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Château fort de Buron à Yronde-et-Buron
 
 

     Il est très possible et même assez probable qu'il y ait eu là, dès la plus haute antiquité, un de ces lieux de refuge sommairement fortifiés, où les populations se retiraient pour se soustraire aux incursions de l'ennemi. Mais le château féodal, actuellement en ruines, ne remonte pas au-delà du XIIIe ou XIVe siècle. Il a tous les caractères des constructions militaires de cette époque, et l'histoire du comté d'Auvergne vient ajouter une nouvelle preuve aux données architectoniques. On sait en effet qu'à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe, l'armée royale de Philippe Auguste fut envoyée deux fois en Auvergne, la première fois pour réprimer la rébellion du comte Guy II, qui s'était déclaré pour le roi d'Angleterre contre le roi de France, la seconde fois pour punir ses hostilités contre son frère, l'évêque de Clermont. Au cours de la seconde expédition, le roi confisqua le comté. Plus tard, sous Saint Louis, une faible partie de leurs anciennes possessions fut rendue aux comtes, qui fixèrent définitivement leur résidence à Vic-le-Comte et en firent la capitale de ce qu'on a appelé le dernier comté d'Auvergne, bien réduit de son ancienne importance. Une des premières préoccupations des comtes fut de fortifier leur nouvelle capitale. Mais son assiette en pays plat leur donna à comprendre que cette précaution ne suffisait pas pour la soustraire aux coups des assaillants. Aussi conçurent-ils le plan de fermer toutes les avenues qui y donnaient accès. C'est dans ce but que furent construits ou restaurés les châteaux de Buron, Enval, Mirefleurs, Busséol, Laps, Mercurol, Creimps, Saint-Babel, qui formèrent comme une ligne de circonvallation défensive tout autour de Vic-le-Comte. Quand on con naît la topographie de cette région, il est facile de voir que chacune de ces citadelles avait pour rôle de garder un ou plusieurs des chemins, cols ou défilés qui conduisaient à Vic-le-Comte. En dehors dé cette ligne, et comme une sentinelle avancée, fut construit le petit château de Dieu-Y-Soit, destiné à garder un gué de la rivière d'Allier, qui formait là limite du comté à l'ouest. Pour réaliser ce plan les comtes avaient dû acheter Buron, Enval et Creimps, qui appartenaient à l'abbaye de Manglieu. Le château de Buron, dans le plan de circonvallation, avait un double rôle: celui de garder l'ancienne voie romaine, qui passait à ses pieds, au cas où la garnison de Saint-Babel n'aurait pu arrêter l'ennemi, et celui de barrer le passage à une troupe qui aurait réussi à franchir l'Allier entre Saint-Yvoine et Coudes. Dans aucun cas, l'assaillant ne pouvait passer sans être aperçu d'assez loin pour que la garnison eût le temps de lui couper le chemin. Au cas même où cette garnison mobilisée n'aurait pu tenir tête à l'ennemi, elle avait la double ressource ou d'être appuyée par celle de Vic-le-Comte, qui était à une faible distancé, ou de se replier sur la capitale pour augmenter le nombre de ses défenseurs. Enfin dans l'éventualité d'un siège de Vic-le-Comte par un ennemi venu d'un côté quelconque, la garnison de Buron pouvait rudement gêner les assiégeants par des sorties rapides et bien dirigées.

Très heureusement placé au point de vue stratégique, le château de Buron était inexpugnable tant par sa situation que par les travaux de défense qu'on y avait exécutés. Posé comme un nid d'aigle sur un rocher de basalte aux pentes abruptes et presque verticales à certains endroits, il étalait fièrement aux regards étonnés le formidable appareil de ses puissantes courtines, de ses hautes tours, de son donjon crénelé. Le plan par terre, déterminé par la forme même du rocher, dont il occupe toute la surface horizontale, est un pentagone irrégulier. On sent que le constructeur a fait effort pour ne pas perdre la plus petite partie utilisable de cette surface. Ses murs se profilent sur l'abîme, tantôt assis sur des lignes planes, tantôt rampants sur des lignes inclinées, partout fondés sur la roche elle-même. Il ne faut donc pas chercher ici les vestiges de plusieurs enceintes; la place manquait pour les construire; et d'ailleurs l'escarpement du pic remplaçait avantageusement ces premières lignes de défense, au moins sur la plus grande partie du périmètre. Nous devons pourtant signaler, sur le flanc méridional, des constructions jetées ça et là pour remplir les brèches du rocher par lesquelles un ennemi intrépide aurait pu essayer de grimper jusqu'à la base des murailles. Ces constructions accessoires auraient eu également pour but de fournir au château quelques dépendances, qu'il ne pouvait pas avoir par ailleurs; la tradition affirme que là étaient placées les écuries. Le système de fortifications était le même que dans toutes les forteresses de cette époque. Il consistait en vastes courtines reliées entre elles par des tours d'angles, qui auraient permis de prendre en écharpe l'ennemi qui serait parvenu à s'approcher des murailles. Ces tours donnaient aussi plus de solidité aux courtines en leur servant de liaison et d'appui. Le côté nord était de beaucoup le moins fortifié par la nature. Le sol contigu à la roche, s'élevant par une pente adoucie, venait s'amortir au pied de la butte, laissant un escarpement à pic, mais d'une hauteur insuffisante pour mettre les murs à l'abri de la sape. Un ennemi déterminé aurait pu franchir cet obstacle à l'aide d'échelles. Aussi on avait fait appel à tous les moyens de défense connus de l'époque pour tenir les assaillants à distance. Une motte de terre, en forme de croissant ou demi-lune, avec escarpe et contre-escarpe, fut élevée à une distance suffisante pour laisser un large et profond fossé entre elle et la base du rocher. Sur celui-ci, tout le long de la courtine, avait été ménagée une lice palissade, qui communiquait avec la porte du château par des couloirs abrités; tout cela pour permettre aux assiégés des sorties contre les assiégeants et des retraites faciles, en cas d'échec. Des meurtrières, à hauteur d'homme, pratiquées dans la muraille longée par la lice, permettaient aux défenseurs logés dans une salle basse de tirer sur l'ennemi, qui, après avoir franchi le fossé et escaladé la lice, aurait voulu entreprendre la sape.

Enfin le donjon, construit au nord de l'enceinte, tout près des remparts, qu'il dominait en hauteur, était admirablement posé pour commander les dehors, du côté de la motte et du fossé, de manière à renforcer encore la défense contre les attaques, qui ne pouvaient se produire que sur ce point. On voit d'un coup d'oeil tout le parti qu'on pouvait tirer d'un tel système de défense. Une troupe, qui aurait tenté l'attaque de ce côté, le seul accessible, se trouvait continuellement sous les traits des défenseurs placés au sommet de la cour tine et du donjon; arrivée sur la motte, elle était exposée au quadruple jet du donjon, de la courtine, des meurtrières et de la lice, si, sous cette grêle de projectile, elle parvenait à franchir le fossé pour appliquer des échelles contre le rocher, les hommes, qui occupaient la lice, pouvaient renverser, ces échelles ou recevoir les assaillants à coup redoublés et les rejeter dans le fossé; si enfin elle était assez heureuse pour escalader la lice, elle avait toujours contre elle les traits partis d'en haut et ceux qui partaient des meurtrières à bout portant. L'état actuel des ruines ne permet pas de découvrir quel était le système de couronnement des tours et des courtines. Il ne reste aucune trace de hourds, de mâchicoulis ou de galeries quelconques. A l'extrémité ouest du fossé se trouvait le pont-levis, à la suite duquel était un long et étroit couloir, qui conduisait à la porte. Sur le parcours de ce même couloir s'ouvrait à gauche la porte qui donnait accès à la lice. L'intérieur n'a pu être complètement nivelé. Le sol en est inégal et à plusieurs compartiments étagés, sur lesquels émergent les énormes blocs de rocher, dont nous avons parlé. Ils sont les témoins d'un travail opiniâtre entrepris pour couper leurs pointes. Dominant toute là région environnante, séparé des hauts plateaux de Saint-Hippolyte et des Chaumes par une vallée profonde, le château de Buron n'a jamais pu avoir d'autre eau que celle du ciel. Les approvisionnements d'eau étaient donc obtenus, ici comme dans la plupart des forteresses du moyen âge, au moyen dé conduites qui recueillaient les eaux pluviales et les emmagasinaient dans des citernes construites sous les bâtiments. Nous croyons qu'il existait ici deux de ces réservoirs, l'un au nord, sous le donjon, l'autre à l'est.

Un passage de l'acte de donation de la terre de Buron à Antoine de Sarlan par la reine Catherine de Médicis, reproduit plus bas, nous suggère une question à peine entrevue par les archéologues auvergnats. Il s'agit de savoir si nos anciennes forteresses renfermaient dans leurs remparts des habitations plus ou moins commodes et confortables pour la résidence des familles seigneuriales, ou si, dépourvues de ces habitations, qui en auraient fait de vrais manoirs, elles ne contenaient que des abris pour la garnison. Pour ce qui regarde Buron, voici le passage en question: "consistant encores ladicte terre et seigneurie de Buron tant en ung chasteau assis sur une montagne roçhère, lequel est à présent sans habitation et ny reste que l'enceinte dudict chasteau bien caduc, sans y avoir chose quelconque ou l'on se puisse mettre à couvert que un appentis couvert de thuile creuse qui sert de prison, et une petite cour en laquelle y a ung chapelle". Il n'y a pas de doute qu'à cette époque (septembre 1569) le château n'était pas un manoir, mais une simple enceinte fortifiée, dans laquelle on pouvait, en temps de guerre, établir des constructions en bois pour loger les défenseurs. En avait il été toujours ainsi? Nous n'avons pas de preuves certaines pour le dire. Mais l'absence de crépis sur la face intérieure des murailles montre au moins qu'aucun logis seigneurial n'a été appuyé contre ces murailles. Nous n'arguons pas de l'absence de fenêtres dans les courtines, il est évident que la défense ne permettait pas de prendre des jours de ce côté. On pourrait supposer que l'habitation du maître et de sa famille était au centre de l'enceinte, mais quelle triste demeure que celle qui aurait eu pour tout horizon le petit intervalle qui l'aurait séparée des sombres murailles d'une citadelle. Ajoutons que l'accès du château était difficile même en temps de paix. Le chemin qui contourne la motte est trop étroit pour avoir été carrossable. On ne pouvait y arriver qu'à cheval, et les provisions ne pouvaient être faites qu'à dos d'homme ou à dos de mulet, moyens coûteux et peu pratiques. Enfin tant que nos principales citadelles, Buron, Busséol, Mercurol, Creims, furent la propriété des comtes, on ne voit pas pourquoi ces grands seigneurs se seraient ménagé des demeures dans ces châteaux rochers; ils avaient leur grand et beau palais à Vic-le-Comte, au coeur du comté, dans toutes les commodités de la vie; ils
avaient leur maison de plaisance à Mirefleurs, qui était un manoir fortifié plutôt qu'une citadelle; rien ne semblait donc motiver l'installation d'une demeure dans chacune des forteresses.

Lorsque plusieurs d'entre elles eurent passé par donation à d'autres familles nobiliaires, il est possible que les nouveaux propriétaires s'y soient aménagé un pied-à-terre pour y passer quelques jours; c'est ainsi qu'au XVIIe siècle nous trouvons quelques actes notariés de la famille d'Oradour, datés du château de Buron, quoique sa demeure habituelle fut Sarlan; de même, dans un état du château de Busséol, dressé vers 1750, nous trouvons mentionné, pour toutes pièces d'habitation, une grande salle et deux petites chambres, qu'avaient dû y faire construire les de Fredeville, et qui n'étaient plus habitables; à Creims, lors de la démolition du château, en 1633, il restait à l'intérieur des débris de planchers, de poutres et de poutrelles, qui paraissaient provenir de constructions destinées aux gardiens du château plutôt que d'une habitation seigneuriale. Une partie du village de Buron nommée le Fort, avait été fortifiée à une date inconnue, mais en tout cas postérieure ou tout au plus contemporaine de la construction du château. Cette partie, la plus haute du village, est comme suspendue au flanc méridional de la butte sur laquelle repose le rocher, et séparée du château par les pentes abruptes de ce rocher, sur lesquelles il était impossible d'asseoir des maisons. La fortification avait été rendue facile par la disposition naturelle des lieux. Pour ne pas laisser trop incomplète cette étude, nous devons dire quelques mots des matériaux employés dans la construction. L'unique pierre, qu'on avait abondamment sur les lieux, c'est le basalte. Cette roche très dense, polie comme de l'acier, est généralement peu avantageuse pour la durée des édifices à cause de sa pesanteur et de son peu d'aptitude à prendre le ciment. Mais le basalte de Buron offre un avantage, qu'on ne trouve pas partout. Sa constitution géologique s'est fréquemment manifestée sous orme de prismes quadrangulaires, pentagonaux ou hexagonaux. Au sud-est du rocher, ces prismes se dressent comme des tuyaux d'orgue et atteignent une hauteur, que nous croyons unique dans notre région. Les angles sont en pierre de taille, grès ou granit, provenant des carrières de l'ancien village des Chaux, disparu, ou de Four-la-Brouque, situées l'une et l'autre dans la commune d'Yronde. Le ciment est composé de chaux du pays et de sable basaltique provenant d'une roche en décomposition située au lieu dit la Fontète, à une petite distance du château, dans la direction de l'est. Ce sable est gros et remplace assez bien la pouzzolane. Avec ces éléments et l'habileté des ouvriers on avait obtenu une solidité qui a bravé le temps. Il a fallu le découronnement des murs et l'action prolongée des agents atmosphériques pour amener la désagrégation des parties supérieures. Les hautes courtines encore debout restent sans surplomb dans leur talus primitif.

Histoire militaire du château de Buron: ce serait une erreur de croire que les garnisons de nos vieilles forteresses y étaient en permanence. En temps de paix, le château était gardé seulement par le concierge; le capitaine lui-même habitait ailleurs, la plupart du temps, et il n'y venait que pour veiller à la conservation de l'édifice. Nous trouvons des capitaines de Buron, de Creims, de Busséol, en résidence à Vic-le-Comte. En temps de guerre, les choses changeaient. Selon que le danger était plus ou moins menaçant, le capitaine, au nom du seigneur, faisait appel à un plus ou moins grand nombre d'hommes, d'abord à ceux des villages, qui étaient soumis au devoir féodal du guet. Ces garnisons, quand il s'agissait de châteaux comme Buron, n'avaient pas une grande importance numérique. Quelques centaines d'hommes pouvaient résister à l'attaque d'une troupe nombreuse, quand il n'y avait à défendre qu'un côté de la forteresse. Bien rares sont les documents de nature à nous renseigner sur les faits de guerre, qui peuvent intéresser l'histoire du château de Buron et autres semblables. Une des époques où ils auraient pu jouer un rôle important c'est celle de la guerre de Cent ans, caractérisée par les incursions de bandes de pillards, qui visaient à s'emparer des forteresses pour s'en faire un lieu de refuge et de dépôt de leur butin. Jusqu'ici aucune donnée historique n'est venue nous dire si elles envahirent ou non le comté d'Auvergne. Nous les voyons près de nous, à Cunlhat, à La Roche-Donezat, mais à aucun moment elles ne sont signalées dans les environs mêmes de Vic-le-Comte. D'autre part nos comtes ne semblent pas avoir été très inquiets pour leurs terres; Jean 1er (1361-1386), précédemment seigneur de Montgascon et comte de Montfort, lieutenant du roi, nommé capitaine et gouverneur du pays d'Auvergne et des troupes qui devaient être levées par l'ordre des Etats réunis à Clermont, en 1356, passait sa vie à la cour, comme ministre d'Etat sous le roi Jean, ou comme un des principaux conseillers de Charles V, qui le déclarait par expérience très utile à son royaume; Jean II, fils du précédent (1386-1394) trouvait le loisir de dissiper sa fortune dans la débauche. Cette période de 1360 à 1393 est pourtant celle où l'Auvergne eut particulièrement à souffrir des invasions anglaises; si nos comtes n'étaient jamais occupés à la défense de leurs terres, c'est sans doute parce qu'elles n'étaient pas envahies ou parce qu'ils avaient une grande confiance dans la valeur de leurs capitaines et dans la puissance de leurs forteresses.

La seule circonstance connue où le château de Buron joua un rôle véritablement militaire, c'est celle des guerres de la Ligue en Auvergne. Il appartenait alors à Julien d'Orâdbùr, sénéchal de Clermont et ardent ligueur; son capitaine était Hugues de Faydides, sieur de Chaûgélle. Aux mois d'août et de septembre 1589, avant d'assiéger Vic-le-Comte, le comte de Randan, chef de la Ligue, avait fait mettre une forte garnison à Buron, de même qu'à Mirefleurs, Laps et Rillac, afin de ruiner les habitants de Vic-le-Comte par de fréquentes incursions de pillage sur leur territoire: moissons, fruits, bestiaux, tout était une proie désignée à la rapacité de ces bandes. Le capitaine de Buron eut-il honte de faire cette besogne? Quelque considération de sympathie ou d'ambition le gagna t-elle au parti du roi? Nous l'ignorons. Mais Un beau jour il s'enferma dans la puissante citadelle avec sa compagnie et se déclara royaliste. Cette volte-face n'était pas faite pour plaire au chef de la Ligue. Le sieur de Faydides, non moins brave que résolu, pouvait considérablement gêner les ligueurs, lorsqu'ils viendraient mettre le siège devant Vic-le-Comte. Aussi Randan voulut-il tout d'abord réduire cette place dangereuse pour ses opérations, et il conduisit son artillerie devant la citadelle. On a la preuve de cette tentative dans la découverte de quelques boulets, qui ont été trouvés dans la motte ou dans le fossé. Mais les quatre ou cinq pièces de canon, qui composaient toute l'artillerie de la Ligue, ne purent faire brèche dans les lourdes et épaisses murailles du château; les projectiles venaient s'émousser ou se briser contre le basalte; aussi après une canonnade de quelques heures, l'armée ligueuse se replia. Cet insuccès donna au capitaine l'assurance que l'ennemi ne viendrait plus perdre son temps contre la forteresse. Après avoir pris les précautions demandées par la prudence, il en confia le commandement à un de ses lieutenants, forma une nouvelle compagnie, et alla se joindre aux capitaines qui se préparaient à soutenir le siège de Vic-le-Comte. Après le nouvel échec de Randan contre la capitale du comté, Hugues de Faydides revint à Buron, où il était encore en 1594, commandant au nom du roi. Henri IV lui fit adresser des lettres de félicitation pour les services, qu'il avait rendus à la cause royale, et pour l'assurer que la solde de 66 écus par mois continuerait de lui être payée. D'après le chanoine Audigier, il n'aurait consenti à rendre le château de Buron aux héritiers de Julien d'Oradour, tué à la bataille de Cros-Rolland, qu'à la condition très onéreuse de recevoir en retour la seigneurie de Saint-Yvoine. Il est certain que jusque là Saint-Yvoine avait appartenu aux d'Oradour, et qu'à partir de cette époque il appartint aux de Faydides.

Un siège de justice, d'abord sous le nom de châtellenie et ensuite sous celui de baillage, fut établi à Buron dans le courant du XIIIe siècle. La donation des moulins de la Varenne faite au monastère du Bouchet par le comte Robert VI, en 12S4, spécifie que ces moulins sont dans la châtellenie de Buron. Un acte de transaction, entre la comtesse Jeanne 1ère, reine de France, et l'abbé de Manglieu, le 31 décembre 1352, porte que la haute justice du village de Roure appartiendra à la reine et ressortira de la châtellenie de Buron, tandis que la moyenne et basse justice appartiendront à l'abbé. L'acte de donation de la terre et seigneurie de Buron à Antoine de Sarlan nous fait connaître le ressort de cette justice. Elle s'étendait sur toute la paroisse d'Yronde, c'est-à-dire sur les villages de Buron, Yronde, la Molière, les Chaux, Fontcrépon, les do maines de Sarlan et d'Aubeyrat, et, en dehors de la paroisse, sur le village de Parent, dépendant de Vic-le-Comte, et sur les villages de Roure et de la Font-de-Roure, paroisse de Saint Babel, pour la haute justice seulement, selon l'acte de transaction de 1852. Les appels allaient à la sénéchaussée de Clermont; et avant la création de cette sénéchaussée, ils allaient probablement à celle de Riom. Nous connaissons un petit nombre des officiers de cette justice. Il est d'ailleurs permis de supposer que ces officiers étaient les mêmes que ceux de Vic-le-Comte, tant que Buron resta propriété des comtes, car nous trouvons fréquemment, à cette époque, les expressions châtellenie de Vie et Buron, terrier de Vic et Buron; pourquoi le langage juridique aurait-il uni ainsi ces deux châtellenies, sinon parce que les officiers de justice étaient les mêmes dans les deux? Après la donation de la seigneurie, nous trouvons à Buron un bailli, un procureur d'office, un procureur fiscal, des procureurs postulants, un greffier, des sergents, un notaire tabellion. Tous ces baillis habitaient Vic-le-Comte.

La terre de Buron resta dans l'apanage des comtes d'Auvergne jusqu'en 1569, époque où la reine Catherine de Médicis la donna à Antoine de Sarlan. Antoine de Sarlan ne laissa qu'une fille, Clauda, qui fut mariée à Jacques d'Oradour, et lui porta entre autres seigneuries celle de Buron. La généalogie des familles de Sarlan et d'Oradour est donnée dans la fiche concernant le château de Sarlan. Nous trouvons ensuite la famille de Gironde au XVIIe siècle. Alexandre de Gironde, chevalier, comte de Buron, sieur de Néronde, de la Chaize, de Saint-Remy, de Busset ou Busseuil, de la Plumassière, était fils de Jacques-Louis de Gironde, qui devint possesseur de la terre de Buron. Sa mère était Louise Jabaud. Alexandre épousa, par contrat du 29 février 1688, passé à Paris, Marie-Henriette d'Assé, fille de feu Charles, cheyalier, marquis de Montfaucon, et de Renée de Godes. Ne pouvant plus faire face à ses affaires que son père lui avait laissées, en mauvais état, il fut obligé de vendre sa terre de Neyronde, qui fut acquise, le 14 juin 1712, par Guillaume de la Rochplambert, seigneur du Fieu, et par son fils, Claude de la Rochelambert, moyennant; le prix de 24.000 livres, dont 22.226 livres furent versées aux créanciers. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Genès de Clermont, le 18 août 1712. Sa femme l'avais précédé dans la tombe, Ils laissèrent: André qui suit; 2° Marie, née en décembre 1689, morte religieuse au monastère des Ursulines de Montferrand, en 1723,; 3° Jeanne-Baptiste, religieuse au monastère des Ursulines de Clermont, en 1712; 4° Charlotte-Henriette, mariée en 1720, avec Joseph de Mars, seigneur d'Isserpens, de Beaumont et de Châteauroux en Bourbonnais; 5° Marie-Henriette, sous la tutelle de son père en 1699; 6° Charlotte-Joséphine-Henriette, mariée avec Antoine de Chabannes, marquis de Curton, colonel au régiment de Cotentin infanterie, elle mourut au château du Palais en Forez, le 19 novembre 1756; 7° Anne Antoinette de Gironde de Buron, religieuse au monastère de Saint-Paul près Soissons, ordre de Saint Augustin, fut nommée prieure du couvent de Courpière par Germain Chataigner de la Châtaigneraie, chanoine comte de Lyon et abbé commendataire du Moustier de Thiers, le 13 août 1739. Elle donna sa démission le 6 mai 1740. André de Gironde, chevalier, comte de Buron, vicomte d'Embrief, seigneur d'Escury, Neyronde, Mesmin etc, né le 14 mars 1694, entra dans l'armée de mer, où il fut reçu garde-marine, le 14 septembre 1708; servit cinq ans en cette qualité, fit plusieurs campagnes, et quitta le service sans avoir reçu aucun, avancement.

Une partie de son existence se passa en procès. En 1712, il se laissa emporter à des actes de violence contre Vacher-la-Charme, frère d'un conseiller en cour de Clermont; le substitut du procureur général de la sénéchaussée fit ouvrir contre lui une procédure criminelle, qui se termina le 21 mai 1716, par une condamnation à 2.000 livres de dommages et intérêts; on a même prétendu qu'il avait été condamné aux galères, et que les 2000 livres n'étaient qu'une commutation ds sa peine. En 1719, accusé de violences contre les gens de la seigneurie de Buron, il fut arrêté à Vic-le-Comte par ordre du même substitut; mais il résista aux agents de la force publique et parvint à s'échapper; le Vendredi-Saint de la même année, les archers de la sénéchaussée le traquaient encore aux environs de son château sans pouvoir le saisir. Pendant qu'il se dé battait ainsi contre la police, un autre procès se déroulait devant le parlement de Paris, à propos de la saisie de la terre de Sarlan, que lui ou son père avait obtenue contre Philippe Joseph d'Oradour; le 29 juin 1719, le parlement le déboutait de toute prétention sur cette terre, et le condamnait à payer tous les frais. En 1770, étant presque octogénaire, il inventa un objet de litige, que la monomanie de la procédure est seule capable de trouver; se prétendant successeur des comtes d'Auvergne dans la seigneurie de Buron, il attaqua une donation faite à l'abbaye du Bouchet par le comte Guy II, en 1221. Cet étrange personnage était arrivé quand même à de hautes fonctions, qui peut-être l'enhardissaient dans ses folles entre prises. Le 28 mai 1731, il avait obtenu l'office de grand échanson de France, sur la démission du marquis de Laumary. Le 17 juin suivant, il était pourvu de la charge de lieutenant général du gouvernement de l'Isle-de-France, en remplacement du marquis d'Houdetot. Il fit foi et hommage pour sa terre et château de Buron, entre les mains de trésoriers de France à Riom, le 15 mars 1714. Son acte d'inhumation dans l'église de Saint-Genès de Clermont, du 8 octobre 1770, le qualifie ancien commandant pour le roi de l'Isle-de-France.

Il avait épousé, le 16 octobre 1721, Anne-Antoinette de Boistel, fille unique de Claude de Boistel, conseiller en la grande chambre du parlement de Paris, et d'Antoinette de Boultz, dont trois fils et trois filles: Marie-Louis-Vietor-Amédée qui suit; 2° Jean-Baptiste-Amédée, né à Paris, baptisé à Saint-Sulpice le 2 novembre 1728; 3° Alexandre-Amédée, né le 28 octobre 1730; 4° Amie-Antoinette, dite Mademoiselle de Buron, née le 7 septembre 1722; 5° Louise-Victoire, née le 17 septembre 1723, morte le 15 novembre de la même année; 6° Marie-Henriette, née le 16 janvier 1727. Marie-Louis-Vietor-Amédée, marquis de Gironde, comte de Buron, vicomte d'Embrief, seigneur d'Escury, de Neyronde, de Mesmin, de Fay, de Longregard, de la Mairie d'Ardre et de Soissons, baron de Châteauneuf, lieutenant général au gouvernement de l'Isle-de-France par la démission de son père, en juillet 1757, épousa, par contrat du 18 juin 1757, Adélaïde Geneviève-Marguerite d'Assé, sa cousine, fille d'Armand d'Assé, chevalier marquis de Montfaucon, et de Geneviève de Montmorin-Saint-Hérem. En 1775, il continuait le procès intenté par son père contre l'abbaye du Bouchet. Il mourut en 1777, n'ayant eu qu'un fils décédé en bas âge. Cette absence d'héritiers ne l'empêchait pas d'être âpre au gain. On dit qu'il mourut de chagrin de n'avoir pu obtenir que 60.000 livres d'indemnité pour les deux tiers du droit de leyde, qui se percevait sur les marchés de la ville de Clermont. Nous ne savons comment ni à quelle époque ce droit avait été acquis par la famille de Gironde. En 1749, l'intendant d'Auvergne écrivait à M. de Saint Florentin ses craintes de voir les habitants de Clermont s'engager dans une contestation, sur ce droit, avec M. deBuron (André de Gironde). Il était déjà question de supprimer la leyde pour favoriser le commerce; la ville de Clermont offrait de sacrifier le tiers qui lui appartenait; mais le comte de Buron, esprit peu conciliant, mit obstacle à cette excellente mesure. Ce ne fut qu'après sa mort, le 31 août 1775, qu'un arrêté du Conseil d'Etat supprima ces deux tiers du droit de leyde; le 4 septembre de la même année, les commissaires du bureau des Péages fixèrent l'indemnité à 60.000 livres, non compris les intérêts. Le marquis de Gironde fit des représentations sur la modicité de cette somme, et n'ayant rien obtenu, il mourut de chagrin, deux ans après. Sa veuve accepta l'indemnité, par lettre adressée à M. de Cha zerat, le 18 septembre 1777. La terre de Buron passa alors à Adélaïde Geneviève-Mar guerite d'Assé, héritière de son mari. Elle fit son testament, le 14 août 1778, instituant deux légataires universels encore mineurs dont Armand-Marie de Lort, fils de Joseph-Henri Constant marquis de Lort et de Marie-Antoinette de Gaignon de Villennes; et Henriette-Antoinette de Gaignon de Villennes, fille de défunt Louis-Jacques-Armand, comte de Vilennes et de Marie-Henriette de Biars de Lhommois.

Elle laissait l'usufruit de la moitié de la seigneurie de Buron à Marie-Antoinette de Gaignon de Villennes, marquise de Lort, qui s'en désista. Par acte passé au Châtelet de Paris, devant maître Lefebvre, notaire, le 31 juillet 1780, M. Etienne Pasquier, fondé de pouvoir de M. le marquis de Lort, tuteur de son fils, et M. Nicolas Chanût, fondé de pouvoir de Madame la comtesse de Gaignon de Villen nes, tutrice de sa fille, vendirent la terre et seigneurie de Buron à Paul comte de Verdonnet, résidant à Vic-le-Comte, moyennant le prix de 84.000 livres; dont 16000 furent versées par l'abbé Paul de Murât, aumônier de Madame, au nom de son frère, François de Murât, qui devait cette somme à l'acquéreur. Cette vente fut ratifiée le 26 juillet 1782 par Elisabeth d'Assé femme de François de Monnart, baron de Villefavard et par Antoinette d'Assé, femme de Jean-Baptiste de Bâillon. Paul comte de Verdonnet, chevalier, fils de François de Verdonnet, sieur de Benaud, et de Magdelaine de Murât, né à Vic-le-Comte, résidence ordinaire de ses parents, fût baptisé le 29 mai 1752, ayant pour parrain Paul de Murât, chanoine de la Sainte-Chapelle du: Palais, et pour marraine Marguerite de Verdonnet. Il épousa Catherine Jacqueline de Courtaureil, demoiselle de l'Ollière, fille de Joseph, Comte de Courtaureil, chevalier, seigneur de la Tour de Rouzat, l'Ollière, les Thierris, ancien Capitaine de cavalerie et de défunte Antoinette d'Aurélle quand vivait dame de l'Ollière, demeurant au château de Rouzat, paroisse de Beauregard-Vendon. La bénédiction nuptiale leur fut donnée dans l'église de Saint-Genès de Clermont, le 21 octobre 1776. L'époux, mineur légalement émancipé, procédait sous l'autorité de Vital comte de Murat, son curateur. Son acte de mariage qualifie Paul de Verdonnet, sieur de Bènaud, petit fief qui lui venait de son père. Il prit le titre de seigneur de Buron après qu'il eut acquis cette terre. Le 25 juin 1784, Elisabeth de Frétât de Chirac, veuve de Jean de Combres, sieur de la Roche-Noire, ayant perdu son fils Unique, François de Combres, donna à Paul de Verdonnet la somme de 6.000 livres; qui lui était due par Catherine-Jacqueline de Courtaureil, femme dudit seigneur de Buron; par le même acte elle lui cédait tous les biens fonds qu'elle avait acquis dans le lieu de la Rbche-Noire et ses dépendances, consistant en bâtiments, terres labourables et vignes. Paul de Verdonnet émigra pendant la période révolutionnaire, et ses biens furent vendus nationalement. Les registres de catholicité de Vic-le-Comte conservent deux actes de baptême des deux enfants de Paul de Verdonnet et de Catherine-Jacqueline de Courtaureil: Magdelaine née le 22 décembre 1777 et Durand-Etienhe-François-Victor né le 8 septembre-1779. (1)

château-fort de Buron 63270 Yronde et Buron, vestiges, accès pédestre, visite libre mais site embroussaillé et infesté de
vipères!!!


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(1)    Fiefs et châteaux forts relevant de la comté d'Auvergne (capitale Vic-le-Comte) par le chanoine Jean-Baptiste Fouilhoux; imprimerie générale, 2 cours Sablon, Clermont-Ferrand (1926)


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