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Aucun bâtiment ne figure à cet
emplacement sur le plan cadastral napoléonien de Saint-Germain-d'Anxure. En
1810, son mariage avec Virginie du Plessis-d'Argentré apporte au comte
Balthazar de Robien, héritier d'une vieille famille de la noblesse de robe
bretonne, la terre et le château de La Marie à Alexain. La terre voisine de
Montgiroux, dont le siège féodal était au manoir de Morand, est achetée en
1858 par leur fils cadet Frédéric de Robien, époux de Marie de Hercé, à
Joseph-Henri Letourneur. Ils y entreprennent la construction d'un château
neuf selon des plans commandés à l'architecte manceau puis parisien
Pierre-Félix Delarue en 1864. A la même période, son frère aîné Ernest
procède à des agrandissements au château de la Marie, confiés au même
architecte. Delarue a également œuvré, à la même époque, au château de
Coulonges, propriété du beau-frère de Frédéric de Robien, selon les travaux
de Damien Castel. Le parti retenu pour Montgiroux est très proche d'autres
œuvres de Delarue, et notamment le château du Deffend à Montravers
(Deux-Sèvres), construit dans les mêmes années, dont il est à bien des
égards une copie en modèle réduit. Le choix du site d'implantation du
nouveau château de Montgiroux, à l'écart du hameau et du vieux manoir, tient
à la proximité immédiate de la rivière et au large panorama offert sur la
vallée. Le pittoresque du cadre est renforcé par les blocs de granite
dispersés dans le courant de la rivière, préservés par un canal de
navigation en 1858 et qui donnent ici à la Mayenne des allures de torrent de
montagne.
L'abbé Angot donne la date 1869 comme année d'achèvement des travaux. Les
matrices cadastrales l'enregistrent quant à elle en 1871, ce qui donne
l'année 1868 en comptant le délai conventionnel de trois ans pour
l'imposition sur les constructions nouvelles. Les bâtiments de service
(écuries, remise) ne sont enregistrés qu'en 1883 mais pourtant bien signalés
comme achevés dès 1868. Le parti architectural choisi, d'une grande rigueur,
mêle les répertoires Renaissance et Louis XIII, chers à Delarue. Le dessin
du parc est parfois attribué au comte Paul de Lavenne de Choulot, sans
certitude semble-t-il. Les fermes attachées au domaine, l'Ecottais, le
Deffais et le Bois-Gigant, sont remaniées et rationalisées à la suite de la
construction du château. En 1887, le baron François de Fontenay, gendre de
Mme de Robien et résidant à Montgiroux, obtient l'autorisation de faire
naviguer un canot à vapeur nommé "le Sans-Souci", le faisant venir depuis
Paris via la Loire. En 1893, André de Robien, fils de Frédéric et maire de
Saint-Germain-d'Anxure pendant 50 ans, commande les plans pour de nouveaux
travaux à l'architecte angevin Auguste Beignet. Il s'agit en priorité
d'adapter le château à l'état de santé de son épouse, Marthe Denion du Pin,
asthmatique. L'escalier initial doit ainsi être remplacé par un autre plus
vaste ménageant des repos. Un nouveau perron d'entrée plus large, également
avec repos, doit être construit et aboutir dans un vaste jardin d'hiver
chauffé par un calorifère, placé devant la façade principale. Une chapelle
est également prévue au nord du château.
En 1896, Beignet fournit un second projet, incluant un nouveau jardin
d'hiver, encore plus imposant, à construire au sud du château et relié à lui
par une galerie suspendue ; le jardin d'hiver précédemment prévu, en façade
du château, est alors remplacé par une simple véranda surmontée d'une
terrasse. Finalement, seuls l'escalier, le perron et la véranda sont
réalisés, tandis que les projets de chapelle et de jardin d'hiver restent
sur le papier. Les travaux sont achevés, selon l'abbé Angot, en 1901.
Beignet en profite pour coiffer les toitures d'épis et de crêtes de faîtage.
Un projet de pergola pour court de tennis, par l'architecte parisien Émile
Boursier (1912), est également conservé, mais il ne fut probablement jamais
réalisé. La famille de Robien paie un lourd tribut lors de la Première
guerre mondiale, ce dont témoigne le monument aux morts de
Saint-Germain-d'Anxure, commandé par André et représentant son fils
François, tué au cours du conflit, en Poilu mort. La Seconde guerre mondiale
voit l'occupation du château de Montgiroux, propriété d'Ignace de Robien,
par un état-major allemand, puis par les Américains. Les événements sont
relatés dans les mémoires de Madame de Robien, non publiées (1981). Par
chance, les bâtiments ne sont pas endommagés, malgré le bombardement du pont
de Montgiroux en 1944. Au milieu du XXe siècle, une terrasse en béton est
aménagée face à la Mayenne. A la suite du partage du domaine entre les
frères Bruno et Élie de Robien, les communs sont réaménagés en habitation
distincte dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Le château de Montgiroux, orienté à l'est, occupe un promontoire dominant la
Mayenne, à environ 500 mètres en aval du hameau de Montgiroux. Il s'ouvre
sur un large panorama sur la rivière, dont le cours est ici parsemé de
rochers de granite, préservés par l'aménagement du canal pour la navigation,
formant une île face au château. Il s'agit d'un bâtiment de plan
rectangulaire, dont les angles ouest sont cantonnés de deux pavillons. Un
avant-corps à pans coupés est placé en saillie au centre de la façade est,
vers la rivière. Construit sur un soubassement en pierres de taille de
granite, le château présente une élévation ordonnancée en brique et pierre
de taille calcaire, celle-ci étant principalement réservée aux décors,
bandeaux, corniches moulurées, tables, chaînages d'angles en bossages,
encadrements d'ouvertures harpés et à crossettes, agrafes simples ou
feuillagées, lucarnes à frontons cintrés et à amortissements en forme de
coquilles. La façade est, sur le parc, présente trois travées (pavillons
exclus). La travée centrale, à peine saillante, est coiffée d'un toit en
pavillon surmonté d'une crête de faîtage. Construite en pierre de taille et
précédée d'une véranda en ferronnerie surmontée d'une terrasse, elle se
singularise par un décor sculpté plus abondant. Au rez-de-chaussée, la porte
en anse de panier à agrafe moulurée est encadrée de pilastres corinthiens et
des monogrammes des commanditaires. La fenêtre de l'étage, à meneau et
traverse, est placée sous un arc également en anse de panier. Les modillons
de la corniche, rappelant des faux machicoulis, ainsi que les deux fentes
verticales, évoquant des meurtrières ou les réceptacles des flèches d'un
pont-levis, sont empruntés à l'architecture castrale médiévale. Les
médaillons à fleurs et la lucarne pendante du niveau supérieur, ornée des
armoiries de Robien (d'azur à dix billettes d'or) et de Hercé (d'azur à
trois herses d'or) portées par un lion et une chouette, d'un fronton
chantourné à volutes et d'amortissements en forme de candélabres, rappellent
quant à eux l'architecture Renaissance du Val de Loire.
Les deux pavillons, de plan rectangulaire, présentent chacun une travée en
façade principale et deux travées en façade latérale. Les lucarnes en
pierre, à meneaux et traverses, sont pendantes et couronnées de frontons
cintrés à volutes amortis de candélabres. La partie supérieure des combles
est éclairée par des œils-de-bœuf en zinc. On note également la présence de
hauts épis de faîtage en zinc, ainsi que des initiales des commanditaires
sur les souches de cheminée en briques. L'avant-corps à pans coupés de la
façade ouest, vers la Mayenne, reprend en partie les formes Renaissance de
la travée centrale de la façade est: ouvertures en anse de panier ou
inscrites sous un arc en anse de panier, avec meneaux et traverses, grandes
lucarnes pendantes, agrafes moulurées ou feuillagées, pilastres, corniche à
modillons. La lucarne centrale est elle-même couronnée d'une petite lucarne
ornée d'ailerons, de colonnes engagées et d'un fronton triangulaire. Passés
le perron, la véranda et la porte principale du château, un vaste vestibule
dessert les salons du rez-de-chaussée ainsi que la grade cage de l'escalier
d'honneur, placée sur la gauche. En pendant de ce dernier, un petit escalier
de service en vis est situé derrière un cabinet de travail. Selon les plans
dressés en 1893, les pavillons abritaient au nord la bibliothèque et une
chambre (probablement aménagée dans un salon du rez-de-chaussée pour le
confort de Mme Denion du Pin, épouse d'André de Robien), au sud la lingerie
et l'office. Trois grandes pièces, grand salon, petit salon et salle à
manger, donnent quant à elles sur la vallée de la Mayenne. L'ensemble des
boiseries moulurées a été conservé dans chacune des pièces. Certains détails
des décors font écho à la fonction des pièces, comme des instruments de
musique dans le petit salon.
Pièce maîtresse du château, le théâtral escalier d'honneur tournant à droite
possède trois volées droites par niveau et est ponctué de nombreux repos. Il
est pourvu d'un garde-corps en ferronnerie orné de motifs en volutes et de
fleurs de lys. Une niche cintrée est aménagée dans le mur d'échiffre au
rez-de-chaussée, accueillant une statue représentant les trois Grâces
portant un vase. Le jeu subtil des miroirs sur les murs permet de visualiser
le vestibule où que l'on se trouve dans l'escalier. L'éclairage est fourni
par une travée de fenêtres et une verrière zénithale d'inspiration Art
Nouveau; les vitraux sont l'œuvre du peintre-verrier lavallois Auguste
Alleaume. Le soubassement est dévolu aux pièces de service (cuisines,
caves…), l'étage était quant à lui réservé aux chambres des maîtres et le
niveau des combles au logement des domestiques. Les dépendances, en partie
remaniées en habitation, sont disposés au sud-ouest du château. Ils
reprennent en partie l'architecture du château mêlant brique et pierre (pour
les pavillons uniquement), mais s'en distinguent également par l'emploi du
moellon (non enduit) et par un style plus sévère, d'inspiration
néo-classique. L'utilisation de la pierre de taille de granite, pour les
angles, les encadrements et les décors, l'emporte ici sur la pierre de
taille calcaire, réservée aux corniches et aux fenêtres supérieures. Les
ouvertures sont en arc segmentaire, à l'exception des lucarnes qui sont en
plein cintre. Un premier corps de bâtiment, correspondant aux écuries et aux
remises, se déploie en U à partir d'un pavillon central. La façade du
pavillon est scandée par des pilastres en granite. Surmontant une corniche à
modillons, la toiture est percée d'une lucarne en plein cintre. Placé en
retour, le bâtiment des communs se signale par un pavillon central coiffé
d'un petit lanternon avec un toit à l'impériale sommé d'une girouette. Il
est percé d'un grand portail en anse de panier et d'une lucarne passante en
plein cintre. Deux ailes à trois travées chacune se déploient de part et
d'autre. Un pavillon carré et une orangerie octogonale sont placés aux deux
extrémités, rompant la symétrie de l'ensemble. (1)
château de Montgiroux 53240 Saint-Germain-d'Anxure, visible depuis l'écluse
des Communes et de la D12.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
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Nous remercions chaleureusement Monsieur Vincent Tournaire du site
http://webtournaire.com/paramoteurparapente.htm,
pour les photos aériennes qu'il nous a adressées
afin d'illustrer cette page. (photos interdites à la publication)
A voir sur cette page "châteaux
de Mayenne" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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