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En 1840, lorsque le plan cadastral est
dressé, le château ouvrait sur une grande cour au sud et l'accès au château
était fermé à l'est par un mur de clôture, percé d'un portail situé contre
un bâtiment implanté parallèlement au château, qui avait selon la tradition
historique la fonction de chapelle. La cour était fermée à l'ouest par un
long bâtiment agricole perpendiculaire au château. L'occupation du site
pourrait remonter à la deuxième moitié du XIIIe siècle pour le moins, ou au
XIVe siècle. En effet, une tour ronde au nord-ouest est protégée par un
dispositif de fossés en eau et est percée d'un niveau d'archères très
longues pouvant être datées de la deuxième moitié du XIIIe siècle ou du
début du XIVe siècle. Si la tour était rattachée à un corps de bâtiment, il
ne peut s'agir de l'actuel se trouvant contre la tour, à l'est, mais d'un
plus ancien. Les sources ne remontent pas à une période aussi ancienne et la
première mention de la famille de Citton (Guillaume) apparaît au milieu du
XVIe siècle. Dans le compoix de 1592, Jean-Philippe de Citton, protestant,
est mentionné seigneur de Campan. Un corps de logis flanqué d'une importante
tour de plan rectangulaire au nord-est est élevé selon toute vraisemblance
dans le quatrième quart du XVIe siècle. Il se compose d'une pièce par
niveau, la cuisine au rez-de-chaussée donnant sur une cave creusée dans le
rocher et la grande salle à l'étage; le dernier niveau et les salles de
l'étage de la tour étant réservées aux chambres.
L'élévation occidentale de la cuisine conserve une bouche à feu dirigée vers
l'extérieur qui atteste de la première emprise de la maison forte et de
l'absence de construction à l'ouest. Les modénatures des encadrements
d'ouvertures associent large chanfrein et cavet, pointe d'accolade sculptée
sur le linteau et les piédroits des cheminées ont des pilastres cannelés
adossés à chapiteaux doriques et un arc segmentaire sommé d'une clef
saillante à tableau. Il faut peut-être aussi attribuer à cette campagne la
mise en défense de la partie haute de la tour et de quatre bretèches. La
maison forte bénéficie d'une importante campagne d'agrandissement dans la
première moitié du XVIIe siècle, qui peut être directement liée à la
nouvelle alliance de la maison de Citton, lors du mariage de Marquise, fille
héritière, avec Guillaume de Saïx de Paulignan, famille originaire de
Carcassonne, en 1636. La maison forte est agrandie dans l'alignement du
corps de logis et en direction de l'ouest d'une nouvelle unité d'habitat de
plan rectangulaire flanquée à l'angle sud-ouest d'une tourelle en
encorbellement et suivie d'une autre construction à l'angle nord-ouest
rejoignant la tour ronde. Un système défensif cohérent est ainsi établi dans
la partie occidentale, la tourelle étant armée de bouches à feu et au
deuxième étage, un dispositif en encorbellement était placé en avant de
l'élévation en retrait afin de ménager l'espace nécessaire pour un chemin de
ronde rejoignant selon toute vraisemblance la tour. Ce dispositif a été
détruit depuis.
Côté nord, la porte du premier étage de la tour donnait, selon toute
vraisemblance, sur une galerie extérieure qui permettait de rejoindre la
grande salle du corps de logis, alors agrandie, par deux portes extérieures.
Le logis peut être pourvu dorénavant d'un véritable organe de distribution
et d'une nouvelle entrée: une tour d'escalier rampe-sur-rampe à mur
d'échiffre de plan barlong pourvue d'une entrée monumentale, une porte en
arc plein cintre à claveaux à crossettes et appareil en bossage est alors
élevée au sud, contre le corps de logis. Au même titre que la partie
occidentale, cette unité architecturale est équipée de nombreux points de
surveillance et de défense: bouches à feu et logettes intérieures de tirs au
rez-de-chaussée, contre la porte monumentale et à tous les repos et paliers
de l'escalier, couvrant ainsi les trois directions, est, sud et ouest. Une
bretèche aménagée au deuxième étage permet aussi de protéger l'entrée. Au
pavillon d'entrée est associée une tourelle sur trompe à l'angle nord-est
qui assure la double fonction, esthétique et de défense, en complétant la
tour d'escalier d'un arsenal de bouches à feu. La campagne de travaux se
termine par un agrandissement d'une autre unité architecturale correspondant
à l'emprise d'une pièce par niveau en direction du sud-est, dans
l'alignement du corps de logis et en retour à l'est contre la tour
barlongue, flanquée d'une tourelle en encorbellement accueillant à chaque
niveau des bouches à feu battant les deux directions opposées : nord-est et
sud-est.
La campagne de travaux est suivie par la construction de deux corps de
bâtiments à l'ouest et à l'est de la cour. Le bâtiment élevé contre l'entrée
orientale avait été achevé en 1666, date inscrite sur le linteau et le
bâtiment agricole en 1671, date également inscrite sur le linteau de
l'entrée (tradition historique). Cette dernière date correspond également au
mariage de Jean de Saïx, fils de Guillaume, avec Jeanne du Poncet, alliance
qui est probablement indiquée dans un blason déposé et découvert dans les
bâtiments annexes qui associent les armes parlantes de la famille du Poncet
(d'azur à un pin d'or, le tronc chargé d'un d'un croissant d'argent) à celle
de Saïx (d'azur à deux faces d'or accompagnées de cinq étoiles de même, 2 en
chef, 2 entre deux fasces et 1 en pointe). Le château est détenu pendant
environ un siècle par la famille de Saix de Campan puis il devient propriété
de la famille de Bedos, originaire de Puylaurens. Marguerithe de Saïx épouse
en effet en septembre 1703 André de Bedos de Montlong, sieur de Saint-Sernin.
Leur fils Jean-Gaston a le titre de seigneur de Campan et de Paulignan. Sa
petite-fille Lucie-Alexandrine Dominique de Bedos-Campan, héritière, épouse
en 1805 Jean-Eloy Fortuné de Peytes de Montcabrier. Veuve, elle met à la
vente le château et les terres, le nouveau propriétaire recensé en 1841,
lors de l'établissement du premier cadastre est la famille de
François-Xavier d'Aussillous; en 1882, le château est déclaré en ruines.
De nouveaux bâtiments sont élevés contre l'élévation nord du corps de
bâtiment avec un four et d'autres dépendances aménagées au rez-de-chaussée.
Des bâtiments agricoles sont construits probablement dans la deuxième moitié
du XIXe siècle à l'est du château, établissant une nouvelle entrée du
château. Les deux anciens bâtiments bordant la cour et l'entrée originelle
du château ont été démolis dans la deuxième moitié du XXe siècle. Les
façades et toitures du château ont été inscrites sur la liste supplémentaire
des Monuments Historiques le 17 mai 1961. Toitures et couronnement de murs
ont été uniformisés, privilégiant génoises à trois rangs et tuiles. Depuis
quelques années, le nouveau propriétaire, passionné par l'histoire de
l'édifice, s'est attaché à faire réapparaître des éléments originels du
château: fossés en eau, bouches à feu.
Le château de Campan s'élève sur les dernières avancées du plateau d'Anglès,
sur une terrasse dominant le Thoré et faisant face à la Montagne Noire.
Composé d'un corps de logis flanqué à l'angle nord-ouest d'une tour ronde
dominant des fossés en eau installés sur trois côtés, le château présente
ses élévations à caractère résidentiel au sud, sur le jardin. Il est
caractéristique de ces édifices castraux d'origine modeste, constitués et
agrandis au cours du temps. D'un modeste corps de logis de la deuxième
moitié du XVIe siècle, il présente fièrement ses nouveaux attributs de la
première moitié du XVIIe siècle et s'agrémente de trois tourelles en
encorbellement et d'une tour d'escalier de plan barlong parée d'une porte à
claveaux à crossettes à refends et bossages. Comme souvent à cette période,
le caractère résidentiel ne se départit pas d'un affichage ostentatoire des
équipements militaires : pièces de tir, bouches à feu et bretèche. A deux
étages carrés, l'édifice avait le rez-de-chaussée dédié aux cuisines, pièces
de service et de stockage; le premier étage étant réservé à la salle et aux
chambres. Il conserve deux belles cheminées à pilastres adossés d'ordre
dorique dans la cuisine et la salle. La mise en oeuvre des maçonneries est
constituée de moellons de gneiss et de schiste, les encadrements des
ouvertures sont plus variés : grès, gneiss, granite et schiste. Le grès est
réservé pour les plus belles pièces: cheminée, supports de l'escalier
monumental (pilastres, colonnes et arcs). Des dalles de schiste ont été
employées pour les dallages de la tour d'escalier mais aussi, exemple rare,
pour les différents niveaux de la tourelle en encorbellement sud-ouest, les
dalles formant aussi un bandeau continu à l'extérieur. Les toitures des
trois tourelles en encorbellement ont été conservées dans leur état
d'origine: schiste et ardoise en couverture alors que les autres toitures
sont couvertes de tuiles. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château : inscription
par arrêté du 17 mai 1961.
château de Campan 81260 Anglès, propriété privée, ne se visite pas.
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