Château de La Boissière (Mayenne) |
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Pour découvrir le beau
château de La Boissière, il convient de traverser le bourg éponyme et à 500
mètres, dans la direction de Châtelais, en contrebas, au bout d'une allée de
verdure, apparaît la silhouette de pierre aux teintes sombres. Le château de
La Boissière est niché au fond de la vallée du Chéran qui allmente une
partie de ses douves. Cette position remonte loin dans le temps, les hommes
mettant toujours leurs pas dans ceux qui les ont précédés. Une tour de guet
est édifiée ici au XIIe siècle, sur la frontière entre l'Anjou et la
Bretagne. Il existait déjà à cet endroit un gué franchissant la rivière et
ce depuis fort longtemps puisqu'on y a retrouvé deux rouelles gauloises.
Au-dessus se trouve un champ dit "des menhirs" où les pierres en alignement
descendaient jusqu'à la rivière avant qu'on ne les renverse pour la plupart
où qu'on ne les débite. Une voie romaine passait sur la crête, face à la
tour On voit donc toute l'importance stratégique de ce site. La tour de guet
élevée au XIIe siècle est toujours en place, huit siècles après sa
construction et a conservé une partie de son plancher en bois. Au XIIIe où
XIVe siècle, elle est dotée au sud, d'un corps de logis tout en hauteur avec
une tourelle d'escalier extérieure placée en coin, entre les deux bâtiments.
Puis à la fin du XIVe siècle, une tour de remplissage vient compléter ces
deux bâtiments. On y aménage à l'intérieur des pièces à cuveau et à
latrines. Au sous-sol de cette tour le canal d'évacuation de ces latrines
est encore visible: pentu, il est dallé d'ardoises et s'ouvre par un regard
sur les douves.
Un rempart est aménagé perpendiculairement à la tour de guet, peut-être au
XIIIe où XIVe siècle, il est doté d'une ou deux tours dont l'une subsiste
encore (transformée au XVIe siècle en four à pain). Au XVIIe siècle, le
rempart et cette tour sont arasés pour aménager un corps de ferme, devant
lequel subsistent les traces de ce qui pourrait être la seconde tour À
partir de cette époque, le château n'est plus qu'un bâtiment de la ferme,
jusqu'à son rachat il y a une vingtaine d'années par les actuels
propriétaires qui s'emploient depuis à lui rendre son aspect originel. Les
matériaux employés à la construction de la maison forte de La Boissière sont
le grès bleu de Craon, le roussard, le schiste. La construction de la tour
de guet du XIIe siècle est plus soignée que celle qui lui fut accolée
postérieurement où l'on remarque en particulier que les grosses pierres ont
été employées en haut des murs et les petites en bas. Les arêtes de la tour
sont en roussard. Sur la façade ouest apparaissent des fenêtres à meneaux de
grès, fermées. Sur celle du nord, deux fenêtres romanes ont été rouvertes et
le petit édicule en saillie correspond au four à viande aménagé dans une des
cheminées du logis. L'intérieur est desservi par un bel escalier à l'axe de
grès bleu et aux marches en ardoise. Les pièces ont gardé leurs belles
cheminées dont une contient un four à viande. Une belle charpente du XIVe
siècle a été conservée. La terrasse aménagée sur le corps de logis permet
d'embrasser un très vaste horizon. Les douves du nord et de l'ouest sont
alimentées par le Chéran, affluent de l'Oudon: au sud et à l’est, elles sont
surélevées d'125 mètres et sont alimentées par des sources.
Ce château aux confins de deux provinces a été occupé par les Anglais durant
la guerre de Cent Ans et a fait partie des forteresses restituées au roi de
France par le traité de Brétigny. Le roi le confia par la suite à la famille
d'Argennes qui l'a gardé jusqu'en 1627. Jacques d'Argennes, seigneur de
Rambouillet était en 1567, sénéchal du Maine. En 1698, il est acquis par
Gabriel de Scepeaux dont la famille le conserve jusqu'au XVIIIe siècle. Le
château de La Boissière est acheté en 1980 par l'actuel propriétaire M.
Aubry qui s'emploie depuis à lui rendre son aspect originel. (1)
Éléments protégés MH : le corps de logis et les douves : inscription par
arrêté du 16 janvier 1987.
château de La Boissière
53800 La Boissière, tel. 06 11 94 69 30, ouvert au public en juillet et
septembre, et aux journées du Patrimoine.
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(1) Source:
Abbé Angot, Dictionnaire de la Mayenne, Éd.
Goupil, Laval, 1900.
Châteaux et manoirs en Mayenne, Mille ans
d'histoire et d'architecture. Texte Nicole
Villeroux, Editions Siloe.
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