|
La seigneurie de
Careil est attestée dès 1471. Elle appartient à cette date à Pierre Lecomte.
Marguerite Lecomte, sa fille ou sa sœur, épouse Guillaume du Bouays,
seigneur de Baulac en Goven et lui apporte la terre. Dans la deuxième moitié
du XVIe siècle, la seigneurie appartient à Jean du Bouays, fils de Jean et
de Françoise de Kermeno. Ce dernier pourrait être à l'origine de la grande
phase de fortifications du château dans le troisième quart du XVIe siècle.
Jean du Bouays figure, en effet, dès 1558 parmi les chefs protestants
bretons et prend visiblement une part active lors des guerres de Religions.
Il participe notamment à la prise d'armes de 1568 et à celle de Donzères en
1570. Durant le mouvement populaire qui les chassa du Croisic, ce fut à
Careil que les protestants se retirèrent. Sa terre, érigée en châtellenie
par Charles IX en 1571, passe ensuite par mariage dans la famille Marec'h
puis de la Chapelle. En 1674, Henri de la Chapelle partage la châtellenie
entre ses frères et sœurs: Henriette de la Chapelle reçoit le château et la
seigneurie, son frère René, les terres qui en dépendent. En 1699, les deux
parts sont vendues: l'une d'elle est achetée par Guillaume Charault et Marie
Le Besson et l'autre adjugée à Michel Roger, avocat au parlement de Paris.
Au milieu du XVIIIe siècle, Louis Foucher, seigneur de la Feslière hérite
d'une partie du domaine et en entreprend la reconstitution.
La châtellenie de Careil s'étendait sur huit paroisses (Saint-Aubin de
Guérande, Escoublac, Saint-André-des-Eaux, Saint-Nazaire, Saint-Lyphard,
Saint-Molf, Mesquer et Batz). La haute justice de Careil comprenait six
baillages (Careil, Marsaint, Mérionnec, Trévedy, Bissin et Penchâteau) qui
furent unis à la châtellenie en 1571. Le seigneur de Careil était patron de
trois chapellenies: celle de Saint-Just au bourg de Careil, celle de
Notre-Dame-La-Blanche en la chapelle du même nom et celle de Saint-Jean
fondée en la collégiale de Guérande. Il possédait, en outre, dans l'église
paroissiale Saint-Michel de Guérande une chapelle joignant le chanceau du
côté de l'épître, et dans l'église conventuelle des dominicains de Guérande
un enfeu à côté de l'autel Saint-Pierre. Le "domaine proche Careil
comprenait en 1673 le château et manoir de Careil avec ses galeries, cour,
tourelles et guérites, mâchicoulis, pont-levis, le grand portail de ladite
cour avec ses deux tours dont l'une appelée tour de l'horloge, l'estang
dudit lieu et la chapelle Saint-Servais, un colombier et refuge à pigeons".
Posée sur un bâtiment sensiblement plus étroit que le bâtiment actuel, la
charpente pourrait dater du XIIIe ou du XIVe siècle. Les aisseliers courbes
de l'une des fermes suggèrent la présence, à l'origine, de salles hautes
sous charpente. Le logis fut remanié à la charnière des XVe et XVIe siècle:
reconstruction probable du gouttereau sud, percé de deux travées de
croisées, en avant du mur précédent, conférant une plus grande épaisseur au
corps de logis, dont on perçoit les dimensions originelles sur le parement
oriental du mur de refend, dans le comble; construction d'une tour
d'escalier hors-œuvre, adossée à la face nord, dans laquelle s'inscrit une
large vis en maçonnerie dont ne subsiste que le premier niveau; pose d'un
plancher prenant appui sur les entraits de la charpente. Elle a entraîné,
dans le comble, le percement d'une porte au nord du mur de refend qui sépare
la grande pièce de la petite, au centre du logis. Son couvrement en arc
brisé avec joint à la clef suggère le possible remploi d'un encadrement
datant de la construction initiale de l'édifice. La présence, au second
niveau de la façade principale, des vestiges d'une ouverture dont il ne
reste qu'un piédroit, de facture identique à celle de la porte de la vis à
l'étage, de même que la présence d'une ferme (dont il ne subsiste que
l'entrait) à peu de distance du pignon ouest, donnent à penser que le corps
de logis se prolongeait à l'ouest.
Une seconde campagne de remaniement est intervenue dans la seconde moitié du
XVIe siècle avec le décor de la porte flanquée de pilastres et la
construction de trois lucarnes également flanquées de pilastres et ornées de
lucarnes à coquilles. L'aménagement et le décor de la grande salle du
rez-de-chaussée furent repris au XVIIe siècle, avec la reconstruction de la
cheminée (mais les vestiges de la cheminée antérieure sont encore visibles
derrière le linteau) et la pose d'un lambris de revêtement. Dans la seconde
moitié, et plus probablement dans le dernier quart du XVIe siècle, furent
entrepris d'importants travaux de fortification: construction, sur la face
principale du logis, à l'est, d'un petit cabinet distribué par une vis dans
l'angle demi hors-œuvre, à l'angle duquel s'élève une tourelle percée de
meurtrières de fusillade; construction du portail flanqué de tours en
demi-cercle; aménagement, contre les murs ouest et sud de l'aile en retour
d'équerre à l'ouest de la cour (construite pour la circonstance), d'un
chemin de ronde communiquant avec deux tours implantées aux angles de ce
bâtiment; bordant le côté est de la cour, aujourd'hui détruit, un autre
corps de bâtiment était également doté d'un chemin de ronde (à tout le moins
sur son pignon méridional), dont les vestiges sont visibles sur une gravure
du XIXe siècle. À la rencontre du corps de logis et de l'aile en retour à
l'ouest, un petit corps de bâtiment à un étage, dans lequel se trouve un
évier du XVe siècle, correspond peut-être à une ancienne cuisine construite
ou aménagée au cours des travaux de la fin de la période médiévale.
L'élévation orientale de l'aile en retour a été remaniée au XVIIe siècle,
peut-être vers 1662. Son aménagement en logement, écurie et remise (porte
cochère), attesté vers 1658, pourrait dater de cette époque. La cheminée
médiévale adossée au pignon méridional correspond à un remploi effectué dans
le second quart du XXe siècle. Détruite à une période indéterminée, la tour
sur l'angle sud-ouest des anciennes écuries a été partiellement reconstruite
au début du XXe siècle. (1)
Éléments protégés MH : le château de Careil en totalité : inscription par
arrêté du 16 juillet 1925.
château de Careil 44350 Guérande. Tel-Fax. 02 40 60 22 99, ouvert au
public du 1er juin au 31 août, à 11h, 12h, 14h, 15h, 16h, 17h, 18h. En
juillet et août, la visite de 17h est remplacée par la visite jeu, les
mardis, jeudis et samedis. Les deux salons qui peuvent être loués pour des
réceptions de septembre à mai font partie intégrante du château.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement le
propriétaire pour les renseignements et les photos qu'il nous a adressés
afin de réaliser cette page.
A voir sur cette page "châteaux
Loire-Atlantique" tous les châteaux recensés à ce jour
dans ce département. |
|