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En l'an 1636, un conseiller au Parlement de Normandie,
Pierre Costé, seigneur de Saint-Supplix, de Buglise et de Triquerville, et
déjà propriétaire à Harfleur d'une maison sise rue Notre-Dame, obtint du roi
Louis XIII la concession d'une partie des anciens remparts et fossés de la
ville, entre la porte de Montivilliers et la première tour à l'ouest de
cette porte. Douze ans avant, le démantèlement de la vieille place forte
normande avait été décidé et en partie mis à exécution. On avait presque
totalement détruit la porte de Montivilliers, une des plus belles de la
ville sinon la plus forte, réparée de 1484 à 1490 et richement ornée à cette
époque: on y voyait sculptées les armes du roi et celles du dauphin, que M.
Guillaume de la Noë Saint-Martin, peintre, avait peintes et dorées de fin
or; le couronnement avait été décoré d'ornements en plomb, portant également
les armes du roi et du dauphin, deux grands karolus couronnés, soutenus par
quatre piliers ouvrés, quatre bannières, le tout également peint et doré. A
l'ouest de cette porte, un large boulevard et une haute muraille
s'étendaient jusqu'à la première tour, nommée dans les comptes tour derrière
le presbytère, et qui servait de poudrière. Cette tour et la solide muraille
qui l'unissait à la porte avaient été détruites et les larges fossés
comblés. Pierre Costé se tailla, sur l'emplacement de ces fortifications, un
petit domaine qu'il agrandit, quelques années plus tard, par l'acquisition
du presbytère, que lui céda M. Charles de la Tour, curé d Harfleur, par
contrat passé le 6 mars 1653. Sur cet emplacement, il fit construire, en
style gréco-romain, le château qui existe encore aujourd'hui, et où la
brique et la pierre se marient d une si agréable façon; puis, grâce à de
puissantes protections, il obtint l'érection de ce domaine en châtellenie
sous le titre de Saint-Martin d'Harfleur.
Les Costé n'appartenaient pas, quoi qu'en dise La Chesnaye des Bois, à la
vieille noblesse de notre province. Par lettres données à Saint-Denis en
juillet 1593, Pierre Costé, premier du nom, seigneur de Saint-Supplix et de
Dondeneville, maître en la chambre des comptes de Normandie, et fils de
Jehan Costé, bourgeois du Havre-de-Grâce, avait été anobli par le roi Henri
IV. Pierre Costé, le fondateur du château d'Harfleur, naquit en 1595; le 27
mars 1618, âgé seulement de 23 ans, il était reçu conseiller au Parlement de
Normandie. Il devint, à la mort de son père, seigneur de Saint-Supplix,
Buglise, Triquerville, le Mesnil, et mourut à Harfleur, le 1er mars 1674,
étant doyen du Parlement. Le 4 du même mois son corps fut porté dans un
carrosse d'Harfleur à Saint-Supplix, où il fut inhumé dans l'église dudit
lieu. De son mariage avec Marie Bouchard, fille d'Alexandre Bouchard,
vicomte hérédital de Blosseville, Pierre Costé laissait cinq enfants, deux
filles et trois fils, dont le plus jeune devint seigneur du Mesnil et
conseiller au Parlement, le cadet fut seigneur de Triquerville et l'aîné,
Alexandre, eut les terres et seigneuries de Saint-Supplix, Buglise et
Saint-Barthélemy et le fief et le château. Le fils aîné de ce dernier, nommé
également Alexandre, fut aussi conseiller au Parlement de Normandie. Les
descendants du bourgeois du Havre étaient alors à leur apogée: après avoir
soutenu plusieurs procès contre l'abbaye de Montivilliers à cause de leur
châtellenie d'Harfleur et avoir eu gain de cause, ils avaient acquis la
charge de gouverneur d'Harfleur, créée héréditaire par édit de 1709.
Ils se qualifiaient alors de hauts et puissants seigneurs marquis de
Saint-Supplix, seigneurs dudit lieu, de Buglise, Saint-Barthélémy,
Raimbertot, Ecrepintot, Bavon, etc., patrons honoraires des ville et port
d'Harfleur. Pierre-jacques-Alexandre, marquis de Saint-Supplix étant mort
sans postérité en 1755, ses biens passèrent à ses sœurs, dont l'une avait
épousé Noël-Florimond Huchet, seigneur de la Bédoyère, et l'autre
Jean-Baptiste Fabri, comte d'Autrey, brigadier des armées du roi. C'est à ce
dernier qu'échut le château d'Harfleur, qui ne devint la propriété de la
famille de la Bédoyère qu'en 1848, par donation de Madame de Mérinville,
dernière descendante du comte d'Autrey. Complètement restauré en 1873,
d'après les plans de l'éminent architecte, M. Eugène Viollet-le-Duc, le
château d'Harfleur a été mis en vente en 1890 et est devenu la propriété de
M. Léon Clerc, négociant à Roubaix (1). Monsieur Charles Schneider achète la
propriété en 1910. En 1953, la municipalité d'Harfleur acquiert le domaine
et fait restaurer l'édifice par l'architecte Liot assisté des architectes
Franche et Alleaume afin de l'approprier comme hôtel de ville.
Éléments protégés MH : le château d'Harfleur en totalité : inscription par
arrêté du 24 novembre 1926 (2)
château d'Harfleur,
rue de la République, 76700 Harfleur, abrite l'hôtel de ville, visite des
extérieurs uniquement.
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