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Richard, seigneur de Martinvast,
faisait, en qualité de vassal, avec la communauté de Cherbourg, le service
dû à Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre; il possédait des
domaines importants en Angleterre, notamment dans le comté de Nottingham. La
vieille tour couverte de lierre qui se voit au nord du château "moderne",
constitue probablement le dernier vestige de la forteresse féodale de ces
puissants seigneurs du XIIe siècle. A diverses reprises, les registres de
l'Échiquier font mention de la seigneurie de Martinvast. Au XVe siècle, l'un
des seigneurs de la paroisse fut décapité sous Louis XI, et par ordre de ce
prince; peut-être n'avait-il commis d'autre crime que de prendre parti,
contre lui, pour son fils le duc de Normandie? Il serait téméraire cependant
de l'affirmer. La terre de Martinvast passa ensuite dans la famille de
Beaurepaire et prit le nom de Beaurepaire-Martinvast, puis dans celle des de
Reveillasc. Mademoiselle de Reveillasc ayant épousé le comte général du
Moncel, ancien député de la Manche et pair de France, apporta ce domaine en
dot à son mari. A la mort du général, sa veuve vendit ce domaine, très
diminué d'importance, à Madame la baronne de Schickler. A la fin du XIXe
siècle, sa fille, Madame la baronne Hubert de Pourtalès, en était
propriétaire, sous l'usufruit de M. le baron de Schickler, son père. Le
château moderne, édifié en partie par M. du Moncel, et en partie par M. le
baron de Schickler, occupe l'emplacement de l'ancien château qui fut ruiné
par la guerre de cent ans, au milieu d'un magnifique parc de 150 hectares.
Des pièces d'eau ombragées d'arbres superbes, de grandes pelouses semées de
bouquets séculaires, de larges avenues, ménagées au milieu des hauts taillis
et des vastes herbages, font de ce domaine, habilement maintenu en valeur,
une résidence véritablement princière.
La construction s'élève sur un haut sous-sol: le corps d'habitation
principal, dû à la famille du Moncel, fait face au sud. Il comprend un
rez-de-chaussée et un seul étage surmonté d'un toit percé de fenêtres en
pierre; deux tours rondes se détachent à chacune des encoignures.
Construites en blocage avec cordons et corniche de pierre, soutenant un
deuxième étage en encorbellement, elles se terminent par des toits en forme
de poivrière. Au haut du perron d'accès, deux lions en marbre rouge italien,
supportent, de chaque côté, sur leurs croupes, une colonne torse qui
soutient le porche triangulaire protégeant contre la pluie la principale
porte d'entrée. Dans la pointe de ce pignon est encastré un bas-relief
représentant deux ibis. De cet endroit, la vue est superbe: une immense
pelouse déroule son tapis de verdure jusqu'à la longue avenue ouverte dans
le parc, dont une haute et svelte pyramide en pierre coupe la perspective à
la limite de l'horizon. C'est au baron de Schickler que revient l'honneur de
la construction de l'aile orientée à l'est, laquelle constitue la partie
vraiment artistique de cette aristocratique demeure. L'architecte qui l'a
conçue s'est évidemment inspiré, dans la disposition de la rotonde, dans le
dessin de ses fenêtres, de la lanterne surmontant les hautes cheminées
cylindriques, du style en usage dans les dernières années du XVIIIe siècle.
La galerie du rez-de-chaussée est formée de trois arcades larges et basses,
de forme ogivale. Une élégante colonnette, à chapiteau feuillagé, divise
chacune de ces fenêtres en deux baies secondaires, surmontées d'un oculus au
centre de l'imposte. De hautes fenêtres ogivales, sous un pignon pointu,
rompent la ligne du toit. L'heureuse disposition des cheminées, l'élégante
silhouette du pignon méridional, le judicieux emploi de la pierre et des
granits de Flamanville et de Diélette donnent à l'ensemble de ce bel
édifice, un caractère accusé de luxe aussi confortable qu'artistique.
La façade nord n'est intéressante que par la galerie en style ogival qui
court le long de l'ancien corps de bâtiment, élevé par M. du Moncel, en
reliant la façade de l'ouest avec l'aile construite par M. de Schickler. A
la fin du XIXe siècle, le domaine de Martinvast devait surtout sa célébrité
au haras, dont la réputation était universelle en Europe parmi les éleveurs
de chevaux de course ou de luxe. Fondé en 1868 par le baron de Schickler, il
renferme à cette époque 24 à 26 juments, 3 à 4 étalons, et notamment, Le
Sancy , Dolma Baghtché, gagnant du grand prix de Paris, Fra Angelico et le
vieux Perplexe. Les éleveurs normands, fiers de la beauté de ces produits,
tout autant que les amateurs du turf, ont fait au baron Schickler et à son
haras de Martinvast, une notoriété justement méritée. Ils lui sont
reconnaissants des services que cet établissement rend à l'amélioration de
la race chevaline, dont l'élevage et l'éducation constituent la principale
richesse de nos départements de Basse-Normandie (1). En 1944, la
construction du XVIe siècle fut entièrement brûlée par une bombe anglaise
tandis qu'une bombe américaine détruisait la moitié de l'aile néo-gothique
construite au XIXe siècle. Après la guerre, la comtesse Hubert de Pourtales,
fille du Baron Arthur de Schickler, sépara des ruines la partie de l'aile
néo-gothique intacte. Il fallut attendre son acquisition en 1962 par son
petit-fils, le comte Christian de Pourtales Schickler, pour voir
entreprendre tout d'abord en 1967 la restauration de l'aile Est du XVIe
siècle, puis à partir de 1995, la construction d'une galerie de liaison
destinée à relier cette aile avec la partie intacte du château du XIXe
siècle. Le parc du château est l'un des plus beaux de Normandie.
château de Martinvast 50690 Martinvast, propriété actuellement fermée
pour travaux !
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