|
Dominant la vallée de la Creuse se dresse
l'impressionnant château de Romefort. Élevé sur un coteau abrupt, il est
protégé au nord par la rivière, à l'est par un profond ravin, et à l'ouest
par une large dépression qui donne passage à un ruisseau. C'est sans doute
en 1174 que Gaudin de Romefort fait construire le château sur la terre qui
relevait autrefois du château voisin de Cors. La seigneurie passe ensuite
aux mains de la famille de Culant en 1309, puis à celle de Sully dès 1452.
Divisé par ces derniers, le domaine est réuni en 1597 par Jean d'Harambure,
seigneur de La Châtre et de La Boissière, compagnon d'enfance et
coreligionnaire d'Henri de Navarre. Ce dernier le surnomme "le borgne", par
allusion à un œil qu'il perdit au cours de la bataille de Niort en 1588. La
famille d'Harambure conserve le château jusqu'au début du XVIIIe siècle. La
seigneurie est alors rachetée par Louis-Jacques Lecoigneux de Bélâbre, qui
l'afferme. Vendu comme bien national au moment de la Révolution, le château
est dépecé par des entrepreneurs. C'est donc un château totalement délabré
qu'achète, en 1840, François-Marie, comte Taillepied de Bondy, descendant
d'une famille de fermiers généraux, ancien préfet de la Corrèze puis de
l'Yonne, sénateur de l'Indre de 1876 à 1890. Son fils entreprend de 1872 à
1879 de nombreuses et importantes restaurations (voire reconstructions) qui
rendent parfois difficile une datation précise des éléments du château.
L'édifice est composé de deux bâtiments dont le plus impressionnant est le
donjon. Haut de trente mètres, construit sur un plan carré, il est flanqué
de quatre tours circulaires légèrement outrepassées. La salle inférieure est
la seule qui ait conservé sa voûte d'ogives à profil chanfreiné. Elles
retombent sur des culs-de-lampe à figure humaine à chaque angle du bâtiment
et s'appuient curieusement, au centre, sur un large pilier circulaire. Les
salles supérieures ont été totalement modifiées et couvertes de planchers
modernes par l'architecte parisien Arveuf, qui confie l'exécution du
chantier au jeune architecte Alfred Trolliet; en effet Lionel de Bondy qui
souhaitait faire revivre le donjon en lui attribuant de nouvelles fonctions:
bibliothèque au premier étage, musée au-dessus, et enfin au dernier une
salle qui devait contenir de vieilles armes, de vieux meubles... Ainsi
fit-il construire, au premier et à mi-hauteur, une galerie en
encorbellement, spectaculaire exemple de style néo-roman. Au troisième
étage, douze bretèches sont placées au milieu de chacune des tours
angulaires et à la jonction de ces tours avec le donjon central. Les
parapets du dernier étage ont été entièrement reconstruits avec bretèches et
échauguettes. Ils encadrent une construction carrée à deux niveaux,
entièrement moderne. De nouvelles fenêtres ainsi qu'une nouvelle porte ont
été percées ; des pastiches romans remplacent les baies d'origine.
Une certaine imagination est donc nécessaire pour restituer le donjon dans
son état premier: bâtiment qui regroupait à la fois les fonctions de
résidence, de représentation d'un certain statut social et administratif, et
de défense. Le donjon occupe l'angle sud-ouest de la plus petite des trois
enceintes. Trois bastions carrés, reliés par un chemin de ronde, le
protégeaient sur ses deux faces extérieures. Les côtés nord et est étaient
occupés par des bâtiments d'exploitation et d'habitation, alors qu'au sud et
à l'ouest des courtines achevaient de fermer la cour principale. La courtine
sud et les bâtiments est où se trouvait la chapelle ont aujourd'hui disparu.
Un nouveau corps de bâtiment rectangulaire plus petit et une aile en équerre
ont pris leur place. Une tour isolée, la tour Madeleine, y est attachée par
l'intermédiaire d'une galerie, à hauteur du premier étage. De l'enceinte
intermédiaire ne subsiste que le soubassement d'une tour ronde à quelques
pas à l'ouest du donjon. Enfin, quelques vestiges de l’une des entrées
principales de la cour extérieure ainsi que la tour circulaire adossée au
rempart signalent l'emplacement de la dernière enceinte, la plus éloignée du
donjon. La muraille descendait autrefois jusqu'au bas du coteau, où se
trouvait une cour carrée, près du chemin conduisant à la rivière. Au coin de
cette tour, le mur repartait en équerre jusqu'à environ cinquante pas du
gué. Dans ce dernier parcours était une porte fortifiée placée entre deux
tours qui n'existent plus. Important vestige de l'architecture militaire
médiévale, Romefort est un exemple de restauration respectueuse de
l'essentiel des volumes par le goût archéologique du XIXe siècle. (1)
Éléments protégés MH : les défenses du donjon ; les courtines ouest et
nord-ouest reliant le donjon au corps de logis, ainsi que leurs tours de
flanquement ; les façades et les toitures du corps de logis ; les façades et
les toiture de la tour semi-circulaire nord-ouest ; les façades et la
toiture de la tour carrée nord-est ; les vestiges de l'enceinte sud du
château, à savoir : les façades et les toitures des deux tours de l'ancienne
entrée, les façades et les toitures des corps de bâtiments jouxtant ces
tours, les vestiges de la courtine sud-ouest flanquée d'une tour
semi-circulaire : inscription par arrêté du 18 février 1993. Le donjon du
château et le moulin avec son mécanisme : classement par arrêté du 2
septembre 1994. (2)
château fort de Romefort 36300
Ciron, propriété privée, visite des extérieurs uniquement.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement
Monsieur J-P Sauvage pour la photo qu'il nous a adressée afin d'illustrer
cet historique.
A voir sur cette page "châteaux
de l'Indre" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|