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C’est très tôt que le vénérable château d’Arifat fit son
entrée dans l’histoire, en effet dès le XIe siècle, Arifat permettait, de
par sa situation dominante, de veiller sur la route qui en ce temps longeait
la rive droite de la rivière Durenque. La seigneurie d’Arifat relevait alors
des comtes de Castres et portait alors le nom d’Agriffoul et la paroisse
dont dépend encore le château porte le nom de Saint-Hippolyte de Lagriffoul.
Dans les toutes premières années du XIIe siècle, le vicomte Trencavel reçut
l’hommage pour le château d’Arifat, situé à une lieue de Castres. La
seigneurie d’Arifat appartenait alors à Frédelon de Montredon, Arnaud
Bernard et son fils, et Hugues-Ermengau de Paulin. L’on sait que de ces
co-seigneurs, seuls les Bernard père et fils consentirent à l’hommage, les
autres considérant que la situation exceptionnelle de la place forte d’Arifat
leur permettait de faire acte d'indépendance. En 1118, lorsque le vicomte
Bernard-Aton Trencavel se prépara à aller combattre les sarrasins, il
rédigea un testament dans lequel, pour que sa femme puisse vivre de façon
autonome sur des terres ne dépendant pas de ses fils, il lui laissa un
territoire compris entre le Thoré et l’Agout et sur lequel se trouvait
Arifat. En 1141, lorsque le vicomte de Lautrec et d’autres seigneurs locaux
entrèrent en guerre contre le vicomte de Trencavel et le comte de Toulouse,
ce dernier prit le château d’Arifat et le rendit à Trencavel. Au début de la
croisade contre les Albigeois, Arifat appartenait à une famille Sobira,
descendant certainement d’un membre de la garnison du château cité en 1105
et portant le même nom. Après la prise de Béziers et de Carcassonne par
Simon de Montfort, tous les châteaux du Castrais se soumirent avant de se
rebeller fin 1209, pour finalement se soumettre définitivement en 1210.
Vers 1290, un différent concernant un droit de pacage éclata entre les
consuls de Castres et Jean de Villete qui possédait une terre dans la
seigneurie d’Arifat. À cette époque, le seigneur de cette dernière était
Amblard Sobira d’Arifat. Nous ne savons par contre que peu de choses sur ce
qu’il advint d’Arifat au XIVe siècle, si ce n’est qu’à cette époque la
famille propriétaire changea son nom en Soubiran. Au début de la guerre de
Cent Ans, le château fort bien protégé n’eut pas à subir d’assauts et, en
1425, l’on sait que le seigneur d’Arifat, Bernard de Soubiran rendit hommage
à Jacques de Bourbon. On ignore comment la seigneurie d’Arifat passa à la
famille de Genibrousse mais, en 1470, le nouveau seigneur d’Arifat Jacques
de Genibrousse rendit hommage le 31 octobre. L’on retrouve par la suite,
notamment en 1481 et 1511, de tels hommages des Genibrousse. Avec le début
des guerres de Religion, Arifat connut le lot commun des horreurs de cette
guerre: en avril 1564, le sieur de Farinières, dit "le Boiteux", avait
quitté Castres dans le dessein de se rendre à Gaix. Il emprunta le chemin
longeant la Durenque, et se trouvait au bas des hauteurs d’Arifat lorsque
les protestants venus de Burlats l’attaquèrent et le laissèrent mort sur
place avant de gagner Burlats en passant par Arifat. À la même époque, le
chef des protestants Bouffard-Lagrange qui s’était établi à Burlats et
souhaitait prendre Castres, voulut prendre Arifat où ses troupes auraient
trouvé asile. Guillaume de Genibrousse étant absent, les protestants
réussirent à soudoyer l’intendant du domaine Poujade, mais les catholiques
de Castres furent informés et le traître finit poignardé. Avant de partir
devant l’avancée des protestants, les catholiques brûlèrent Arifat le 14
avril 1574 mais le château fut reconstruit trois ans plus tard.
Après avoir réparé les dommages engendrés par la guerre, Guillaume de
Genibrousse vendit la seigneurie en 1580 à François de Sabattier de Lombers.
Ce dernier, ancien conseiller du roi, ne profita pas longtemps de son bien
puis qu’il fut condamné trois ans plus tard à être décapité pour crime de
haute trahison. Tous ses biens furent donnés à Jacques d’Amboise et Julien
Delbène. Ces derniers se débarrassèrent bientôt de cette seigneurie si
horriblement acquise en la vendant au contrôleur général des guerres en
France Nicolas de La Bauve. Celui-ci épousa d’ailleurs en 1589 la veuve du
supplicié et put ainsi entrer en possession du domaine d’Arifat et de tous
les droits qui y étaient attachés. En 1619, les La Bauve vendirent Arifat au
conseiller Jean de Lacger, seigneur de Massuguiès et protestant comme eux,
envers qui ils avaient contracté des dettes. En 1627 durant la révolte du
Languedoc dirigée par Rohan, ce dernier prit avec ses cinq mille hommes ses
quartiers sur les hauteurs d’Arifat, avant d’aller se battre contre
Montmorency. En 1651, Arifat fut rétrocédé par les Lacger aux La Bauve. En
1755, le La Bauve, toujours seigneur d’Arifat, installa sur le domaine une
entreprise de filature et de teinture des soies. Le château traversa la
Révolution sans dommage, mais il faut dire que rien dans ce qui était devenu
un bien pauvre domaine ne pouvait exciter l’envie des jacobins. En 1835, une
La Bauve d’Arifat mariée aux colonies revint avec son mari le baron de
Pailleux pour restaurer le domaine ancestral. En 1848, devenue veuve, la
baronne vendit le château mais, avant de partir, brûla les archives. Le
château passa par la suite à des négociants castrais, puis à divers
propriétaires pour être restauré par les derniers en date.
Aujourd’hui, si Arifat n’a plus beaucoup l’aspect de la demeure médiévale
qu’il fut, il conserve encore des traces de son histoire très ancienne. L’on
trouve encore dans le château actuel des vestiges de ce qui, au XIe siècle,
devait être une des plus grandes places fortes de la région, dotées de
puissants moyens de défense: une belle porte d’angle en ogive dans la cave
nord-ouest, une cave voûtée à pavements de galets qui à l’origine devait
être au niveau du sol, ainsi que, dans les pièces de réception, une porte
donnant dans l’aile sud-est, la plus ancienne de la maison. Il reste
d’ailleurs au deuxième étage de cette aile une porte qui devait donner jadis
sur un chemin de ronde. Comme nous l’avons déjà indiqué, le vieux château
fut incendié par les catholiques le 14 avril 1574 et l’on sait qu’avant
cela, la mort dans l’âme, ils avaient détruit les tours et supprimé les
fortifications. Lorsqu’en 1577 Guillaume de Genibrousse reconstruisit son
pauvre château, il conserva la partie des murailles encore debout, mais
Arifat cessa dès lors d’être une place forte et demeura définitivement privé
de courtines, de tours, et de tous moyens de défense. Aujourd’hui, le
château à la longue façade classique ouvre sur une belle terrasse donnant
sur le jardin. Croisées à meneaux et bouches à feu sont encore là pour
attester de sa longue histoire. (1)
château d'Arifat, chemin du Landou, 81100 Castres (Saint-Hippolyte),
propriété privée, ne se visite pas.
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