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Une charte de 995, fait mention d'un seigneur de
Tournoël, nommé Bertrand. Une autre charte, dont la date est comprise entre
les années 1076 et 1095, règle des différends existant entre un autre
seigneur du même nom et l'église de Cébazat. Cent ans plus tard, l'on trouve
ce château en la possession de Guy II, comte d'Auvergne; les démêlés de ce
seigneur avec son frère Robert, évêque de Clermont, amenèrent l'intervention
de Philippe-Auguste, et une armée, sous les ordres de Guy de Dampierre,
s'empara de Tournoël, le 20 décembre 1213. Réuni à la couronne, ce château
fut donné en apanage à Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis. Par acte
du 12 février 1313, Philippe le Bel le céda à Pierre de Maulmont, en échange
de diverses possessions dans le Limousin. Pierre de Maulmont mourut en 1345,
laissant pour seule héritière sa fille unique Marthe, femme de Géraud,
seigneur de La Roche-en-Limousin; les seigneuries de Tournoël, de Maulmont
et de Châteauneuf passèrent ainsi dans la maison de La Roche. Vers 1343,
Hugues de La Roche, leur fils, avait épousé Dauphine Rogier, fille de
Guillaume, comte de Beaufort-en Anjou, nièce du pape Clément VI. Nommé
capitaine général de la Basse-Auvergne, il pourchassa sans cesse les
Anglais, et devint grand chancelier de France en 1383. On peut lui attribuer
plusieurs des fortifications de Tournoël. Nicolas de La Roche, l'un de ses
enfants, seigneur de Tournoël et de Châteauneuf, épousa, au mois d'août
1404, Alix de Chauvigny, fille du seigneur de Blot. Dans le contrat de
mariage, en date du 11 juillet 1419, de son fils Jean avec Louise de La
Fayette, fille du maréchal de ce nom, il lui assigna en dot le château de
Tournoël. Jean fut tué à la bataille de Verneuil, le 14 août 1424, et
Tournoël passa à Antoine de La Roche, son fils aîné, qui épousa, au mois de
janvier 1448, Jeanne de La Vieuville, cousine d'Agnès Sorel. De longues
contestations avec le duc d'Auvergne et avec ses vassaux remplirent une
partie de son existence; le château lui doit de grands embellissements; il
mourut vers la fin de 1493. Jean, l'aîné de ses fils, épousa Françoise de
Talaru, et mourut en 1501, laissant pour seule héritière une fille nommée
Charlotte, qui fut mariée à Jean d'Albon au mois de janvier 1509.
Ce seigneur passa une partie de sa vie dans les camps, et fut longtemps
gouverneur du Lyonnais et du Bourbonnais. Quoiqu'il ait peu habité Tournoël,
il y fit cependant d'importantes constructions. Il mourut au mois d'août
1550. Son fils, Jacques d'Albon de Saint André, épousa, au mois de mai 1544,
Marguerite de Lustrac; la faveur de Henri II et de brillantes qualités
guerrières lui valurent la dignité de maréchal de France; il fut tué à la
bataille de Dreux, le 19 décembre 1562, laissant une fille unique,
Catherine, qui mourut, empoisonnée, dit-on, au mois de juin 1564. La
succession de Catherine passa entre les mains de Marguerite d'Albon, sa
tante, soeur du maréchal, veuve de Artaud de Saint-Germain, baron d'Apchon;
par acte du 10 juin 1575, elle fit donation des terres de Tournoël, Miremont
et Herment à Charles d'Apchon, l'un de ses fils. Celui-ci épousa, au mois
d'août 1579, Lucrèce de Gadagne, qui lui apporta une fortune considérable;
les guerres de la Ligue ayant éclaté, il prit le parti du roi, fut blessé
mortellement devant le fort de Charbonnières, et mourut le 23 avril 1590 Les
Ligueurs, qui, vers la même époque, avaient échoué devant Tournoël,
s'emparèrent de cette place par trahison, dans la nuit du 17 mars 1594, la
dévastèrent complètement, et ne la rendirent qu'après une longue résistance.
Guillaume d'Apchon, seigneur de Tour noël, fils aîné de Charles d'Apchon,
épousa, en 1626, Alix d'Anteroche, dont il eut quatre filles; au mois de
juin 1645, Gabrielle, l'aînée, épousa Charles de Mont vallat; entre autres
biens, ses père et mère lui constituèrent en dot, Tournoël, et allèrent se
fixer au château d'Abret (Bourbonnais). Cette union ne fut pas heureuse;
Charles de Montvallat dissipa, en grande partie, sa fortune et celle de sa
femme; il fut condamné à une forte amende pour exactions, par arrêt des
Grands Jours du 27 novembre 1665.
Devenue veuve en 1692, Gabrielle mourut l'année suivante, après avoir légué
Tournoël à Pierre Priest, marquis de Montvallat, l'aîné de ses fils.
Celui-ci épousa, quelques années plus tard, Diane de La Roche Lambert, et
fut assassiné, le 15 juillet 1724, par Claude Valette de Rochevert.
Françoise-Gilberte de Montvallat, l'une de ses filles, épousa, au mois de
mars 1734, Claude-Joseph, marquis de Naucaze, qui habitait la Haute-Auvergne.
A partir de cette époque, le château de Tournoël, qu'elle avait apporté en
dot, ne fut plus habité que par des fermiers. La dame de Naucaze mourut le 4
novembre 1739, laissant deux enfants, Elisabeth-Gabrielle Marie, depuis
épouse d'Antoine-Jean-Louis de Peyronnenc, et Jean-Baptiste-François;
ceux-ci le cédèrent à Maître Guillaume Cha brol, conseiller du Roi,
commentateur de la Coutume d'Auvergne, par actes des 19 janvier et 2 avril
1766. Le château de Tournoël était possédé au début du XXe siècle par un de
ses descendants, M. le comte Guillaume de Chabrol. Il est actuellement la
propriété de Claude et Bernadette Aguttes qui en on fait un fabuleux sites
touristiques en Auvergne. "C'est du fond de ces sombres donjons que sont
sortis ces principes de chevalerie qui ont pris dans l'histoire de notre
pays une si large part, et qui, malgré bien des fautes, ont contribué à
assurer sa grandeur. Respectons ces débris; s'ils rappellent des abus
odieux, des crimes même, ils conservent l'empreinte de l'énergie morale
dont, heureusement, nous possédons encore la tradition".
Eugène Viollet-le-Duc.
Description du château de Tournoël:
Le château est assis sur un contrefort du Puy de la Bannière, il s'élève sur
les flancs de la montagne, par une pente accessible aux voitures, et, après
avoir traversé un bois de châtaigniers, aboutit à une muraille qui descend
vers le midi, du sommet de l'escarpement couronné par le château. Cette
muraille, très endommagée, se replie vers l'est pour décrire une courbe
polygonale renfermant la première basse cour ou bayle; les portes n'existent
plus; des meurtrières la défendaient, mais elle ne présentait aucun
flanquement. Outre les jardins et diverses dépendances du château, elle
abritait le village dont l'existence apparaît dès le XIIIe siècle. C'est
également dans cette enceinte qu'en temps de guerre ou d'éminent péril, les
habitants de la seigneurie se réfugiaient, avec leur bétail et leurs biens
les plus précieux. On construisait alors une ligne de palissades pour en
protéger les abords, et des "chasaults" étaient établis au-dessus des
portes, et sur divers autres points. Après l'avoir franchie, l'on rencontre
sur la gauche les restes d'une ancienne chapelle dédiée à sainte Foy, et qui
était affectée à la garnison et aux habitants du village. Ce bâtiment est
adossé à une courtine en partie rasée, au-delà de la quelle apparaissent
deux autres courtines très rapprochées l'une de l'autre. La faiblesse de ce
point, assez facilement abordable, se trouvait ainsi compensée par une
quadruple enceinte; sur les autres côtés, puissamment protégés par des
pentes abruptes et de larges fossés, une seule muraille flanquée de fortes
tours avait été jugée nécessaire. Les maisons du village s'étendent du côté
opposé; elles sont sans intérêt. Le chemin longe ensuite un ravin de 100
mètres de profondeur, sur lequel s'appuie le côté nord du château, puis il
s'engage dans les fossés. L'on peut remarquer, en passant, une porte romane
murée, que la chute d'une tour a mise à découvert, et une autre tour percée
de plusieurs embrasures de bouches à feu qui commandaient le ravin. A
l'ouest, la muraille forme une sorte d'éperon, derrière lequel se dresse un
donjon cylindrique, entouré, vers les deux tiers de sa hauteur, d'un parapet
crénelé supporté par des mâchicoulis. Les guerres de la Ligue ont ouvert en
cet endroit de larges brèches qui subsistent encore.
Un aqueduc a laissé quelques vestiges sur les talus du fossé. Le côté du
midi formait la façade principale; il est percé de fenêtres très différentes
entre elles de forme et de grandeur, et flanqué d'une tour aujourd'hui rasée
jusqu'au niveau des cours; quelques étroites meurtrières se voient à cette
hauteur; la base du château, étant pleine, n'en présente aucune. La porte de
la deuxième basse-cour s'ouvrait près d'une tour dont les parements sont
ornés de bossages hémisphériques, d'où le nom de "tour des miches" que lui
donnent les habitants du pays. Cette tour, dont le vrai nom était "tour de
la garde", date des premières années du XVIe siècle, ainsi que la porte qui
y atteint. La partie supérieure a disparu. Les embrasures du rez-de-chaussée
étaient disposées de façon à défendre à la fois l'entrée des deux
basses-cours et les approches du château; un regard ménagé dans son
intérieur, à une date assez récente, permet d'y puiser l'eau d'une source
captée dans la montagne et qui alimente le village. De vastes écuries,
voûtées en berceau surbaissé, occupaient l'extrémité nord de cette
basse-cour; un basrelief,représentant saint Georges terrassant le dragon,
décorait le tympan de la porte. Il a été brisé. En revenant du côté de
l'entrée, on laisse sur la droite une courtine encore couronnée de quelques
corbeaux de mâchicoulis, et percée de deux portes: celle de gauche donnait
accès au château; l'autre s'ouvrait sur une tourelle. Après avoir longé une
haute muraille qui supporte vers son milieu deux échauguettes, l'on arrive,
par une rampe rapide, à une porte défendue par des mâchicoulis, un parapet
crénelé et percé d'une embrasure, des échauguettes et une herse dont une des
rainures existe encore. Une autre rampe conduit à une deuxième porte qui
présente, la herse et l'embrasure exceptées, les mêmes défenses que la
première. Ces rampes ont remplacé les escaliers qui existaient autrefois.
Les deux portes sont de la même époque que la tour de la garde. L'on
distingue encore, sur le tympan de la seconde, des traces de l'écusson des
d'Albon de Saint-André, entouré du cordon de Saint-Michel.
L'on entre dans une cour étroite, en face d'une tour rectangulaire, sans
contreforts; c'est l'ancien donjon du château; une porte, aujourd'hui murée,
s'ouvrait à environ i1,20 mètre du sol actuel; l'arc en fer à cheval qui la
surmonte, ne permet guère d'en reporter la construction au-delà du XIe
siècle, époque à laquelle ce genre d'arcs semble avoir apparu en Auvergne.
Deux fenêtres, ouvertes au XVe siècle, éclairent les étages supérieurs. Sur
la gauche, un escalier en pierres desservait le chemin de ronde; au-dessous
se trouvent la cave, fermée par une grille en fer, et un cellier. Les
remparts sont percés de meurtrières, dont deux étaient munies de bancs en
pierre. Dans l'angle sud-ouest de la cour, un perron de quelques marches
conduit au porche d'entrée, dont la clef de voûte porte l'écusson des d'Albon;
des culs de lampe pittoresques reçoivent la retombée des nervures; ils
représentent un joueur de musette à longues oreilles, un personnage barbu
qui déploie une banderole, et des choux frisés. Sous ce porche s'ouvrent la
porte des pièces occupées par le gardien du château, et celle d'un cellier
qui occupe le rez-de-chaussée de l'ancien donjon; un pilier central en
supporte la voûte. Une deuxième cour entourée de tous côtés de bâtiments se
présente ensuite. A droite étaient les cuisines, construites sous
d'anciennes arcades en plein-cintre, et la citerne; sur la gauche, une
grande pièce communiquait avec la tour du midi, dont le rez-de-chaussée,qui
subsiste seul, a été converti en jardin. A remarquer une meurtrière et une
ancienne barbacane précédée de quelques marches. De cette pièce, qui fut
pendant long temps la chambre du seigneur de Tournoël, l'on passe dans un
petit oratoire éclairé par une fenêtre carrée; la voûte a conservé
d'intéressantes peintures: Dans un appartement de style Renaissance, Notre
Seigneur Jésus Christ, tenant à la main une croix, au sommet de laquelle
flotte une bannière, annonce sa résurrection à sa mère; la Vierge est
agenouillée devant un livre ouvert sur un prie-Dieu; un serpent gît à ses
pieds. Au-dessus de cette composition, deux anges présentent, l'un un voile
portant l'empreinte de la Sainte-Face, l'autre une couronne d'épines et une
lanterne; au-dessous, deux autres anges sont chargés, l'un d'une croix,
l'autre d'une colonne et de deux lances. Le tout est encadré de têtes
d'anges, de banderoles, de rinceaux, d'écussons et d'animaux; les couleurs,
encore très vives par endroits, se détachent sur un fond gris clair.
Revenant dans la cour, l'on entre dans une tourelle dont l'escalier
conduisait à des étages en partie démolis. A droite se trouve une pièce
ayant autrefois servi de garde manger; en face est une salle qui occupe
toute la largeur du château. C'était la "grande salle", dans laquelle la
famille seigneuriale se tenait habituellement et prenait ses repas; elle
servait également aux réceptions. Deux fenêtres donnant, l'une au nord,
l'autre au midi, l'éclairent. Celle-ci était ornée de peintures
mythologiques presque totalement effacées; l'on y distingue encore une Junon
reconnaissable à l'oiseau qui l'accompagne. Des moulures prismatiques et un
cordon de feuillages profondément fouillés décorent la cheminée qui était
entièrement peinte; il ne reste plus que quelques traces d'écusson et de
guirlandes de fruits. Au nord, un passage ménagé dans l'épaisseur du mur, et
masqué autrefois par des tentures, débouchait sur le réduit de la citerne.
Près de cette salle, une petite pièce servait d'antichambre à l'appartement
occupé par la châtelaine. Au XVIIe siècle, la chambre avait été décorée de
peintures qui couvraient entièrement la voûte et les murs, sauf dans les
parties masquées par des tapisseries. L'on voit encore, à droite et à gauche
de la cheminée, de capricieux enroulements et des paysages dans l'un
desquels on aperçoit un château-fort; sur le trumeau,dont le côté droit a
presque disparu, une Vénus et des Amours encadrent un autre paysage
représentant des ruines; enfin, dans un médaillon placé à la partie
supérieure, une femme, la Justice, sans doute, tient une balance. Le manteau
est orné de rinceaux, au centre desquels se détachent deux écussons portant
les armes des d'Apchon et des de Montvallat. Un couloir, éclairé par
quelques meurtrières, contourne le donjon et passe sous une grotte en
rocailles, pour aboutir à une petite cour en partie occupée par un bassin
triangulaire.
L'ouverture que l'on remarque à la base du donjon a été pratiquée
probablement lorsque l'on a construit la grotte (XVIIe siècle). Au midi de
la cour, deux portes communiquaient avec la chambre de la châtelaine; dans
l'angle nord-est; et à gauche de celle actuellement existante, une autre
porte donnait accès à la grande salle. En rentrant dans la cour principale,
l'on a devant soi une tourelle gothique dont les ouvertures sont ornées
d'archivoltes richement moulurées, que supportent des colonnettes engagées
dans la muraille; sur les arcs en accolade surmontant ces archivoltes
courent des feuillages qui s'épanouissent en bouquets à la partie
supérieure; d'autres feuillages se développent en cordons d'un vigoureux
relief à la hauteur de l'appui des fenêtres, dont les tympans sont
diversement décorés; l'on remarque sur celui de la fenêtre la plus élevée
une banderole tenue par un ange, et sur laquelle se lit le mot "ave"; un
oiseau aux ailes déployées était sculpté sur le tympan de la porte; on en
distingue maintenant à peine les formes. Cette tourelle a été élevée dans la
deuxième moitié du XVe siècle, époque à laquelle se rapportent également la
construction des écuries, et une partie des embellissements de Tournoël.
L'escalier conduit d'abord à une ancienne chambre située au-dessus des
cuisines. Des peintures dont cette pièce était ornée, il reste seulement la
partie supérieure d'une figure présentant un fruit; un oiseau vole auprès de
sa tête, et plus haut est écrit le mot "terra". A droite et à gauche, des
rinceaux et des corbeilles de fruits se détachent sur un fond clair.
L'ensemble de cette décoration, dont quelques autres traces s'aperçoivent
sur les murs, représentait les quatre éléments. Après avoir gravi quelques
marches, l'on entre, par une porte encadrée de délicates nervures, dans une
vaste pièce qui forme le premier étage de l'ancien donjon; une cheminée,
dont le manteau est orné de cordons de feuillages et de fruits d'une
exécution large et souple, est adossée à la paroi du fond; cette pièce
conserve encore, ainsi que le petit cabinet voûté, quelques peintures
figurant des pierres d'appareil, ou formant des bandes de couleurs variées.
La chute du crépi, a mis à nu deux fenêtres romanes qu'a remplacées la
fenêtre actuelle.
Sur la cheminée de l'étage supérieur, dont le plancher n'existe plus, on
aperçoit l'écusson des seigneurs de La Roche. L'on peut monter jusqu'à la
plate-forme, du haut de laquelle la vue embrasse l'ensemble du château et
des basses-cours. La porte que l'on rencontre vers le haut de l'escalier,
s'ouvrait sur un chemin de ronde; des colonnettes et une guirlande de
feuillages la décorent extérieurement. En descendant, l'on entre dans une
galerie, dont les clefs de voûte portent l'écusson des d'Albon. Sous cette
galerie, se trouve la porte d'une chapelle dédiée à sainte Anne. Les
peintures qui ornaient cette chapelle ont beaucoup souffert du vandalisme de
nombreux visiteurs, qui ont trouvé intéressant d'y inscrire leurs noms avec
la pointe de leur couteau. Ces peintures ne formaient sans doute que le
commencement d'une série de tableaux qui devaient couvrir tous les murs de
la chapelle; une circonstance, dont le souvenir s'est perdu, en aura
interrompu l'exécution. Elles paraissent, ainsi que celles de la grande
salle, de l'oratoire et de la chambre située au dessus de la cuisine, être
de l'école italienne et dater du XVIe siècle. Leur coloris frais et brillant
contrastait agréablement avec l'aspect sévère du château. Certaines
négligences de dessin semblent établir qu'elles ont été exécutées un peu
trop rapidement. A l'extrémité sud de la galerie, un escalier monte aux
remparts dont on suit la crête pour se rendre au donjon. Cette tour renferme
un rez-de-chaussée et trois étages, tous voûtés en calottes sphériques. La
porte, à laquelle on accède par un pont en pierres qui a remplacé le pont
volant primitif, est à environ neuf mètres au-dessus du sol de la cour; elle
s'ouvre sur un couloir aboutissant au premier étage, qu'éclaire une
barbacane. Des inscriptions et des dessins, d'un art très primitif,
témoignent que cette pièce a servi de corps de garde, et sans doute de
prison.
Au centre du dallage, une ouverture carrée, que fermait une trappe,
permettait de descendre dans le rez-de-chaussée, au moyen d'une poulie dont
le crochet se voit encore à la voûte, les divers objets que l'on y
emmagasinait. Ce rez-de-chaussée n'avait aucune autre ouverture. Un
escalier, pratiqué dans l'épaisseur de la muraille, conduit à l'étage
supérieur qui est percé de deux meurtrières et d'une barbacane. En face de
cet étage se trouve un couloir aboutissant à un cabinet voûté. L'escalier,
qui dessert la ceinture de mâchicoulis dont il a été parlé, le troisième
étage et la plate-forme, est logé dans une tourelle en saillie sur le
donjon; quelques marches ont été brisées par le canon. Ce dernier étage
renferme une cheminée très simple. La plate-forme est entourée d'un parapet
crénelé qu'une large brèche interrompt du côté ouest. La hauteur totale du
donjon, au-dessus du sol des cours, est d'environ 28,50 mètres; son diamètre
extérieur de 10,55 mètres en moyenne et l'épaisseur de ses murs, jusqu'au
deuxième étage, de 3,85 mètres; cette épaisseur est moindre au-dessus.
Pendant longtemps le trésor, les armes et les archives furent déposés dans
les deux étages supérieurs; au XVIIe siècle, ces étages servaient de prison.
L'ensemble des dispositions du donjon présente les caractères du XIVe
siècle; il est possible toutefois, bien qu'au premier abord il paraisse
avoir été construit d'un seul jet, qu'une moitié environ remonte au siècle
précédent; c'est également au XIIIe siècle que l'on peut attribuer une
grande partie des fortifications du château, ainsi que l'enceinte de la
basse-cour. De la plate-forme, un immense panorama se déroule aux regards:
d'un côté, une montagne aride et des rochers escarpés; de l'autre, les
fertiles plaines de la Limagne, Crouzol, Mozat, Marsat, Riom, Saint Bonnet,
et vingt autres villages noyés dans la verdure; plus loin, Montrognon,
Buron, Gergovie, Thiers, Aigue perse, Moiitpensier; plus loin encore, les
montagnes du Forez, du Cantal et de la Haute-Loire, qui se perdent dans les
brumes d'un horizon infini. (1)
Éléments protégés MH : le château de Tournoël en totalité : classement par
liste de 1889. (2)
château fort de Tournoël 63530 Volvic, tél. 04 73 33 53 06, ouvert au
public en juillet et août de 10h à 12h30 et de 14h à 19h visite libre,
visite aux chandelles en avril, mai, juin et septembre tous les jours sauf
mardi.
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