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Au moment ou le Languedoc passa à la couronne de France, le seigneur d’Aiguefonde
était Isarn Bonhomme, coseigneur de l’Hautpoulois et appartenant à la
branche cadette des seigneurs d’Hautpoul, le premier seigneur d’Hautpoul
connu étant Pierre-Raymond, qui participa en 1095 à la croisade. Isarn
accorda en 1277 des bois et des terres aux habitants d’Aiguefonde et, en
1295, ces droits furent confirmés par son fils. Sous l’Ancien Régime,
Aiguefonde faisait partie de la sénéchaussée de Toulouse et du diocèse de
Lavaur. Jusqu'en 1408, les Bonhomme sont cités en tant que seigneurs d’Aiguefonde
sans que l’on sache toujours avec certitude leur prénom. En 1414, l’on sait
que le seigneur d’Aiguefonde est Guiraud de Bonhomme. Néanmoins, parfois,
interrompant cette litanie généalogique, un événement vient rappeler la
réalité de ces existences. Au moment des guerres de Religion, Aiguefonde
était une place protestante et Turenne s’empara du lieu le 1er septembre
1580. Après avoir pillé le château, il y laissa une garnison. Après l'Édit
de Nantes, le calme revint pendant une courte période, puis les querelles
religieuses reprirent. En 1625, le seigneur d’Aiguefonde était toujours
protestant et à partir de cette période, Aiguefonde dut subir le joug de la
répression. Le temple fut démoli en 1684 et cette politique trouva son point
culminant au siècle suivant avec l’affaire Sirven.
Sous le règne de Louis XV, Pierre-Paul Sirven, protestant de Castres, était
au service du seigneur d’Aiguefonde. Soupçonné d’avoir assassiné sa fille
pour éviter que celle-ci ne se convertisse, il fut en définitive lavé de
tout soupçon en 1771 grâce à l'intervention de Voltaire. La nuit du meurtre,
il avait en fait dormi au château d’Aiguefonde. Il va sans dire que la
Révolution trouva le seigneur d’Aiguefonde favorable à ses idées. Autre fait
marquant: le 1er novembre 1600, Catherine de Bonhomme, dame d’Aiguefonde,
fut assassinée dans des circonstances qui restent obscures. Une enquête eut
lieu en 1605 mais les conclusions ne furent pas conservées. Elle devait être
protestante comme une bonne partie de sa famille, car elle fut enterrée dans
le parc du château, sous cette inscription: "avec ses ancêtres, digne d’eux
par ses vertus repose ici Dame C... ine des B... imi et de sa famiile dont
elle... te les justes regrets". Catherine mourut sans enfants et le château
passa aux Madaillan, déjà coseigneurs d’Aïguefonde par héritage dès 1577.
Ces derniers restèrent seigneurs durant une vingtaine d’années et, aux
alentours de 1615, nous trouvons en tant que seigneur d’Aiguefonde Josué
Alba, huguenot marié à une Madaillan. Les enfants de ces derniers vendirent
le château en 1622 aux d’Espérandieu, également protestants. L'acheteur,
Guillaume d’Espérandieu, se fit remarquer pendant la révolte du duc de Rohan
en tant que bras droit de ce dernier. Après le siège de La Rochelle,
Guillaume d’Espérandieu se retira de la vie politique mais, durant tout l’
Ancien Régime finissant, la famille resta fidèle à sa foi.
Au moment de la Révolution, le seigneur d’Aiguefonde Jean-Louis
d’Espérandieu était marié à Charlotte de Montmollin, institutrice des
princesses d’Angleterre. Le dernier seigneur d’Aiguefonde mourut sans enfant
et légua le château à son petit-neveu, Charles-Louis-Jacques d’Espérandieu,
dernier du nom et pourtant catholique. Aiguefonde changea plusieurs fois de
mains et, en 1919, fut acheté par le vicomte de Taffanel de La Jonquière,
avant de changer à nouveau plusieurs fois de mains à partir des années
quatre-vingt. Un de ces nouveaux propriétaires, laissant le parc à
l'abandon, ne trouva rien de mieux que de vendre les plus belles cheminées
du château. Des travaux de restauration importants commencèrent avec le
nouveau propriétaire, M. de Vilder, et Aiguefonde retrouve peu à peu son
faste d’antan. Le château actuel remonte dans ses parties les plus anciennes
au XIVe siècle. Les sources écrites nous apprennent qu’en 1503 les Bonhomme
possédaient là un château. En 1525, un texte fait à nouveau mention de la
maison forte d’Aiguefonde. Le millésime 1595 gravé au bas de l’échauguette
date les travaux de reconstruction après les destructions de Turenne. L’aile
droite date de cette époque, tandis que le reste du château fut fortement
remanié en 1770, perdant tout caractère fortifié. Seul demeure le tracé des
fossés et la grosse tour, ayant elle même subi des transformations sur ses
meurtrières afin de s’adapter aux nouvelles techniques militaires. Elle est
toujours percée de bouches-à-feu pour arquebuses, fréquentes seulement après
1530. Néanmoins, l’épaisseur uniforme des murs de 70 cm montre que le gros
œuvre fut toujours conservé lors des remaniements, et que le château fut
bien en 1595 construit en une seule campagne.
Aiguefonde présente un plan en U qui remonte à la reconstruction de 1595,
avec en fond de cour le corps de logis principal, et deux ailes en retour.
La façade d’entrée est formée au centre d’un portique de pierre constitué de
trois arcs en anse de panier reposant sur des piliers. Au nord de l’aile
nord-ouest se trouve une grosse tour ronde, et à son extrémité ouest se
trouvait un bâtiment plus petit, en retrait, aujourd’hui disparu et dont il
ne reste que de petits contreforts. L’aile sud-est, beaucoup plus régulière
que l’aile opposée, se prolonge au-delà du corps de logis principal jusqu’au
petit bâtiment de l’ouest. Du côté de l’entrée, l'élévation présente un
rez-de-chaussée sur cave semi enterrée ct un premier étage surmonté d’un
grenier éclairé par des oculi. L’on trouve la même élévation sur l’aile
nord-ouest, mais en revanche seulement deux niveaux sur l’aile sud-ouest:
l'étage noble, de plain-pied, et au-dessus un comble à oculi. Cette
disparité dans les élévations s’explique par les différences de niveau du
terrain. L'unité entre toutes les façades est donnée par les oculi et les
fenêtres cintrées du XVIIIe siècle, toutes identiques. La cour est quant à
elle fermée par un mur de clôture et dotée d’une entrée imposante avec un
grand portail à grille, beau travail de fer forgé portant un blason,
cantonné de deux portes piétonnes. Entre 1759 et 1790, les d’Espérandieu
entreprirent une longue campagne de travaux de décoration. En 1770, un texte
mentionne "Une grande galerie ornée en plâtre précédée d’un salon et d’un
grand escalier". Le château doit son apparence actuelle à cette campagne de
travaux: les fenêtres cintrées, les oculi, le décor rocaille du grand salon,
le grand escalier à l’impériale avec ses peintures de trophées de style
Louis XVI, les dessus de cheminées des chambres, du même style, ainsi que le
faux marbre peint du salon. Quant au parc, son aménagement eut lieu entre la
fin des travaux d'aménagement et 1817, date de la donation. (1)
château d'Aiguefonde 81200 Aiguefonde, tel. 05 63 98 13 70, propose la
location de chambres d'hôtes.
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