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Par ses vastes proportions, son parc splendide, son site magnifique et
surtout par l'exquise amabilité de ses châtelains, Champthierry est une des
plus charmantes résidences du Perche et de la Normandie. Situé sur la
commune de Saint-Maurice-lès-Charencey, le château de Champthierry est entré
par un mariage, depuis deux siècles, dans la famille Gouhier de Charencey.
Cette famille reconnaît pour auteur un chevalier, nommé Gouhier, qui vivait
au commencement du XIe siècle. Le duc de Normandie, dit Guillaume de
Jumièges, avait ce chevalier en très grande affection, mais Guérin, de
Domfront, fils de Guillaume 1er, seigneur de Bellême, le tua par trahison
vers l'an 1026. Dans les XIIIe, XIVe et XVe siècles, la noble maison des
Gouhier subsistait en Normandie, ayant des fiefs dans les diocèses de
Bayeux, de Lisieux et de Sées. Il s'est même formé successivement onze
branches de cette famille, toutes maintenues dans leur noblesse d'ancienne
extraction par M. de Marle, intendant d'Alençon, en 1666. La branche de
Charencey a eu pour premier auteur Achille Gouhier, écuyer, seigneur d'Ectot,
mort vers l'an 1573. L'un de ses descendants directs, Charles-Guillaume
Gouhier des Champeaux, premier du nom, chevalier, seigneur de Petiteville,
épousa, en 1772, Catherine-Henriette de Carpentin, fille de Jean-Baptiste de
Carpentin, seigneur de Charencey, du Parc, des Hayes et autres lieux. Un de
leurs fils, Charles-Guillaume Gouhier, comte de Charencey, fut député de
l'Orne de 1822 à 1830. Il eut pour fils Charles-Léonce Gouhier, comte de
Charencey, membre du Conseil général de l'Orne en 1845 et député de l'Orne
en 1848. C'est son fils, Charles-Félix-Hyacinthe Gouhier, comte de Charencey,
membre du Conseil général de l'Orne, qui est le chef actuel de nom et
d'armes de cette ancienne maison.
La jolie habitation de Champthierry a été agrandie et restaurée par les
différentes générations qui s'y sont succédé. Des trois tourelles qui ornent
sa façade au couchant, deux ont été construites il y a une dizaine d'années.
Une des ailes, surmontée d'une galerie italienne, est occupée par une riche
bibliothèque, qui est décorée de fines sculptures Louis XIV du genre
flamand, selon les dessins de l'architecte Louis Parent. La salle à manger
est ornée de vieilles boiseries Louis XIII provenant d'une ancienne
gentilhommière, située près de Sées et appartenant à la famille de Charencey.
Un parc de cent hectares environne cette habitation. Primitivement dessiné à
la française, il a été transformé de la façon la plus heureuse par Buhler
qui y a percé de nouvelles allées; il renferme un vaste étang, alimenté par
plusieurs rivières, et des arbres séculaires y font l'admiration des
paysagistes. Des fenêtres de ce château, on jouit d'une vue splendide sur le
pays environnant. Au dernier plan s'étend la forêt du Perche dont les
sombres masses de verdure encadrent le pittoresque village de la Poterie. M.
le comte de Charencey, propriétaire de Champthierry, est membre du Conseil
général de l'Orne depuis plus de 25 ans; dans cette assemblée, il a toujours
vaillamment défendu les intérêts de son canton, et il a su conquérir, dans
toute la région, une situation exceptionnelle. Il s'est également fait
connaître par de nombreux travaux littéraires, et les sociétés savantes
l'ont en grande estime. (1)
Le comte meurt soudainement en 1916 d’une congestion pulmonaire dans sa
demeure à Champthierry, sans héritier. Après son décès, l’histoire du
château reste un peu floue. À partir de documents d’archives gardées à la
mairie de Charencey, on sait que le domaine a abrité une ferme laitière,
mais impossible de dater cette activité avec précision. En 1948, la famille
Maas achète le domaine et ouvre en 1954 un Institut médicotechnique. Dans ce
centre d’apprentissage, les jeunes apprenaient la menuiserie, l’électricité,
la peinture et l’horticulture à partir de 14 ans. Après la famille Maas, la
fondation Anaïs a repris le domaine. Dans un premier temps, elle a continué
l’accueil d’enfants épileptiques, avant de devenir un Institut
thérapeutique, éducatif et pédagogique. L’agrément était pour 56 enfants,
mais il n’y avait pas assez de demandes. La structure décide alors
d’accueillir des jeunes avec des troubles de comportement et de conduite et
de construire un bâtiment à L’Aigle en 2018, car le château n’était pas
approprié pour ce public, notamment en ce qui concerne les normes
d’accessibilité, et l’isolation géographique. Aujourd’hui, la fondation
affirme ne pas avoir de projet particulier dans ce lieu. Le château de
Champthierry est en vente. Une transaction est en cours avec un particulier.
château de Champthierry 61190 Saint-Maurice-lès-Charencey, propriété privée,
ne se visite pas.
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