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Il ne reste quasiment rien de l’intéressant
château brique et pierre de Saint-Denis-en-Val, irrémédiablement endommagé
lors de la crue de la Loire en 1866. Seule sa façade demeure, relativement
bien conservée compte tenu de l’abandon dans lequel les lieux ont été
laissés depuis plus d’un siècle, mais tout à fait insuffisante pour se faire
une idée précise de ce qu'était le château de L'Isle. En effet, aucune
représentation iconographique de cette construction, antérieure à la crue,
n’est parvenue jusqu’à nous. Cette terre doit son nom à sa situation
initiale. Jusqu’à la deuxième moitié du XVIe siècle, les différents bras de
la Loire enserraient, à cet emplacement, quatre flots boisés aujourd’hui
rattachés à la rive gauche grâce à la réalisation d’une levée circulaire.
L’un d’eux, la Petite-Isle ou Isle-aux-Bourdons, se dote d’un château vers
1530. Le commanditaire, Jacques Groslot, bailli d'Orléans depuis 1521,
obtient du roi François 1er, par lettre patente datée de 1535,
l'autorisation d’y ériger un pont-levis. C’est également lui qui fait
construire à Orléans, vingt ans plus tard, un hôtel portant son nom, lui
aussi en brique. Le château demeure aux mains de la même famille jusqu’en
1751. Il est alors vendu à Charles Maximilien Midou, seigneur de Cormes,
"dans un triste état de délabrement" comme le précise l’acte notarié. Son
frère Claude Louis Midou de la Chesnaye devient propriétaire quelques années
plus tard. En 1794, le fils de ce dernier, prénommé également Claude Louis,
vend son domaine à Pierre Luc François Jacques Mainville négociant d'étoffes
indienne à Orléans. En 1803, Joséphine de Mainville épouse de Jean-Jacques
Louet de Terrouenne, hérite la partie du domaine comprenant le château. En
1829, le domaine, territoire de Chécy, est attribué par décision du Conseil
d'Etat, aux communes de St Denis en Val et Sandillon.
En 1866, sous la pression du fleuve en crue, la levée cède à 150 mètres du
château. Il est en grande partie détruit ainsi que la ferme. En 1914, la
famille de Terrouenne cède le château au baron Henri Petiet. En 1925, il est
inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques. Devenu propriété de la
SAFER le temps d'aménager le domaine de Melleray, le château est vendu à M.
Bergeron en 1961, puis à M. Denis Girault, propriétaire actuel. Il reste
aujourd’hui, à la seule vue des chevaux qui occupent les lieux, un bâtiment
rectangulaire aux angles marqués de deux pavillons carrés dans œuvre. Le
centre de la façade est animé d’une tour, elle aussi dans œuvre, de plan
carré à sa base et dont la configuration angulaire se transforme à
mi-hauteur en fer à cheval, légèrement en retrait. Un choix particulier dont
la singularité trouve écho dans la construction de l’adorable château en
brique du Moulin, à Lassay-sur-Croisne, qui possède lui aussi une tour en
forme de fer à cheval dont la forme se maintient cette fois sur toute la
hauteur. Bien qu'aucun plancher ni aucune marche ne soient encore en place,
il est facile de restituer un escalier en pierre, en vis, dans la tour
centrale, peut-être même suspendu. Si l’on essaie d’imaginer le château
complet, il est possible d'envisager le doublement des pavillons sur la
façade postérieure ainsi que l'existence, au centre de la construction, d’un
"donjon", Torquat précisant, en 1853, que le donjon venait de disparaître.
Comme souvent lorsque la brique est utilisée le soubassement est en moellon
parementé de pierre de taille. De la pierre qui marque l’encadrement des
ouvertures mais aussi les bandeaux horizontaux moulurés qui délimitent les
différents niveaux. Un appareillage de brique, dans l’épaisseur des murs,
reproduit des losanges grâce à l’utilisation de la brique vernissée.
Soulignons la monumentalité de la porte qui menait certainement directement
à l’escalier et aux pièces du rez-de-chaussée: en pierre, cintrée et
encadrée de pilastres surmontés de chapiteaux sculptés, le tout portant
entablement et fronton triangulaire avec ports à feu aux extrémités et au
sommet. Des losanges en fort relief sur la plate-bande des pilastres
reprennent les motifs de la maçonnerie. Il est intéressant de remarquer que
les deux demeures de Jacques Groslot, construites à vingt ans d’écart, sont
toutes deux en brique et pierre, tout comme l’était la maison de ses parents
à Chambeaudouin en Beauce. (1)
Éléments protégés MH : les ruines du château de l'Isle : inscription par
arrêté du 30 juin 1925.
château de l'Isle 45560 Saint Denis en Val, visite des extérieurs
uniquement, vestiges. Association de Sauvegarde du château de l'Isle, tél.
02 38 86 95 93
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