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Isidore Eggermont était un de ces hommes du XIXe
siècle dont rien ne semblait arrêter l’élan. A la fois notaire et diplomate,
il avait parcouru divers pays d'Orient avec la curiosité passionnée des
héros de Jules Verne, croyant au progrès technique, aux bienfaits de la
civilisation occidentale et à la conquête du monde par le commerce et
l’industrie. Époux de la fille du banquier Matthieu de Wynendaele, il
disposait d'une fortune considérable et de l'envie d’en faire le même usage
que les lords anglais ou les princes russes. En 1881, le site de Leignon
arrêta son regard pour mieux cristalliser ses rêves de grandeur. Ces
hauteurs avaient jadis inspiré les militaires romains et conservaient un des
quatorze observatoires fortifiés chargés de protéger la petite ville de
Ciney. Quant aux bois et aux rivières environnants, ils relevèrent durant
tout le Moyen Age de la puissante abbaye de Stavelot, laissant autour de
l'actuel château une petite seigneurie qui appartint à des familles locales
et où les vicomtes du Pont d’Ahérée bâtirent une aimable résidence en 1813.
Passé aux comtes de Gourcy-Serainchamps, Leignon aurait sommeillé dans ses
vignes vierges sans l’irruption des Eggermont et de leur architecte Van
Assche. En quelques années cet endroit paisible vit apparaître un château
gigantesque, doté de 365 fenêtres, de loggias, de lucarnes et de tours
vertigineusement accrochées l’une à l’autre. Sans doute le maître des lieux
venait-il respirer l’air des nuits de pleine lune, à l'affût de quelques
mystérieux ptérodactyles volant dans ses cauchemars armoriés. L'intérieur du
bâtiment, décoré des plus beaux marbres et de lambris néo-gothiques,
ajoutait à la somptuosité un goût très britannique du confort: en cette fin
de XIXe siècle, il était rare de disposer de salles de bains, de lumière
électrique et d’un chauffage à air pulsé. Malheureusement la mort d'Isidore
Eggermont en 1923 vit aussi la fin d’un certain mode de vie. Sa fille, la
baronne de Villenfagne de Sorinnes, vendit Leignon et ses quatre-vingts
pièces d’habitation à la SNCB. Passé en 1977 à l'AFP, organisant des
vacances pour la jeunesse, puis en 1990 à des hommes d’affaires, Leignon
vient d'ouvrir aux visiteurs son décor wagnérien. Plusieurs parties
intérieures et extérieures de ce fabuleux château ont été classées en 1992 :
façades, toitures, rez-de-chaussée de l'aile principale, cage d'escalier,
chapelle et vestibule d'étage.
château de Leignon
5590 Leignon, propriété privée, ne se visite pas, visitable aux journées du
patrimoine.
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