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Le premier
document faisant état des seigneurs de Magrin est un acte du 7 août 1224,
dans lequel le seigneur se met "dans la captein" et sous la protection du
comte Raymond VII, de Toulouse, pour cinq ans, moyennant une redevance en
nature. L’on trouve ensuite un acte notarié de 1279 mentionnant les
Brenguier de Puylaurens comme seigneurs de Magrin. À partir de cette date et
durant plus de trois quarts de siècle, l’on trouve de nombreuses mentions
concernant les Brenguier, qu’il s’agisse de reconnaissances de fief ou
d’achat de censives. En 1365, durant les tragiques heures de la guerre de
Cent Ans, le château était occupé par une bande de coquins qui en avaient
fait leur repaire, menés par Capriol Pierre, originaire de Lautrec, qui
tenait toute la région sous sa coupe. Dans le dernier quart du XIVe siècle,
le nom des Brenguier de Puylaurens disparaît de Magrin mais, en 1440, l’on
sait qu’une certaine Adélaïde, veuve de Jean Bringuier de Puylaurens, épousa
François de Lesquic. À partir de là, on ne trouve plus de trace de Magrin
jusqu’en 1501, date à laquelle les Corneilhan en étaient propriétaires, sans
que l’on sache si le château est entré dans cette famille par achat ou par
succession. Cette vieille et illustre famille albigeoise famille passée à la
Réforme prit une part active aux guerres de Religion: dans les tous premiers
jours d’août 1585, Henri de Navarre qui tentait de rejoindre
Saint-Paul-Cap-de-Joux sans tomber aux mains du baron d’Ambres, trouva asile
auprès d'Antoine de Corneilhan. En 1576, par mariage, Marguerite de
Corneilhan avait apporté une partie de la seigneurie de Magrin dans la
famille Dupuy de La Roquette. Durant l’assaut mené par les ligueurs du baron
d’Ambres contre Saint-Paul-Cap-de-Joux, Marguerite de Corneïlhan se tenait
courageusement sur les remparts. Pierre de Corneilhan, qui avait épousé en
1652 Isabeau de Soubiran, fut le dernier du nom à porter le titre de
seigneur de Magrin. Le château passa alors aux cousins Dupuy de la Roquette
jusqu’à la mort survenue en 1743 de François Du Puy-Montbrun. L’on ne sait
ce qu’il advint alors de la seigneurie qui au moment de la Révolution fut
peut-être vendue comme bien national. Le château fut d’ailleurs peut-être
partiellement incendié comme tendrait à le prouver certaines pierres
rubéfiées. Il abrita en tout cas durant quelques mois un malheureux prêtre
réfractaire qui fut ensuite déporté à l’île d’Yeu. Libéré, l’abbé Ramon
finit peu de temps après pendu par des jacobins attardés.
Par la suite, le château de Magrin passa à divers propriétaires mais
quelques travaux de consolidation judicieux firent qu’il put parvenir
jusqu’à l’époque contemporaine. Enfin, en 1971, Magrin rencontra en M.
Rufino un amoureux des vieilles pierres qui devait se dépenser sans compter
pour restaurer cette belle demeure. Implanté sur une très ancienne voie de
passage, Magrin domine à l’ouest la plaine de Lavaur, au nord la vallée de
l’Agout tandis qu’au sud et à l’est culmine la crête des coteaux et la vue
se perd à l’horizon. Le château se compose de deux parties distinctes: un
premier bâtiment partiellement ruiné datant du Moyen Âge, et un deuxième
d’époque Renaissance, ce style pouvant apparaître à peine altéré dans des
constructions du premier quart du XVIIe siècle. La partie médiévale doit
remonter au Xe siècle dans certaines de ses parties basses, et il est fort
possible que ce point stratégique ait été fortifié dès l’époque
gallo-romaine. Cette partie comporte un donjon carré haut d’à peu prés dix
mètres, une enceinte quadrangulaire abaissée depuis la fin des guerres de
Religion et qui jadis était entourées de fossés aujourd’hui comblés, une
tourelle d’angle au sud et une tour de défense au nord.
Au sud, l’arrière du bâtiment central présente une belle ogive percée d’une
meurtrière. La partie Renaissance dut être aménagée à la fin du XVIe ou au
tout début du XVIIe siècle par les Corneilhan. Elle est adossée à cette
construction médiévale et d’ailleurs, plus qu’en une construction nouvelle,
elle consiste en un remaniement d’une partie plus ancienne, comme le montre
les ogives et les meurtrières conservées. Le bâtiment principal possède au
centre une belle porte d’entrée qui est surmontée au premier étage par une
grande fenêtre à meneau et au second par une fenêtre comparable. Avec ses
demi colonnes aux élégants chapiteaux et son arc couronné d’un bel
entablement, ce portail peut rivaliser avec les exemples comparables
réalisés à Toulouse à la même époque. Le vestibule et l’escalier conserve de
beaux arcs retombant sur des colonnes ainsi que tout un répertoire décoratif
soigné de chapiteaux et d’acanthes. La tour "rhabillée" à l’époque
Renaissance, en l’état la plus haute du château, est le pendant de la façade
principale: elle présente elle aussi une belle porte au-dessus de laquelle
s’étagent trois niveaux. Vestige de son histoire au moment de la
Renaissance, Magrin conserve un séchoir à pastel. Il ne reste que fort peu
de choses des constructions destinées à la culture du pastel: on peut citer
le cas du château de Lasbordes à Albi, ou un séchoir à pastel encore visible
en Haute-Garonne dans le village de Pompertusa. Cultivée principalement dans
le Lauragais et l’Albigeois, cette plante utilisée pour teindre les tissus
en bleu connut une période faste dans la deuxième moitié du XVe siècle. Mus
par des ânes, les moulins à pastel broyaient les feuilles, et cette bouillie
mise en "cocagnes" était par la suite à nouveau moulue et mise à fermenter
dans de l’eau, jusqu’à ce que la teinture bleue s’exprime. Alors, le pastel
était concassé et transformé en poudre pour être exporté et faire la fortune
des grands marchands toulousains. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du corps de bâtiment et
de la tour Renaissance ; l'escalier intérieur ; les deux cheminées en pierre
se trouvant l'une au premier étage et l'autre au deuxième étage ; les
vestiges de l'ancien château : classement par arrêté du 14 décembre 1979.
Les façades et les toitures du séchoir à pastel : inscription par arrêté du
14 décembre 1979.
château de Magrin 81220 Magrin, tél. 05 63 70 63 82, musée du Pastel,
ouvert au public toute l’année, dimanches et jours fériés compris, de 15h à
18h
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