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Le château de l’Aubépin,
construit dans un lieu où l’aubépine abondait, datait du XIIIe siècle et fut
sans doute construit par les Thélis. Cette demeure dut être incendiée, car
une tradition conserve le souvenir de la destruction du château par le feu,
et un usage singulier qui subsiste à l’Aubépin, veut qu’on n’allume pas de
feu la veille et le jour de Sainte-Agathe (4 et 5 février). Le château
actuel ne paraît pas remonter au delà du XVe siècle. Une belle avenue
conduit au vieux manoir dont l’enceinte forme un vaste quadrilatère.
Laissant le mur derrière soi, on voit à vgauche, des écuries, des communs,
revenant en retour d’équerre parallèlement au mur; à droite, le château dont
on longe la façade orientale et dont sépare un large fossé; entre le château
et les bâtiments d’exploitation, s’étend la cour, ombragée de magnifiques
tilleuls. La façade principale regarde le nord; le pavillon formant
barbacane qui en décore l’entrée, lui donne un grand air. Cet avant corps
d’un style sévère, construit en pierre de taille de couleur sombre, se
compose d’un rez-de-chaussée surmonté de deux étages. Le deuxième étage, en
encorbellement, est couronné d’une toiture à vives arêtes; à ses deux angles
extérieurs, sont des tourelles en culs-de-lampe. Pour toute ornementation,
la façade présente un double cordon de mascarons en relief, figurant
alternativement des mufles de lions et des têtes d'hommes. Au devant de la
porte d’honneur, pend la chaîne d’une cloche; à droite et à gauche, dans la
muraille, deux pierres cylindriques se détachent du reste de l’appareil; une
simple pression les fait tourner sur leur axe et permet de regarder à loisir
le vestibule et la cour intérieure. Ces lucarnes, au besoin, pouvaient se
changer en meurtrières.
Dans le vestibule, au rez-de-chaussée du pavillon, on voit encore les
poulies sur lesquelles roulaient les chaînes du pont-levis. Au-dessous un
artiste local a décoré l’imposte d'une fresque représentant les armes de
François de Sainte-Colombe (écartelé d'argent et d’azur) et de
Renée-Henriette de la Guiche. A l’autre bout de la salle, se trouve une
porte monumentale donnant entrée à l’intérieur du château; elle s’encadre
entre deux cariatides d’hommes, supportant un entablement dont la frise est
décorée d’élégants rinceaux. Sur les tympans de l’arcade, courent des
branches d'olivier; un écusson ornait autrefois la clef de voûte, il est
indéchiffrable et date de la Renaissance. Les vantaux de la porte sont en
fer plein, renforcés de barres massives; les yeux ajourés de deux masques
qui les décorent, y forment autant de judas. Une cour étroite occupe le
milieu du château et en dessert toutes les parties. En face de l’entrée,
sous une arcade à plein cintre, se développe un escalier de pierre donnant
accès sur une galerie qui forme le premier étage. Cette galerie devait
régner sur tout le pourtour, mais elle n’occupe plus que trois des côtés de
la cour et repose sur quatre étages de consoles en encorbellement. Entre
deux des supports, s’ouvre par une porte élégamment encadrée, un corridor
qui conduit aux dépendances, office, buanderie et vaste cuisine. Sur le
manteau d’une cheminée sont sculptées les armes des de Lorgue et des de
Semur. A gauche de la cour se trouvent la salle à manger et les salons, mais
la reconstruction de ce côté du bâtiment, entreprise au XVIIIe siècle, lui a
enlevé tout cachet original.
Dans les grandes pièces on a réuni un certain nombre de portraits de
famille; on y voit, notamment, celui de Claude de Sainte-Colombe, cornette
de chevau-légers, qui se battit en duel avec M. de Montmorency de Hallot,
frère cadet du duc de Bouteville, désarma son adversaire, mais mourut trois
jours après, dans l'hôtel du duc de Vendôme où il s’était réfugié pour
éviter la rigueur des édits, des suites d’une blessure reçue au début du
combat et qu’on croyait légère. Son portrait fait face à celui de François
de l’Aubépin, qui devait être tué comme lui, à un siècle d’intervalle; son
adversaire, Sébastien-Dominique Duprat de Chassagny obtint en décembre 1724,
des lettres de rémission, basées sur ce fait que les deux combattants
étaient bons amis et ne se battirent qu’en sortant du domicile du sieur de
Pierrefitte, où ils avaient pris de copieuses libations, à la suite d’un
souper. En montant l’escalier qui, de la cour, conduit au premier, on trouve
deux portes Renaissance; celle de gauche est surmontée d'une niche en forme
de coquille, dans laquelle on a placé une statuette en marbre blanc
représentant le triomphe de Sainte Marguerite. L'oratoire, petite
construction bâtarde, appliquée entre le pavillon d’entrée et l’une des
tours qui flanquent l'édifice, montre, derrière l’autel, une "mise au
tombeau" peinture de l'école italienne, ornée dans les angles inférieurs,
des armes des de Lorgue et des de Semur; un autre tableau représente Sainte
Madeleine en adoration. Pillé par les protestants, en 1570, l’Aubépin a
perdu ses plus anciennes archives. Le baron de l’Aubépin était, au XVIIe
siècle, seigneur en toute justice de Croizet Saint-Just-la-Pendue, de la
moitié de la paroisse de Fourneaux, et percevait des droits seigneuriaux à
Saint-Just-la-Pendue, Fourneaux, Croizet, Chirassimont,
Saint-Symphorien-de-Lay, Neulise, Saint-Jodard, Pinay, Saint-Priest-la-Roche,
Cordelle, Vendranges et Saint-Cyr-de-Favières.
Dès 1297 l'Aubépin appartenait aux Thélis. Le 15 novembre 1424, Jeanne de
Chantois, veuve de Jean de Thélis, seigneur de l’Aubépin légua l’Aubépin et
Coppiers, à Louis de Lorgue, seigneur de Villars, et à Jeanne du Gros, sa
femme, cette dernière parente consanguine de la testatrice. Jean de Thélis,
dit de Coppiers, qui vivait en 1407 à l’Aubépin, avait dû mourir avant sa
mère, Jeanne de Chantois. Les armes des de Lorgue sont de gueules au chevron
d'or, accompagné de trois étoiles du même. Louis de Lorgue eut de Jeanne du
Cros, Catherine mariée le 19 mars 1433, à Jacques Fillet, seigneur de la
Curée; 2° Louise, mariée le 20 juin 1441, à Girard de Semur, seigneur de l’Estang,
auquel elle apporta l’Aubépin et Villars, avec leurs dépendances, à la
charge pour Girard, d’écarteler ses armes d'argent à trois bandes, de
gueules, de celles des de Lorgue; 3° Catherine, mariée en juillet 1443, à
Antoine de Sainte-Colombe; 4° et 5° Marguerite et Lionète, religieuses à
Marcigny; 6° Antoinette, religieuse à Bonlieu, puis mariée à Jean de la
Personne. Girard de Semur, fils de Robert Rollet, seigneur de l’Estang et
d’Anne d’Anlenay, prêta hommage de l’Aubépin en 1486 et eut de Louise de
Lorgue: Georges, qui suit; 2° Louis, reçu gentilhomme du Roi, le 27 mars
1487, épousa Jeanne de Sugny; 3° Rolin, chanoine-comte de Lyon en 1492.
Georges de Semur, seigneur de l’Aubépin, testa le 27 septembre 1515 ayant
épousé Louise de Sugny, dont Louis, seigneur de l’Aubépin, qui transigea le
12 octobre 1520, avec Antoine et Charles de Semur, ses cousins, fils de
Louis de Semur, co-seigneur de l’Aubépin. Il reçut diverses terres, entre
autres l'Aubépin, et testa, le 31 août 1535, en faveur de son frère Rolin,
lequel donna, le 30 mars 1557, le dénombrement de l’Aubépin; 2° Madeleine,
mariée en 1513 à Jacques de Thorigny, seigneur de Saint-Marcel; 3° Girard,
qui suit; 4° Rolin, chanoine comte et sacristain de l’église de Lyon; 5°
Bertrand, prieur de Juré; 6° Jean, chanoine-comte de Lyon; 7° Françoise,
prieure de Leignieu; 8° Marguerite, religieuse de Marcigny.
Girard de Semur eut des démêlés avec son frère Rolin, car il persistait à
prendre le titre de seigneur de l’Aubépin, alors que cette terre appartenait
à Rolin, il en donna même le dénombrement, le 25 février 1551. Le 7 mars
1531, il avait épousé Gilberte de Busseul, fille de Guillaume, dont Jean,
mort sans postérité; 2° Rolin, chanoine-comte de Lyon, seigneur de l’Aubépin;
3° Claudine, femme de Jacques de Sainte-Colombe, seigneur de Villette; 4°
Louis, tué au marquisat de Saluces; 5° Françoise, vit en 1591, mariée à
Louis de Luzy, baron d’Oyé; 5° Antoine d’Amanzé, seigneur de Fougères et
d’Orvault; 6° Madeleine, religieuse à Marcigny. Rolin de Semur, comte de
Saint-Jean-de-Lyon, devint par héritage, transactions et donations, seigneur
des terres et seigneuries de l’Aubépin et Sarry, dont il jouit paisiblement;
il fit rebâtir en grande partie le château de l’Aubépin. Il testa le 1er
avril 1593, laissant la seigneurie de l’Aubépin à son neveu Rolin de
Sainte-Colombe, fils de sa sœur, Claudine de Semur. Rolin de Sainte-Colombe,
seigneur de l’Aubépin,etc, fut troublé dans la possession de cette
seigneurie par Laurent de Busseul et Diane d'Amanzé, sa femme, qui
prétendaient à une moitié. Les parties transigèrent, le 25 mars 1599, les
opposants abandonnèrent tous leurs droits en l’hoirie de feu Rolin de Semur,
moyennant 8,000 écus. Le 31 janvier 1601, Jacques de Sainte-Colombe,
Claudine de Semur et Rolin de Sainte-Colombe, leur fils, vendirent à M. et
Mme d’Albon-Saint-Forgeux, sous grâce de rachat, la terre et seigneurie de
l’Aubépin que ceux-ci leur affermèrent pour trois ans, au prix annuel de 583
écus, 20 sols. Le 25 février 1606, Rolin épousa Marguerite Bourgeois, fille
de Claude, seigneur de Moleron et de Barbe Gontier. Il racheta, le 20 août
1608, la terre de l'Aubépin, du seigneur de Saint-Forgeux et d’Anne de
Gadagne, sa femme.
Il testa le 9 août 1627, à l’Aubépin, dans une chambre proche le portail,
appelée la chambre vieille, laissant Charles-Philibert,mort en 1638,
capitaine de chevau-légers au régiment de Beauregard; 2° François, qui suit;
3° Palamèdes, seigneur de Thorigny, capitaine de chevau-légers au régiment
d’Harcourt, marié à la fille du seigneur de la Bastie-sur-Cerdon; 4°
Hilaire, d’abord religieux, puis seigneur de Croisel, tué en 1640, au siège
de Pontarabie; 5° Guillaume, chamarier et seigneur de Savigny; 6° Jacques;
7° Pierre, 8° Benoit, morts jeunes; 9° Hippolyte, morte jeune; 10°
Marguerite, religieuse à Savigny. François de Sainte-Colombe, comte de l’Aubépin,
lieutenant-colonel au régiment d’Harcourt, marié d'abord le 12 janvier 1647,
à Suzanne d’Albon, puis le 21 février 1656, à Henriette-Renée de la Guiche.
Il testa le 21 août 1677, du premier lit vinrent Jacques, mort à Malte, à 21
ans; 2° Marie, religieuse; du second lit: Claude-Delle, qui suit; 4°
Ferdinand François, prieur de Notre-Dame du VaL-le-Duc; 5° Hector
(1663-1736), commandeur des Feuillées; 6° Antoinette-Henriette, religieuse à
Marcigny. Claude-Delle de Sainte-Colombe, baron de l’Aubépin et Sarry, marié
le 26 août 1680, à Marie Favre, dont François, qui suit; 2° Charles,
capitaine au régiment d’Anjou, tué en Piémont; 3° Henriette-Marie, mariée le
12 juin 1707, à Guillaume d’Angeville, vicomte de Lompnes, fils de
Nazaire-Joseph et de Catherine de Beau mont-Carra. François de
Sainte-Colombe,marquis de l’Aubépin, capitaine de cavalerie au régiment du
duc du Maine, assassiné en mai 1724, épousa le 17 novembre 1715, Diane d’Yzerand,
fille de Charles et de Claudine-Elisabeth de Sainte-Colombe.
Il testa le 14 octobre 1723, et Diane, le 6 juin 1736, elle mourut le 28
octobre 1750, ayant eu François-Benoît, qui suit; 2° Claudine-Elisabeth,
morte à trois mois; 3° Hector-Eléonor, mort à quatre mois; 4° Claude-Marie,
né le 3 juillet 1719, chevalier de Malte, capitaine au régiment de
Bretagne-Infanterie; 5° Claude-Marie, enseigne du Roi; comte de Montuclard;
mort le 23 février 1771; 6° Claude-Marie, comte de Sarry, capitaine
d’infanterie; 7° Marie Anne-Nicole, mariée à Charles-Gabriel de Moreton,
marquis de Chabrillan, morts tous deux en 1764. François-Benoît de
Sainte-Colombe, marquis de l'Aubépin (1718-1784), marié à Françoise-Marthe
Poussart du Vigean, morte à 38 ans, le 9 mars 1772, lui ayant donné Marianne
Amélie Benoîte Colombe, mariée le 24 novembre 1789, à Claude-Vital, comte de
Brosse; 2° Diane-Eléonore, mariée à Tobie-Marie-Joseph de Montenach; 3°
Hilaire-Marguerite-Joachime (1771-1843), mariée le 22 juillet 1787, à Louis
Marie, comte du Lieu de Chenevoux; 4° Hugues-Marie-Louis, marquis de l’Aubépin,
officier au régiment du Roi, mort à 24 ans, le 25 juillet 1789. En 1849,
Louis-Marie du Lieu, comte de Chenevoux, petit-fils d’Hilaire de Sainte
Colombe, qui avait apporté l’Aubépin aux du Lieu, vendait le vieux manoir au
comte de Murard. Adolphe, comte de Murard était fils de Benoit-Rose et de
Marguerite Chiquet de Bresse. Il épousa le 20 mai 1839, Joséphine de Romanet
de Lestrange, dont Marc (1840-1837); 2° Jeanne-Marguerite-Blanche-Bertille,
mariée le 16 mai 1863, à Louis-Albert, comte de Monteynard; 3°
Marie-Louise-Marguerite-Gabrielle, mariée le 3 janvier 1885 à Henri, comte
de Chabannes, fils de Gaston et de Blanche de Saint-Phalle. C’est à ce
dernier que revint l’Aubépin qu’il vendit vers 1904 à M. Victor Junet. (1)
Éléments protégés MH : le château, sauf parties classées ; le pavillon de
Sainte-Agathe : inscription par arrêté du 16 novembre 1989. Les façades et
les toitures du château ; ple avillon d'entrée ; la cour intérieure avec sa
galerie ; la grande salle du rez-de-chaussée avec sa cheminée ; le parc, y
compris l'ancien potager : classement par arrêté du 26 février 1991. (2)
château de L’Aubépin 42470 Fourneaux, tél. 06 19 74 20 19,
trois vastes chambres d'hôtes avec vue sur le parc à la
française dessiné par
André Le Nôtre.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
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historique.
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dans ce département. |
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