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Sur le territoire de Bierné, voici le château de
la Barre appelé autrefois la Guenaudière, splendide demeure avec ses deux
pavillons, ses douves et son parc. Le château actuel de la Barre doit sa
reconstruction à l'architecte Louis Garnier qui l’a complètement restauré;
il est loin de rappeler la forteresse édifiée, vers 1600, par Cécile de
Monceaux, épouse de Jacques de Chivré et "intrépide huguenotte". Ancienne
dame d’honneur de Catherine de Bourbon, Cécile de Monceaux conçut elle-même
les plans de son château qui devait remplacer un castel du XVe siècle. A
moitié construit, avec de puissantes assises, percé de meurtrières et
entouré de douves protégées par un chemin de ronde souterrain et voûté, il
parut si menaçant que les catholiques angevins s’effrayèrent et 'on s'alarma
jusqu'à Angers'. À cette époque la Barre figure parmi les centres de culte
protestant de la région: les ouvriers qui travaillaient à son édification
furent tous des partisans de la Réforme. On les accusa d’odieux "brigandages
et on déposa une plainte pour les violences, ravages, exactions faites par
les manœuvres et autres gens travaillant au bastiment de la Guenaudière…".
Un ordre royal vint interrompre définitivement la continuation des travaux.
La Barre comptait alors deux corps de bâtiments. Son chemin souterrain,
sorte de casemate, était percé de meurtrières donnant sur les douves; il
débouchait dans les sous-sols. Les corps de logis étaient reliés entre eux
par une galerie peu profonde surmontée d’un étage qui abritait la salle
utilisée pour le prêche.
Même inachevé, le château de la Barre fut une luxueuse demeure jusqu'en
1673, date à laquelle il se trouvait "si délabré" qu'il y manquait plus de
200 vitres. Après sa restauration, il dépassa son antique splendeur en
perdant toutefois sa forme primitive. Le fief de la Guenaudière relevait du
Plessis-Bourel qui devint par la suite une de ses dépendances. Son détenteur
devait au suzerain une épée et un poignard doré. En juin 1653, l'érection de
la Barrre en marquisat ne semblerait pas avoir laissé d’authentique. Le
domaine fut d'abord la propriété de la famille Auvé, de 1362 à 1474. Il
échut à Guillaume de Marigné puis, à la suite du mariage de Jacqueline de
Marigné avec Jean de Chivré, seigneur du Plessis-de-Chivré (1493), il vit
défiler leurs descendants jusqu’en 1720. Il fut acheté ensuite par
Jean-Baptiste de Colbert de Torcy qui l'érigea en comté. Après l'alliance de
Constance de Torcy avec le Maréchal, comte de Mailly, Anne de Mailly hérita
de là propriété qu’elle vendit au Contrôleur des Guerres, Olivier-Ambroise
Dubois. La fille de ce dernier, Thérèse, épousa Pierre-Marie du Plessis
d'Argentré. Leur fille, Caroline, unit sa destinée à celle de M. de Robien.
En 1892, le petit-fils issu de ce dernier mariage vendait la Barre à M. le
baron Alfred de Chivré, capitaine-commandant dans le régiment de dragons,
chevalier de la Légion d'honneur et maire de Bierné, descendant des Chivré
de Sottevast, qui entreprend d'importants travaux de modernisation. En 1832,
la demeure abrita l'un des principaux rassemblements des insurgés de la
duchesse du Berry.
La Barre se souvient plus particulièrement de la petite Catherine de Chivré,
fille de Cécile de Monceaux, qui est née en avril 1586. Sa marraine au
temple protestant, Catherine de Bourbon, sœur d'Henri IV, la fit admettre à
la Cour dès l’âge de douze ans. Elle y reçut l'instruction et l'éducation de
"maîtres de choix". On raconte que Henri IV avait remarqué la fillette parmi
les "beautés de la Cour de sa sœur". Le plus brillant avenir semblait donc
lui être réservé lorsqu'au printemps 1599, la mort mit un terme à son
sourire ingénu. Elle n'avait que treize ans ! Pendant que la rumeur
cherchait à dramatiser ce décès inattendu, Catherine de Bourbon laissa le
soin à Abraham Tancrède d’ériger une statue tombale, en marbre d'Italie,
pour la filleule qu’elle chérissait. Catherine y est représentée dans ses
plus beaux atours. Des rimes de la princesse de Bourbon et de Madame de
Rohan et de longues épitaphes latines signées David de Vacquier sont
toujours lisibles sur le monument. Pendant la Révolution, le tombeau fut
profané et on rapporte qu’un paysan déroba un jeu de quilles en or enseveli
avec la fillette. Recueillis avec beaucoup de soin, les débris du mausolée
ont permis de le rétablir, vers la fin du XIXe siècle, dans un oratoire
baignant dans les douves. (1)
château de la Barre 53290 Bierné, association du Révérend Père de Chivré.
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