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Construit sur un promontoire dominant la rive
droite de la Tourmente, le château de Croze pouvait communiquer visuellement
avec la forteresse de Turenne, au nord, et celle de Cazillac, au sud. Le
territoire est cité dès le IXe siècle dans le cartulaire de Beaulieu. Mais
les siècles suivants sont muets sur les lieux. Ce n’est qu’en 1470
qu’apparaît le "mas de Crozes", hommagé par Étienne de Vieilleschièzes,
seigneur du Bastit, qui l’avait acquis aux héritiers d’un sieur de Paulin.
Cet hommage est rendu au vicomte de Turenne, Annet de La Tour d’Auvergne.
Étienne de Vieilleschièzes occupait la charge de procureur chargé de
l’administration des biens de la vicomté. Ses descendants vont se succéder
dans les lieux jusqu’en 1611, date à laquelle disparaît sans héritier
Raymond de Vieilleschièzes. La seigneurie passe alors à son neveu Jean de
Marqueyssac. Cette lignée se maintient à Croze jusqu’en 1813. Pendant toute
la période de la Révolution, Joseph-François de Marqueyssac avait pu
continuer à vivre dans sa demeure en raison de son état de santé, mais sa
femme avait été emprisonnée à Martel. En 1815, le château de Croze est vendu
à François de Verninac, d’une famille de robe originaire de Souillac. Avant
de fonder une maison de commerce puis une banque, François de Verninac avait
suivi comme attaché la carrière de son cousin Raymond de Verninac, chargé de
mission sous la Révolution, puis diplomate et préfet sous le Consulat, époux
d’Henriette Delacroix, sœur du peintre Eugène Delacroix. Ce dernier fera
deux séjours au château, où il exécutera quelques dessins. En 1855, il
écrira à un ami: "L’avant dernier jour, le 15, je dessine une partie de la
journée les montagnes, de ma fenêtre. Je dessine après le déjeuner et par la
chaleur le joli vallon où François a planté des peupliers. Je suis charmé de
cet endroit. La négligence qui est partout dans ce pauvre Croze, et qui
m’avait choqué d’abord, avait fini par me plaire: rien n’y ressemble à nos
habitations d’aujourd’hui. L’herbe pousse où elle veut, la maison se
conserve toute seule".
Le château est toujours la propriété des descendants de François de
Verninac, qui comptent dans leur rang deux anciens ministres, Louis Malvy et
son petit-fils Martin Malvy. L'édifice a été progressivement construit au
fil des siècles. Il est composé d’un corps de bâtiment allongé, cantonné à
l’est par un pavillon rectangulaire muni de meurtrières, qui semble être la
partie la plus ancienne (peut-être un vestige du mas attesté au XIIIe
siècle), et flanqué à son angle nord-est par une grosse tour circulaire à
mâchicoulis datant du XVIIIe siècle. Une tour hexagonale logeant la vis fait
saillie sur la façade sud. Sa belle porte d’entrée à accolade sculptée est
ornée d’un décor de bâtons écotés qui la date du XVe siècle. Elle est
surmontée des armoiries des Vieilleschièzes "À trois pommes de pin". Au XIXe
siècle, des travaux d’aménagement sont entrepris par le maître de maison: la
construction d’un pavillon de garde à côté du pigeonnier, l'harmonisation de
la façade nord avec l’adjonction de corbeaux à double ressauts, l’apport
d’une balustrade sur la tour circulaire et la création de grandes lucarnes
rythmant la haute toiture recouverte d’ardoises du logis principal. Cette
restauration soignée et soucieuse d’homogénéité diffuse sur les lieux le
charme ressuscité de temps à jamais évanouis. (1)
Éléments protégés MH : le château, les deux pavillons de la cour et les
bâtiments de la ferme modèle : inscription par arrêté du 17 mars 1999.
château de Crozes 46600 Sarrazac, propriété privée, ne se visite pas,
visible de l'extérieur.
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