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Château de Suzanne (Somme)
 
 

         Suzanne, ancienne habitation gauloise, est aujourd'hui un village assez pittoresque situé sur la rive droite de la Somme, entre Péronne et Amiens. C'est vers les bords de la Somme, au bas même de la côte que fut reconstruit, en 1619 et 1678, le château actuel. Cette construction avait remplacé elle-même un château-fort d'une époque plus reculée encore et dont on retrouve des vestiges dans la pièce d'eau qui s'étend au bas de la terrasse. Comme à Bray, à Cappy, à Cléry et autres localités, à Suzanne aussi s'élevait autrefois une forteresse importante destinée à dé fendre le passage de la Somme en cet endroit. Auprès de cette habitation féodale que défendaient ses murs, ses donjons et plus encore les eaux profondes qui l'environnaient de toutes parts, sont venues s'abriter les chaumières primitives qui ont été le berceau du village de Suzanne. Il avait déjà le titre de paroisse en 1089; puisque des titres authentiques constatent qu'à cette époque Radbod II, évêque de Noyon, concéda l'autel de Suzanne à l'abbaye de Saint Éloi, de sa ville épiscopale. La célébrité et la puissance de ses anciens seigneurs seraient encore de nature à confirmer l'importance du château de Suzanney aux siècles de la féodalité. Il est permis d'en juger par le seul qui nous soit connu d'une manière bien authentique. C'est ainsi qu'en parle Montfaucon dans ses Monuments de la Monarchie Française. "Robert Fauviaus de Suzanne étoit un Roi d'armes dont l'office étoit de commander aux Hérauts, de présider à leurs assemblées, de marcher lui-même pour les affaires importantes; c'étoit autrefois une charge considérable occupée par des gens de qualité. La maison de Suzanne étoit une des plus anciennes de Picardie. Sa tombe, qui est dans une chapelle de l'abbaye du Mont-Saint-Quentin, est d'une pierre noire. Robert de Suzanne, mort l'an 1260, y est gravé dessus en habit militaire tel qu'il le portoit dans l'exercice de sa charge. Il est maillé depuis la tête jusqu'à la plante des pieds".

Dans le célèbre tournoi de Ham, en 1268, se trouve cité Fauviaus de Suzanne, sous le même titre de Roi d'armes. Ce serait probablement son fils qui lui aurait succédé dans cette honorable dignité. A dater de cette époque, l'histoire ne fait plus mention des seigneurs du nom de Suzanne-en-Santerre. Cette souche primitive se sera éteinte, ou bien encore elle se sera transplantée dans le Laonnois, le Vermandois et aux environs de Rhetel où sont situés les autres domaines de la même dénomination. Car on trouve cités dans les mémoires de ces anciennes provinces Robert de Suzanne en 1336; 2° un autre Robert de Suzanne, Seigneur de Montjeu, vivant en 1426 avec Marguerite de Sorbon, sa femme; 3° Jean, comte de Suzanne, baron de Viège et de Cerny, gouverneur du château de Milan pour Louis XII et marié à Isabeau, baronne de Barbançon; 4° Jean, comte de Suzanne et Cerny dont la seule héritière, Catherine de Suzanne, comtesse de Cerny en Laonnois, épousa en 1576 Charles, baron de Moï, gouverneur de S.t-Quentin. C'est dans les commencements du siècle suivant, en 1625, que l'ancien domaine de Suzanne entra dans la maison d'Estourmel, par le mariage de Louis 1er d'Estourmel, chevalier, baron de Cappy avec Louise de Valpergue qui, par sa mère, paraît descendre des Suzanne-Cerny. Son père, Georges de Valpergue, venait de faire reconstruire en 1619 le château auquel furent ajoutés les avant-corps et la galerie qui s'étend sur le côté gauche de la cour. La simplicité de ce dernier édifice ne saurait diminuer en rien l'intérêt qu'il offre, à l'intérieur, surtout pour la famille d'Estourmel: car on y admire une des plus belles collections de portraits de famille, comme aussi le superbe tombeau de Gilles d'Estourmel, au milieu d'une foule d'objets curieux et antiques recueillis par M. le comte Joseph d'Estourmel dans ses fréquents et lointains voyages. Cette galerie est un véritable musée que bien des villes pourraient envier à ce village.

Cette illustre maison d'Estourmel, ancienne bannière du Comté de Cambrésis, tire son origine immémoriale du domaine et depuis marquisat d'Estourmel situé à peu de distance de la ville de Cambrai. Les deux fiefs qui composaient autrefois cette seigneurie relevaient de Crévecœur et de Wallaincourt. "Depuis l'an 1024, dit le Carpentier, la terre d'Estourmel fut possédée par des seigneurs surnommés Creton, en mémoire d'un Creton, seigneur de ce lieu, sous l'évêque de Cambrai, Gérard, 1er du nom. Mais depuis l'an 1500 jusque à présent ils ont négligé celui de Creton et ont simplement retenu celui d'Estourmel". Au milieu du XVIIe siècle, le marquis d'Estourmel, se retira à Suzanne où il s'occupa de l'importante restauration du château, comme l'exprime la date de 1678 figurée en lettres de fer sur les pavillons Son mariage avec sa parente, Marie-Aimée d'Hautefort, fille du marquis et de Marthe d'Estourmel, fut une des circonstances les plus honorables et les plus avantageuses pour sa maison. Le contrat passé au palais de Versailles, le 3 mai 1683, en présence de Louis XIV; de la Reine, Marie-Thérèse d'Autriche; du Dauphin, Louis de France; de la Dauphine, Marie-Christine de Bavière; et d'un grand nombre de puissants et illustres personnages. Le 8 mai 1683, aussitôt après son mariage, le marquis d'Estourmel se fixa définitivement à Suzanne. Louis d'Estourmel qui décéda le 17 avril 1702, à l'âge de 51 ans, et fut inhumé à Suzanne, dans la chapelle de Saint Louis où fut aussi placée son épouse, lors de sa mort en 1713. De leurs quatre filles, Charlotte décéda en bas âge; deux se firent religieuses, Marthe, née en 1685; Gabrielle, née en 1686; Gillette naquit et fut baptisée à Suzanne en 1684 et eut pour parrain le marquis d'Hautefort, son aïeul, et pour marraine, la duchesse de Schomberg, sa grande tante. Elle épousa, en 1705, Joseph le Danois, marquis de Cernay, qui était d'une bonne maison du Hainaut. Leur fils qui devint cordon rouge et eut un bras emporté à Lawfeld, fut le père de la princesse d'Aremberg, comtesse de la Mark, modèle de douceur et de vertu, dont le fils s'établit en Moravie et épousa une Winditzgrass.

La biographie de leurs quatre fils offre un grand et juste intérêt. Louis Charles marie, le troisième, devint docteur en Sorbonne, abbé commendataire de Notre Dame de Serry, ordre de Prémontré. Il décéda à Suzanne en 1750. Constantin Louis, né à Suzanne en 1691, s'éleva aux plus hautes dignités de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem où il fut grand'croix, grand hospitalier, etc. Il mourut le 6 avril1765, âgé de 74 ans. Louis, marquis d'Estourmel, l'aîné, qui ne vécut que 56 ans sans avoir contracté d'alliance, eut une noble et illustre existence dans la carrière des armes, et soutint dignement la gloire de ses ancêtres. Il naquit en 1687 et en 1706, dès l'âge de 19 ans, Louis XIV lui avait déjà accordé la charge de capitaine au régiment de Toulouse. En 1741,il succomba glorieusement à Nuys, près Dusseldorf, dans la carrière honorable qu'il avait embrassée. Sa mort sans alliance fit passer le marquisat d'Estourmel au dernier de ses trois frères, François-Louis, né en 1695 et baptisé à Suzanne où il eut pour parrain le prince de Montmorency, son cousin, et pour marraine, Louise d'Estourmel, comtesse de Thieux François-Louis était le dernier des enfants de Louis II, et rien n'indiquait qu'il deviendrait l'aîné de sa maison. En 1714, François-Louis reçut le titre de chevalier de Souis-Louis. Ce fut seulement à l'âge de 48 ans, lorsqu'il eut succédé inespérément au marquisat d'Estourmel dont il obtint des lettres de Terrier au parlement de Flandre, qu'il pensa à s'établir, afin de relever sa famille dont il était le seul et dernier rejeton. Il fit une alliance distinguée en épousant le 9 mars 1743, Louise-Françoise-Geneviève Le Veneur, fille du marquis Henri Charles, et de Marie-Catherine de Pardieu. Ce mariage, qui avait commencé sous les plus heureux auspices, ne fut pas de longue durée. Le 4 septembre 1745, Louise Le Veneur décéda à Suzanne, âgée de 28 ans, et fut inhumée dans la chapelle castrale de Saint-Louis.

L 3 octobre 1748, François-Louis convola à de secondes noces avec Marie-Anne-Elisabeth de Maizière, fille de César, comte de Brugny, en Champagne, et de Marie-Jeanne de Condé. François-Louis faisait de Suzanne son séjour de prédilection. Dans les dernières années de sa vie, il s'occupa de la reconstruction de l'église paroissiale. Il mourut au château de Suzanne, à l'âge de 82 ans, (3 mai 1777) dans la chambre dite de Fénélon, où dans sa jeunesse il avait pu voir l'illustre archevêque de Cambrai qui souvent y reçut l'hospitalité. François-Louis fut inhumé dans la chapelle castrale de Suzanne; et après sa mort, Marie-Anne de Maizière, pour qui le pavillon du château de Suzanne avait été construit, alla finir ses jours dans son domaine de Brugny qu'elle laissa à sa fille, la comtesse de Clermont-Tonnerre. De son premier mariage avec Louise Le Veneur, il n'avait eu que deux enfants dont le seul survivant fut son aîné Louis Marie qui lui succéda au marquisat d'Estourmel. Du second mariage étaient nés: Louise, Victoire et Louis-Marie-Auguste. Louise d'Estourmel, née à Péronne le 10 mai 1751, fut mariée en 1776 à Charles, comte de Lavaulx. Victoire d'Estourmel, née à Péronne le 14 mai 1752, s'allia à l'illustre famille des Clermont-Tonnerrepar son mariage, eu 1777, avec Charles, comte de Clermont-Tonnerre, capitaine de cavalerie. Louis Marie-Auguste naquit également à Péronne le 18 septembre 1754. Le 30 août 1766, il fut reçu chevalier de minorité dans l'ordre de Malte où il parvint au grade de commandeur et de Procureur général en France. Après la révolution, il renonça à toutes les fonctions publiques, et se retira auprès de sa sœur, la comtesse de Clermont-Ton nerre, au château de Brugny. Il mourut en1814, et sa sœur en 1838. Louis-Marie, marquis d'Estourmel, né à Suzanne le 11 mars 1744. Il embrassa la carrière des armes qui semblait être héréditaire dans sa famille. A peine âgé de 18 ans, il est nommé second cornette de la compagnie des chevau-légers d'Orléans, puis lieutenant colonel de cavalerie, sous le marquis de Béthune.

Ainsi en qualité de marquis d'Estourmel, il assiste à l'assemblée des états de Cambrai et du Cambrésis des années 1774 à 1779 et aux états d'Artois de 1778 et 1779. Au moment de la Révolution, le marquis d'Estourmel fut arrêté et mis en accusation le 4 avril 1792; mais il parvint à se justifier et un décret rendu le 26 mai, sur le rapport de Serres, déclara qu'il n'y avait pas lieu à suivre contre lui. Il prit sa retraite et se retira au château de Suzanne. Là, ni ses éminents services, ni son extrême bienfaisance ne purent le mettre à l'abri des dénonciations si communes à cette époque contre ceux à qui leur naissance, leur fortune, leurs qualités même, étaient un titre suffisant de suspicion et de culpabilité aux yeux des républicains. Il fut donc mis en arrestation et incarcéré à Péronne, puis à Amiens, avec sa femme et ses deux fils Reimbold et Alexandre. Néanmoins après une année environ de détention, il obtint la faveur, bien rare alors, de sa mise en liberté. Louis-Marie d'Estourmel termina sa noble et glorieuse carrière à Paris, le 13 septembre 1823, âgé de 79 ans. Il fut inhumé dans la cha pelle de S.t-Louis, à Suzanne, avec son épouse, Renée de Brassac de Béarn, qui mourut en 1824. Louis-Marie d'Estourmel avait trouvé une compagne digne de ses brillantes qualités, dans la personne de Renée-Philiberthe Calard de Brassac de Béarn, fille de Anne-Hilarion, comte de Béarn et d'Olympe de Caumont de la Force. Il l'épousa en 1776 et eut cinq enfants dont Anne-Marie-Philiberthe; 2° Olympe, qui épousa le baron de Constant; 3° Alexandre-César d'Estourmel, né le 29 mars 1780: 4° François de Sales Marie Joseph, comte d'Estourmel, chevalier de Malte et de la Légion-d'Honneur, gentilhomme de la chambre du roi et conseiller d'État. Il recueillit de ses nombreux et lointains voyages des objets curieux dont il enrichit son musée de Suzanne; il fit un mariage très honorable en épousant, le 12 janvier 1822, Anne-Louise-Zoé de Rohan-Chabot, fille du duc de Rohan, prince de Léon, et de Anne-Louise de Montmorency; et mourut à Paris le 13 décembre 1852.

Le cinquième fut Adélaïde Louis Reimbold (XXIVe degré), né le 22 mars 1777, succéda, comme aîné, aux nom et armes du marquisat d'Estourmel. Il épousa d'abord à Paris, le 20 mai 1798, Marie-Anne-Louise-Eulalie de Gramont, fille d'André, duc de Caderousse, et de Maric-Gabrielle de Sinety; et en secondes noces le 28 avril 1804, Delphine-Aglaé de Castellane, fille du comte de Castellane et de Catherine-Angélique-Aglaé de Araiadier. Le marquis Reimbold d'Estourmel mourut à Paris le 19 novembre 1843 et fut transporté par son fils et par son gendre dans la sépulture de sa famille à Suzanne. Son épouse était décédée le 16 septembre 1831 et fut inhumée dans son domaine de Saint-Andiol, en Provence. Leurs trois enfants furent Alexandre-Philibert-Reimbold, né en 1810 et mort en 1812; 2° Marie-Alphonsine-Azalaïs d'Estourmel, née le 25 mars 1805 et mariée à Camille-Joseph Louis de Beaupoil, marquis de Saint-Aulaire, en 1836; 3° Louis Henri, marquis d'Estourmel, seul et dernier survivant de toutes les branches masculines de la célèbre maison d'Estourmel, né le 14 juin 1816. Le 25 avril 1840, il a épousé Eugénie-Louise-Blanche de Sait-Simon, fille de Henri-Jean-Victor, marquis de Saint-Simon, pair de France, puis sénateur, grand'croix de la légion d'honneur, et de Anne-Marie de La Salle. Ses trois enfants sont Marie Reimbold; 2° Jehan-Marie-Joseph et 3° Ernestine d'Estourmel. Pour conclure cette notice sur l'ancienne et illustre maison d'Estourmel, il est juste de constater qu'elle est une de ces rares familles nobles, encore existantes, qui ne soit jamais tombée en quenouille, ou dont les héritières aient imposé leur nom et leurs armes à un époux de leur choix. En un mot, cette habitation séculaire rappellera toujours le souvenir de ces vertus chevaleresques et charitables qui, plus encore que la noblesse, la fortune et les exploits, ont environné le nom d'Estourmel de gloire et de bénédiction. (1)

Éléments protégés MH: l'escalier avec sa cage et son plafond peint ; la salle à manger au premier étage avec sa cheminée monumentale : classement par arrêté du 29 août 1984. Les façades et les toitures ; les pièces suivantes avec leur décor : au rez-de-chaussée la salle à manger et le boudoir contigu, la chapelle ; au premier étage le grand salon : inscription par arrêté du 29 août 1984. (2)

château de Suzanne 80340 Suzanne, propriété privée, tel. 01 69 41 31 31, ouvert au public, visite sur Rendez-vous.

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(1)     Notice historique sur le château de Suzanne en Santerre (Somme) par l'abbé Paul de Cagny: imprimerie de J. Quentin, Péronne (1857)
(2)
   
  source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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