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Dès la fin de l'époque gallo-romaine on rencontre
dans les textes la preuve qu'une bourgade existait déjà sur le territoire
qu'occupe aujourd'hui la ville de Langeais. Cette bourgade est désignée sous
le nom d'Alingavia. Quant à démêler les origines de ce vocable, la
philologie celtique est un terrain semé de chausse-trappes, où nous nous
garderons de nous risquer pour le vain plaisir de formuler une hypothèse.
Les monnaies mérovingiennes que l'on a découvertes, et où les yeux de la foi
archéologique ont reconnu, à n'en pas douter, une mouette, aloe gavioe,
oxxales gavia, ne prouvent absolument rien, quant à l'étymologie. Elles
prouveraient seulement le goût de nos lointains ancêtres pour ces sortes
d'armes parlantes nées d'un calembour,comme on en trouve à toutes les
époques dans l'armorial. Ce qui est plus certain, puisque nous avons, pour
nous l'affirmer, le témoignage de Grégoire de Tours, c'est qu'au IVe siècle,
saint Martin fonda une église à Alingavia. In vico Alingaviensi, S.
Martiiius ecclesiam aedificavit. C'est apparemment l'église paroissiale
actuelle, où l'on distingue encore dans les murs latéraux des traces de
petit appareil très archaïque. Cette église, agrandie aux XIe et XIIe
siècles, et terminée au XVe siècle, avait néanmoins gardé jusqu'en 1869 des
traces assez complètes pour permettre de reconstituer le monument primitif.
Malheureusement un architecte moderne est venu détruire la plus grande
partie de ces vestiges, et rompre l'harmonie de la nef romane par
l'adjonction d'un monstrueux transept. On ne conçoit point dans le haut
moyen âge, une église sans un château pour la protéger. Il est donc à
présumer que, bien avant l'époque où Foulques Nerra édifia son fameux
castrum, quelque défense existait, et que le comte d'Anjou ne fit que la
fortifier davantage, "984 anno Landegavis castrum a Fulcone comité
construitur", nous dit un de ces textes.
D'autres témoignages concordants nous sont fournis par les Chroniques
d'Anjou et parle Spicilegium. Ils ne nous permettent pas de douter de
l'importance que le comte d'Anjou attribuait à la forteresse de Langeais.
Mais ils ne nous obligent pas à repousser l'opinion cependant improbable qui
considère la tour isolée au milieu du parc comme un édifice antérieur,
remanié par Foulques Nerra à l'époque gothique. En effet, à la fin du Xe
siècle, entre 991 et 997, et au début du XIe (1037 ou 1038), au temps des
grandes luttes entre les comtes d'Anjou et les barons de Touraine, le donjon
de Langeais avait dû subir de rudes assauts qui l'avaient fort endommagé. Il
est probable que le résultat de cette lutte avait été la prise de possession
de Langeais par Eudes 1er, comte de Touraine. Cependant, le descendant de ce
seigneur, Thibaut II, dut, en 1043 ou 1044, céder la place à Geoffroy
Martel, fils de Foulques Nerra. Ces rivalités belliqueuses entre
compatriotes trouvèrent un dérivatif dans les expéditions en Terre Sainte.
Foulques V le Jeune, comte d'Anjou, revenant de Palestine d'où, selon le
naïf chroniqueur, il rapportait une partie importante du sépulcre et de la
crèche, c'est-à-dire apparemment, des fragments de terre ou de rocher
provenant des lieux vénérés, édifia, pour enfermer ces reliques, une
basilique dans l'enceinte du castrum appelé "Lingiais". Les vestiges de cet
oratoire, mis sous le vocable du Saint-Sauveur, ont été découverts dans le
parc de Langeais par M. Siegfried, et identifiés par M. l'abbé L. Bosseboeuf.
C'est une chapelle en croix latine de 20 mètres de longueur sur 5,4o de
largeur qui se termine à l'extérieur, par une abside en cul-de-four empâtée
dans un chevet plat.
Puis, les rois d'Angleterre étant devenus comtes d'Anjou, et par conséquent
de terribles vassaux pour le roi de France, les guerres se rallumèrent, et
le château de Langeais tomba entre les mains de Richard Coeur de Lion, qui,
en 1189, y mit un capitaine gouverneur. Plus tard (1199), Artus, fils de
Geoffroy II, roi d'Angleterre, donna la châtellenie à Robert de Vitré, qui
dut remettre la place au roi de France (1206), Philippe Auguste ayant réuni
définitivement la Touraine à la couronne. Le château de Langeais fut confié
par Louis VIII à Hugues de Lusignan, sous condition de n'y pas élever de
nouvelles fortifications, puis racheté, redonné et enfin confisqué au même
seigneur par saint Louis. Ce roi le remit alors en apanage à son frère
Alphonse, comte de Poitiers, qui vendit la châtellenie à Pierre de la
Brosse. Celui-ci, devenu chambellan et favori de Philippe le Hardi, tous les
seigneurs, comme on le voit par une lettre de Barthélémy de l'Ile-Bouchard,
et par une donation au roi Charles de Sicile, s'efforcèrent de s'assurer ses
bonnes grâces, en lui abandonnant les droits qu'ils possédaient à Langeais.
C'est alors que Pierre de la Brosse, voulant avoir une résidence digne de sa
fortune, entreprit de reconstruire le château en utilisant les débris de
l'ancien castrum. Mais ayant provoqué l'hostilité de la reine Marie de
Brabant, Pierre de la Brosse fut poursuivi pour trahison et exécuté à
Montfaucon, le 3o juin 1278. "Contre la volonté du Roy, fu il pendu, si, com
je croy, plus par envie que par fet". Langeais était alors entre les mains
de son fils, auquel la châtellenie fut confisquée pour être réunie à la
couronne. Du temps de son père, en 1270, un concile provincial s'y était
réuni, présidé par Jean deMontsoreau, archevêque de Tours.
La guerre de Cent ans ramena la domination anglaise à Langeais. Il est vrai
que l'ennemi s'engageait, par le traité de Brétigny (1360), à évacuer les
places fortes occupées par lui, mais il eut bientôt repris les lieux
abandonnés un instant. En 1422, un certain Thomas Ston recevait, dans un
acte officiel, le titre de seigneur de Langeais. En 1427, les Anglais y
avaient établi une garnison d'où ils pillaient les environs. Les chefs qui
s'y succédaient, Albaron Sabbat, ou Ferrand de Caille, étaient de terribles
bandits. Les Tourangeaux n'obtinrent d'être délivrés de ce voisinage
redoutable qu'en payant une somme de 2.000 écus d'or. Encore était-il
stipulé que serait "le chastel rasé et abattu, excepté la grosse tour". Ce
texte est donc concluant. D'ailleurs il est confirmé par l'examen
archéologique, et il faut renoncer à voir, dans le monument actuel, comme on
l'a affirmé à tort, le château de Pierre de la Brosse. L'édifice actuel est,
dans son intégrité, celui qui fut construit, sur l'ordre de Louis XI, par
Jean Bourré, notaire et secrétaire du roi, trésorier de France, qui, parmi
tant d'autres titres, portait celui de gouverneur de Langeais. C'était un
puissant personnage, grand constructeur, qui "a édifyé et faist construire
de fort beaux chasteaux, et maisons de plaisance, comme Langés, Longue,
Jarzé, Vaulz, Couldray, et Antrammes, près Laval". On reconnaît
d'indiscutables analogies, entre le château de Plessis-du-Vent, ou
Plessis-Bourré, construit par lui, et celui de Langeais. Il semble donc que
Jean Bourré mérite une place d'honneur parmi les mécènes de la première
renaissance. A quelle date le nouveau château de Langeais fut-il commencé?
Le Père Anselme rapporte que Jean Briçonnet, général des finances, fut
chargé de contrôler la dépense de i465 à 1467.
Le château était donc à peu de choses près dans l'état où nous le voyons
aujourd'hui, lorsque Louis d'Amboise, évêque d'Albi, bénit dans une des
grandes salles, le 16 décembre 1491, le mariage de Charles VIII et Anne de
Bretagne, qui unissait pour toujours cette province à la France. La
capitainerie de Langeais était passée, dès 1466, des mains de Jean Bourré à
celles de François d'Orléans, comte de Dunois, fils du fameux compagnon
d'armes de Jeanne d'Arc, puis, en 1476, aux princes de la maison de Bourbon,
en la personne de Louis, bâtard de Bourbon, comte du Roussillon, amiral de
France. D'autres propriétaires illustres, dont les noms évoquent des
souvenirs glorieux ou touchants se succèdent ensuite, de siècle en siècle.
Nous voyons passer à Langeais, Jean-Bernardin de Saint-Séverin, duc de
Somma, Marie Touchet, maîtresse de Charles IX, une princesse de Lorraine,
Louise, épouse du prince de Conti, et fille du duc de Guise, puis Antoine
Coeffier, marquis d'Effiat, baron de Saint-Mars, dont les descendants, qui
reçurent le château en héritage, pouvaient apercevoir, sur le coteau voisin,
les deux tours ruinées, en témoignage du grand drame historique dont leur
parent avait été la victime. Un de ces descendants, ayant épousé Hortense
Mancini, avait hérité de l'énorme fortune de Mazarin, enfin, après avoir été
possédé par un Gigault, marquis de Bellefonds, par un Bullion, marquis de
Pervaques, par un de la Rue du Can, baron de Champchevrier, la terre de
Langeais fut annexée au duché de Luynes (27 mai 1766) par la volonté de
Marie-Charles-Louis d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse, prince de
Neufchâtel. Elle se trouvait la possession de cette famille, quand la
Révolution éclata.
Plusieurs fois, les propriétaires du château de Langeais eurent la bonne
fortune de recevoir la visite royale: Charles IX, le 19 novembre 1565, Louis
XIII, le 3 octobre 1627. Ce furent alors de magnifiques fêtes. Le reste du
temps, le séjour de Langeais devait paraître assez morne aux brillants
seigneurs qui le possédaient. Son tort était d'être bien loin de
Fontainebleau et de Versailles, et l'aspect en était bien gothique. Ce qui
ferait croire dans tous les cas, qu'ils n'y séjournaient que très rarement,
c'est que l'on a respecté l'architecture contemporaine du roi Louis XI.
L'amour d'un propriétaire pour une demeure historique se manifeste trop
souvent par des remaniements indiscrets, par un effort pour adapter les
vieux logis aux modes nouvelles, de façon à ce qu'ils ressemblent le plus
possible à toutes les bâtisses contemporaines. C'est ainsi, du moins, que
les choses se passaient au XVIIe et au XVIIIe siècle, avant qu'un beau zèle
archéologique n'engageât, au contraire, à remettre les monuments "dans le
style", à les rajeunir pour les vieillir, ce qui est ajouter le mensonge au
vandalisme. Cette maladie nouvelle sévissait dans toute sa virulence en
1839, quand M. Christophe Baron acheta le château de Langeais à M. François
Moisant, qui l'avait acquis du duc de Luynes, en 1797. Le nouveau
propriétaire fit restaurer, hélas! Mais le mal n'était heureusement pas
irréparable. Et, quand M. Jean-Jacques Siegfried en devint acquéreur, à son
tour, il confia le château à un excellent architecte, M. Lucien Roy, qui fit
en sorte que, si son confrère du temps de Louis XI revenait au monde, il
n'eût pas à en recevoir de légitimes reproches. On sait que cette magnifique
résidence fut offerte par testament à l'Institut de France par M. Siegfried.
Le château, situé en pleine ville, entre la vallée de la Loire et celle du
ruisseau de la Roumer, se divise en trois bâtiments soudés ensemble de façon
irrégulière, selon un plan commandé par les caprices du terrain. A
l'extrémité de l'éperon, une robuste tour cylindrique, sur laquelle s'appuie
un corps de logis rectangulaire, constitue un véritable donjon. C'était, en
cas de siège, le dernier retrait, duquel on pouvait s'échapper par les
remparts, et gagner la campagne. Ce donjon n'était relié au reste de
l'enceinte que par les mâchicoulis. Une tourelle octogonale y donnait accès,
du côté du parc, sur une avant-cour en contrebas. Ainsi, le corps de garde
était bien séparé de la demeure des châtelains qui comprenait d'abord un
grand corps de logis rectangulaire défendu, du côté des douves, à ses deux
extrémités par deux tours cylindriques et communiquant avec le parc par deux
tourelles octogonales en saillie sur la façade intérieure. Le troisième
corps de logis s'allonge en retour d'équerre de l'est à l'ouest, faisant un
angle obtus avec le précédent. Il n'a pas été terminé. Quel était le plan de
l'architecte de Jean Bourré? Et comptait-il utiliser dans son système de
défense les restes de la forteresse de Foulques Nerra? Cela ne paraît guère
vraisemblable. Ce dont il ne faut pas douter, c'est qu'une dernière tour
cylindrique eût complété la défense du côté de l'ouest. De plus, on eût sans
doute ajouté une galerie à arcades au fond de la cour, qui eût été ainsi
complètement close. C'était alors un usage auquel on ne manquait guère de se
conformer dans le plan des demeures seigneuriales, comme nous le
constaterons notamment à Ussé, à Blois, à Amboise, à Chaumont, et comme nous
le retrouverons encore à Chambord. Cette tradition qui perpétuait la
disposition de la maison romaine avec son atrium, par un étrange paradoxe,
fut abandonnée par la Renaissance.
A Langeais, la construction fut brusquement interrompue, peut-être par
manque d'argent, les seigneurs ayant à pourvoir, dès le règne de Charles
VIII, aux guerres d'Italie; mais, dans une région aussi éloignée des
frontières, les précautions militaires étaient superflues. Lorsqu'il en
ordonna la construction, peut-être Louis XI pensait-il aux intrigues qui se
nouaient, la coïncidence est à observer, entre la Bretagne, la Bourgogne et
l'Angleterre, et au danger qui pouvait venir par la vallée de la Loire le
surprendre en son château du Plessis. Le duc François II venait de commander
à Mathurin Rodier la robuste forteresse de Nantes. La réunion de la
Bretagne, consommée justement à Langeais, en 14911 vint apporter une
garantie décisive de sécurité: désormais une telle forteresse n'avait plus
sa raison d'être. D'ailleurs, la mode avait changé. On était tout à
l'Italie, au luxe des façades sculptées, aux larges ouvertures vers le
dehors. Oeuvre d'un temps où le monarque lui-même ne se sentait pas bien en
sûreté dans sa propre demeure, Langeais devait sembler singulièrement
gothique et rébarbatif. Tel que nous le voyons aujourd'hui, le château est
bien d'une venue. Entre le donjon qui fut édifié le premier et l'aile en
retour qui fut la dernière construite, il ne s'est passé que quelques
années. Si l'archéologue n'éprouve pas le plaisir de découvrir des refaçons
et de formuler des hypothèses, en revanche, l'historien et l'artiste ont la
joie de revoir la vie d'une des grandes époques de notre histoire évoquée de
façon saisissante, sans qu'aucune adjonction postérieure vienne troubler
l'harmonie de cette vision du passé. Vu de l'extérieur, le château de
Langeais est une forteresse féodale, mais qui abrite une résidence pareille
à celles que possédaient alors, dans les villes, les bourgeois les plus
cossus.
Un examen attentif des façades soulignera encore davantage ce contraste. Par
une bizarre anomalie, le sol de la rue qui conduit au château étant sur le
même plan que le fond des douves, et celles-ci ayant disparu, les hautes
murailles qui s'amortissent, à la base, par un glacis peu sensible, font un
effet d'autant plus formidable. Aucun ornement n'en vient tempérer
l'austérité. Des fenêtres à meneaux en petit nombre l'éclairent, assez haut
au-dessus du sol. A gauche du pont-levis un avant-corps fait saillie sur le
nu de la muraille, ce saillant ayant semblé nécessaire pour la sécurité, à
cause du trop grand écartement des deux tours. L'aile en retour du sud est
protégée extérieurement par des fausses braies garnies d'un parapet crénelé.
Enfin un magnifique chemin de ronde de 130 mètres de longueur, supporté en
encorbellement par 270 mâchicoulis, garnit toute cette façade, tournant
autour du donjon pour rejoindre, à l'ouest, la cour intérieure. Le
pont-levis, que l'on avait jadis supprimé, pour desservir l'entrée de la
poterne par un affreux escalier à vis, a été rétabli. Pour cela, M. Roy a
imaginé un escalier en pente douce qui conduit au niveau de la poterne. On
voit encore, au-dessus de la porte en arc brisé, les rainures par lesquelles
on faisait glisser la herse. On la manoeuvrait de la salle située au-dessus,
au moyen d'un treuil et de contrepoids, ou encore, du chemin de ronde, où
l'on voit les traces d'usure causées par les cordes. La poterne franchie, on
se trouve dans l'avant-cour que nous avons déjà signalée. En quelques pas,
on a devant soi toute la façade intérieure, d'abord le corps principal qui
renferme de nombreuses chambres d'habitation, puis l'aile en retour réservée
aux grandes salles. Entre la tourelle octogonale du donjon et la porte
d'entrée, l'angle est occupé par une construction en
encorbellement renfermant un couloir.
Sur toute cette façade, les fenêtres sont réparties avec parcimonie: on
compte quatre étages dans le corps principal et trois étages dans l'aile en
retour. Pas d'autres ornements que les moulures des baies, les linteaux à
accolades qui surmontent les portes des tourelles, ornées de choux-frisés
ainsi que les rampants des lucarnes. Une robuste pierre de taille de couleur
grise, bien différente de la jolie, mais fragile pierre blanche de Bourré,
augmente le caractère sévère de la construction, qui n'est pas égayée, comme
tant d'autres à cette époque, par la rutilance de la brique. Enfin, on ne
voit pas la moindre trace d'influence italienne. On remarquera seulement aux
portes de très belles ferrures, avec de gros clous ornés, qui font penser
aux "médias naranjas de Tolède". L'intérieur a été meublé avec goût, de
bibelots et d'oeuvres d'art parmi lesquelles nous mentionnerons seulement
une Adoration de Bernardino Luini, une châsse du XVe siècle, et quelques
magnifiques tapisseries, notamment celle qui fut donnée par Jacques de
Beaune à l'église Saint-Saturnin de Tours et qui représente saint Jean et
saint Saturnin, une tapisserie des Flandres du XVe siècle, représentant une
Crucifixion, des tapisseries italiennes (XVIe siècle) dans la chapelle,
enfin de curieuses tentures, provenant du Plessis-Macé, et exécutées de 1505
à 1518 pour l'abbaye du Ronceray, à Angers, qui représentent des scènes de
l'Histoire Sainte. Quelque intéressantes que soient ces curiosités, elles
doivent au hasard seul de figurer dans ce château. Notre but est ici
d'insister sur les caractères de la construction elle-même. Nous ferons donc
remarquer combien celle ci est encore archaïque, avec ses murs qui ont
jusqu'à 3,50 mètres d'épaisseur, les sièges de pierre dans l'ébrase ment des
fenêtres, les portes basses surmontées d'un arc à accolade et à choux-frisés,
les plafonds, dont beau coup ont conservé leurs poutres anciennes, enfin les
vénérables charpentes des combles.
Tout spécialement, nous attirerons l'attention sur les cheminées
monumentales. La plus belle est celle qui orne la salle, dite des gardes.
Les pieds-droits sont décorés de chapiteaux d'un galbe puissant. Le manteau
lui-même, par un caprice que nous retrouvons à Bourges, au palais de Jacques
Coeur, figure un château, avec ses mâchicoulis et ses créneaux: entre les
merlons, on voit apparaître les figures d'amusants petits bonshommes. Cette
riche décoration est complétée, à la base du manteau, en sa partie médiane,
et à la corniche, par trois bandeaux de feuillages admirablement refouillés.
Le second bandeau est interrompu en son milieu par une figure d'ange qui
supportait jadis sur ses ailes étendues un écu aux armes de France. Dans le
grand salon où la tradition place le mariage d'Anne de Bretagne, une autre
belle cheminée est ornée d'une rangée d'arcatures, d'un bandeau de
feuillages et de fleurons, et, à la corniche, d'une frise de feuillages.
Tous ces appartements sont parés d'un carrelage moderne inspiré de modèles
du temps, et décorés de peintures exécutées par E. Lameire d'après d'anciens
manuscrits. Enfin, nous nous contenterons de signaler, dans le donjon, une
salle qui servit de prison jusqu'en 1830. Nous terminerons cette visite par
un rapide examen de la vénérable tour, dite de Foulques Nerra. C'est un
monument construit en blocage revêtu de petit appareil cubique. Le donjon
lui-même semble avoir eu, au-dessus du rez-de-chaussée, trois étages dont
aucun n'était voûté. Au deuxième étage, quatre fenêtres, aux claveaux
séparés par des briques, s'ouvrent dans la muraille de l'est et deux autres
au nord. En outre, cette muraille est épaulée de contreforts: on y remarque
de nombreuses traces de refaçons du XIIe au XIIIe siècle. De Galembert et
Champoiseau considéraient ce donjon comme une habitation gallo-romaine, mais
l'absence de cordons de briques horizontaux et le caractère de l'appareil et
des fenêtres permettent de le comparer à Saint-Martin d'Angers et à la
Basse-Oeuvre de Beauvais et de le faire remonter au Xe siècle. (1)
Éléments protégés MH : le château : classement par arrêté du 13 mars 1922.
La partie du parc du château autour des ruines jusqu'au pont: classement
par arrêté du 26 mai 1942. (2)
château de Langeais 37130 Langeais, tél. 02 47 96 72 60, fax : 02 47 96
54 44, ouvert tous les jours de l’année, en février et mars de 9h30 à 17h30.
Juillet août de 9h à 19h, avril, mai, juin, septembre et octobre jusqu’au 12
novembre de 9h30 à 18h30, du 13 novembre au 31 janvier de 10h à 17h.
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