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Le château de Clépé était situé sur la rive gauche
de la Loire, sur un plateau d’un hectare de superficie et commandait le
cours du fleuve, dont une petite plaine seulement le séparait. Des remparts
en pierre et chaux, d’un mètre et demi d’épaisseur, flanqués de grosses
tours formaient une enceinte redoutable dont quelques débris existent
encore. Dans l’enceinte, au midi, à l’entour d’un bâtiment servant de salle
de justice, existaient encore, en 1667, des cachots enterrés de douze pieds,
dans lesquels "on n’enfermait plus les prisonniers, à cause de leur grande
humidité". A cette époque subsistaient "trois tours reliées entre elles par
la muraille, et une quatrième en ruines". Les habitants de Clépé ont
longtemps exploité les ruines comme carrière de pierres, mais M. le comte de
Saint-Didier en revendiquant leur propriété les a sauvées d’une ruine
totale. Il restait deux tours, l’une très élevée; elles étaient reliées
entre elles par la muraille et percées de meurtrières. On voit aussi une
cave voûtée à l’angle sud-ouest de laquelle on a pratiqué, dans l’épaisseur
de la maçonnerie, un conduit rond et perpendiculaire, large de 25
centimètres pouvant établir une communication facile entre le sol extérieur
et l’intérieur de la cave. En 1862, M. Godard a démoli une partie de la
petite tour et les derniers débris de la conciergerie, mais la grande tour a
été respectée.
En 926, les comtes de Forez fondèrent, dans l’intérieur de ce château, un
prieuré bénédictin dépendant de l’Ile-Barbe. Les rois de France avaient des
droits sur le château, mais s’en dessaisirent en faveur du comte, en 1168,
mais Clépé resta sous la dé pendance de l’abbé de l’Ile-Barbe. Clépé fut
souvent donné en apanage aux veuves et aux filles de nos comtes. Jeanne de
Montfort, veuve de Guy VI le possédait en 1279. Les revenus de la seigneurie
étaient alors estimés 200 livres tournois. Isabeau, fille de Jeanne fut
mariée à Béraud d’Auvergne, seigneur de Mercœur, et reçut en dot le château
de Clépé, mais Jean 1er, son frère, refusa de le lui remettre et lui offrit
Bouthéon en échange. Elle put enfin habiter Clépé, où, devenue veuve et sans
enfant, elle s’établit définitivement. En 1322, elle y recevait à coucher
ses neveux, Jean et Renaud de Forez, partis le matin à cheval de Montbrison
et se rendant à Paris par petites journées. Isa beau de Mercœur testa le 7
mars 1322 et fonda une prébende dans l’église de Clépé. Elle disposa en
faveur de son frère, des châteaux de Clépé, Sury-le-Bois et Virignieu. Après
sa mort, Clépé, Bellegarde, Saint-Germain-Laval, Souternon, Bussy et Fay
furent donnés en apanage à Renaud de Forez, pour garantir la dot de 14.000
florins d’or, constitués par le duc Philippe de Savoie à Marguerite, sa
fille, lors de son mariage avec Renaud. En 1329 Renaud prête foi et hommage
pour ces châteaux, à son frère, le comte Jean 1er.
Après sa mort, en 1369, ses biens firent retour au comté. Après la défaite
de Brignais, en 1362, le comte Louis tué à 23 ans, le comte Jean devenu fou,
laissèrent la tutelle à Renaud de Forez, qui résida à Clépé d’où il
administra le comté. Mais bientôt devenu trop ambitieux, la tutelle lui fut
enlevée et confiée à Louis, duc de Bourbon, fiancé à Anne, dauphine
d’Auvergne, petite fille de la comtesse douairière. Renaud avait d’ailleurs
abusé de ses pouvoirs en engageant le comté à Louis de France, moyennant
30.000 livres. Aussi le nouveau tuteur racheta-t-il le Forez par un traité
signé à Vincennes, en présence de Charles V, en 1370. Renaud, pendant ce
temps ne restait pas inactif; il allait, par ses intrigues, déchaîner une
guerre civile, lorsqu’il mourut presque subitement. La douairière, retirée à
Donzy, gouverna alors le comté en parfait accord avec Louis de Bourbon, mari
de sa petite-fille, lorsque, le 15 mai 1372, mourut, à 29 ans, le comte Jean
II, qui n’avait pas recouvré la raison. La comtesse, invoquant une
substitution faite en sa faveur par le testament du comte Guy VII et une
cession que lui avait consentie le comte Jean, son fils, voulut se faire
proclamer héritière du comté, mais le mari de sa petite-fille ne l’entendait
plus ainsi et, par traité du 5 juillet 1382, passé au château de Clépé, elle
dut abandonner ses droits à sa petite-fille Anne.
Clépé alors connut des jours meilleurs et devint le rendez-vous préféré de
la cour de Forez. La comtesse Jeanne termina sa vie agitée en 1402: elle
avait 92 ans; Louis de Bourbon la suivit de bien près. Sa veuve, la duchesse
Anne, vint alors se fixer à Clépé et embellit le château. A cet effet, elle
acheta, le 4 juillet 1414, de Jeanne Madinier et de son fils Durand, "une
maison sise audit château, tirant de la rue par laquelle on va de l’église
du prieuré à la tour dudit lieu". Par son testament du 19 septembre 1416, la
duchesse Anne fit diverses fondations pieuses, en faveur notamment du
prieuré de Clépé et de l’église de Feurs. Après sa mort, le château de Clépé
fut abandonné par Marie de Berry, nièce du roi Charles V, qui gouverna ce
comté en l’absence de Jean de Bourbon, son mari, fait prisonnier des Anglais
à Azin court. Elle résida à Sury-le-Bois. En 1452, on arrêta au château de
Clépé les conditions du mariage du dauphin de France, depuis Louis XI, avec
Charlotte de Savoie. Le roi de France, Charles VII, logea à Feurs et le duc
de Savoie, au château de Clépé. Ces fêtes somptueuses marquèrent l’agonie de
Clépé, qui ne fut plus guère qu’un rendez vous de chasse. Après la réunion
du comté à la Couronne, Clépé fut engagé à Jean Paffy, marchand à Lyon.
Clépé, démantelé par ordre de Richelieu, fut définitivement adjugé, le 28
septembre 1750, dans une des salles du palais des Tuileries, à Aymé Joseph
Bert, moyennantla rente annuelle de 502 livres au denier trente, et à la
charge de rembourser les finances qu’avaient payées le dernier
seigneur-engagiste.En 1768, Aymé-Joseph Bert revendait Clépé à Abraham de
Thélis, seigneur de Châtel. (1)
Éléments protégés MH : les vestiges de la tour : inscription par arrêté du
27 octobre 1971. (2)
château des Comtes de Forez 42110
Cleppé, ouvert au public, une ascension des 93 marches offre à 22 mètres de
hauteur une vue panoramique...
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