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La maison forte de Morenol apparaît
dans la documentation écrite au XVIe siècle seulement. Au début du XVIe
siècle, elle semble appartenir à Jacques de Puyclamand, conseiller du roi et
élu de Forez. Au milieu du XVIe siècle, elle est à Pierre de Tremolles (ou
Tremeolles), écuyer, puis en 1593 à Philippe de Tremeolles, écuyer, seigneur
de Vernoilles et de Morenol: elle est alors entourée de fossés avec
pont-levis. Le 25 octobre 1637, Antoine de Tremeolles, fils du précédent, la
vend à Jacques Chirat. Celui-ci est issu d'une famille de notaires puis
d'officiers documentée à Sury-le-Comtal depuis le début du XVe siècle; son
père, Antoine Chirat, vient s'établir à Montbrison dans la deuxième moitié
du XVIe siècle: il y achète une maison, vit de ses rentes et établit sa
sépulture dans l'église collégiale Notre-Dame, préparant l'accès à la
noblesse de la famille. Jacques Chirat (mort en 1662) commence une carrière
dans l'administration royale à la fin du XVIe siècle, avant d'obtenir la
charge d'élu du pays du Forez en 1604. Après avoir acquis par mariage le
fief de la Pommière (Grézieux-le-Fromental), pour lequel il prête hommage en
1622, il achète celui de Morenol. Des commentaires portés sur des copies des
actes réalisées au XVIIIe et au XIXe siècles indiquent que Morenols était
sans doute un franc alleu (ce qui expliquerait le silence des archives avant
le XVIe siècle); Jacques Chirat paye cependant la taxe de ban et
d'arrière-ban en 1639, et demande à prêter hommage en 1646, en déclarant
qu'il a acquis Morenol comme fief.
C'est sans doute au même moment que le site change de nom pour devenir
château de Montrouge (ce changement est mentionné dans un acte de 1627
portant sur la cession de droits seigneuriaux par Gabrielle de barge à
Philippe de Trémolles, mais il s'agit peut-être d'un commentaire de celui
qui a copié l'acte en 1728). La carte de Cassini (deuxième moitié XVIIIe
siècle) confirme le dédoublement du village de Morenol et du château (ou
fief) de Montrouge). Le corps de logis rectangulaire, en fond de cour, avec
des tours aux angles orientaux, correspond peut-être à l'ancienne maison
forte, que l'on pourrait dater de la fin du 15e siècle. Le Forez
pittoresque... (et après lui Salomon) indique qu'une "façade est bâtie en
briques de couleur dessinant des compartiments à la mode du Bourbonnais";
cependant le texte n'est pas clair sur la localisation de la façade en
question (qui serait à la fois "flanquée de deux grosses tours rondes" et
"ornée de médaillons d'empereurs romains", ce qui est incompatible avec
l'existant) et les cartes postales du début du XXe siècle ou le cliché pris
par Félix Thiollier montrent déjà un château totalement enduit, ce qui ne
permet pas de vérifier cette affirmation. Ce logis a été agrandi, sans doute
après son acquisition par Jacques Chirat (donc entre 1637 et 1662), en
avançant vers l'ouest la façade sur cour. L'escalier en vis contenu dans une
tour qui devait être en demi-hors-oeuvre sur la façade occidentale de la
maison forte s'est ainsi retrouvé pris à l'intérieur du bâtiment.
L'aile en retour au sud-ouest de ce corps de logis, qui présente des
encadrements d'ouvertures et une cheminée à piédroit et console oblique
datables de la première moitié du XVIIe siècle est sans doute contemporaine
de cet agrandissement, de même que l'aile nord, terminée par une tour
circulaire; cette tour était vraisemblablement déjà en place, et reliée au
corps de bâtiment par un mur. La construction du portail sud vient compléter
cette campagne architecturale. Jacques Chirat a sans doute été à
l'instigation d'une campagne de décoration intérieure du château, et de
l'aménagement d'une chapelle privée dans le château, peut-être dès 1644,
dont il ne reste pas de trace (elle occupait peut-être le rez-de-chaussée de
l'aile nord). En même temps, il commandite le réaménagement de la chapelle
Sainte-Madeleine (actuellement chapelle Saint-Aubrin, qui jouxte le choeur
au nord) à la collégiale de Montbrison, qui devient la chapelle familiale.
Dans le troisième quart du XVIIIe siècle, Jean-Marie Chirat de Montrouge
(mort en 1774) aurait fait reconstruire "le derrière de sa maison". Les
lambris chantournés et les cheminées en pierre à décor Rocaille qui ornent
plusieurs pièces (dont le salon au rez-de-chaussée) ont sans doute été mis
en place à cette époque.
Les ouvertures ont toutes été remaniées, avec remploi d'encadrements
moulurés de la première moitié du XVIIe siècle: sur la façade occidentale,
porte avec traverse remployée en linteau (armoiries rapportées au-dessus),
petites fenêtres du rez-de-chaussée du début du XIXe siècle (autrefois
barreaudées), fenêtres de l'étage agrandies au XVIIIe siècle; sur la façade
orientale, fenêtres de la fin du XVe ou du XVIe siècle (croisée supprimée)
pour la travée nord, portes-fenêtres au rez-de-chaussée remaniées au XIXe
siècle, fenêtres de l'étage agrandies au XVIIIe siècle; sur la façade nord
de l'aile sud, portes aménagées dans les anciennes fenêtres (porte orientale
percée au XXe siècle), la fenêtre à croisée de l'étage semble la plus
authentique (deuxième quart du XVIIe siècle). Les ouvertures à linteau en
plein-cintre du comble ont peut-être été mises en place lors d'une campagne
générale de réfection du comble après l'agrandissement par Jacques Chirat.
Les fenêtres en demi-lune de l'aile nord (côté nord) ont sans doute été
mises en place au milieu ou dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Sur la
première matrice cadastrale (avant 1830), l'édifice est mentionné, "château
et cour", avec un "jardin parterre" devant la façade occidentale. Les quatre
portails en brique et pierre édifiés à différents accès du parc et du
château sont datables de la fin du XIXe siècle (une facture du serrurier
Palley, de Montbrison, datée de 1891, est conservée au château). En 1887, le
domaine comptait en tout 91 hectares.
Après le décès d'Albert Chirat de Montrouge, mort célibataire en 1914, le
château a traversé une période d'abandon (pendant laquelle la cheminée en
bois sculpté de la salle à manger a été démontée). Il a été racheté dans le
troisième quart du XXe siècle par M. Prodon, industriel à Saint-Chamond, qui
l'a très largement restauré et remanié (travaux par l'entreprise de maçons
Bressiani, de Saint-Romain-le-Puy; renseignement oral); on lui doit entre
autres la réfection des toitures, la remise en place de décors déposés,
trouvés dans le grenier et l'aménagement du parc. Un important fonds
d'archives était conservé au château de Montrouge. Il a sans doute été en
grande partie classé et recopié par Albert Chirat de Montrouge, qui était
membre de la Diana (société archéologique et historique du Forez). Le fonds
a été donné aux Archives départementales de la Loire en 2000 par Jean Gonon
(documents datés entre 1380 et 1911), les copies (et quelques originaux)
restant au château; les originaux conservés aux Archives départementales ont
été consultés par sondage, ce sont les copies et les notes d'Albert Chirat
de Montrouge qui ont majoritairement servi à réaliser ce dossier.
Le château est édifié au nord du hameau de Morenol, entre le Vizézy et le
Moingt (son affluent); des dérivations du Vizézy alimentaient plusieurs
étangs (Le Grand étang de Montrouge existe en 1480; quatre étangs sont
régulièrement cités au XVIIIe, deux subsistent au XIXe siècle) et un moulin
(mentionné au XVIe siècle) dépendant du domaine, ainsi sans doute que le
fossé qui entourait encore l'édifice à la fin du XVIe siècle. L'édifice
était entouré de bois, à l'ouest, et d'étangs, au nord et à l'est; au sud se
trouvait un clos (signalé sur le plan de 1809), correspondant peut-être à
l'emplacement de la vigne mentionnée au XVIe siècle. A proximité était
édifié un pigeonnier, mentionné au XVIe siècle, cadastré en 1809, cité sur
un état de la propriété en 1867 et sur un acte notarié en 1887, mais
mentionné comme disparu sur un bail de 1899 (pigeonnier situé devant le
château, avant le chemin, détruit dans les années 1960). Dans la deuxième
moitié du XIXe siècle, les abords sont modifiés par le changement du tracé
de la route, transportée plus à l'est, ce qui permet la constitution d'un
parc clos (mur en moellon de granite) au sud et de part et d'autre des
bâtiments. Trois portails identiques commandent les accès au parc: un au
sud, au départ du chemin reliant le château au hameau, marqué par
l'aménagement d'une esplanade en demi-lune sur laquelle est plantée une
croix; un à l'est, le long de la route, dans l'axe des bâtiments de la
ferme; le dernier le long du chemin entre la route et la ferme, sur un muret
qui sépare le "jardin parterre" du château des parties agricoles.
L'édifice se compose d'un corps de logis cantonné de deux tours du côté est,
avec deux ailes (l'aile nord se termine par une tour de plan circulaire,
l'aile sud par un retour au sud, l'extrémité sud de l'aile étant pourvu
d'une toiture individualisée à croupes, qui lui donne l'aspect d'une
quatrième tour) délimitant une petite cour à l'ouest, ouverte sur une cour
de communs fermée au nord-ouest par un corps de bâtiment en L. L'accès à
cette cour est commandé par un portail avec porte cochère à fronton
triangulaire et porte piétonne, percé dans le mur sud, à l'extrémité du
tracé de l'ancien chemin venant du hameau de Morenol. Au nord se trouvent
les bâtiments de la ferme. Puits à proximité du portail est de la cour de la
ferme, à l'extérieur. Le logis est un bâtiment double en épaisseur, avec,
sur jardin, trois pièces en enfilade (du nord au sud: cuisine, salle à
manger et salon; la salle à manger a été subdivisée pour créer un couloir
dans l'axe de l'entrée). La cuisine a une cheminée d'angle en granite
précédées côté cour d'un vestibule encadré de chaque côté du départ des
ailes latérales. Une tour d'escalier en vis est implantée sur le gros de mur
séparant le vestibule du salon. L'aile sud estdivisée en quatre pièces
d'habitation, plus une pièce dans la tour; la pièce centrale est pourvue
d'une cheminée en granite, à linteau droit sur consoles en oblique et
piédroits moulurés à cavets. L'aile nord est une remise. L'étage reproduit
une distribution similaire, avec trois grandes chambres et un couloir côté
est, un grand corridor le long du côté ouest, une bibliothèque puis une
chambre avec garde-robe et cabinet de toilette dans la tour dans l'aile sud,
une chambre dans l'aile nord.
L'édifice est en pisé enduit, avec des encadrements en granite (quelques
encadrements en bois: certains encadrements extérieurs de l'aile nord,
encadrements de portes intérieures à l'extrémité ouest de l'aile sud, vers
la garde-robe et le cabinet de la dernière chambre, et extrémité est de
l'aile nord). Les toits sont à longs pans et croupes, en tuile creuse; toits
coniques sur les tourelles angulaires et sur la tour d'escalier, avec des
pentes diverses, en tuile creuse ou tuile écaille (tours orientales; génoise
pour la tour sud-ouest). Le parc présente un aménagement très simple, avec
quelques bosquets et des allées. Il comprend un chenil, au sud-ouest du
château. Il était bordé à l'ouest par une piste annulaire pour
l'entraînement des chevaux. Une petite pièce d'eau est creusée au nord-est
des bâtiments. Les communs du château s'organisent autour d'une cour de plan
carrée, à l'ouest de celle du château. Dans l'angle sud-ouest de cette cour
se trouve l'ancienne partie habitation, dans un corps de bâtiment de plan
rectangulaire, de trois travées, avec un étage carré et un comble à
surcroît. Le rez-de-chaussée, ouvert côté cour par une porte double en arc
en anse de panier, est aménagé en box à chevaux. Entre ce corps de bâtiment
et le portail sud de la cour se trouve un bâtiment à un étage, de trois
travées, avec remises au rez-de-chaussée et logement à l'étage. En retour à
l'ouest est édifié un bâtiment à un étage, avec remises au rez-de-chaussée
et fenil à l'étage. Au nord de la cour se trouve un bâtiment en
rez-de-chaussée construit sur l'emprise de la cour de la ferme mais ouvrant
vers la cour des communs, à usage de remise. Une habitation de quatre
travées à un étage, avec un petit garage à voiture attenant, est édifiée à
l'extérieur de la cour, au nord du château. (1)
Éléments protégés MH : le cabinet et son décor au premier étage de la tour
Sud-Ouest : inscription par arrêté du 16 janvier 1990.
château de Montrouge 42600 Savigneux, tel. 06.85.48.00.48, propose la
location pour réception.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
Claude Moritel pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer cette
page.
source
de la photo par satellite :
https://www.google.fr/maps
A voir sur cette page "châteaux
de la Loire" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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