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A la fin du XIIIe siècle, le repaire de Lacoste appartenait aux Guiscard,
lignage de chevaliers lié au castrum de Bélaye. Les généalogistes du XVIIIe
siècle les faisaient passer pour des descendants du normand Robert Guiscard,
duc de Pouille et de Sicile et fondateur du royaume de Naples et supposaient
que c'est en récompense de sa participation à la croisade des albigeois
qu'un cadet aurait été apanagé en Quercy par l'évêque de Cahors. De fait,
une famille de La Coste, attestée en 1250, semble avoir précédé les Guiscard
sur les lieux avant de disparaître de la documentation moins d'une vingtaine
d'années plus tard. Quoi qu'il en soit, Bernard de Guiscard, héritier de son
père en 1284, recevait à cette date les hommages de ses tenanciers dans la
sala de Lacoste. Deux ans plus tard, l'"ostal" paternel était encore occupé
par la mère, Finelle, qui y dictait son testament, laissant entendre que la
présence des Guiscard à Lacoste était antérieure à son mariage (vers 1245).
En 1301, c'est cette fois pour le "repaire" de Lacoste que Bernard de
Guiscard, toujours chevalier de Bélaye, faisait hommage entre les mains de
l'évêque de Cahors. Ce dernier tenait vraisemblablement ses droits de
suzeraineté de l'acquisition qu'il avait faite en 1236 de la châtellenie de
Bélaye dont Lacoste faisait partie au XIVe siècle. Le repaire de la fin du
XIIIe siècle, et son "ostal" comportant une "sala", sont encore
identifiables au sein l'édifice actuel. Il ne semble pas que le château ait
subi de dommages pendant la guerre de Cent ans. La famille de Guiscard
connut un revers de fortune en 1526, avec le bannissement de trois des fils
d'Antoine de Guiscard et la confiscation de leurs biens ; leur frère Jean
Ier dut en outre payer les frais de procédure, et son fils Jean II de
Guiscard, marié en 1529 à Souveraine de Genouillac, dut vendre une partie de
ses biens pour soutenir son état de gentilhomme de la Maison du Roi. Jean II
et Jean III sont des partisans déterminés du parti catholique et le château
de Lacoste est pillé par les protestants en 1580 : il est encore inhabitable
en 1595, année du compte de tutelle rendu par la veuve de Jean II, Françoise
de Labarthe (qui vivait encore en 1610). A Jean III, décédé entre 1602 et
1614, succède son fils Jean IV de Guiscard, mort en 1638-1639, marié en 1608
à Jeanne du Tilhet d'Orgueil, décédée en 1667 : c'est donc probablement à
Jean IV et à son épouse qu'il faut attribuer la reconstruction du château de
Lacoste. Confisqué à la Révolution, le château est vendu comme bien
national, puis revendu en 1825 à un industriel de Longwy nommé Clément qui
l'habite, sans doute après y avoir fait des travaux, jusqu'à sa mort en 1846
; il est alors acheté par un négociant de vins de Grézels, qui fait démolir
l'une des ailes. Le château connaît une succession de propriétaires qui le
laisseront à l'abandon jusqu'en 1960, date de son rachat par un banquier, M.
Bacquié, qui va le restaurer.
Isolé à l'extrémité d'une serre, le château de Lacoste, parfois appelé à
tort château de Grézels, domine à distance le bourg de Grézels et la vallée
du Lot. Entre les deux subsistent les vestiges d'une motte. En 1480,
toutefois, on mentionnait encore une "bourgade" à Lacoste. Celle-ci semble
avoir disparu au XVIIe siècle alors que la reconstruction du château
s'opérait et seuls quelques murs ayant pu appartenir à une enceinte semblent
en perpétuer le souvenir en contrebas du château actuel. L'édifice se
présente aujourd'hui sous l'aspect d'une importante maison forte dont les
couronnes continues de mâchicoulis et les volumes sévères cantonnés de tours
carrées évoquent la silhouette des grands châteaux italianisants des
Charentes dont le Château-Chesnel passe pour avoir constitué le prototype.
Une courtine encadrée par deux tourelles rondes à mâchicoulis ferme la cour
côté plateau. Son portail muni de deux rainures indique qu'il disposait d'un
pont-levis et qu'il était donc précédé par une tranchée. L'une des
tourelles, à gauche de l'entrée abritait un oratoire qui apportait au
système défensif le concours d'une protection sacrée ce qui n'excluait pas
la présence de canonnières de faible calibre, certaines d'entre elles
percées dans les allèges de fenêtres. A l'opposé de la courtine, le logis
principal occupe le front sud de la cour carrée et bénéficie des vues sur la
vallée du Lot. Ses couronnements de mâchicoulis se prolongent sans
décrochement sur ceux de deux gros pavillons saillants établis à la même
hauteur. Sur la cour, un troisième pavillon, dans l'oeuvre celui-ci, abrite
l'escalier à volées droites. Il dominait la façade avant que celle-ci ait
été surélevée. La porte d'accès surmontée d'un fronton à volutes interrompu
par une fenêtre en tabernacle, s'inscrit dans une travée de croisées. Le
style de cette porte, de même que celui des grandes croisées doubles des
façades et des canonnières en cupules suggère de les attribuer aux premières
décennies du XVIIe siècle.
Toutefois, l'homogénéité architecturale de l'édifice n'est qu'apparente. Les
maçonneries de l'édifice recèlent en effet, dans les parements extérieurs
comme sous les enduits intérieurs, les vestiges d'un édifice médiéval
primitif dont les premières mentions apparaissent en 1284. Les vestiges
d'archères, de soupiraux chanfreinés et les trilobes d'une fenêtre à
colonnette, de même que les parements de moyen appareil habituels dans les
maçonneries médiévales permettent de restituer de proche en proche les
contours du repaire de la fin du XIIIe siècle. Ces indices montrent que ce
repaire se composait en fait d'une épaisse tour carrée et de deux logis en
équerre venus s'y adosser. La "turris" de Lacoste, dont les vestiges sont
identifiables par l'appareillage massif de ses maçonneries, n'existe plus
que par l'une de ses élévations. Son implantation inhabituelle en contrebas
de la terrasse rocheuse qui constitue la cour du château, est peut-être due
à des problèmes de sol ce qui expliquerait son effondrement, survenu
semble-t-il peu avant la reconstruction de l'édifice entreprise à la fin du
XVIe siècle. Le repérage des raccords de maçonneries montre que cette tour
avait précédé sur le site l'édification des logis médiévaux venus s'y
adosser, eux-mêmes attestés dès 1284. Il semble donc que la "turris" ait été
originellement isolée. Ses vestiges, encore lisibles sur une hauteur de 12
m, appartenaient à un édifice de plan carré, de 7,85 m de côté et aux murs
épais de plus d'1,70 m. La disparition des percements ne permet plus d'en
préciser la distribution. Toutefois, les traces de deux retraites de
maçonneries indiquent qu'il s'agissait d'une tour planchéiée, de trois
niveaux au moins. Le testament de Finelle, veuve de Bernard II de Guiscard
(1286), induit que cette tour, antérieure à l'"ostal" de son époux, aurait
pu être édifiée par le père de ce dernier, dès avant 1250. La présence d'une
baie à colonnette dans la cage d'escalier de l'édifice du XVIIe siècle, de
même que les archères et les chaînes d'angle qui apparaissent à l'examen de
la façade sur cour, jalonnent le contour des anciens logis qui s'adossaient
à la "turris". Composés de deux ailes distinctes, ils enveloppaient la tour
sur ses deux côtés est et sud. L'aile la plus ancienne, fondée sur la
terrasse rocheuse, occupait une emprise de 7,5 m sur 14 m environ et
laissait dégagé l'angle sud-est de la "turris". Elle comportait deux niveaux
au moins, à en juger par la chaîne d'angle bien apparente en façade qui
marque encore son angle sud-est. Deux archères adoucies par un large
chanfrein subsistent à la base de son élévation sud. Sur des soubassements
contemporains de cette première salle, une extension en équerre fut édifiée
après-coup à l'est. L'irrégularité de son plan implique plusieurs pièces et
induit a contrario que la "sala" dans laquelle Bernard de Guiscard reçut
l'hommage de ses vassaux en 1284 était incluse dans l'aile précédente. Deux
fenestrons chanfreinés, dont les linteaux d'embrasures étaient classiquement
soulagés par des coussinets, en marquent les deux premiers niveaux. Le
troisième niveau, outre les vestiges d'une armoire murale, conserve les
traces d'une baie géminée ouverte dans une embrasure à coussièges. Le
chapiteau en a disparu mais la base de la colonnette ornée de griffes et le
trilobe aigu qui étoffe ses intrados, conduisent à l'attribuer au dernier
quart du XIIIe siècle voire au début du siècle suivant. (1)
Éléments protégés MH : le château, à l'exception des parties classées :
inscription par arrêté du 8 décembre 1961. Les façades et les toitures, le
sol de la cour : classement par arrêté du 25 avril 1997.
château de La Coste 46700 Grézels, tél. 05 65 21 34 18, musée du vin, ouvert
au public du 14 juillet au 30 août, tous les jours de 15h à 18h, visite
libre du Musée, visite guidée du château.
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