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La seigneurie de Houdencourt, probablement d'origine ancienne, formait une
pairie de la châtellenie de Domart. Il s'agit probablement d'un important
domaine agricole issu du défrichement, et devenu propriété seigneuriale. Le
nivellement formé par le chemin de Fransu qui le traverse, qui a contribué
au terrassement de l'emplacement du logis, témoigne de l'ancienneté de cette
voie de communication et de l'occupation du site. En 1407, la seigneurie
appartient à Jean d'Embreville, écuyer, puis à la famille de Brucamps de
1430 à 1550. À cette date, elle passe par alliance à la famille de Boubers,
qui tient également les seigneuries des Bouleaux et de Ribeaucourt. Le
domaine est alors formé d'une maison seigneuriale avec un enclos de 8
journaux, 70 journaux de terre et 25 journaux de bois. Pierre de Boubers,
écuyer, cède la terre en 1603 à François de Croze, également écuyer, que sa
fille Marguerite apporte par alliance à Jean de Gaude, seigneur de
Martainneville et de Saint-Élier, capitaine au régiment de Soyecourt.
Celui-ci achète en 1656 la seigneurie voisine de Franqueville, ainsi que la
moitié sud de la forêt de Goyaval, qui prend alors le nom de forêt de
Martaineville. Marie-Thérèse de Gaude, marquise de Boudeville, comtesse de
Martainneville et baronne de Cotigny, hérite des domaines familiaux en 1749
et épouse la même année Philippe-Charles Vogt, comte de Hunolstein et d'Ottange,
chambellan de Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne puis duc de
Lorraine et de Bar, et capitaine au régiment royal allemand de cavalerie.
Elle transmet dès 1770 à leur second fils Jean-François Léonor Vogt, baron
de Hunolstein, futur major au régiment de Chartres-Dragons, les seigneuries
de Houdencourt et de Franqueville (avec le bois de Martaineville), les
seigneuries de Harondel et de Rouvroy en partie, et les droits formant la
vicomté de Domart (dont le Bois-Vicomte). C'est probablement lui qui fait
reconstruire le logis, caractéristique des petits châteaux de plaisance du
milieu du XVIIIe siècle, ainsi que la ferme dont le portail en calcaire,
rehaussé de brique au XIXe siècle, porte la date de 1772. Les communs et
dépendances, que l'on distingue sur le plan cadastral de 1833, semblent
former un ensemble compact et homogène. Les d'Hunolstein émigrent dès 1789
et le domaine de Houdencourt, saisi comme bien national, est acquis en 1793
par son ancien fermier, Jean-Baptiste Roussel. La partie nord du bois de
Martaineville est acquise dans les années 1820 par Jean-Charles Deberny,
nouveau propriétaire du château et du domaine de Ribeaucourt, qui lui
donnera son nom. Jean-Baptiste Roussel fils est maire de Fransu dans les
années 1830-1840. Il fait agrandir le logis d'un pavillon à un étage carré
et étage de comble, dans le style du corps de logis initial, et agrémenter
la toiture d’œils-de-bœuf et de lucarnes ornés et d'une crête. Les bâtiments
de la ferme sont restaurés et complétés d'un colombier portant la date de
1870, par son fils, Jules qui a repris l'exploitation avant 1851. L'ensemble
de ces travaux porte la marque du Second Empire.
Juliette Roussel, fille de Jules et héritière du domaine, épouse en 1884
Hippolyte Jérosme, héritier de la ferme du Bois-Riquier à Ville-le-Marclet.
Le couple fait reconstruire ou remanier les bâtiments d'exploitation de la
ferme qui, selon Patrick Longuet, portent sur une pierre la date de 1890
surmontée des initiales J. et R. (Jérosme et Roussel). La lucarne principale
du nouveau pavillon est ornée d'une agrafe sculptée en très haut relief
d'armoiries de fantaisie (écu écartelé tenu par deux soldats en armure
tenant hallebarde, blasonné en en 1 et 4 "d'argent au cerisier de sinople
fruité de gueules, au chef au même chargé d'une étoile à six raies d'or", et
en 2 et 3 "d'azur à la tour d'argent crénelée"), surmontées des mêmes
initiales J. et R. Les premières sont les armoiries de Duranty, fameuse
famille de la noblesse de robe provençale dont les Jérosme prétendaient
descendre, tandis que les secondes sont les nouvelles armoiries de la
famille Jérosme, rappelant l'origine féodale du domaine. La propriété passe
ensuite à leur fille Eugénie, qui a épousé après la Première Guerre mondiale
l'officier britannique Arthur Grace en cantonnement au manoir. La famille
Grace vend la propriété en 1973 à un entrepreneur, qui laisse le domaine se
dégrader. L'agrafe armoriée est dérobée. En 1987, un incendie détruit la
toiture et l'intérieur du logis. Après la faillite du propriétaire en 1993,
le manoir est vendu par adjudication à la famille Douville de Franssu,
propriétaire du château de Fransu. Une restauration complète et scrupuleuse
est menée de 1994 à 1997, avec des lucarnes plus simples mais fidèles au
modèle du XVIIIe siècle, mais sans toutefois restituer le pavillon du XIXe
siècle.
Étendu au-delà de son emprise initiale, Houdencourt est aujourd'hui entouré
d'un jardin paysager et forme un domaine d'une surface de 6,5 hectares. Il
est situé à la lisière ouest du bois Monsieur-de-Berny, qui forme la partie
nord du bois de Martaineville et qui a absorbé le site de l'ancien hameau.
L'allée principale qui traverse le domaine forme un tronçon du chemin qui
relie le village de Fransu au hameau de Houdencourt. Elle sépare le logis
des communs à l'ouest, puis de la ferme au sud. Le nivellement produit par
le passage de l'allée à cet endroit a contribué à séparer le logis de la
ferme. Le domaine ouvre sur le chemin de Fransu par un portail moderne à
piliers de brique avec pierre en remplissage, tandis que le portail ouvrant
sur l'ancien hameau, au droit de l'ancienne ferme, est formé de piliers de
pierre et couvert d'un arc en brique avec clef de pierre et corniche
appareillée. Cette porte est couverte d'un petit toit à longs pans et
croupes en ardoise. Au centre du domaine, le logis est établi sur un
surplomb aménagé en terrasse bordée de haie. Le mur de soutènement en brique
qui maintient cette terrasse est interrompu par un degré qui relie le logis
à l'allée en contrebas et à la ferme, et que ponctue en partie supérieure un
portail avec vantaux de fer forgé, dans le style du XVIIIe siècle.
Le corps de logis est construit en rez-de-chaussée surélevé, en brique et
pierre sur soubassement de grès. Les façades sont en brique avec éléments
saillants en pierre, les pignons sont à assises alternées. Les façades
ordonnancées sont marquées par un léger avant-corps central de quatre
travées. Un pavage de grès marque le pourtour du bâtiment. Le toit à longs
pans et croupes brisés et les lucarnes ont été restitués selon le modèle
ancien. Le corps de logis, simple en profondeur, n'a conservé aucun
aménagement ancien, hormis le dallage d'ardoise du vestibule. Au nord du
château se déploie l'emprise de l'ancien jardin clos de mur. Les communs et
les dépendances sont pour la plupart construits en brique et pierre à
assises alternées, complétés de pignons à pan de bois, et couverts de tuile.
La ferme est située en contrebas du logis dont elle est séparée par l'allée
principale. La cour est délimitée par une allée sinueuse, et la plupart des
bâtiments qui l'entouraient au sud-est ont disparu. L'ancien logement
jouxtant une ancienne étable demeure toutefois sur le côté ouest, au droit
du portail ouvrant sur l'ancien hameau, et face à un autre bâtiment a été
transformé en logement. Au milieu de la cour s'élève le colombier hexagonal
en brique avec pierre en remplissage. Les encadrements de pierre des deux
baies superposées sont couvertes d'un arc en anse-de-panier avec agrafe et
impostes. Le colombier est couvert d'un toit polygonal en ardoise. Deux
étangs ont été creusés au sud-est de l'ancienne ferme. (1)
château d'Houdencourt, rue d'Houdencourt, 80620 Fransu,
propriété privée, ne se visite pas.
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