en damier de pierre, blanc et
gris. La moitié sud du rez-de-chausée est occupée par la cage d'escalier
ainsi que par deux grandes salles, dont l'une, dans l'angle sud-ouest, est
ornée de lambris en bois au décor mouluré. Au premier étage, dans le placard
d'une chambre, sont visibles les traces d'une ancienne cheminée ornée d'un
décor peint représentant des figures allégoriques. Le deuxième étage, avant
le comble, est occupé par des appartements aux dimensions plus modestes. Les
communs sont répartis sur deux emplacement : le logement du régisseur et les
écuries longent le côté nord de l'esplanade d'arrivée, la maison du
jardinier est accolée en équerre à l'orangerie au sud-est du grand parterre.
L'orangerie de Bonrepos apparaît pour la première fois sur les relevés au
XVIIIe siècle : elle figure sur le plan d'ensemble du parc ainsi que dans la
série des relevés par niveaux dont une feuille présente en même temps le
plan du bâtiment des communs et celui de l'orangerie. S'agissant d'un
plan-projet datable des années 1770-1780, il est possible de retenir la même
fourchette de datation pour l'orangerie. Elle a pu être commandée par
Jean-Gabriel-Amable, féru d'astronomie comme de jardin, dont on sait qu'en
1770, il laisse définitivement sa charge de procureur au Parlement de
Toulouse, se trouvant ainsi plus disponible pour se consacrer à sa propriété
de Bonrepos. L'examen du plan montre que les orangers étaient disposés
autour des massifs qui composaient les parterres, à l'est du château.
L'inventaire des biens du château réalisé en 1792 décrit le bâtiment et les
pots d'orangers encore en place. La plupart cependant sont chétifs, certains
à demi-morts. Cette mention permet de supposer un abandon de soins d'au
moins un an, compte tenu de la fragilité de cette culture. Or, 1791 est la
date de décès de Jean-Gabriel Amable de Riquet, commanditaire présumé de
l'orangerie. Par ailleurs, l'inventaire décrit la visite, dans le bâtiment
des communs, de la salle de billard ""où était anciennement l'orangerie"".
Il pourrait s'agir de l'extension repérable sur l'alignement du bâtiments
des communs (extension côté est, en rez-de-chaussée, avec arcades). Cette
extension aurait donc été conçue pour servir d'orangerie, bien avant la
construction de la grande orangerie proche des terrasses. L'orangerie de
Bonrepos était, avec celle de Rochemontès, une des plus grandes de la
région. Au XIXe siècle, elle a totalement perdu son usage initial. En 1904,
elle est désignée métairie avec les bâtiments ruraux qui y sont accolés.
La glacière est mentionnée sur le plan de la deuxième moitié du XVIIIe
siècle vers 1770-1780. On sait cependant que Pierre-Paul Riquet en possédait
une dans son domaine de Frescaty qu'il acquiert en 1674. Esprit Garnier y
procède à des réparations l'année suivante. Son plan circulaire correspond
aux règles de construction définies par Louis Savot dès 1624. Les dimensions
de la glacière de Bonrepos sont particulièrement importantes. Cette glacière
rappelle que la famille Riquet était dépositaire du droit de commercer la
glace sur le canal. Elle rappelle aussi le luxe et le raffinement qui
caractérisaient la société aristocratique de cette époque. La glace était
utilisée non seulement pour la conservation des aliments mais aussi pour la
confection de sorbets et de mets glacés très à la mode dans l'aristocratie.
Les points de ravitaillement en glace, dans la région, étaient les Pyrénées
depuis Saint-Martory ou la Montagne Noire depuis Cabrères. La glacière est
implantée à l'endroit le plus frais du domaine, en bordure du talus situé au
pied du versant nord du coteau qui porte le château. L'entrée se fait par un
édicule en brique, situé à mi-hauteur du talus et qui donne accès à un
couloir coudé destiné à limiter la circulation de l'air. A l'issue de ce
couloir, se trouve un puits circulaire de grandes dimensions. Le puits est
couvert d'un dôme en brique ouvert au sommet pour permettre le dépôt de la
glace. Le bouchon qui refermait cette ouverture a disparu. A la base de ce
puits, une rigole évacue l'eau fondue, afin de limiter la fonte de la glace
en place. Cette rigole pourrait être en relation avec le bassin maçonné qui
se trouve à quelques distances de la glacière, en amont, au bas du talus. A
côté du bassin, se trouvent des vestiges de canalisation.
Éléments protégés MH : le château avec ses fossés et les deux ponts, les
deux cours antérieures ouest, la terrasse, les communs, l'orangerie, les
jardins et le parc dans lequel sont conservés les aménagements hydrauliques
conçus par Riquet (cronstructeur du Canal du Midi) : classement par arrêté
du 31 juillet 2008.
château de Bonrepos Riquet 31590 Bonrepos-Riquet,
propriété de la commune, tel. 09 61 52 21 00, visites, voir le site:
bonrepos-riquet.fr
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
Alain Saint Alban pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer
cette page.
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Haute Garonne" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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