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La seigneurie de Bissin, relevant de Careil,
appartenait à la fin du XIVe siècle à la famille du Châtel. Guillaume du
Châtel, capitaine de Guérande, est seigneur de Bissin en 1379. La terre
passe ensuite dans le courant du XVIe siècle dans le giron de la famille de
Condest. Aliénor de Condest rend aveu pour le manoir et domaine de Bissin en
1540. Dans le dernier quart du XVIIe siècle ou dans les premières années du
XVIIIe siècle, Michel Roger, avocat au parlement de Paris, rachète Bissin et
une partie de la châtellenie de Careil qui avait été divisée en 1674. En
1704, il entreprend la reconstruction totale du logis à l'emplacement de
l'ancienne maison noble et en confie les travaux à Julien Coedro,
maître-maçon, Olivier Le Poitevin, maître-charpentier et Julien Jouin,
maître-couvreur d'ardoises, des artisans locaux. La somme totale du marché
s'élève à 700 livres tournois. Les matériaux sont notamment prélevés sur
l'ancien logis ainsi que sur la métairie de Bézans dont la destruction est
ordonnée. L'aveu rendu au Roi en 1749 décrit la "maison de Bissin consistant
en deux corps de logis l'un au midy et l'autre au levant, une grande cour au
midi dudit logis et une autre au nord, jardin, mur au-devant de la première
cour, chapelle, autre seconde cour, petit jardin, muré avec des clairvoyes
au devant de laditte cour". D'après ce même aveu, cinq métairies dépendent
du domaine: les métairies de la Cour et de Hors la Cour (nommée métairie de
l'Avenue de Bissin sur le cadastre de 1819), de Kerfas, de Bézans et de
Kerlany. Le moulin de Bissin, mentionné dès 1532 et dépendant primitivement
de la seigneurie, est encore visible sur le cadastre de 1819.
Dans les premières années du XIXe siècle Françoise-Marie Bossart, épouse en
secondes noces de Jean-Louis Fournier du Pellan rachète à la famille Roger
la terre de Bissin. Leur fils, François-Louis-Marie-Anne, est maire de
Guérande de 1848 à 1849 puis de 1855 à 1860; fonction qu'occupera également
son propre fils cadet, Gaston (1838-1882), maire de 1871 à 1878 et
conseiller général de Loire-Inférieure. C'est sans doute à ce dernier que
l'on doit la restauration du château entre 1871 et 1882. Ses armes:
d'argent, au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d'or, à une bordure
engrêlée de sable, chargée de huit besants d'or, trois en chef, deux et deux
en flancs et un en pointe, associés à celles de sa femme Joséphine-Éléonore
Green de Saint-Marsault: de gueules à trois demi-vols d'or, posés deux et
un, sont encore visibles sur l'une des lucarnes de la façade sud. Le logis
conserve visiblement les volumes et la distribution de la maison construite
par Michel Roger en 1704. Les pièces s'organisaient de part et d'autre d'un
vestibule d'entrée. Elles se composaient, à l'est, d'une salle de 15 pieds
de long sur 13 pieds de large ouvrant sur un cabinet de 15 pieds sur 10. À
l'ouest, le vestibule desservait une cuisine de 14 pieds sur 13, équipée
d'une cheminée de granit toujours visible, à l'arrière de laquelle prenait
place un office. Le logis était prolongé à l'ouest par une écurie de 14
pieds sur 11, encore observable sur une carte postale du début du XXe
siècle, derrière laquelle se situait un cellier. Le bâtiment nord a
probablement été construit dans le courant du XVIIIe siècle car il
n'apparaît pas dans le devis de construction de 1704. Il est en revanche
signalé sur le cadastre de 1819.
Les travaux de Gaston Fournier du Pellan entre 1871 et 1882 ont visiblement
consisté en la surélévation d'un étage du bâtiment XVIIIe, ainsi qu'en la
construction du pavillon au centre de la façade. Ces travaux sont à
rapprocher, sur le plan stylistique, du "château" de Brécéan au Pouliguen
construit pour Albert Fournier du Pellan le frère ainé de Gaston dans le
troisième quart du XIXe siècle, peut-être par le même architecte. Le château
prend actuellement un plan en L avec un pavillon carré dans l'angle. Il
s'élève sur trois niveaux : un rez-de-chaussée légèrement surélevé, un étage
carré et un niveau de comble. Le pavillon d'angle comporte, lui, deux étages
carrés. L'aile sud, bien que très remaniée dans la seconde moitié du XIXe
siècle, est sans doute la plus ancienne. L'élévation est ordonnancée à cinq
travées. Seuls les frontons des lucarnes du comble possèdent un décor. La
lucarne centrale, jumelée, est couverte d'un fronton brisé à volutes amorti
par les armes de la famille Pellan du Fournier. Les quatre lucarnes
latérales sont surmontées d'un fronton en plein cintre au décor de coquille
Saint-Jacques surmonté d'un acrotère. Le soin apporté au décor de cette aile
témoigne visiblement d'une modification de l'accès principal du château dans
la deuxième moitié du XIXe siècle, l'entrée s'effectuant désormais
principalement depuis le sud. Ce nouvel accès, avec la création d'une maison
de gardien, nommée la Porte, s'est peut-être accompagné d'un réaménagement
du parc et des jardins du château. L'aile nord, à cinq travées, pourrait
dater de la fin du XVIIIe siècle comme semblent le suggérer les plates
bandes clavées en tuffeau des fenêtres de l'étage et les lucarnes du comble.
Un trumeau de cheminée conservé sur le mur pignon nord semble confirmer
cette hypothèse. (1)
château de Bissin 44350 Guérande, propriété privée, ne se visite pas.
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source des photos :
https://inventaire.patrimoine.paysdelaloire.fr
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