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Le domaine seigneurial de Sotteville comprenait deux fiefs nobles, l'un
nommé le fief de Sotteville; relevant de la châtellenie d'Oslonde et de la
baronnie de Bricquebec; l'autre, nommé le fief du Buisson, relevant
également de la baronnie de Bricquebec et réuni par achat au fief de
Sotteville, le 26 août 1643. La seigneurie de Sotteville existait au moyen
âge; trois familles l'ont possédée: les Le Marchand, les Durevie et les de
Beaudrap de la Prunerie. Le château actuel, construit dans le courant du
XVIe siècle, en a remplacé un plus ancien dont on ne connaît ni l'origine,
ni la forme; on sait seulement que c'était une vieille demeure féodale ayant
pont-levis et fossés, car on en voyait encore les traces à la fin du XIXe
siècle. Avec ses hautes futaies, ses longues avenues de chênes, ses deux
tourelles quadrangulaires, percées de meurtrières pour défendre l'entrée
principale, le château de Sotteville, situé dans un vallon arrosé par la
Divette, est certainement une noble et agréable demeure. On remarque une
fort belle cheminée dans la salle à manger et on regrette que le mauvais
goût du XIXe siècle ait fait disparaître les meneaux des fenêtres, ouvrant
ainsi de larges baies qui donnent plus de clarté, il est vrai, mais qui
enlèvent tout cachet au château de Sotteville. Mais heureusement le
châtelain actuel, Monsieur Henri de Beaudrap, se propose de remettre dans
son état primitif la demeure de ses aïeux, et, dans peu de temps, on pourra
admirer, dans le château restauré, un nouveau spécimen de la gracieuse
architecture du XVIe siècle.
Les plus anciens seigneurs de Sotteville sont les Le Marchand, dont le nom
et le souvenir sont tout à fait oubliés dans la paroisse et dont on sait du
reste fort peu de chose. Vers la fin du XVe siècle, Jeanne Le Marchand,
fille du seigneur de Sotteville, épouse Jean Bazan, seigneur de Flamanville.
C'est à peu près tout ce qu'on sait sur cette famille qui disparaît
complètement en 1490, Ferrault Le Marchand ayant vendu sa seigneurie de
Sotteville, à Jean Durevie, bourgeois de Valognes. A peine entrée en
possession de la seigneurie de Sotteville, la famille Durevie entreprit
d'importants travaux: le château actuel est son œuvre; il en est de même de
la tour de l'église que Gauthier Durevie, seigneur et patron, fit
construire, l'an 1500, ainsi que l'atteste l'inscription placée sur la porte
de la dite tour. Quoique originaires de Valognes, ville qui était alors le
séjour habituel de la noblesse du Cotentin et qu'on appelait le petit
Versailles, les Durevie paraissent avoir fait de Sotteville leur résidence
ordinaire: plusieurs pierres tombales portant leurs noms existent encore
sous les bancs du chœur, du côté de l'évangile, où était le banc seigneurial
et sous lequel fut inhumé le dernier des Durevie, le 8 juillet 1678. Les
Durevie, comme leurs prédécesseurs, les Le Marchand, seraient depuis
longtemps oublies à Sotteville, si du haut de la chaire, on ne les
recommandait de temps à autre aux prières des fidèles. En 1700, par son
mariage, Anne Durevie fit passer la seigneurie de Sotteville dans une autre
famille, la famille Beaudrap de la Prunerie qui la possédait encore au début
du XXe siècle. Comme toutes les bonnes familles nobles de la contrée et de
l'époque la famille Beaudrap de la Prunerie résidait ordinairement à
Valognes où elle avait son hôtel; aussi les registres de catholicité de la
paroisse de Sotteville ne contiennent-ils aucun acte la concernant, avant le
16 août 1776, où l'on trouve l'acte d'inhumation de noble homme
Jean-Bonaventurc de Beaudrap, chevalier, seigneur et patron de Sotteville,
seigneur en partie de Saint-Christophe-du-Faocq, de Malassis au Vrétot et
autres lieux, maire de ville en la ville de Valognes, etc.
C'est ce seigneur qui abandonna le titre seigneur de la Prunerie, pour
prendre celui de Sotteville, et, à partir de cette époque, les divers
membres de cette famille ont toujours signé de Beaudrap de Sotteville ou de
Beaudrap, à partir du commencement du XIXe siècle. Pierre-François de
Beaudrap, fils de Jean-Bonaventure et d'une demoiselle Jallot de Beaumont,
succéda à son père comme seigneur de Sotteville et résida continuellement
dans son château, à partir de 1780. Il fut député de la noblesse aux États
généraux et mourut en 1823. De son mariage avec dame Barbe Duchemin de
Claids, il eut plusieurs enfants dont les noms suivent: M. Charles Camille
de Beaudrap, mort, maire de Sotteville en 1808; M.
Pierre-Hyacinthe-Bonaventure de Beaudrap, né en 1781, mort en 1878, homme
d'une piété douce et austère et d'une charité inépuisable; Mademoiselle
Sophie-Désirée de Beaudrap, mariée en premières noces à M. Le Forestier de
Saint-Malo, et en secondes noces à M. Labbey de Druval; Mademoiselle
Marie-Joséphine de Beaudrap qui épousa M. de Vauquelin, le 10 février 1813;
et enfin M. Charles-Marie-Désiré de Beaudrap, décédé, maire de Sotteville,
en 1848. De son mariage avec Mademoiselle Julie Lefebvre d'Annéville, M.
Charles de Beaudrap laissa quatre enfants: M. Pierre-Désiré-Alfred de
Beaudrap, maire de Denneville au début du XXe siècle; Mademoiselle
Marie-Élisabeth de Beaudrap, bienfaitrice de tous les pauvres de la contrée,
M. Charles-Ernest-Gaston de Beaudrap, décédé en 1869, lieutenant au 3e
hussards, et M. Jules-Octave-Ernest de Beaudrap, décédé, maire de
Sotteville, en 1880. Les habitants de Sotteville conserveront longtemps le
souvenir de cet habile administrateur qui sut, en vingt ans, transformer
cette petite commune et en faire une des plus agréables de la contrée. De
son mariage avec Mademoiselle Marie-Françoise-Caroline de Trimond, M. Ernest
de Beaudrap a laissé deux enfants: Mademoiselle Claire-Marie-Marguerite de
Beaudrap, vicomtesse Edmond Le Mintier, et M. Marie-Charles-Joseph-Henri de
Beaudrap, marié à Mademoiselle Marie-Thérèse Lucas de Saint-Luc de Couville,
et possesseur du château au début du XXe siècle. (1)
Éléments protégés MH : les façades et toitures du château ; les façades et
les toitures des communs, les façades et les toitures du château, à
l'exclusion de celles du pavillon nord-est ; les façades et les toitures des
communs : inscription par arrêté du 12 octobre 1964. Les façades et les
toitures de la ferme ; le parc, tel qu'il est délimité sur le plan annexé à
l'arrêté, comprenant le système hydraulique (lavoir, pièce d'eau et canal),
le jardin potager et ses murs de clôture, les jardins en terrasses et leur
serre, les avenues de Face et de l'Eglise : inscription par arrêté du 21
décembre 2000. Le corps de logis du château : inscription par arrêté du 13
février 2002. Les trois cheminées de la cuisine, de la salle des gardes et
de la salle à manger ; les deux colombiers et la boulangerie, en totalité ;
les façades et les toitures des communs entourant la cour d'honneur, y
compris celles de la grange attenante au colombier nord : classement par
arrêté du 13 février 2002. (2)
château de
Sotteville 50340 Sotteville, propriété privée, seuls les extérieurs sont
ouverts à la visite les après-midi, sauf le dimanche, de juillet à
septembre. Le parc a été transformé en parc à l'anglaise vers 1899.
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