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La terre de
Galleville, sise sur le territoire de la paroisse de Doudeville, appartint,
jusqu'en 1660, à l'abbaye de Valmont. Elle fut cédée à cette époque à Pierre
Roque de Varengeville, conseiller d'État et secrétaire des commandements de
Monsieur, frère unique de Louis XIV. Pierre Roque fit construire le château
et le donna à sa fille Jeanne-Angélique lorsqu'elle épousa, le 1er février
1702, Claude-Louis-Hector de Villars. Celui-ci devait, cette même année,
mériter à la bataille de Friedlingen le bâton de maréchal et dix ans plus
tard sauver la France par sa victoire de Denain, mais en février 1702 il
n'était encore connu que par sa belle conduite aux combats de Leuze en
Flandre et de Wislock sur le Rhin, et par son ambassade de Vienne. Dans ce
poste difficile, il avait, pendant trois ans, déployé une grande finesse
jointe à beaucoup de sang-froid et était parvenu à empêcher la prise de
possession provisoire des États espagnols d'Italie du vivant même de Charles
II. "Villars, dit Saint-Simon, eut un bonheur inouï, infatigable; il fut le
plus complètement et le plus constamment heureux de tous les millions
d'hommes nés sous le règne de Louis XIV". Au nombre de ses bonheurs, il faut
compter son mariage, car Mademoiselle de Varengeville était une des plus
belles personnes de la Normandie. Villars gâta cependant lui-même un peu sa
félicité. Il était grand et bien fait, mais en 1702 il avait quarante-neuf
ans, et, bien qu'il ne comptât pas la modestie parmi ses vertus, il craignit
que son âge ne lui permît pas de conserver longtemps le cœur de sa compagne.
Il devint jaloux au point de se faire suivre d'elle dans ses expéditions, et
la cour à ce sujet ne lui épargna pas les railleries. Dans ce malheur
toutefois il eut encore un bonheur, celui d'échapper au sort qu'il
redoutait, car la maréchale était aussi vertueuse que belle". Le maréchal de
Villars mourut à Turin, le 17 juin 1734, et son cœur, rapporté à Galleville,
fut descendu dans le caveau sépulcral construit sous le sanctuaire de
l'église de Doudeville.
Il n'est pas besoin d'être archéologue pour comprendre la valeur d'un tel
souvenir, et l'on ne peut s'expliquer comment a pu disparaître la pierre
tombale sur laquelle on lisait les noms et les titres du héros. La maréchale
conserva le château de Galleville jusque vers 1760. Il fut alors acheté par
un gentilhomme irlandais du nom de Nicolas Lawless, qui le revendit en 1769,
à François-Louis Leseigneur de Reuville. Marie-Angélique de Reuville, fille
de François-Louis, fut mariée, en 1775, au marquis Charles-Alexandre d'Héricy.
Les deux époux devinrent propriétaires de Galleville, et, par suite de
l'union de leur fille Angélique-Louise-Charlotte d'Héricy avec le marquis
Armand-Charles-Henri de Montault, en 1803, la terre et le château de
Galleville passèrent dans la famille de Montault, où ils sont restés
jusqu'au début du XXe siècle. Le marquis de Montault en a cédé la jouissance
à son gendre, le comte L. Mniszech, chambellan de Sa Majesté Impériale et
Roger Apostolique, qui, en 1876, avait épousé Mademoiselle Isaure de
Montault (1). Le château, représentatif du domaine seigneurial au XVIIe
siècle, a été construit en brique, grès et silex. Au cours de la Seconde
guerre mondial, le château est occupé et incendié. Un panneau à l'entrée
évoque ce souvenir que huit années de travaux acharnés auront fini par
effacer. En errant d'une pièce à l'autre, il n'y paraît plus rien aux yeux
du visiteur venu explorer le monument un demi-siècle après. De la chapelle à
la bibliothèque, du salon de billard au salon de musique, le fil de
l'histoire s'écoule naturellement avant de retrouver le chemin du parc par
les cuisines. Cette partie est classée jardin remarquable, indispensable
réconciliation poétique après l'excès d'austérité du parc à la française.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château, des deux
bâtiments des communs, des deux pavillons de garde et du colombier ; les
deux allées plantées à l'est et à l'ouest du château ; l'ensemble des murs
de clôture y compris le saut-de-loup à l'ouest et ceux entourant
l'avant-cour et la cour d'honneur avec le saut-de-loup et le pont ainsi que
la grille d'entrée : classement par arrêté du 4 mai 1984 (2)
château de Galleville 76560 Doudeville, tél. 02 35 96 54 65, ouvert au
public, visite guidée des pièces du rez-de-chaussée du 22 juillet au 31
août. Visite des jardins du 1er juillet à fin septembre. Du 1er mai au 31
octobre pour les groupes.
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