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Ce joli nom ne nous parait pas
pleinement justifié. Rien en effet ne ressemble moins à un mont que
l'assiette de cette maison, située presque au fond d'une vallée. Mais en
Auvergne, où les montagnes abondent, on ne s'est pas toujours montré
difficile
pour attribuer cette appellation: Montjoly, Montfermy, Mentdésir, Montaclier,
Mont-Benoit, etc, sont des localités, dont l'aspect ne correspond pas à
l'idée de montagne. Montfleury ne posséda jamais ni château fort ni manoir
féodal. Ce fut d'abord un domaine avec bâtiments d'exploitation, sans
habitation de maîtres. Ses propriétaires ne commencèrent à l'habiter qu'au
déclin du XVIe siècle, et, même après cette époque, plusieurs d'entre eux
eurent leur résidence à Vic-le-Comte. La maison actuelle est une maison
bourgeoise, sans caractères architectoniques. Au point de vue judiciaire,
cette localité ressortit toujours au bailliage du comté d'Auvergne, comme la
paroisse de Laps dont elle n'a cessé de faire partie. Nous n'avons trouvé ni
foi et hommage, ni aveu et dénombrement se rapportant à Montfleury. Il est
pourtant à croire que cette terre fut tenue en fief du comté d'Auvergne. Le
premier seigneur de Montfleury, mentionné dans nos chartes, fut François de
la Guesle, seigneur de la Chaux-Montgros, gouverneur des terres de la maison
de Boulogne et d'Au vergne pour Messires les Dauphin et Dauphine de France,
bailli et gouverneur du comté d'Auvergne, capitaine des châteaux de
Mirefleurs et Dieu-Y-Soit, maître d'hôtel de la reine Catherine de Médicis,
mort vers 1561. Tous ces titres dénotent que le personnage en question fut
un des favoris de Catherine de Médicis, devenue comtesse d'Auvergne, par la
mort de son oncle, Jean Stuart, duc d'Albanie. Nous sommes d!ailleurs à
l'époque où la famille de la Guesle commençait à être en grande faveur à la
cour des Valois. Il ne serait donc pas étonnant que la terre de Montfleury
eût été donnée à François de la Guesle par la nouvelle comtesse d'Auvergne.
Mais nos documents ne parlent pas de ce fait.
Après la mort de François de la Guesle, ou peut-être même pendant sa vie,
Montfleury passa, nous ne savons par quel genre de transmission, à la
famille d'Aymard. Ce nom patronymique a subi bien des transformations sous
la plume des scribes: on a écrit d'Aymard, d'Eymard, Daymards, Deymards,
Dcsaymards, etc. Faut-il croire qu'il a été emprunté à une des localités
connues sous ce vocable? Peut-être; mais nous devons observer que le nom
d'aucun de nos personnages n'est suivi du qualificatif seigneur dudit lieu.
Noble Arnaud d'Aymard, sieur de Pessade, épousa le 1er septembre 1529,
Jeanne de Quinquampoix, fille dé Mathieu, seigneur d'Enval et de Bonaventure
de la Roche-Aymon. En 1573, cette Jeanne de Quinquampoix, veuve d'Armand d'Aymard,
est qualifiée dame de Pessade et de Mont-Flory, sans que nous puissions dire
si Montfleury lui venait de son mari ou d'ailleurs. Ils eurent trois enfants
dont Jean d'Aymard, sieur de Pessade, figure dans l'acte de constitution de
tutelle de ses cousins germains, Antoine, Louis et Magdelaine de
Quinquampoix, le 14 mars 1558. Il mourut peu de temps après sans postérité.
Ses biens furent partagés entre son frère et sa soeur, le 14 juillet 1568.
2° Magdelaine, fut mariée avec noble Jean du Moulin, sieur de Vayrac. Ils
moururent l'un et l'autre antérieurement à l'année 1585, laissant deux
filles: Magdelàine du Moulin, entra comme religieuse au couvent de Lavesne
vers 1585; et Jeanne de Moulin, était encore célibataire en 1609, et avait
pour curateur Julien de Montmorin, qui avait remplacé François d'Aymard dans
cet office. 3° François d'Aymard, seigneur de Pessade et de Montfleury, né
vers 1540, épousa le 19 février 1561, Geneviève de Fredeville, fille
d'Alexandre et d'Anne de Saint Cirgues. En 1592, il déposa comme témoin dans
l'enquête faite par Blaise Cistel, trésorier général de France, pour
constater les pertes subies par Vic-le-Comte, pendant les deux sièges de
1590 et 1591. Il habitait alors Montfleury; précédemment nous le trouvons
habitant à côté, au village de Benaud.
François d'Aymard mourut antérieurement à 1609, et ses biens furent saisis à
la requête d'Amable de Bouille, seigneur du Chariol. Opposition fut faite à
cette saisie par Julien de Montmorin, curateur de Jeanne du Moulin, par
noble Jacques de Chadieu, cohéritier dudit défunt avec ladite du Moulin, par
Geneviève de Fredeville, veuve dudit défunt, et par d'autres intéressés.
François d'Aymard et Geneviève de Fredeville n'ayant pas laissé d'enfants,
Montfleury passa à leur neveu, François du Bost, fils de Jean et de
Marie-Françoise de Fredeville. Un bon nombre de localités de notre
département portent le nom du Bost, nous ne savons à laquelle fut emprunté
le patronymique, qui nous occupe. La famille qui le porta ne parait pas
d'ailleurs d'une très ancienne noblesse; nous ne la trouvons pas avant le
XVIe siècle. François du Bost, écuyer, seigneur de Montfleury, épousa
Héléonore de Faydides le 27 septembre 1605. Les nouveaux époux habitèrent
Montfleury. Nous avons retrouvé dans les registres de la paroisse de Laps,
conservés aux archives départementales, les actes de baptême de deux de
leurs enfants. Mais à en juger par les dates il est à croire que ces enfants
furent très nombreux. Nous connaissons Amable, dit de Coudignat, né vers
1607; 2° Michel, dit aussi de Coudignat, parait être frère jumeau du
précédent; 3° Alexandre, baptisé le 26 octobre 1620; 4° François, dit de
Coudignat, né vers 1623; 5° Marie, baptisée le 26 août 1624; 6° Gabrielle,
religieuse au monastère en 1665. Alexandre du Bost, écuyer, seigneur de
Montfleury, entra très jeune dans l'armée. Il épousa, le 27 juillet 1648,
Héléonore des Assis alias des Aussines. La gestion de ses affaires ne fut
pas prospère. Par contrat du 18 novembre 1656, il vendit la terre de
Montfleury aux religieuses du monastère de Fontevrault de Vic le Comte,
moyennant la somme de 33.000 livres, sur laquelle lui fut versé un acompte
de 7.600 livres. Ce contrat fut déclaré nul par arrêt du 19 février 1663,
rendu contradictoirement entre sa veuve, agissant comme tutrice de leur
fils, Michel du
Bost, et les dames religieuses, à condition qu'il serait payé à celles-ci
les 7.600 livres déjà versées par elles, plus la somme de 1.000 livres comme
plus-value donnée par elles à la propriété.
Mais la malheureuse veuve, dont l'existence parait s'être passée en procès,
n'ayant pu se libérer, les religieuses firent saisir la terre de Montfleury
pour défaut de paiement. Le litige fut enfin réglé à l'amiable par traité
passé devant Cuel, notaire royal à Vic-le-Comte, le 17 juin 1679. Après la
mort de son mari, Héléonore des Assis habita au moins temporairement à
Busséol, où elle avait maison et propriétés. La liquidation des affaires de
son mari, la défense de ses intérêts personnels et peut-être un esprit un
peu processif ont laissé après elle de nombreux dossiers de procédure. Nous
ne leur connaissons qu'un fils, Michel du Bost, chevalier, seigneur de
Montfleury, servait le roi en qualité de page de la grande écurie, en 1666,
lorsque sa mère produisit ses titres de noblesse. Il avait épousé Catherine
Arnaud de Lespinasse. S'ils eurent des enfants, ils moururent jeunes, car en
1722, ils donnèrent tous leurs biens à Pierre Amariton, fils de Jean,
conseiller du roi et son secrétaire près la chancellerie de la cour des
aides de Clermont, écuyer, seigneur de Beaurecueil, et de défunte Yzabeau de
Mauzat. Pierre Amariton épousa Marie-Anne du Brusq de Chambaudet. Au
contrat, passé le 19 mai 1722, dans le château de la Guesle, intervinrent
Michel-François du Bost de Codignat, écuyer, seigneur de Montfleury, et dame
Catherine Arnaud de Lespinasse, son épouse; ledit seigneur de Montfleury
donna au futur époux, par donation entre vifs, tous ses biens meubles et
immeubles, sous la réserve de l'usufruit; Catherine Arnaud le constitua son
héritier universel, sauf la somme de 2.000 livres, dont 1.000 livres
seraient données à la future épouse, et les autres 1.000 livres à celui de
leurs enfants qui sera désigné par ladite future épouse ou, à son défaut,
par le seigneur de Montfleury, et celui-ci, défaillant, par le futur époux.
Cette double donation était faite à la condition, sous peine de nullité, que
Pierre Amariton et ses descendants prendraient le nom et les armes du
seigneur de Montfieury.
La bénédiction nuptiale leur fut donnée, le 3 juin 1722, dans l'église
paroissiale de Vic-le-Comte. Les nouveaux époux firent leur résidence à
Vic-le-Comte, où Pierre Amariton acquit rapidement l'estime et la sympathie
des habitants. Marie-Anne du Brusq y mourut le 13 mars 1779, à l'âge de
soixante-treize ans; son mari y mourut le 14 avril 1791, à l'âge de
quatre-vingt-dix ans. Les Jacobins du lieu, firent un crime à l'abbé
Thourein, curé, d'avoir énoncé les titres de noblesse dans l'acte mortuaire,
et ils dénoncèrent le fait au directoire du district de Billom. De nombreux
enfants étaient nés de ce mariage, dont Jeanne-Marie, née le 30 décembre
1724, devint religieuse; 2° Un enfant, né à la Guesle, baptisé par la
sage-femme, et inhumé dans le tombeau des seigneurs de la Guesle (1725); 3°
Louis-Joseph, né le 26 mai 1726; entra au collège de Billom en 1737, le
catalogue des étudiants le désigne tantôt sous le nom de Louis Amariton du
Bost, tantôt sous celui de Louis de Montfleury, et lui donne comme pays
d'origine tantôt Vic-le-Comte, tantôt Laps, ce qui prouve que sa famille
avait deux domiciles, l'un à Vie-le-Comte, l'autre à Montfleury, il
représente la génération suivante; 4° Marie-Hélène, née le 5 septembre 1727;
entra comme religieuse au monastère des dames de Fontevrault; 5° Marguerite,
née le 15 octobre 1728; entra au monastère de Sainte-Claire de Clermont; 6°
Antoinette, née le 8 août 1730; épousa le 1er septembre 1761, Robert Guyot;
7° Just-François-Régis, né le 28 août 1731; mourut le 12 octobre de la même
année; 8° Jean-François-Régis, né le 16 février 1733, conseiller du roi au
présidial de Clermont; 9° Jean-Joseph, né le 14 juin 1734; reçut la tonsure
le 31 mai 1749. Les actes de baptême de ceux qui suivent ne se trouvent pas
dans les registres de catholicité de la paroisse de Vic-le-Comte; il est
donc à croire qu'ils naquirent à Montfleury et furent baptisés à Laps; 10°
Jean fut ordonné prêtre le 16 juin 1764; 11° Louis du Bost, dit de la
Chapelle, embrassa la carrière des armes; 12° Claude-Isaac, dit de Foussac,
reçut la tonsure le 17 mars 1762; 13° Marie-Elisabeth, dite de Montfleury,
entra comme religieuse au monastère de Saint-Jean-Baptiste; 14°
Marie-Antoinette, née le 18 avril 1746, fut la cinquième religieuse de sa
famille.
Louis-Joseph amariton du Bost de Montfleury n'avait que seize ans lorsqu'il
sortit du collège de Billom après y avoir terminé ses études. La carrière
des armes lui sourit, et il entra au service du roi dans le régiment
d'Orléans, où avait servi un de ses cousins, Jean Amariton. Il y reçut le
brevet de capitaine et la décoration de chevalier de Saint-Louis. Le 8
janvier 1763, il épousa Jeanne-Marie Madur du Lac, il eut trois enfants dont
Gabriel-Marie, officier d'artillerie lorsque éclata la Révolution. Ne
voulant pas mettre son épée au service d'un gouvernement qui se déclarait
l'ennemi de tous ses principes religieux et politiques, il émigra en
Angleterre. L'horreur de l'oisiveté, l'amour des armes, peut-être les
nécessités de l'existence lui firent prendre du service dans l'armée
britannique. Il y mourut, le 18 octobre 1796. 2° Marie-Agathe, dite
Mademoiselle de Montfleury, fut mariée le 30 juin 1789, à Caprais-Hippolyte
de Vinols. Cette union ne fut pas de longue durée; M. de Vinols mourut au
siège de Lyon en 1793; 3° Jean-Baptiste-Louis, baron de Montfleury,
chevalier des ordres de Saint-Louis et de Marie-Thérèse d'Autriche, député
du Puy-de-Dôme de 1815 à 1836, fut le dernier rejeton de sa famille. Il
mourut à Montfleury le 30 avril 1859 après avoir légué son nom, son titre de
baron et tous ses biens à Jean-Baptiste-Louis de Vinols, son petit-neveu et
son filleul. Celui-ci, mort sans postérité, eut pour héritier son père,
Jules baron de Vinols, député à l'Assemblée Nationale de 1871 pour le
département de la Haute-Loire, président de la société d'Agriculture,
Sciences, Arts et Commerce du Puy-en-Velay.
Construit au XVIe siècle et très remanié au XVIIIe siècle, le château de
Montfleury est composé en L avec une tour circulaire à chaque extrémité et
une tourelle carrée coiffant l'escalier placé à l'intersection des deux
ailes. L'architecture marque bien les influences méridionales qui ont eu une
grande faveur en Auvergne au XVIIIe siècle. L'intérieur montre, au
rez-de-chaussée, de belles salles voûtées avec une importante cheminée dans
l'aile nord, la plupart des pièces à l'étage sont ornées de plafonds à la
française, de cheminées et de lambris de style Louis XV rustique.
L'existence d'une chapelle au château de Montfleury nous est révélée par
trois procès-verbaux de visites pastorales. Le 7 septembre 1703, l'évêque
constatait qu'on se servait d'un calice d'étain pour dire la messe dans cet
oratoire domestique; il interdisait ce calice, et ordonnait qu'on se
procurerait un calice d'argent, dans le délai de six mois, sous peine
d'interdit de la chapelle. Le curé de Laps recevait l'ordre de notifier
cette ordonnance et de la faire exécuter. Le 3 mai 1726, l'évêque constatait
que cette chapelle était déjà interdite, et il maintenait l'interdiction. Le
29 avril 1732, l'autorité épiscopale trouvait la chapelle en partie démolie;
sur la promesse du propriétaire de la faire rétablir, il fut permis au curé
d'en faire la visite et la bénédiction, lorsque la restauration serait
terminée, et d'y célébrer la sainte messe, à condition qu'il y serait fait
préalablement une fondation de 12 livres conformément au règlement du
diocèse. (1)
Éléments protégés MH : le château, à l'exclusion des bâtiments de ferme :
inscription par arrêté du 6 décembre. (2)
château de
Montfleury, Laps 63270 Saint-Maurice, propriété privée, située à deux
kilomètres du bourg par D-229 (rive ouest), au sud du village de Bénaud, visite des
extérieurs uniquement.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous.
Nous remercions chaleureusement M.
Vincent Tournaire du site
http://webtournaire.com/paramoteurparapente.htm,
pour les photos
aériennes qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette page. (photos
interdites à la publication)
A voir sur cette page "châteaux
du Puy-de-Dôme" tous les châteaux recensés à ce jour
dans ce département. |
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