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Dans la banlieue craonnaise, à l'extrémité d’une superbe
allée plantée de chênes séculaires, le château de la Jacopière s'élève dans
une oasis de verdure et de fleurs, à proximité d'un étang. L‘actuel château
de la Jacopière a remplacé, vers 1825, un manoir du XVIe siècle dont il
subsiste une tour octogonale en ruine. Envahie par le lierre, elle se dresse
encore fièrement près du vieux puits. Le château présente un grand corps de
bâtiment en forme de pavillon carré encadré par les communs et la chapelle.
Dans le bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Mayenne,
d'octobre 1985, Pierre Derrien et Dominique Eraud nous brossent ce portrait
de la demeure: "L'architecture est néo-classique: volume simple et massif,
sévérité et sobriété du traitement des façades en tuffeau et enduit, forte
muralité. Le centre de la façade d'entrée est souligné par le rapprochement
des trois travées d'ouvertures, tandis que du côté opposé l’axialité est
marquée par deux pilastres à refends surmontés d'un fronton. L'étage
d’attique a été fortement remanié en 1900. Ce type d’édifice est
caractéristique de la première vague de construction de châteaux en Mayenne
au XIXe siècle, avant que ne s'épanouissent les modes néo-historiques".
Fief mouvant de la baronnie de Craon, la Jacopière appartenait à Jean de La
Fléchère en 1393. Elle devait demeurer la propriété de cette même famille,
originaire du fief du même nom, en Saint-Saturnin-du-Limet, jusqu’au début
du XVIIe siècle. À la suite du mariage de la marquise de La Fléchère avec
Claude d’Armaillé, la propriété échut à Françoise d'Armaillé qui épousa
Louis de Champagné (1619, 1631). Leur fille, Anne, unit sa destinée à celle
de Charles du Rivau, en 1685. La famille de Bodard, l'actuel propriétaire du
château, fit l'acquisition de la Jacopière vers 1688. Elle puise son origine
chez les Bodard de La Grand-Maison, cités dans les Chroniques craonnaises et
portant comme armoiries "d'azur à trois têtes de loup d'argent, au dard d’or
en fasce" et, par concession de Louis XIII, "au chef d’or chargé d’une épée
de sable". Parmi les membres de cette famille, qui ont habité la Jacopière,
Henri-Louis fut receveur au grenier à sel de Craon. On lui attribue la
paternité de l'actuelle famille Bodard. Veuf d’Anne Poisson des Brosses,
épousée en 1755, il se remaria avec Marguerite-Antoinette Frémont de La
Merveillère. Né à Craon, le 12 avril 1758, Pierre-Hyacinthe fit ses études à
La Flèche. Plus tard, avec sa famille, il alla vivre à Marseille où la
Révolution le surprit. Il se réfugia alors à Toulon qui vit naître son fils,
Diego, le 17 novembre 1793. En Provence, Pierre-Hyacinthe sut mettre à
profit son séjour en continuant ses recherches sur la flore du Midi et il
fit "des découvertes utiles". La famille Bodard put sortir du port de Toulon
dans une barque et, après avoir été repoussée par un croiseur anglais, le 18
décembre 1793, elle fut recueillie par un vaisseau espagnol qui l’emmena en
Italie.
Diego de Bodard de La Jacopière fut donc embarqué dès sa naissance avec ses
parents, au milieu de nombreux périls, pour l'Italie où il perdit sa mère à
l’âge de trois ans. Lorsque Louis XVIII fut de retour en France, Diego fut
admis comme garde du corps de la compagnie de Noailles. Il accompagna le roi
jusqu’à la frontière pendant les Cent-Jours puis il revint en Anjou avec le
grade d'adjudant-major. Pendant le combat de Cossé, il recut neuf blessures
et fut laissé pour mort. Cela ne l'empêcha pas par la suite de reprendre un
service actif comme porte-drapeau dans le quatrième régiment de la garde
royale. Décoré de la Légion d'honneur, il fit ses adieux à l’armée quelques
années plus tard alors qu'il servait comme chef de bataillon. Diego fut
président du Comice agricole de Craon dès son organisation, de la Société
des Courses et vice-président de la Chambre d'Agriculture de
Château-Gontier. Diego Bodard de La Jacopière a sans nul doute beaucoup
contribué à la richesse agricole du Craonnais. Il est décédé, dans sa
demeure, le 19 avril 1874, en laissant trente-deux enfants et
petits-enfants, une série d'articles publiés dans L'Indépendant, un mémoire
sur l'industrie linière dans le Craonnais, les Chroniques craonnaises,
ouvrage historique important, et la Jacopière telle que nous pouvons la voir
aujourd’hui. (1)
château de la Jacopière 53400 Craon, propriété privée, ne se visite pas.
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