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Autrefois, la route menant de Craon à La Roë passait
devant la façade ouest. L'arrière donnait alors sur la campagne, les étangs
et les bois. La route actuelle de Château-Gontier est une route stratégique,
tracée après les événements de 1832 dans le département de la Mayenne.
Édifié entre 1490 et 1523 sur un terrain appartenant à l'abbaye de La Roë où
s'élevaient déjà une chapelle dédiée à saint Ouen ou saint Odon et un
logement pour les desservants de la paroisse, ce château à l'élégance
ligérienne est l'œuvre de Guy Leclerc de Goulaine, abbé de La Roë depuis
1493. À la fin du XVe siècle, ce prélat amateur d'art fait construire où
réaménager un manoir composé d'un corps de logis rectangulaire, desservi par
un escalier à vis aménagé dans une tourelle hexagonale. Une tour se trouvait
sur l'arrière, surveillant la campagne. À quelques pas se trouvait une
chapelle édifiée, dit-on, en 1430. Un bâtiment à pans de bois et des
écuries, qui disparaîtront au XIXe siècle, avaient été édifiés de part et
d'autre de la cour. C'est entre ce manoir et cette chapelle, toujours en
place, que Guy Leclerc fait construire, à partir de 1505, un corps de logis.
À cette date Guy Leclerc, abbé de l'abbaye de La Roë, devient aumônier de la
reine Anne de Bretagne. Par la suite, il cumulera outre cette charge, celle
d'abbé de Saint-Aubin-des-Bois, près de Saint-Brieuc, et celle d'abbé
commendataire de Saint-Jacques-de-Montfort. Ce sont autant de sources de
revenus considérables lui permettant de construire et d'orner sa demeure de
Saint-Ouen. Il célèbre les obsèques de la reine Anne et devient par la
suite, le conseiller de sa fille, Claude de France. Evêque de
Saint-Pol-de-Léon en 1515, il résilie sa charge et se retire en 1521 dans
son splendide logis de Chemazé. C'est là qu'il meurt le 11 mai 1523. Son
tombeau, édifié dans l'église abbatiale de La Roë est détruit lors des
guerres dites de religion.
Ce corps de logis central commencé en 1505 dont les travaux se poursuivent
encore en 1523 puisque Guy Leclerc prévoit dans son testament, le règlement
des ouvriers qui y travaillent, exprime tout le raffinement de la première
Renaissance. Le décor est celui que les seigneurs français ont ramené de
leurs expéditions italiennes dont on retrouve des éléments dans
l'ornementation des fenêtres du grand logis du château de Laval. Le tuffeau
est ici roi, tranchant avec la rigueur des tonalités de la pierre du manoir.
C'est son emploi, fort rare avant la fin du XV siècle, du fait des
difficultés de navigabilité de la Mayenne, qui a permis le foisonnement et
la délicatesse du décor sculpté de la tour d'escalier, pièce maîtresse de la
construction de Guy Leclerc. Dans cette tour se concentrent toute la beauté
et le raffinement de la première Renaissance dans notre région. De forme
carrée, elle abrite un escalier cylindrique. Haute de quatre étages,
éclairée de grandes fenêtres, elle est flanquée de colonnes lisses ou
torsadées d'une grande finesse et couverte d'une terrasse à la balustrade
ornée de la roue, arme parlante de La Roë. Le noyau de l'escalier est creusé
d'une main courante et orné d'arcatures du style qu'affectionnait l'époque
de François 1er. Le décor fait alterner les fleurs avec les initiales de Guy
Leclerc et la roue. Une tourelle en encorbellement, aussi ornée que la tour
d'où elle part, à l'angle gauche formé avec le logis, mène à la plate-forme.
Le logis se compose d'un rez-de-chaussée et de deux étages. Seuls les deux
premiers niveaux étaient aménagés au moment de la disparition du maître de
l'ouvrage. Le dernier resta à l'usage de grenier jusqu'à l'époque moderne.
Au rez-de-chaussée, deux cheminées remarquables expriment l'esthétique de
deux époques, l'une à son déclin, l'autre à sa naissance. Celle d'un salon
est encore gothique alors que celle de la grande salle est toute
Renaissance; son manteau est orné de feuillages, cornes d'abondance, deux
personnages aux vêtements plissés écartent des tentures pour montrer un
blason aujourd'hui muet, où devaient figurer les armes de La Roë, de part et
d'autre apparaissent les initiales de Guy Leclerc. Deux grandes salles
occupent l'étage, ouvrant sur l'escalier par deux portes jumelles à
l'encadrement raffiné. Dans l'une la cheminée présente un manteau orné de
trois enfants jouant avec une guirlande. La chambre de Guy Leclerc a
conservé une voûte à liernes et tiercerons d'où pendent, en clefs de
ciselure, écussons et fleurs. Le château de Saint-Ouen est resté la
propriété de l'abbaye de La Roë jusqu'à la Révolution. À partir du XVIIre
siècle, il est habité par le fermier général chargé de gérer les biens de
l'abbaye. Vendu comme bien national, à un cclosier de Chemazé du nom de
Julien Chevrollier chef de la Garde nationale, il est payé 28 000 livres en
assignats fort dévalués. Le nouveau propriétaire se contente de faire
disparaître le décor de crosses, fleurs de lys et croix. Après lui, son
fils, notaire à Château-Gontier convertit la chapelle en bergerie et le
dernier étage du château en grenier à fourrage. Le comte Henry de Sèze
l'acquiert en 1880. Il s'efforce et après lui son fils, de lui restituer sa
splendeur en aménageant les abords et l'intérieur sans le défigurer. Depuis
1951, Saint-Ouen appartient au vicomte Gabriel du Pontavice qui a restauré
la chapelle et continué l'œuvre de ses prédécesseurs. (1)
Éléments protégés MH : le corps de logis central avec sa tour carrée :
classement par arrêté du 13 décembre 1923. Le pavillon nord et la chapelle :
classement par arrêté du 4 mai 1944.
château de
Saint Ouen 53200 Chemazé, depuis 1951 le domaine appartient au vicomte
Gabriel du Pontavice qui a restauré la chapelle et continue l'embellissement
de l'édifice, propriété privée, visite des extérieurs uniquement.
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