|
Le site à nul autre pareil où se dresse le
château de Belcastel, falaise vertigineuse dominant les eaux claires de la
Dordogne et de l’Ouysse à leur confluent, exprime encore la beauté sauvage
et rude qui devait sourdre des lieux aux temps moyenâgeux. Ces terres
appartiennent, au Xe siècle, à Adhémar des Échelles dont le testament
mentionne l’existence d’une première forteresse, castrum etiam bellum, qu'il
donne aux moines de l’abbaye Saint-Martin de Tulle. Un siècle et demi plus
tard, le cartulaire de l’abbaye indique la présence dans ces lieux d’une
famille de Belcastel. Celle-ci s’est donc appropriée le nom de la forteresse
qu’elle occupe. Devenue rapidement une lignée puissante de chevaliers, son
nom est souvent cité parmi les donateurs de l’abbaye cistercienne d’Obazine.
L’un de ses membres, Hugues, s’allie au vicomte de Turenne en épousant sa
fille Étiennette, vers 1160. Au XIIIe siècle, la seigneurie est partagée
entre différentes familles. Outre les Belcastel, une branche des Cardaillac,
une branche des Cosnac, et plusieurs familles de petits chevaliers sont
nommés par leur suzerain Pons de Gourdon en 1234, quand ce dernier cède ses
droits sur les lieux à l’abbaye de Tulle: "Je vous ordonne de répondre à
l’avenir aux abbés et au monastère de Tulle comme à votre véritable
suzerain... Et je vous délie de ma juridiction, de l’hommage et de tout
droit appartenant à moi et aux miens dans les biens susdits pour quelle
raison que ce soit". Ainsi, le déclin des barons de Gourdon ramène-t-il
Belcastel dans le giron des abbés de Tulle, comme l’avait voulu, deux
siècles plut tôt, Adhémar des Échelles. Vers 1290, le mariage d’une
Belcastel avec Bernard Stéphani de Valon apporte à cette maison une partie
de la seigneurie et la forteresse, situation renforcée cinquante années plus
tard par un second mariage alliant les deux lignées.
Au XIVe siècle apparaît un nouveau coseigneur, Guillaume de Thémines. La
guerre de Cent Ans n’épargnera pas la forteresse. Elle sera même une des
premières places fortes occupées par les troupes anglaises en Quercy, en
1348. La fidélité des Belcastel au roi de France leur permettra, en échange,
d’être absout par ce dernier pour le meurtre de Bertrand de Rouffihac dont
ils s’étaient rendus coupables dans une rue de Rocamadour. La forteresse
sera attaquée et occupée maintes fois durant le conflit. Le XVe siècle voit
l’apparition dans les lieux d’une nouvelle famille de coseigneurs, les
Bauze, qui s’installent dans le château et y font édifier une chapelle.
Après un long litige, ces derniers accèdent à la pleine seigneurie au début
du XVIe siècle. Antoine de Bauze entreprend alors de relever de ses ruines
la forteresse et de l’embellir. En 1547, le mariage de sa fille Béraude avec
Antoine de Lion fait passer le fief dans cette famille protestante qui va le
garder jusqu’en 1650. À cette date, des difficultés financières obligent
leur descendant à céder Belcastel à... Jean-Charles de Belcastel, baron de
Campagnac, descendant lointain des anciens seigneurs, au prix de 44000
livres. Ce dernier sera empoisonné par sa femme Françoise de Giscard de
Cavagnac, en 1671. Poursuivie pour ce crime, elle sera condamnée à mort par
le tribunal de Martel, mais graciée ensuite par celui de Cahors. Elle mourra
en 1681, à la suite de l’agression perpétrée par son propre fils Louis de
Belcastel, sans doute lassé d’attendre sa part d’héritage...
Au XVIIIe siècle, le château passe à la famille de Calvimont, dont
l’émigration, au moment de la Révolution, va entraîner la confiscation des
biens. Les Grèzes de Saintours en sont les propriétaires au début du XIXe
siècle, mais en 1849, des difficultés financières les obligent à vendre la
propriété dont les bâtiments ruinés servent d’abri au bétail des fermiers,
et à un négociant de Brive, François-Firmin Martine. C’est l’une de ses
filles, Marie-Thérèse Gheerbrant, qui entreprend, vers 1895, la
restauration, voire la reconstruction complète des lieux. De la forteresse
primitive, il ne subsiste aucune trace. De l’ancien château reconstruit
après la guerre de Cent Ans, seuls les murs de soutènement peuvent
correspondre à l’ancienne enceinte. Sept avancements demi-circulaires, deux
rectangulaires marquent l’emplacement de tourelles et de réduits. La
reconstruction récente a, autant que faire se peut, respecté la
configuration ancienne des lieux qui se divisent en quatre parties
distinctes: le donjon, le corps de bâtiment, la chapelle et l’enceinte. Le
donjon surplombe la partie nord-est du promontoire. Il est construit en gros
moellons appareillés. Il ne restait, avant restauration, aucune trace de son
aspect défensif. Le corps de logis est un long bâtiment rectangulaire dont
la façade sud comporte une tour ronde à demi engagée. Celle-ci comporte au
rez-de-chaussée deux voûtes en berceau, et deux meurtrières ébrasées à
l’intérieur. Le sol du second étage a conservé son dallage de petits galets.
La chapelle se dresse à l’extrémité est de la falaise. Elle datait,
semble-t-il, du XIVe siècle, mais avait subi d'importants travaux au XVIe
siècle à l’instigation des Bauze, dont les armes figurent sur la clé de
voûte. Elle abrite également une cheminée dont le linteau est lui aussi orné
du blason des Bauze. À trois cents mètres environ de l’entrée du château, un
tertre est visible à l’ouest de l’enceinte. Il figure l'emplacement d’une
tour dont les substructions étaient encore présentes au début du XXe siècle.
château de Belcastel 46200 Lacave, propriété privée, visible de
l'extérieur uniquement.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Licence photo©webmaster B-E,
photos ci-dessous interdites à la publication sur internet, pour un
autre usage nous demander.
A voir sur cette page "châteaux
du Lot" tous les châteaux répertoriés à ce jour dans
ce département. |
|