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Les sires de
la Ferrière étaient, à l'origine, seigneurs et patrons de Bernay. Une charte
de Hugues, évêque de Sées, de l'année 1289, atteste que Jean de la Ferrière,
clerc, du consentement de Simon et de Robert de la Ferrière, chevaliers, ses
frères, avait cédé à l'abbaye de Belle-Étoile la chapelle de Bernay ou
église de Notre-Dame, plus les dîmes croissant sur le territoire de cette
paroisse, entre Treize-Saints et Batilly, et entre la Maire et l'Orne. Au
XVIIe siècle le fief de Bernay fut possédé par les Auvray. En 1664, Thomas
Hardy, prieur de Bernay, céda à Charles Auvray, écuyer, sieur de la
Gondonnière, seigneur et patron de Bernay, son manoir prieural sis au
village de la Vigne, à la charge de fournir des matériaux pour la
construction d'une maison nouvelle. C'est sans doute de cette époque que
date le château actuel de Bernay. Charles Auvray, qui avait épousé Anne de
Morchesne, maria son fils Isaac à une fille de Gilles Le Fèvre, sieur de la
Poupelière. Sa sœur, Marguerite, avait épousé Charles Droullin, seigneur de
Mesnil-Glaise, grand bailli d'Alençon, et fut mère de dix-huit enfants; elle
jouissait en conséquence de la pension de 2000 livres accordée par Louis XIV,
en 1666, aux père et mère de douze enfants vivants, non prêtres, ni
religieux. En dépit de ces belles alliances, la qualité de noble acquise par
les Auvray, à la suite des services qu'ils avaient rendus a Henri IV,
pendant la Ligue, leur fut cependant contestée par un voisin jaloux, le
sieur Gouhier de Bezion. Un procès ruineux s'ensuivit et les Auvray, poussés
à bout, vinrent aux voies de fait. Ils furent convaincus d'avoir chargé et
assassiné en pleine rue, à Paris, leur ennemi, et l'un d'eux fut condamné à
être rompu vif après avoir eu le poing coupé. C'est en 1692 seulement que
les Auvray purent se laver des odieuses inculpations dirigées contre eux et
rentrer dans leurs biens.
Au commencement du XIXe siècle, nous trouvons la famille de Caix établie à
Bernay. François-Hubert de Caix, fils de Charles, fut nommé adjoint au maire
de Treize-Saints le 12 messidor an VIII, lors de l'organisation des
municipalités. Gustave-Hilaire de Caix, son fils, né le 27 novembre 1773,
fut nommé maire de la même commune et remplit ces fonctions jusqu'en 1820.
Il avait épousé Anne-Adélaïde Le Seigneur, dont il eut Alfred-Martin de Caix,
né à Batilly le 13 mai 1807. Garde du corps de Charles X en 1830, Alfred de
Caix fut un de ce ces "jeunes officiers, stricts observateurs de la foi
jurée, qui rentrèrent alors dans leurs foyers, accomplissant avec une triste
résignation un acte désapprouvé par quelques-un, mais constamment honoré par
tous". L'administration de sa commune, l'archéologie, l'étude de l'histoire
locale furent dès lors sa seule occupation. Son crayon et son pinceau
eussent pu rivaliser avec les plus habiles, au jugement de Gustave Le
Vavasseur, et il restera de lui deux monuments religieux qui sont des
modèles: la Chapelle des Ostieulx, et l'Eglise de Batilly. Ses monographies
du Prieuré de Briouze et de la Chambrerie de l'Abbaye de Troam, ont été,
dans l'Orne, le signal du réveil des études historiques faites d'après les
sources. Son Histoire du bourg d'Écouché nous a fourni les premiers éléments
de la présente notice. M. Alfred de Caix, qui représentait le canton d'Ecouché
au Conseil d'arrondissement est mort presque subitement le dimanche 1er
avril 1872, au château de Bernay. Ce château, qu'il avait enrichi de toiles
remarquables, de livres précieux, est aujourd'hui occupé par un de ses
petits neveux. (1)
château de Bernay 61150 Écouché-les-Vallées, propriété privée, ne se visite
pas.
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